Toi un jour, je te croquerai [FB Aria]

La question que le grand monsieur m'a posé provoque chez moi quelque chose que l'on pourrait qualifier de blocage. J'en viens même à lui retourner la question, manière indirecte de prendre la fuite. Je cligne des yeux et préfère définitivement reporter mon attention sur les environs et plus précisément les plantes et fleurs multiples. Le monsieur me prend le livre des mains. Voilà ma punition pour ne pas me souvenir. Dommage j'aime bien ce livre, je me sens comme attiré par lui. J'observe le Monsieur, curieuse de savoir ce qu'il va faire de l'ouvrage. Il l'ouvre, semble chercher quelque chose avant de me montrer une étrange inscription, une écriture d'enfant.

Aria.

Le gribouillage représente donc mon prénom et ce livre est le mien. Il y a d'autres inscriptions sur la même page, une écriture beaucoup plus jolie dont je ne comprends pas la signification. Cela m'intrigue également. Le Monsieur, lui, est parti fouiller dans ses affaires, fait chauffer quelque chose et s'adresse de nouveau à moi.

Phobos et ici c'est son château... ma maison.

Mon regard s'illumine suite à ses paroles. Château, maison.... Ce qui veut dire que le Monsieur est un roi et moi une princesse ! Je suis une princesse comme dans les contes de fée ! Je suis sûre que j'ai une armoire pleine de vêtements de princesse rien qu'à moi !

"Je suis une princesse ? Et toi un roi ?"

Il me demande comment je me sens, m'appelle son enfant. Il est mon père ? Je ne m'en souviens pas pourtant. C'est bizarre. Je ne comprends pas ce qu'il me veut exactement alors je quitte mon siège pour le rejoindre. Je me hisse sur la pointe des pieds et attrape sa manche.

"J'ai froid et pourtant ça me brûle à mon cœur. J'ai mal à la tête aussi. Dis tu me portes encore s'il te plait ?"

Je vais mieux dans tes bras.

Je cherche mais rien y fait. Cet homme qui me porte et qui semble prendre soin de moi m’est inconnu. J’apprécie être dans ses bras car malgré la froideur qu’il dégage, il me réchauffe. Je suis bien. Tellement que quelques minutes après ce sont les bras de Morphée qui m’appellent. Ce pays des songes est si accueillant, moelleux à souhait que c’est toujours difficile lorsque le réveil survint, nous arrachant à l’irréel et aux draps chauds.

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« Allez Igor plus vite ! »

Un claquement, celui du torchon que je venais d’abattre sur les fesses du malheureux serviteur se fit entendre. Il pousse quelque chose que l’on pourrait qualifier de grognement. Le malheureux m’a toujours dans les jambes lorsque le Maître du château n’est pas là et je dois bien l’admettre je lui en fais voir de toutes les couleurs ! Bien que gentille et polie j’aime beaucoup le mettre en boite car j’apprécie sa compagnie. Il est prévenant et gentil lui. Il obéit simplement aux ordres je le sais bien mais je vois bien qu’il fait de son mieux pour m’être agréable. Aujourd’hui je joue à la princesse mais pas n’importe laquelle ! Je suis la princesse Harmonie sur son fidèle destrier prêt à partir à la guerre !

J’ai entendu il y a quelques jours déjà qu’il s’agissait de la princesse la plus respectée du Royaume. Pate ou Sparte un nom comme ça. Et le maître Phobos connaissait la princesse ! La chance ! Je traverse donc la cuisine avec Igor le serviteur-cheval n’oubliant pas voler une pomme bien juteuse au passage avant d’agiter un bout de bois me servant d’épée. Celles dans la chambre de Maître Phobos étant bien trop lourde pour moi j’ai dû composer avec cette trouvaille du jardin. Le bois mort ce n’était pas ce qui manque dans les parages.

Une petite bascule à droite pour le faire tourner dans la direction souhaitée et je remarque que mon destrier n’est plus aussi fringant qu’avant. Le pauvre. On s’arrête, je descends et le remercie pour la balade et je prétexte une faim soudaine pour le faire partir en direction de la cuisine. Enfin seule….

J’ai vu des guerriers de retour, IL devait être de retour lui aussi. Un éclair de malice traversa mon regard juvénile et je pris la direction des bains où il devait être, comme à chaque fois. Sur le chemin je tombe sur des servantes en train de nettoyer l’armure du maître, une armure magnifique mais aussi très imposante. Les malheureuses ont toutes les peines du Monde à travailler correctement. Sifflotant, je passe à proximité avant de me saisir du casque enfin avant d’essayer de me saisir du casque puisqu’impossible à bouger pour mes maigres bras. Mes mains glissent et je constate qu’elles sont colorées de rouge. Du sang.

« Super ! »

Les servantes me regardent, étonnées de voir une fillette heureuse d’avoir du sang sur les mains. Pauvres filles… sont les mots qui vinrent à mon esprit. Elles ne savaient pas qu’ainsi j’avais une parfaite excuse pour le rejoindre dans son bain ! J’ai besoin d’une toilette !

