Nouvelle-Zélande : un terrain de jeu pour Scylla

(hrp : Mégara n'est pas censée voir le sourire puisque c'est l'esprit de Scylla et non Simbad qui le fait. Et je fais passer la nuit./rp)

La réflexion l'emporta tant et si bien que l'adolescent s'endormit le soir tombé contre l'arbre qui l'abritait. La plage était aussi silencieuse que de jour, aussi déserte, et Mégara s'était éloignée afin de se remettre en condition pour le lendemain. Parfait. La nuit passa sans une ombre, avec un léger vent de temps à autres.

Lorsque le jour se leva le lendemain, le général n'était plus là. Les pas dans le sable indiquaient qu'il avait parcouru l'étendue granuleuse et on pouvait le voir revenir dans la lueur des premiers rayons du soleil en regardant bien. Son visage encore vierge de toute expression regarda la Sirène un instant avant qu'il ne réunisse des branches mortes et quelques galets pour faire cuire deux bons poissons fraîchement péchés.

*Dois-je la réveiller maintenant ?*
*As-tu peur qu'elle t'envoûte, maintenant que vous êtes en tête à tête ?*
*En tête à tête ? Avec un esprit démoniaque ? Je voudrais bien rire...*
*Difficile d'être un héros, très cher.*

Voir que la Sirène se réveillait et venait lui prêter un coup de main alors qu'il n'avait rien demandé attendrit légèrement le visage froid du général, rendant à ses traits leur naturelle jovialité. Baigné par la lumière de l'aube, ses cheveux d'or arboraient de magnifiques reflets dorés et il avait l'air d'un Apollon tout droit sorti des peintures des plus grands maîtres de la Renaissance italienne.
Il vida les poissons avec une habileté qui démontrait bien le temps passé à voyager et à tirer nourriture de la vie sauvage. En fait, il avait pratiquement tout appris de Flipper, bien que celui-ci engloutissait ses proies sans distinction entre écailles, chair et boyaux. Il termina peu après que les flammes du feu de camp se soient bien élevées et s'écarta pour les laisser cuire lentement.

"Vous avez bien dormi, Général ? Qu'allons-nous travailler ce matin ?
-Je dois avouer qu'une bonne nuit de sommeil n'est jamais de trop lorsque l'on s'entraîne dur. Je suis en pleine forme ce matin. Toi en revanche, tu n'as pas l'air tout à fait habituée à te lever de si bonne heure, se moqua-t-il. Je te l'ai dit hier : le matin nous entraînons notre corps par une série d'exercices physiques."

La matinée s'annonçait parfaite, et même l'esprit de Scylla paraissait encore endormi, ce qui était on ne pouvait mieux pour donner leçon à la Sirène. Il retourna les poissons et se leva afin de retirer son écaille. Cette dernière se reforma toute seule un peu plus loin, laissant Simbad habillé d'une simple tunique serrée à la taille par une ceinture de cuir neuf, descendant à mi-cuisse, d'un pantalon de coton fin et de sandales grecques par excellence. Ses avant-bras, poignets, et chevilles étaient enveloppés dans des bandages blancs, destinés à limiter les frottements de l'orichalque sur sa peau.
Il se rassit, soulagé d'un poids qui lui sembla énorme, sa crinière ondulant au vent.

"J'espère que tu aimes les pompes et les tractions, ce sera sans doute une bonne partie de l'entraînement physique."

Simbad soupira et se mit à rire.

"J'apprécie ton entrain jeune élève, mais tu ne tiendras pas bien longtemps avec le ventre vide. Viens donc te restaurer un peu avant de commencer, je ne tiens pas particulièrement à te voir t'évanouir."

