rencontre d'un humain et d'un chevalier divin

Assommée par la fatigue accumulée depuis deux jours et toutes ces émotions contradictoires, Siam tenait à peine debout.

Amélia et elle s'étaient séparées quelques heures plus tôt seulement et la guerrière divine, boostée par la fraîcheur du matin et le levé d'un soleil clair, s'était crue la force de reprendre la route.
Grossière erreur. Elle était à présent à la limite de l'évanouissement. Son corps ne lui répondait qu'à peine, ses membres étaient lourds, ses yeux ne lui permettait qu'à distinguer, vaguement, les premiers mètres devant elle...

Puis soudain elle sentit la neige mordre son genou.
Ses forces déjà faibles l'abandonnaient et avec elles, son courage. Inconsciente d'être observé, elle s'abandonna à sa fatigue. Il fallait qu'elle dorme, rien qu'un tout petit peu.
Un tout petit peu...
Dormir...

Le spectacle qu'elle offrait à voir était celui d'une jeune femme, seize ans au plus, vêtue d'une cape en partie déchirée et, sous cette protection de fortune rapiécée, une armure argentée. Le revêtement des guerriers divins, l'armure des Nornes, qui pesait si lourd...

Son second genou tomba à terre.
Dans un coin de son esprit, elle prit conscience que quelqu'un se trouvait non loin d'elle, sur ses pas, et qu'il s'était adressé à elle. Qu'avait-il dit ?
Sa flamme de vie était étrange et jamais elle n'en avait rencontré une si particulière. Humaine, sans aucun doute, et pourtant bien plus.

Ennemi ?
Serait-ce l'un de ces bandits venus venger ses acolytes ?
Avait-elle seulement la force et la volonté de se battre ? Elle ne le savait pas encore. En tout cas, elle n'avait pas la volonté de mourir, et c'était actuellement sa seule certitude.

Dans un suprême effort de volonté et, surtout, un sursaut de fierté quand à ce qu'elle représentait, la guerrière divine poussa sur ses jambes et contraignit ses muscles à le porter encore un peu.

Cette action sembla lui coûter toute son énergie.
Enfin debout, elle se retourna vers l'homme, non loin d'elle, et le détailla rapidement du regard.
Grand, musclé, massif, équipé d'un marteau irradiant une puissance propre et assez grand pour faire frémir d'effroi le plus grand des ours. Pourtant ce qui retient son regard fut les yeux verts de cet homme, plus brillant que les jeunes pousses des sapins sous les rayons du soleil.

Qui était cet homme ?
Bandant sa volonté pour paraître sûre d'elle, elle lui adressa enfin la parole.

Je suis Siam, guerrière divine des Nornes, les trois Jotüns manipulant les fils du destin des hommes et des dieux, serviteur d'Odin et protectrice d'Asgard. Et toi, qui es-tu, et que viens-tu faire en cette région inhospitalière, loin des hommes justes et si proches d'un village de renégats ?

Une brise s'éleva, soulevant sa longue chevelure à l'allure de crinière. Son visage restait bien visible car elle portait un ruban bleu autour du front retenant ses mèches rebelles. Sa peau était clair, ses lèvres bien dessinées et ses yeux bleu pâle. Se dégageait d'elle une allure de fierté, en dépit d'une grande fatigue.

Campée sur ses jambes comme elle l'était, elle espérait donner une impression de puissance, mais en réalité elle se sentait incapable d'esquisser le moindre geste supplémentaire. Seule sa langue fonctionnait encore.

Immobile, elle attendit la réponse, espérant ne pas tomber sur un ennemi, car la moindre dépense de cosmo énergie la laisserait tomber dans les pommes.

Siam avait la capacité de voir ce qu'elle nommait "la flamme de vie" des êtres vivants. Celle de cet homme avait changé durant un instant infime, suivant la couleur changeant de ses yeux. D'un vert feuille brillant, la flamme et les yeux avaient étincelé d'un bleu acier froid comme les terres d'Asgard, et puissant comme...
Elle n'osa pas formuler l'idée qui avait failli naître dans son esprit. C'était un homme, rien de plus, quelle que soit la grandeur du pouvoir qui l'habitait.
Puis ses yeux étaient redevenus vert. Et elle fut persuadé d'avoir simplement divagué.

Durant tout le temps qu'il avait parlé, la guerrière divine avait pu constater que sa flamme était pure, pleine de courage et d'honnêteté. Cette homme ne lui mentait pas.
Et lorsqu'il lui proposa son aide, elle failli accepter d'être portée. Mais sa fierté était trop grande.