Je pars comme une furie à travers les couloirs tandis qu’au loin apparait déjà Igor avec du pain et de la confiture. Je ne le vois que brièvement mais je suis certaine de voir du dépit dans ses yeux. Je sème des vêtements un peu partout pour ne rester qu’en chemise de nuit et pousse les portes de la salle d’eau. Rien à faire de déranger je me propulse directement dans le bain éclaboussant tout sur mon passage, provoquant des cris stridents chez la servante défigurée pour éclater de rire devant Maître Phobos.

« Tu m’as manqué ! »

Grand sourire, heureuse de le revoir, je lui tends mes petites mains pour lui montrer le sang dessus et justifier cette petite mise en scène. C’est important d’être propre pour une princesse non mais ! A ce propos…

« Alors t’as gagné ? t’as vu la princesse dis ? Ton armure était toute rouge t’es blessé ? »

Tu n’as pas le temps de te délasser, que tu es dérangé par un grand SPLASH ! Tu leves les yeux au ciel, par Arès, tu n’as donc jamais une minute à toi. Cette petite est chronophage. Tu fermes les yeux et t’enfonces dans l’eau chaude, l’esclave te masse les épaules noué par le combat.

« Combien de fois je t’ai dit de ne pas maltraité Igor, ce n’est pas un jouet »

Ce n’est pas parce que tu considères l’homme comme de la vermine qu’il faut qu’elle se prenne pour la reine. Certes l’humanité doit disparaitre et seuls quelques élus pourront rester à tes côtés, une élite parfaite. Parfaite pas au sens d’homme, mais pour toi, des petits monstres rampant et te servant.
Tu ouvres les yeux face à tant de question, et te masse les tempes, soupirant, puis un sourire malicieux. Bien sûr que vous avez gagné, cette bataille était trop simple, une autre femme t’apporte un verre de vin, corsé. Le liquide roule sous ta langue. Tu tapotes sa tête avec ta coupe.

« D’où te viens ce sang ? »

Tu connais la réponse mais tu veux voir comment elle s’en sort. Combien de temps est-elle ici, tu profites du bain pour observer sa peau, aucune trace, aucune cicatrice, ces mouvements ne sont pas saccadé, c’est un véritable travail d’orfèvre que tu as accompli. Tu lui lèves le menton, et passe le pouce sur son larynx. Tout semble normal. Pour l’instant à part, elle ne développe pas vraiment de compétence avec le cosmos et le faite de lui avoir donné la partie d’un monstre en guise voix n’a rien changé. Qu’importe, tu n’es pas pressé de découvrir les talents qu’elle révèle, et puis les ogres et sorcières ne se transforment pas en un jour, enfin plutôt en une nuit. Il faut du temps pour révèle le monstre qui sommeille en nous. Et c’est plus compliqué qu’on ne le pense. Savoir céder à ces pulsions animales au bout moment et lâché prise.

« de quelle princesse parles tu ? »

Tu as croisé beaucoup d’humain qui se disent de sang bleu, tu en as fait saigné quelqu’un comme des porcs pour vérifier cette étrange appellation, le sang reste rouge. Des princesses tu en as croisé des tas et beaucoup se souvient de ton passage.

« Je t’embête ? »

J’arbore une petite moue boudeuse, j’ai bien vu son regard. Je ne suis certain que dans les autres familles ils sont contents de se revoir mais pas lui. M’en moque je ne vais pas bouger, tant pis pour lui. Et non hors de question que je prenne mon bain avec Igor et d’ailleurs vu son odeur il ne doit pas se laver tous les jours.

« Je ne le maltraite pas, on joue un peu. Et il ne va pas vite d’abord. »

J’accentue ma moue. Je suis là depuis deux secondes et déjà il me fait des reproches alors que moi je suis contente de le revoir. Il soupire maintenant et mon cœur se serre. Je suis à deux doigts de partir en pleurant. Il dit qu’ici c’est chez moi mais je me sens seule, trop seule. Je ne remarque même pas son sourire concernant mes questions sur la bataille, trop déçue. Et c’est à ce moment qu’il me demande d’où vient ce sang.

Parce que maintenant je suis intéressante ? Je regarde mes mains et marmonne dans mes dents.

« Sur ton casque. J’avais peur pour… toi. »

Cette fois je détourne le regard avant subitement de le regarder à nouveau, mes yeux brillants d’une lueur qu’il ne connaissait que trop bien. Les histoires de princesse me fascinent depuis toujours je crois et dans les environs il y en avait une vraie d’après les serviteurs. C’est là que je réalise qu’il ne semble pas la connaitre. Quelle princesse ? Quelle princesse ? Il est sérieux ? Oui il l’est. Il n’y a qu’une seule princesse dans les environs pourtant. Elle est trop jolie. Mon étonnement peut se lire sur mon visage. J’ai beaucoup de mal à croire qu’il est sérieux. Je me redresse d’un bond manquant de glisser par la même occasion. Ça glisse les baignoires.