Il passerait sans doute pour un vacancier encore plus insouciant que Mégara s'il n'était pas le porteur de l'écaille de Scylla, mais s'assurer que son corps tiendrait la durée de l'entraînement faisait partie du jeu. En combat, celui qui avait le ventre vide et les muscles fatigués avait toujours moins de chance de vaincre que celui qui était en pleine forme, reposé, repu, sans soif et sans peur. Un état mental et physique qu'il fallait entretenir chaque jour et chaque instant.
Les poissons prêts en une vingtaine de minutes, et le jeune homme attendit que Mégara entame le sien, galanterie oblige, pour commencer à manger. Impatients qu'ils étaient, car Simbad le devenait un peu plus une fois en condition parfaite, ils engloutirent leur petit-déjeuner rapidement. Le général s'étira un moment, s'échauffa par quelques mouvements de bases très simples : tourner les bras, les jambes, les hanches, quelques foulées dans le sable. Ceci fait, il fit craquer ses phalanges et se mit en position de pompes, un bras dans le dos, tenant sur un doigt de l'autre. Il commença ainsi sans difficulté apparente, une série très rapide. Il soufflait à chaque répétition du mouvement pour ne pas avoir de point de côté, sans augmenter ni diminuer la cadence. Il avait trouvé son rythme de croisière, et cela pouvait durer des heures.

L'enfant de la mer la regardait tout en continuant son mouvement, d'un sourire d'encouragement. D'une certaine façon, il était rassuré de voir qu'il allait bien plus vite qu'elle : cela signifiait qu'il avait réellement progressé au niveau musculature et il n'avait jamais pu se comparer à une autre personne pour le vérifier.

"Commence par m'en faire cinq cents sur la paume entière de la main comme tu avais commencé tout à l'heure. Arrivée là, fais une pause de dix minutes et reprends la même série. Il faut que tu augmentes la difficulté en fonction de ton physique. Je suis déjà entraîné et je suis un homme, tu ne pourras pas m'imiter dès le début."

Il essayait d'être réaliste sans lui miner le moral. Lui aussi avait débuté simplement, épuisé au bout de deux ou trois cents pompes seulement, à deux mains qui plus est. Le plus compliqué allait être sans doute de lui démontrer ses progrès personnels sans qu'elle ne se compare à lui. Tout en la regardant faire il réfléchissait : elle lui avait dit maîtriser l'eau et vouloir dompter la Lumière. Il s'étonna de n'avoir jamais manipulé l'eau véritablement malgré le temps qu'il y avait passé. Il se laissait toujours glisser sur l'onde, jamais il ne lui imposait sa volonté. Cette complémentarité entre eux pourrait peut-être se révéler comme un atout lors de batailles futures. Pourquoi pas ?

Le jeune général sourit et continua sa série sur le bout de doigt en fermant les yeux pour ne pas subir les quelques brises de sable qui faisaient parfois des caprices.

"Oui je suis un homme... Ne crois pas que je dise cela par sexisme. Les hommes ont naturellement plus d'aptitudes au combat que les femmes car ils possèdent des muscles plus volumineux, plus larges, une plus grande cage thoracique permettant de mieux respirer, et souvent une plus grande taille, soit de quoi déchaîner plus d'énergie. A entraînement égal, un homme vaincra le plus souvent une femme s'ils ont la même technique. Notre objectif est que toi, tu bénéficies de plus d'entraînement que la grande majorité de ces hommes, pour pouvoir renverser la donne. Me suis-tu ?"

C'était une loi physique de la nature après tout... Si la majorité des gouvernements du monde étaient patriarcaux, il devait y avoir de cela en cause. Les femmes avaient dû être vaincues, humiliées voire violées dans les sociétés antiques, sans pouvoir se défendre efficacement, et depuis on les sous-estimait sans cesse. S'il ne devait y en avoir qu'une poignée qui tiendraient tête au reste du monde, Simbad ferait en sorte dans la mesure du possible, que Mégara en fasse partie. Que toutes les Marinas en fassent partie. De plus, elles étaient très bien représentées dans le peuple sous-marin : la parité était parfaite*.
Après une longue série de six ou sept cents pompes sur le doigt - l'enfant de la mer allait un peu plus vite que Mégara -, il s'accorda une pause et la regarda terminer sa première série. Lorsqu'elle eut droit à sa propre pause, il lui tendit les ultimes restes de leurs noix de coco pour se rafraîchir un peu.