Néanmoins, reboosté par l'espoir d'un abri, peut-être d'un feu, et de la possibilité certaine de pouvoir dormir, elle hocha la tête pour signifier son accord et parvint à mettre un pied devant l'autre. Et un de plus, encore et encore.

Je te suis, Hagën. Qui que tu sois.

Fort heureusement pour son égo, elle n'avait pas saisi la raison pour laquelle l'homme avait posé lui aussi genou à terre un instant plus tôt. Elle n'était guerrière divine que depuis deux jours, et n'aurait pas su gérer la gêne qu'aurait occasionné la compréhension de cette génuflexion : l'homme s'était agenouillé en signe de respect devant un chevalier.

Fort heureusement pour sa fierté, cette fois : ils n'étaient pas loin du flanc de montagne. Et après une demi-heure de marche, ils parvinrent à l'orée d'une petite grotte qui ne servait pas d'abri à une famille d'ours. Quine minutes de plus et elle aurait du être portée.

Une fois les deux asgardiens confortablement installés auprès d'un petit feu préparé par Hagën, et après quelques minutes de repos pour Siam, celle-ci se décida à lancer la conversation.

Merci pour ton silence. Il n'y a pas moins réparateur que la discussion, lorsque les corps sont las. Car comme tu l'as bien compris, je le suis. Comme tu l'as compris aussi, je me suis chargée d'exterminer la plupart des hommes du clan d'Eiki, le village de pilleurs.

La guerrière divine n'avait aucune conscience du comportement qu'elle était censée suivre en tant que guerrière divine s'adressant à un "simple habitant". D'ailleurs, elle ne se posait même pas cette question. Tout être humain est porteur d'une flamme de vie et, en cela, mérite la même déférence, quelle que soit sa orce, son courage, sa richesse ou son statut, dès lors que le respect est partagé.
Ainsi se comportait-elle naturellement d'égal à égal avec Hagën.

Mais cela... c'est une histoire de mort, ça ne mérite pas de discours. Je suppose que c'est le rôle d'une protectrice d'Asgard. Toi, en revanche, tu as fait preuve de puissance en affrontant des hommes au péril de ta vie, et de courage en te rendant dans ce village de bandits. Qu'importe que tu sois arrivé après la bataille, cela n'enlève rien à ton mérite. Tu as dis plus tôt que le domaine de Delta avait été détruit et qu'il y avait des survivants. Voudrais-tu m'en dire davantage, car j'ai été coupé du monde depuis bien longtemps.

Adossée à la paroi rocheuse, constatant que le jeune homme avait dis vrai en parlant de la tempête, qui c'était levée rapidement et balayait tout sur son passage, Siam se prépara à écouter le récit de la destruction du domaine de Delta, qu'elle n'avait jamais traversé, mais qu'elle connaissait de nom.
Une fois de plus, elle allait apprendre que des évènements funestes parsèment Asgard.
Pourquoi les humains s'affrontaient-ils jusqu'à la mort, alors que la vie était déjà si dure sur ces terres ?

Siam aurait aimé en apprendre davantage sur cette catastrophe qui avait détruit Delta. Et bien que les informations de Hagën furent maigres, ce qu'elle appris lui suffit.
Une grande lumière embrasant la forêt "et" les terres.

Aucun feu naturel ne pouvait brûler une zone aussi importante en Asgard, où la neige est durable. Il y avait donc eu une intervention humaine, peut-être celle d'un ou plusieurs chevaliers.
L'information était grave car il pouvait s'agir d'une déclaration de guerre, entraînant des affrontements et des morts par centaines ou plus. Mais elle ne voulait pas imaginer plus longtemps ce qui se révélerait être le pire scénario. Elle allait escortait cet homme jusqu'au Palais, et de là-bas, peut-être en apprendrait-elle davantage.

Soudain l'homme la regarda avec d'autres yeux.
L'énergie qu'il dégageait se modifia, retrouvant cette impression de puissance jonglant entre sommeil et éveil. Ses yeux passèrent du vert au bleu puis du bleu au vert, et l'impression, aussi fugitive qu'un rêve, se dissipa.

Mais cette fois elle était persuadée de n'avoir pas rêvé.
Hagën fut soudain gêné, comme s'il avait proféré une insulte à son égard...

