[FB/ Ani Kala] Perdu dans la brume

Progressant prudemment dans les bois, Ménon, élève au Sanctuaire depuis déjà cinq ans, accomplissait aujourd'hui sa première sortie seul à plusieurs dizaines de lieus d'Athènes. Hier en effet, l'instructeur Phokas dont il dépendait lui avait signifié que ses progrès rendaient superflus et inutiles un entraînement avec le reste de la jeunesse de l'académie qui grossirait sans doute les rangs des gardes. Lui par contre, pouvait espérer bien plus, aussi il devait devenir autonome.

Dans les faits, cette série de compliments s'était soldée par la consigne de partir en expédition sur le Mont Parnés au nord d'Athènes avec une série de plantes de tous genres à ramener ainsi qu'une série d'objets dispersés à retrouver à l'aide de ses sens affûtés. Il détestait l'idée de ce jeu de piste mais était au moins fier des espoirs placés en lui... quoiqu'un peu effrayé à l'idée de partir seul ainsi à l'aventure.

Aussi, la clarté de l'après-midi laissait place à une atmosphère crépusculaire de plus en plus inquiétante qui rendait nerveux le jeune homme. Il savait qu'au regard de la quantité importante de tâches qu'il avait à faire, il en avait pour au moins plusieurs jours loin d'Athènes mais si possible, il désirait passer le moins de nuits possibles à l'extérieur. Ménon se résigna donc à continuer ses recherches pendant encore une heure avant d'envisager d'aller dormir.

Déployant son cosmos alentour en quête de choses intéressantes, Ménon ressentit une puissante aura non loin de là. Elle était totalement différente de celles qu'il avait expérimentées jusqu'ici et dégageait quelque chose qui le mettait mal à l'aise. Dévoré par la curiosité, le jeune apprenti fit taire son appréhension naturelle et fit mouvement en direction de l'origine de cette curieuse énergie.

Les recherches du jeune garçon le menèrent au bord d'un curieux étang entouré d'arbres morts, comme si l'endroit lui même était affecté par l'étrange cosmos émis. En effet, le malaise initial ressenti par Ménon était dû à la profonde tristesse et désespoir dont le cosmos était empli. Ménon sentait que sa source était à deux pas de lui mais un épais brouillard laiteux l'empêchait de voir quoique ce soit. Il prit le parti de continuer plus en avant son exploration et commença à longer l'étendue d'eau.

Sa visibilité était réduite comme peau de chagrin et il était contraint d'avancer presque à tâtons, employant toute son énergie à ne pas tomber dans l'eau ou à éviter le bois et les rochers qui traînait par terre. Aussi, sans y prendre garde, il se retrouva nez à nez avec un homme. Un jeune hommes aux cheveux noirs pour être plus clair, assis sur un rocher.

Bien que Ménon soit bien en face de lui et donc parfaitement dans son champs de vision, le regard de ce mystérieux inconnu semblait ailleurs, comme absorbé dans ses pensées. Il ne fallut pas longtemps pour le jeune homme du Sanctuaire pour comprendre que c'était cet homme qui était à l'origine du cosmos si sombre qu'il traquait. Il semblait en effet noyée dans une infinie tristesse qui ne put laisser indifférent Ménon. Oubliant la prudence naturelle qui devait s'imposer lorsque l'on rencontrait un inconnu, le jeune garçon se planta lentement bien en face du triste sire et demanda timidement :

"Euh... vous avez besoin d'aide ? Vous êtes à la recherche de quelqu'un ?"

Bien évidemment, Ménon sentait bien qu'il y avait un mal ou plutôt un mystère bien plus profond tapis dans le cœur de ce mystérieux étranger. Il y avait une telle peine qui émanait de lui que l'apprenti du Sanctuaire ne pouvait décemment ignorer un tel homme. Il était bien décidé à savoir qui était vraiment cet homme, s'il en était vraiment un.