"Va plonger un peu si tu veux, tant que tu ne t'y éternises pas.
-Général Simbad, m'apprendrez-vous des techniques de combat que vous maitrisez ?
-Si tu as des affinités avec le vent, pourquoi pas. Nous verrons cela cette après-midi."

*Note : Simbad n'a pas rencontré Ariel, il ne sait donc pas qu'il y a 1 femme de plus que le nombre d'hommes actuellement.

*Tu devrais t'offusquer qu'elle te considère si faible, Simbad ! Tu es tout de même son supérieur, fais-toi respecter !*
*Tiens, tu es de retour, toi... Je n'ai pas besoin d'user de la violence sur elle. Je ne me bats que lorsqu'il le faut sérieusement.*
*Et tu comptes l'entraîner à maîtriser son cosmos sans jamais la retrancher dans ses limites ? Sans jamais la mettre en situation de danger, et donc de combat ?*
*Cela fera partie des situations sérieuses, mais lorsque je l'aurais décidé.*
*Bien sûr bien sûr, "maître"... Et il s'imagine en plus qu'elle va sagement attendre le moindre de ses ordres... Piteux général.*
*Je ne te permets pas ! Esprit de malheur !*

Le rire démoniaque de Scylla cingla les oreilles de l'adolescent qui fronça les sourcils. Il se leva et alla se suspendre à un arbre par les jambes, tête en bas, et commença travailler ses abdominos en se relevant à par la seule force musculaire.

*Et comment se fait-il que tu puisses te manifester quand je ne porte pas l'écaille de Scylla ?!?*
*Je ne suis pas une dryade accrochée à son arbre. Mon esprit se trouve en toi depuis ta naissance. Je t'ai choisi, tout comme Poséidon t'a choisi, et tu m'as réveillée avec la force de ton cosmos. Oublie les vieilles légendes de fantômes et autres ectoplasmes. Je suis bien là et je compte y rester tant que tu n'auras pas atteint tes objectifs.*

Simbad pesta intérieurement et répondit à Mégara une fois que celle-ci fut revenue :

"Tu m'as demandé si je maîtrisais autre chose que le vent... A bien y réfléchir, rien qui puisse convenir à une jeune sirène en quête de lumière. Il faudra t'adresser à quelqu'un d'autre si tu y tiens vraiment. Allez, remets-toi au travail."

(hrp : j'attendais que tu répondes à mon MP)

*Mais quelle sangsue ! Comment peux-tu la supporter ?!?*
Comment puis-je te supporter toi.*
*Allons, allons... Je suis plutôt sage pour un monstre marin ! Tu n'as pas besoin d'elle, et si elle tient autant à aller vite, qu'elle se trouve un autre maître ! Tu n'es pas le seul à avoir des pupilles, et celle-ci commence à devenir envahissante !!!*
*Et qui donc accepteras-tu auprès de moi si je renvoie tous ceux qu'on me confie ?*
*Tu n'as besoin de personne hormis Poséidon. Flipper ? Ce n'est qu'un animal sans pouvoirs. Tes vieux amis ? Plus aucun n'est là maintenant. Gastone ? Ce n'est plus ton maître. Tu n'apprécies guère Yoruichi, trop sûre d'elle et de ses opinion arrêtées, quant à Roxane, Aurora, Enkelados et Davy Jones tu les connais à peine. Que peux-tu bien vouloir faire de cette pimbêche ?*
"AAAAH SILENCE ESPRIT DE MALHEUR !"