« Je vous présente toutes mes excuses, noble guerrier »

... puis il se leva et lui tourna le dos... et lui fit face à nouveau.
*Si je suis d'Asgard ? Si j'ai de la famille ?* La curiosité de cet homme était bien mal placé et elle lui aurait certainement fait fermer son caquet avec une phrase cinglante bien sentie si elle n'avait pas été aussi fatiguée. De plus, elle lui devait bien plus qu'un renseignement : sans lui, elle aurait croulé sous la tempête. Fallait-il y voir un signe des Nornes, du Destin lui-même ?

Comme pour sa rencontre avec Amélia, la spectre qu'elle avait rencontrée deux jours plus tôt, Siam décida de se laisser porter par les vents et de suivre les chemins qui s'ouvraient devant elle.

Après cette longue seconde de silence où Hagën avait pu percevoir le regard froid de la guerrière, la guerrière laissa s'exprimer une certaine douceur sur son visage, signifiant ainsi son assentiment.
Aussitôt, elle décida de jouer un petit peu, pour mieux briser l'écran de respect qu'elle considérait comme déplacé et presque outrancier.

- Sais-tu que tu t'adresses à un guerrier divin, jeune asgardien ? Qu'après lui avoir tourné le dos, tu lui demandes de te parler de sa vie comme s'il était un simple compagnon de route ?

Puis elle le laissa se dépatouiller quelques secondes, entre la gêne et l'incompréhension.
Le regard de Siam devint rapidement amusé et dès qu'il eut fini de bredouiller quelque chose elle lâcha le rire qui pointait depuis le début de sa mauvaise farce. Un rire clair, franc et dénué de moquerie. Un rire libérateur et bénéfique pour elle, après les terribles évènement de sa dernière nuit.
Tellement sincère et long, son rire devint communicatif. Et après s'être littéralement décomposé, le jeune homme se prit à rire aussi. Peut-être de stress.

Lorsqu'elle retrouva enfin ses moyens, hésitant encore entre rire et sérieux, elle répondit avec le sourire sur les lèvres et dans la voix.

- Pardonne-moi Hagën. Mais tu étais tellement sérieux que je n'ai pas pu résister. Oui, tu as bien entendu, je t'ai demandé pardon. Ne fais donc pas cette tête ! Haha ! Tu es un homme après tout, et je ne suis pas une déesse, tu sais. Je ne sais pas comment se comportent les autres guerriers divins avec les autres habitants d'Asgard, mais en ce qui me concerne, tu peux me tutoyer autant que je te tutoie. Et si tu continues à me vouvoyer comme si j'étais ta grand-mère, je vais finir par mal le prendre. Je suis un être humain aussi, et je vais même te dire un secret : je suis bien plus jeune que tu ne sembles le croire !

Elle l'observa avec malice. Pouvait-elle lui dire qu'elle n'avait que trois ans ? Non. Il penserait certainement qu'elle se fiche encore de lui. Inutile d'insister. Sauf s'il continuait à la fixer dans les yeux comme ça.
Oui, bien que jeune, son mental oscillait entre celui d'une enfant et celui d'une adulte, et son corps était celui d'une jeune fille de seize ans. Et elle le trouvait à son goût, et attendrissant dans ses manières un peu protocolaires.

- Bref, si tu veux me montrer du respect, alors traite-moi avec respect et égalité. Je m'appelle Siam, Siam des Myriades. Et non "seigneur", qui est masculin. Et quitte à faire une entorse aux règles, je préfère être nommée guerrière divine, au féminin. Quant à ta question, je puis t'assurer que jamais je ne t'ai vu de toute ma vie. Et crois-moi,ma mémoire est infaillible au point que je pourrais te citer le nombre de pas que nous avons parcouru depuis le lieu de notre rencontre jusqu'à cet abri. Je pourrais même te citer chacune des paroles que nous avons échangé depuis notre rencontre.
Et puisque tu te montres très curieux et que tu m'as offert un bon feu, je vais te donner quelques détails. Je ne connais pas ma véritable famille. J'ai été déposé, bébé, dans les bras de dame Freyja, il y a trois ans. Celle-ci m'a placé dans la famille de Ravkov, un fermier d'un petit village d'Asgard à deux jours à pied du Palais. J'y ai passé une année, sans quitter le village, puis j'ai été envoyé loin d'ici, au pôle Nord. Là-bas, j'y ai reçu une formation de chevalier. J'ai conclu mon apprentissage proche d'ici, non loin de l'arbre-monde sacré Yggdrasil. Ici s'achève mon histoire.
Cependant, je ne pense pas être né pour autant en Asgard et comptais glaner quelques renseignement auprès de Freyja, au Palais. Je porte sur mon... sur moi, certaines marques. Et cela seul prouve mon origine étrangère, bien que mon coeur et mon âme soient tous deux totalement dévoué à Asgard, à ses représentants, à ses terres et ses habitants.

