Tel est prit qui croyait prendre

La douleur coulait dans les veines du dieu comme de la lave en fusion alors qu'il était trainé par une force incommensurable dans les profondeurs insondables du Tartare. Hermès avait l'habitude de jouer avec le feu, mais le feu s'était montré plus fort que lui cette fois, et ce serait peut être la dernière... Il pensait à sa mère, Maïa, fille d'Atlas, qui n'avait jamais eu sa place parmi les Olympiens. Il ne pourra plus la venger désormais. Car tel était le pouvoir de ce lieu maudit, tout espoir, toute joie quittait son cœur pour disparaitre dans d'obscures ténèbres. Un goût de cendre et d'acide lui calcinait la bouche et dévorait ses entrailles alors que les ailes de son casque d'argent se consumaient pour finir en petits tas de cendre à ses pieds.

Que pouvait donc faire sa rapidité en ces lieux dont nuls, pas même les Titans, n'avait pu fuir sans une aide extérieure. Et comble de malchance, personne ne savait ce qu'il avait derrière la tête. Et pas même lui ne pouvait prédire la suite des événements. Ou plutôt si, une éternité de souffrances et de tortures sans fin, que son corps divin pouvait endurer encore et encore dans une boucle infernale. Essayant de se redresser pour regarder son agresseur, son aura était bien pâle ici, comme enténébrée par une chape de plomb qui ne lui laissait aucune marge de manœuvre. Il pouvait encore compter sur sa ruse, mais serait elle suffisante pour le sortir de cette impasse?

Une forme sombre, humanoïde était là, se fondant dans le décor cauchemardesque et infernal qu'était la fosse du Tartare, observant l'invité du moment. Tentant de se redresser pour regarder cette silhouette mystérieuse, Hermès fut attrapé avec violence par des liens organiques mais aussi brûlant que les braises de la forge d'Hephaïstos. Ces liens semblaient constitués de chaires et de sang pourris, dégageant en plus de la chaleur atroce une puanteur insoutenable. Quittant finalement le mur dans lequel il semblait s'être fondu, l'étrange inconnu s'approcha du jeune dieu. La cellule ne présentait aucune ouverture, ni faille. Les parois semblaient être faites de roches en fusions, et la souffrance d'Hermès semblait confirmer cette impression. Semblable au sort qu'avait eu Prométhée dans le passé, son dos se consumait dans cette fournaise mais se régénérait tout aussi vite... ainsi comme le titan, il subissait une torture perpétuelle et sans fin. Une main se posa sur son front, une main glaciale et sombre. Soudain, une lumière déchirante jaillie des yeux et de la bouche d'Hermès, provoquant en lui une profonde douleur, déchirant son âme tout comme son corps. Cela ne dura que quelques secondes, mais pour le fils de Zeus, cela paru être une éternité.

Levant la main du jeune olympien, l'individu lui tourna le dos et se mit à parler d'une voix infernale.

"Je dois avouer que je n'attendais pas ta venue en ces lieux, Hermès. Je m'imaginais attraper quelqu'un comme ton père, Hadès ou même Cronos. Mais toi, non... et ton intervention, certes intelligentes, quoique suicidaires, même pour un maître dans l'art des tromperies et des farces comme toi! Tu devrais me remercier, jeune sot... car si je n'était pas intervenu, tu connaîtrais à l'heure actuelle un sort pire que celui que tu subis en ce moment! Ce que tu comptais appeler dépasse ton entendement... Mais rassure toi! Tu n'es pas le seul dans ce cas... Regarde par toi même!"

Au centre de la pièce, du sol surgit un globe oculaire visqueux et énorme. Ce dernier se tourna vers le prisonnier et dévoila une vision trouble du royaume de Poséidon, son oncle le souverain des mers et des océans. Ce dernier était en crise, en proie au même mal qui frappait le monde, et plus encore même... la vision se concentra sur le pilier central, fierté du dieu au trident pour montrer le monument dévasté. Et ce alors que sa construction avait été réalisée de sorte à ce qu'il ne puisse être détruit tant que les huit autres piliers ne l'étaient pas.

"Vois... vois l'oeuvre de Poséidon, détruite malgré l'ingéniosité qui avait été mise en place. Ce qui se réveille n'obéit à aucune loi, aucune règle instaurée par Vous, pauvres fous d'Olympiens! D'autant que dans le sang de cette obscurité du passé et du néant vit la volonté de vengeance d'un de vos aïeuls..."

