[combat]la fin d'un entraînement (Morrigan vs Siléa)

Enfin les choses promettaient de devenir intéressantes. Plutôt que de se laisser humilier comme un vulgaire Chevalier, Morrigan répondit par la force aux coups qui lui étaient administrés. Cependant le héraut n'eut pas à fournir beaucoup d'efforts pour esquiver agilement la vague de cosmos qui arrivait sur elle, bien que celle ci fût jetée à bout portant. Ce geste eut pour seul mérite de la faire lâcher sa proie.
Cette même proie acceptait le défi, et pas une once de crainte ou d'effroi ne se lisait dans son regard. Etait-ce l'inconscience d'un novice ou la folie guerrière tant recherchée chez un berserker? Le Bahamut ne parvenait pas à décider, seulement elle ne tolérerait pas que l'un de ses soldats ne sût pas correctement juger la force de ses adversaires. Cela lui jouerait de mauvais tours en combat.
Son rictus ne montrait rien de ses interrogations.

"Je n'en attendais pas moins de toi, berserker!"

Siléa répondit aux bravades suivantes de Morrigan par un coup de genou dans l'estomac,
suivi d'un coup de pied retourné dans la tempe. Puis, partie sur cette si bonne lancée,
elle lui administra trois autres coups de poing, deux dans le plexus solaire et un à la mâchoire.

"Il n'y a rien de plus ennuyeux qu'une victoire facile... Gare à toi, si je m'ennuie!"

Puisque le sujet de la leçon du jour était la glace, Siléa n'allait pas changer aussi vite de conversation. Elle augmenta sa cosmos énergie, et le froid ambiant atteignit le niveau qu'il avait connu au plus dur de l'entraînement. Une fine couche de givre recouvrait les deux guerrières, et leur souffle se solidifiait aussitôt en goutelettes glacées.




Seulement, la Spartiate ne se déplaça pas, et aucun coup physique ne vint. Elle se contenta de joindre les mains et de fermer les yeux. Ses lèvres s'agitaient en un murmure et, si Morrigan savait lire ces paroles, elle reconnaîtrait une prière ardente à Arès. Si elle en avait le temps, bien sûr. Car son esprit n'aurait bientôt plus de temps à accorder à des événements extérieurs.

Malgré toute la confiance qu'elle avait en elle, Morrigan ne parvint pas à esquiver les premiers coups qui lui furent portés. Une moue de déception se dessina sur le visage de Siléa: quel faible soldat elle avait là... Sa prochaine attaque physique lui serait mortelle, dans ce cas. Elle se contenterait de faire éclater en morceaux ce petit crâne si fier.
La Spartiate sentit une résistance s'opposer à sa frappe, comme si l'air entier se solidifiait en une invisible barrière qui l'empêchait de se mouvoir plus loin. De la télékinésie? Elle n'était pas si déçue que cela, le maître d'armes pouvait se débrouiller, finalement. Seulement, il faudrait lui apprendre que, lors d'un combat digne de ce nom, on réduit les distances pour frapper au plus court, pour tuer de manière plus efficace. Ce sont les Pierrot de saints qui combattent de loin, par peur de salir leurs mains de sang.

Siléa renifla avec dédain. Cette défense sentait l'ombre à plein nez. Pourquoi tenter de contrer la glace avec de l'ombre. Cette Morrigan avait-elle pour deux sous de jugeotte?
Enfin... La Morrigan en quetion s'envola. Aussitôt, Siléa la rejoignit en hauteur. Quel oiseau, même le plus noble des rapaces, pourrait-il rivaliser de puissance avec le roi des dragons? Le héraut évita de ses bras ou de ses genoux, couverts d'une lourde cuirasse,
les coups qui lui étaient portés. Profitant d'un instant de répit, elle frappa violemment la tête de son adversaire entre son coude et son genou, avant de lui assener trois coups de pieds dans le ventre.
Enfin, elle la saisit brutalement par les cheveux et la précipita à terre avec elle.