Les enfants sont naïfs et se livrent facilement. Siam, inconsciente de s'être livrée bien plus qu'un adulte ne l'aurait fait, ne ressentit pas la moindre gêne en décrivant l'histoire de sa vie à un homme qui était encore inconnu quelques heurs plus tôt.
Cependant, elle ne comptait pas en rester là. Dans la vie, c'était donnant-donnant.

A présent c'est toi qui me doit quelque chose, Hagën. Parle-moi de toi et, comme moi, garde sous silence ce que tu souhaites, sans honte, mais ne me mens pas pour autant. Qui es-tu, quelle est ton histoire, et pourquoi penses-tu que nous nous sommes rencontrés ? Rassure-moi, tu ne vas pas me dire que je ressemble à une ancienne de tes conquêtes, n'est-ce pas ? Ce serait bien grossier !

Et disant cela, elle lui jeta un regard malicieux suivit d'un clin d'oeil signifiant "je plaisante, voyons !", et attendit la réponse.

Siam avait été ravie de son effet et d'avoir réussi à briser la glace. Mais l'instant d'après, la voix de Hagën changea et son ton devint plus que sérieux.

« Très bien guerrière tu voulais voir ce que je suis réellement et bien soit dit il »

A ces mots, l'homme changea d'apparence, sa flamme de vie grandit de manière exponentielle et la réalité sembla osciller.
En quelques secondes, l'asgardien s'était métamorphosé tant dans son physique que dans son âme. C'était un autre homme qui lui faisait face.
Que dire, un homme ?
Un dieu !

Affublé de son marteau, la voix tonnant comme le tonnerre, elle ne douta pas un seul instant de l'entité qui lui faisait face à présent.
Thor, le dieu forgeron, lui faisait face.

Siam écarquilla les yeux et elle se sentit soudain toute petite, comme si toute sa force vitale ne représentait que plus rien face à la grandeur qui émanait de ... Thor.
Un souvenir, enfoui dans les nombreux tiroirs de son cerveau, refit alors surface.

Le dieu lui dit qu'il l'avait déjà rencontré dans les bras de sa mère.
Oui, elle s'en souvenait à présent. Il n'avait pas été cité, à l'époque, donc elle n'avait pas pu mettre un nom sur cette formidable voix, mais elle se rappelait.
Âgée de quelques jours à peine, portée dans les bras de Freyja, celle-ci s'était adressé à lui.

Le souvenir de ce moment lui revint à l'esprit, mais elle s'en fichait : il avait parlé de sa mère !
Il pouvait l'aider !
Le destin, la chance, la bonne fortune, la providence, qu'importait le nom qu'on lui donnait : elle était sur la bonne voie !

Instinctivement, comme mue par un réflexe oublié, elle s'était redressée et avait posé un genou à terre, inclinant la tête devant l'un de ses dieux protecteurs, une main sur son coeur.
Elle buvait ses paroles, qui résonnèrent jusque dans sa cage thoracique et faisait vibrer ses os.
Thor, le dieu Thor, qui avait connu sa propre mère !
Elle, Siam, qui était-elle donc ? Et surtout, qui était sa mère pour avoir un jour côtoyé une divinité ??

Il devait chercher dans ses souvenirs ? Soit ! Elle ne le lâcherait pas jusqu'à ce qu'il lui en ai appris davantage.
- Je suis votre serviteur et votre débiteur, Thor, protecteur d'Asgard.

« Par contre ne dis à personne que Hagën est mon nouvel hôte je te prie… »

- Je ne divulguerai cette information que selon vos désirs, seigneur.

Puis, aussi vite qu'il était apparu, il retourna quelque part, dans un ailleurs inconnu et inatteignable, et sa formidable présence disparut tout à fait, laissant à nouveau la place au jeune Hagën.

Immédiatement, elle se rassit, genoux relevés, la tête baissée entre ses mains.
Elle écouta l'asgardien d'une oreille distraite car en réalité, en plus du choc que lui avait procuré une telle rencontre, en plus du respect que le dieu lui avait témoigné, elle était rongée par la frustration.