Caressant le globe d'un doigt, ce dernier replongea dans le sol comme il en était sortit. Ce lieu était sordide et glauque, jamais Hermès n'aurait pu imaginer un tel cauchemar. L'individu se tourna vers Hermès, une lame dans les mains.

"Mais pour le moment, l'heure n'est pas venue pour se préoccuper davantage du reste de ta famille.... et grâce à toi, j'ai un nouveau divertissement! Le voleur de feu ne m'amuse plus vraiment... je compte sur toi pour être davantage plus intéressant!"

Et tenant la lame à l'horizontale en direction d'Hermès, il lâcha celle qui alla se ficher directement dans le torse du dieu.

Après d’autres tortures lancinantes, le démon décida de révéler quelques informations sur ce qui se passer réellement à son hôte. Ce qui ranima toute la puissance mentale du dieu des voleurs, malgré les souffrances innommables qu’il endurait. Ainsi, celui qui l’avait fait prisonnier n’avait rien à voir avec les catastrophes qui ravageaient la Terre. Il se rendait compte à présent combien il avait été stupide de se présenter ici… Bientôt, un globe oculaire répugnant qui avait apparemment vocation d’une boule de cristal lui offrit un spectacle bien intéressant.

oOo Mais que ?? Cette glace noire !! Poséidon !!! oOo dit il en lançant un regard horrifié au démon. Hermès avait joué il y a peu quelques mauvais tours à son oncle, et la susceptibilité légendaire du dieu des océans en faisait la cible rêvée de ses farces innombrables. Mais de là à détruire le pilier central de son empire, jamais il n’aurait effleuré l’idée, sauf en plein délire peut-être. Le plus jeune des Olympiens se retourna vers le globe en putréfaction et son créateur. oOo Tu es Tartaros n’est ce pas ? Divinité primordiale issue du Chaos ! Tu es la personnification de ce lieu maudit, son âme damnée ? oOo lança-t-il avant de recevoir en pleine poitrine une lame acérée qui lui perfora les poumons dans un atroce craquement. Ses capacités de régénérations allaient bientôt être dépassées par les milles douleurs qu’endurait son corps.

Avec une telle puissance à sa disposition, pourquoi cet être infernal ne quitte-t-il jamais l’antre du monde souterrain? Peut être que son pouvoir est lié à ce lieu, et que loin de ce dernier, ses forces périclitent ? Il serait donc résigné à attendre ici jusqu’à la fin du monde, où jusqu’à sa propre fin… Les yeux d’Hermès s’illuminèrent comme deux lances de lumière glacée et plongèrent dans le regard de braise du maître du Tartare.

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oOo Ne te voile pas la face !! Une fois que cette entité en aura finit avec nous, Olympiens, et avec les autres déités de ce monde, vers qui crois tu qu’elle tournera ses sombres pensées ? Tu seras sans doute le dernier à tomber, mais malgré ta puissance et ta maîtrise de ce lieu maudit, tu tomberas, en fin de compte, seul et oublié de tous !! Sauf si tu disposais d’un agent à l’extérieur, un agent comme moi, par exemple… oOo

Lui qui était patron de tous les orateurs, le dieu de l’éloquence, même sans son cosmos divin, espérait bien pouvoir trouver un arrangement avec ce démon originel. Après tout, il était la créature du Multivers qui avait l’une des meilleure maitrise de la Mètis, la ruse née de l’intelligence, et il ne fallait pas en manquer pour faire de son geôlier un formidable allié.

Le rire tonitruant de l'inconnu se fit entendre, fracassant l'esprit du malheureux olympien tandis qu'une nouvelle lame alla s'enfoncer dans son torse, rejoignant de peu la précédente. Approchant lentement du dieu, il enfonça davantage encore les lames dans le corps d'Hermès, puis une nouvelle souffrance se fit connaître alors au dieu des voleurs. Une chaleur sans commune mesure se mit à couler dans ses veines, semblables à du metal en fusion, sauf qu'ici il s'agissait de son propre îchor qui était en train de bouillir. L'impression que ses os étaient en train de fondre fut saisissante, Hermès découvrant de nouveaux supplices qu'il n'aurait sans doute pas pu concevoir avant d'arriver en ce lieu aussi sordide que terrible. Approchant ses lèvres d'une oreille de l'olympien, son bourreau lui chuchota des mots qui trahissaient une confiance en soi absolue qui dépassait même l'arrogance et la fierté des trois grands olympiens qu'étaient Zeus, Hadès et Poséidon.