Sans s'en apercevoir, Simbad avait hurlé et s'était contracté entièrement, de sorte que la branche sur laquelle il se trouvait commençait à craquer sous la pression de ses jambes. Les rares oiseaux s'étaient envolés et un parfait silence régnait. La présence de Scylla avait gagné une part de lui, sa part de colère et d'exaspération. Une légère aura emplie de menace brillait autour de lui, toujours dotée de cet éclat doré sur une majorité lapis-lazuli. D'un ton suave et provocateur, la nymphe ne se démonta pas pour autant :

*Que t'arrive-t-il mon petit ? Tu pensais pouvoir te raccrocher à eux ? Tu pensais que ta foi en ces pitoyables humains qui n'ont pas subi ta souffrance pouvaient te comprendre ? Crois-moi, personne ne pourra te comprendre, personne tant qu'ils n'auront pas ressenti souffrance équivalente à la tienne.*

Le jeune général suffoquait. La chaleur était tout à coup étouffante, à moins que ce ne soit cette femme diabolique qui susurrait à son oreille. Il descendit de sa branche avant que celle-ci ne craque et regarda vaguement vers Mégara sans la voir. La Sirène devait être terrorisée si elle ne le prenait pas pour un fou. Pourtant, son cosmos grandissant avait de quoi impressionner. Comme précédemment, le sable se mit à tourbillonner sous l'impulsion d'un vent qui ondulait autour de lui. L'écaille de Scylla vint se replacer d'elle-même sur ses épaules et émit quelques ondes que son possesseur put reconnaître grâce à ses facultés de Dauphin dont il n'avait rien perdu au niveau sensoriel. Un signal que la Sirène ne pouvait pas reconnaître puisqu'elle ne maîtrisait pas les plus basses fréquences qui pouvaient cingler l'air.

*Entends comme elle t'appelle... Mon écaille, mon symbole... Ne fais qu'un avec elle, ne fais qu'un avec moi, Simbad, et nous pourrons accomplir nos désirs les plus secrets d'une et même voix.*
*Que veux-tu de moi par tous les dieux !*
*L'union totale. Le pouvoir. Laisse les faibles derrière toi et deviens le pilier central qui protègera l'Empire. Venge-moi en tuant tous ceux qui s'opposeront à toi, à commencer par les Spectres.*

Tuer, tuer... Toujours ce mot qui revenait dans la bouche de tout le monde. Était-ce donc la seule chose à faire dans ce bas monde ? Ne pouvait-on que tuer ou être tué ? N'avait-on jamais le droit d'être en paix sinon heureux ?

"Mégara... Je ne peux t'entraîner plus longtemps... Tu vas devoir retourner à Eges ou continuer seule, peu importe..."
*Et que vas-tu faire ?*
"Tant que je soutiens Poséidon, j'ai une raison de vivre. Le reste finalement n'est que guerre et diplomatie factice. Si c'est le seul moyen pour que j'aie ma place dans ce monde, alors je deviendrai un instrument de tuerie et je ferai de l'Empire un ennemi que l'on devra craindre de tout son être à chaque instant... Dis-moi ce que tu veux que je fasse."

La fureur du Passeur se relâcha tout à coup en une froide résignation. Il avait redouté avoir un jour à dire cela mais il devait se rendre à l'évidence : la paix ne serait jamais là, et aucun de ses compagnons n'était prêt à changer pour empêcher la guerre d'être là. Pas pour le moment. Il n'avait pas assez d'influence encore pour être écouté. A bien y réfléchir, ce n'était pas une reddition qu'il offrait à Scylla mais plutôt un essai : puisque ses propres tentatives avaient échoué, il voulait voir ce qu'elle pouvait véritablement faire de lui, si elle saurait lui donner le poids qui lui manquait. Il avait dit qu'il resterait neutre en cas de guerre si elle avait été déclenchée par les Marinas. Il tiendrait sa parole. En attendant, il était libre et venait de libérer Mégara de ses contraintes de disciples.

*Si tu veux être véritablement fort, détruis tout ce qui peut faire de toi une cible facile. Nous pensons sans doute à la même chose en ce moment même.*
*J'ai compris.*

D'un pas ferme, sans même un regard pour la jeune femme qu'il laissait là sans plus d'instructions, il se dirigea vers l'Ocean Pacifique, y plongea, et s'éloigna dans les profondeurs des abysses.

Suivant : Chalcidique