Il était si vite apparu, avait si vite disparut !!
Elle aurait voulu le questionner, savoir quand il l'avait vu la dernière fois et où ! A quoi elle ressemblait, si elle était douce ou non. Savoir la couleur de ses yeux. Peut-être apprendre qui était son père !
Mais pourquoi était-il parti si vite ??

Finalement elle perçut les derniers mots de Hagën.
- Le seigneur Thor m’a détaillé les plans de galerie souterraines, nous voyagerons ainsi à l’abri des intempéries.

Contrôlant à grands peines les tics nerveux qui ne demandaient qu'à s'épanouir sur son visage, bloquant du mieux qu'elle pouvait le tremblement de ses mains, elle se contraignit à relever la tête et à regarder l'asgardien en face.
Un jeune homme, beau et bien fait, mais sans distinction majeure avec un quelconque autre habitant du royaume. Et pourtant, c'était l'enveloppe charnelle d'un dieu. D'un dieu qui souhaitait vivre, caché parmi les siens. Cela impliquait un certain comportement, et elle se devait d'en parler ouvertement.

- Je garderai le silence, Hagën, fils d'Asgard. Et quelle que soit l'entité qui t'habite, tu recevras le même respect qu'il y a cinq minutes. Mes paroles n'ont donc pas changé et tu peux me tutoyer.
Je dois te..vous... non, "te" poser une question. Thor peut-il entendre et parler à travers toi ? Si oui, demande-lui de ne plus apparaître ainsi, à moins qu'il ne soit certain de pouvoir masquer sa cosmo énergie. S'il veut rester anonyme, et toi avec, il faut prendre en compte l'aura faramineuse qui est la sienne et qui, je pense, peut être perçue par un chevalier à des kilomètres à la ronde. Et par pitié. Par pitié, Hagën : informe-moi sans délai dès que notre seigneur aura souvenance de ma mère !

Elle garda le silence quelques minutes, le temps de se remettre d'une telle rencontre et de tout ce qu'elle impliquait.

- Dis-lui que j'ai des points violets sur le front, mais que je ne sais pas ce qu'ils signifient. Je les croyais apparentés à ma malédiction, car je vieillis plus vite que les autres humains. Je n'ai que trois ans, Hagën. Et je me souviens de tout ce que je vois, perçois et entends depuis que je suis née. S'il sait ce que signifie ces points, s'ils sont le symbole de ma malédiction, qu'il me le dise.

A nouveau un silence, plus court cette fois.

Puis elle se releva, calmée et prête à reprendre la route.

- Notre seigneur t'as informé de l'existence de galeries parcourant les territoires d'Asgard. Empruntons-les. Mais avant, remercie-le pour moi de s'être dévoilé. Et toi aussi, je te remercie.

Laissant Hagën ouvrir la marche, elle conclut.
- Partons maintenant !

Hagën avait su la rassurer sur l'intervention future de Thor et elle en était heureuse.
Il lui dit que sa loyauté devait se porter avant tout vers Odin, et non Thor.

Odin étant absent, c'était donc Séléné.
Qu'en était-il de Thor alors ? Décidément, les affaires divines et la politique, c'était bien complexe...

Une fois dans les couloirs obscurs de la grotte où ils s'étaient abrités, éclairés d'une torche qu'avait enflammé le jeune homme, elle repéra la flamme de vie d'un animal, bien avant que ses yeux ne renvoient la lumière des flammes.
Elle savait également que l'animal les avait repéré, mais n'en dit rien à Hagën. Ce qu'elle voyait à travers cette flamme de vie, c'était un animal intelligent et ne montrant aucun signe de nervosité hostile. Il devait avoir déjà mangé et n'attaquerait donc pas. Aussi, quand Hagën lui adressa la parole à propos du loup, elle ne put que sourire.

« Quoi qu’elle fasse surtout ne réagissez pas brusquement, je sais que cela peut paraître un peu étrange mais j’ai confiance en cette créature et elle nous feras aucun mal »

Elle aussi avait confiance dans le fait que la créature n'attaquerait pas et elle se laissa sentir.
Que le loup réagisse en se plaçant au côté de Hagën fut bien plus troublant. Mais sachant l'être qui habitait son corps, elle ne s'en formalisa pas et ne posa pas de question.

Continuant leur route, ils arrivèrent bientôt au niveau du domaine d'Epsilon.