« Mais Harmonie ! La princesse Harmonie ! On dit qu’elle est jolie et super forte ! »

Je laisse passer quelques secondes, le temps qu’il assimile ce que je viens de dire avant de reprendre, ne voulant pas lâcher l’affaire.

« Alors tu as pu la voir ? Il faut l’inviter à la maison, je lui montrerai mon livre ! »

Je ne peux dire pourquoi ou comment mais entendre les soldats et les servants parler de la princesse me fait penser à des contes. Les chevaliers, les monstres, les batailles et les princesses, un monde tellement intéressant, si familier. Je me laisse retomber sur les fesses, l’eau m’arrivant à la limite du menton. Je reste pensive encore quelques instants avant de lui demander quelque chose de très très important.

« Tu vas rester un peu avec moi ? C’est moins marrant quand tu n’es pas là. Et puis c’est quand qu’on va chercher des fleurs d’abord ? Ici elles sont toutes mortes c’est nul. »

Je passe du coq à l’âne mais j’ai besoin d’attirer son attention.

Tu l’écoutes fronçant les sourcils de temps en temps, essayant de savoir quelle attitude adoptée ? Cette enfante grandit seule, sans mère, et tu ne peux pas demander à Aphrodite de jouer la nounou. Et d’un autre côté, tu ne peux pas rester avec elle tout le temps. Pour sa santé mentale, ce n’est pas conseillé. Tu relèves son menton au sujet de sa peur pour toi

« Ne t’inquiète pas, je ne crains rien »

Ton cœur se serre au sujet d’Harmonie, cela fait longtemps que tu ne l’as pas vu et sa présence te manque cruellement, peux te voir cette lueur de Spleen dans ton regard. Tu te racles la gorge avant de prendre la parole, tu n’aimerais pas qu’on entend ta voix triste.

« Harmonie n’est pas encore parmi nous, dès qu’elle sera là nous l’inviterons »

Ta démarche est sincère, l’esclave continue à te masser les épaules pour te détendre. Tu réfléchis à sa proposition, peut-être qu’il est temps de lui trouver son animal totem, peut être pourra-t-elle devenir à tes cotés ce guerrier puissant et fidèle que tu as besoin.
Arès a bien ces deux fils aux combats, tu as le droit d’avoir ta fille a tes côtés, le veut elle aussi. Les vapeurs de bains s’envolent dans la pièce rendant l’ambiance mystérieuse, comme si nous étions à un moment fort et clé pour la jeune femme. La journée est bien avancée et Apollon termine sa course pour laisser la place à Hécate, la nouvelle lune. Les torches sont allumées pour offrir un peu plus de confort, pendant que d’autres esclaves apportent de l’eau chaude dans des amphores.

« Tu préfères être un guerrier comme moi ou une princesse comme Harmonie ? »

Malgré que tu es modelé son corps à ta façon pour la rendre plus robuste, tu aimes laisse le destin faire les choses, c’est un jeu danger ? Peut-être pas, elle ne pourra pas te reprocher d’avoir vécu une enfance heureuse, certes, loin de l’humanité et pas banale, mais heureuse.

Pas de réponse. A croire que je le perturbe avec mes questions ou même ma présence. Il n'y aura pas de nouvelle fleur à ajouter à mon livre aujourd'hui. Tout n'est pas à jeter puisque l'on va inviter Harmonie. J'ai de la chance ! Je compte bien revenir à la charge d'ici quelques jours et peut être même qu'il ira la chercher directement. Je veux y croire.

On amène de l'eau chaude, c'est appréciable. Je me sens bien dans ce château et même s'il n'y a pas de fleur pour mon livre je pense que je ne suis pas à plaindre. Beaucoup d'Hommes et Femmes en ces lieux ont l'air triste. Ce n'est pas mon cas.

Puis voilà la question.

Princesse ou guerrier ? Etre comme lui ou être comme Harmonie ? Je cligne des yeux, réfléchis. Je pense avoir toujours eu une affinité avec les princesses, elles sont jolies avec de belles robes, bien coifffées et se promènent dans des jardins très jolis. Pourtant les guerriers ont l'air d'avoir leur place ici. Ils ont des chevaux et pas un Igor de poche eux. Ils ont de grosses épées et des armures pour se protéger. Protéger ? Ce mot me parle.

Je relève la tête.

"Comme toi. Un guerrier comme toi comme ça je pourrai toujours rester avec toi !"

Je lui souris de nouveau, dévoilant de belles dents blanches. Je suis sûre de moi et me met debout, éclaboussant une des domestiques au passage.

"Mais je veux une armure comme toi ! Et un cheval ! Un blanc avec un peu de noir sur le museau ! Igor est trop vieux. Et une épée pour te défendre ! Je suis certaine que si je suis forte la princesse Harmonie sera contente. Je serais le chevalier qui sauve la princesse et le royaume ! Mais je veux encore porter des robes d'accord ? Je suis une fille quand même."

A voir si le Monsieur va accepter mes doléances. En plus c'est bien d'être un guerrier, on peut prendre de bons bains chauds après la guerre.