Morrigan donna alors naissance à une menaçante sphère de mort qui se dirigea vers le Bahamut, engloutissant tout sur son passage. Cette dernière ne sourcilla pas. D'un puissant coup de pied, elle fendit le sol et une violente secousse sismique se propagea vers l'onde mortelle, qui se fractura et perdit en force. Finalement, ce ne furent que quelques maigrichonnes flammèches qui atteignirent Siléa, qu'une colère brutale agitait.



"Linéaire? Qui es-tu, ô jeune novice, pour me donner des leçons? Tu m'adresseras la parole si tu ressors vivante de ce combat! Sache que je ne reçois d'ordre de la part d'aucun mortel, encore moins de la part de minable avorton! Contente toi des attaques que, dans ma grande bonté, je daigne t'adresser!!!"

Aux yeux du héraut, la suffisance de Morrigan avait dépasser des bornes à ne pas franchir. Elle allait enfermer cette prétentieuse petite dans une prison qu'elle connaissait sans doute déjà. Et, toujours, elle ne lui ferait pas l'honneur de s'approcher d'elle pour porter une attaque cosmique.

"Ma cage de glace a eu raison de ton petit cerveau de sorcière ou tu étais déjà givrée avant ? Sais tu seulement à qui tu parles, chienne? En me manquant de respect, sais tu qui tu insultes ?"

Suite à la déflagration ténébreuse qui avait en grande partie réduit en miettes la prison destinée à la pêcheresse, Siléa avait considéré avec le plus grand dédain les sphères et lances de glace qui fusaient vers elle. Elle ne daigna même pas lever le moindre petit doigt pour les stopper ou les détruire. Au moment de l'impact, le sourire méprisant qui orna son visage prouvait à quel point la souffrance était négligeable.
Aussitôt, le Bahamut s'élança dans les airs et retomba le pied vers la tempe de son adversaire. Si ce coup n'était pas évité, Morrigan se trouverait clouée au sol de manière plutôt humiliante.

"Alors je t'écoute, ô mécréante assez sourde pour ne pas reconnaître la voix de ton Seigneur !

Au loin, les jappements de molosses maléfiques retentissaient, mais le héraut n'y prêtait aucune attention. Elle frappa Morrigan aux oreilles, suffisamment fort pour lui briser les tympans.
Puis, étouffant sa gorge entre ses doigts fins, elle la souleva du sol.

"Chante les louanges de l'Unique, glorifie sa gloire, sa grandeur et sa puissance."

Les molosses s'étaient jetés sur Siléa, la griffaient et la mordaient. Peu chalait à cette dernière, qui désormais considérait Morrigan comme une hérétique ayant insulté Arès par son impertinence. Un coup de poing fusa, et s'arrêta au niveau du coeur de la sorcière.

"Tremble et repens toi !"



Les molosses avaient disparu, laissant la Spartiate avec ces blessures. Après un dernier coup de poing à Morrigan, celle ci rejeta son adversaire au loin comme un vulgaire déchet.

"MON Seigneur? Comment cela, MON Seigneur?"

La voix de Siléa tonnait, soucieuse de rétablir l'ordre après le blasphème proféré par cette incroyante. Son cosmos s'était fait plus écrasant, et un coup de poing dans le ventre accompagna ses propos.

"Sache qu'il est aussi et avant tout NOTRE Seigneur, Arès est TON Seigneur! Tu de dois de Le vénérer! De prononcer Son nom avec le plus grand respect! Chacun de tes actes est accompli par Lui et pour Lui!"

Deux giffles ponctuèrent cette déclaration de foi. Morrigan semblait avoir été brisée par la grandeur d'Arès qui avait été montrée, pure, à son esprit. Seulement, cela ne l'aidait pas à comprendre ni à modérer ses propos. Cette persistance agaça le héraut au plus haut point. Elle se rapprocha à pas lents de la maître d'armes et, après deux autres coups, elle posa à nouveau sa main sur son torse.

"C'est avant tout ton cerveau qui est lent, on dirait."



Après avoir résumé de manière bien trop rapide et erronée la psychologie de Siléa, Morrigan se déclara capable de faire découvrir la souffrance à celle-ci. La Bahamut hocha la tête, curieuse.

"J'ai hâte de voir..."