"Garde tes recommandations, jeune garnement! Vous n'êtes rien face à moi... en comparaison, vous êtes sourds et aveugles, ma connaissance de l'Univers dépasse celle que possède le clan entier des Olympiens..."

Brusquement, d'un geste presque négligent, il poussa Hermès à travers la paroi de roches en fusion et regarda ce dernier se consumer. Se délectant de ce spectacle, quelque chose attira son attention. Une autre âme divine arrivait en ce lieu damné. Lâchant un soupire en le reconnaissant, il fit sortir le jeune dieu de son supplice d'un geste du doigt. Toujours lié, le fils de zeus, à terre, était dans un état pitoyable.

"Celui qui se voila la face ici, c'est toi! Ton inexpérience aggrave ta situation. Tu es certes intelligent et habile, pour un olympien, mais cela ne suffira pas pour t'en sortir! Penses tu qu'un être aussi puissant et impitoyable que Tartaros te ferais le privilège de communiquer avec toi? Ha ha ha quelle sottise... Quoiqu'il en soit, ce qui a frappé Poséidon et s'étend sur la Terre n'est pas une menace pour moi... ce n'est rien en comparaison des fléaux dont j'ai eu la charge d'abattre alors que tu n'existais pas encore..."

D'un regard qu'Hermès ne pouvait distinguer, il fit se redresser de force son jeune prisonnier. Une force invisible et inextricable avait le contrôle de son corps, et faisait fi des souffrances et de la douleur que cela lui procurait par la même occasion. Tournant lentement autour de lui, tel un requin autour d'une proie blessée, il observait le dieu, sa parole faisant tressaillir ce dernier.

"Ainsi... tu me proposes tes services? et me "représenter" dans le monde "extérieur"? Quelle futilité que cela... si je le désirais, le monde pourrait être à feu et à sang! Je n'ai que faire de votre monde, olympien... D'autant que j'ai déjà quelqu'un à mon service.... quelqu'un dont la réputation était terrible et dont le nom faisait frémir quiconque, même vous... Mais de toutes évidences, cela appartient désormais au passé, et le souverain des titans n'est même plus l'ombre de ce qu'il était!"

Laissant un instant Hermès prendre connaissance de ses paroles, l'inconnu reprit comme si de rien n'était. Soudain, des traits d'aciers, d'ombres et de chaires ensanglantés transpercèrent l'olympien, lui arrachant un nouveau cri de douleurs.

"Quels sont les arguments que tu as à me soumettre? Pour quelles raisons te prendrais je à mon service? Qu'à tu à me proposer... Parle... car pour le moment, le seul intérêt que je vois est de te torturer pour l'éternité... et cela, je n'ai point besoin de ton allégeance!"

L'olympien n'avait rien à lui répondre. Ou alors souffrait il trop pour pouvoir le faire? Difficile à dire, et franchement, cela importait peu à ce bourreau. Pendant ce temps, d'autres arrivées se sont faites au Tartare. Cronos, Prométhé... Puis Océanos. Décidément, il se demandait si offrir la liberté à ce clan avait été une si bonne idée. Cela avait été amusant pendant un temps, mais maintenant.... cela devenait ennuyeux. Surtout leur roi qui n'avait de cesse de se faire abattre à longueur de temps. En pensant à lui, il ressentait l'éveil de la mère de ce "Roi" des titans. Ainsi, il avait poussé le vice de la contrarier elle aussi? Pour un peu, il aurait presque eu pitié de Cronos. Du moins, si il savait faire preuve de pitié bien sûr. D'un geste de dédain, il abattit le voleur des dieux, ce dernier n'ayant de toutes évidences aucune résistance. Il erra ainsi pendant un moment dans ce sombre et tortueux royaume qu'était le Tartare. Puis il ressentit la force d'Arès se déchaîner comme jamais elle ne l'avait été. Ainsi, Zeus avait relâché la bride de son fils, et lui avait même permis de porter sa Kamui pour abattre le pathétique Tuurngaq. Grand bien leur fasse, il avait vu ce qu'il voulait. Un jour, il amorcerait la suite des événements, un jour... lorsque l'envie lui prendra. Il allait peut être patienter le temps que plusieurs générations de guerriers se dressent... peut être même voir le retour des trois grands Olympiens, désormais en retrait dans ce monde... Assister à leur déchéance serait fort distrayante il est vrai, mais encore faut il pour cela qu'ils soient éveillés. Cela n'était donc plus d'actualités, remettant ses sombres projets dans un tiroir... du moins.. pour le moment!

Sujet: Re: Tel est prit qui croyait prendre

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