Comme précédemment, Siléa n'esquiva pas les coups qui lui furent portés. Elle ne réagit pas non plus lorsque sa peau commença à pâlir et à se desquammer, comme si elle souffrait de la lèpre. Ces effets prendraient bientôt fin, elle avait confiance. Avant cela, elle apprendrait à la misérable le respect et la disciple attendus dans les armées d'Arès.

Toujours aussi grandiloquente, Morrigan déclara que ses coups seraient à présent mortels pour son adversaire. Siléa haussa les épaules, peu convaincue. Contrairement à la maître d'armes, elle ne souffrait pas encore de trop de blessures, et elle ne s'était pas épuisée à s'habituer au froid. Elle n'avait pas reçu plusieurs coups d'épée à travers de l'abdomen ni subit par deux fois, à bout portant, l'arcane la plus puissante du héraut d'Arès. Elle restait donc assez confiante quant à sa victoire.
En revanche, Morrigan se permit d'approcher irrespectueusement son visage tout en commentant avec effronterie la prétendue lenteur de son mentor du jour. Avant que l'impudente n'eût le temps d'achever ses mots, Siléa se fit un plaisir d'écraser ce visage d'une main, avant d'envoyer son genou frapper ce menton insolent et son coude percuter le sommet de cette forte tête.

"Encore heureux que tu puisses esquiver certains de mes coups! Sans quoi, tu ne mériterais même pas de ramper sur le seuil de ces terres sacrées."

Le Fléau parvint à stopper, faiblement, le deuxième assaut du Bahamut, avec un cosmos de ténèbre.
Bientôt, la mort se substitua à l'obscurité et la Voix d'Arès se retrouva encerclée, avant d'avoir pu lever le petit doigt.

"Bien... Tu deviens enfin intéressante."

Siléa ne cacha pas la quinte de toux qui la prit, et observa avec le plus grand intérêt tout ce qui se déroulait. Lorsque Morrigan voulut l'attaquer directement, elle n'esquiva pas, intéressée, et répondit par un coup de poing à la mâchoire et par un uppercut.

"Mais dis-moi... Je t'ai appris la glace, et pourtant tu n'en as rien fait! Quoi? Pas même une attaque, ni une défense, tu es juste bonne à m'imiter en lançant des javelots de glace?"

Elle croisa les bras et son regard se fit plus sévère. Aussitôt, Morrigan sentit tout le poids de ce regard et il lui sembla que, rien que pour elle, la pression augmentait en ce lieu.

"Non, tu ne mérites pas que je te prenne au sérieux."

Les continuelles bravades de Morrigan commençaient à agacer Siléa qui commençait à se demander si elle devrait pas instaurer une loi selon laquelle tout soldat prononçant d'autres paroles que des louanges de l'Unique verrait sa langue coupée.

"Ah? J'ai hâte de voir..."

Quelle autre finalité que le progrès la sorcière pourrait-elle voir dans cet échanger qui allait très bientôt se solder par sa mort - car si au début le héraut avait hésité à achever sa proie, celle-ci s'était montrée suffisamment agaçante pour dissiper tous les doutes de son bourreau.
Et Morrigan continuait. Passe encore son jugement superficiel sur les caractéristiques de la glace, elle n'a peut-être pas encore eu le temps d'intégrer entièrement la leçon qu'elle vient de recevoir.
Siléa s'immobilisa et éclata de rire en se tenant les côtes:

"Mes critiques te laissent... Indifférente? Haha, mais quel piètre élève tu fais! Et bien soit, si tu le prends ainsi je ne te dirai plus rien, tu ne le mérites. Meurs autant de fois qu'il le faudra pour comprendre ta faiblesse."

Si la Bahamut avait pu transformer Morrigan en objet, ç'eut été en vieille chaussette qu'elle aurait jetée dans le caniveau. Voilà à peu près l'estime qu'elle avait désormais pour la maître d'armes.
Les pics de glace furent suivis de pics d'ombre. Siléa n'en esquiva aucun, elle se contenta de marcher, à pas lents, vers sa victime.
Enfin, elle posa sa main sur le coeur de celle-ci:

"Meurs, misérable."