Faites pas gaffe !! Je fais que passer :D

Me voilà de retour dans dans les Enfers des Dieux: le Tartare. Non seulement, j’y avais vécu auparavant, mais j’avais eu le plaisir d’y séjourner après mon affrontement contre Zeus et, maintenant, à cause de cet humain, j’y retournais encore. Je ne tenais pas trop à prendre un abonnement centennal supplémentaire mais, au vu de ce que je préparais, il serait assez économique d’opter pour un abonnement annuel. Toujours est-il que je me retrouvais encore une fois à l’entrée de ce Domaine Terrifiant avec l’espoir d’en sortir rapidement, contre balancé par cette certitude que ce séjour serait loin d’être agréable et que je connaîtrais un martyr bien plus absolu. Je m’y étais préparé et j’accepterai cette nouvelle aventure avec l’expérience de celui qui avance et qui subis. De plus, cela me permettrait d’alimenter ma colère envers cet humain que je devais châtier par tous les moyens.


Quelque soit la situation qui se déroulerait pendant mon absence, il n’était pas dans ma volonté de conduire ma famille sur le sentier de la guerre. Rien n’avait véritablement changé dans mon esprit: je ne désirais que la neutralité absolu de notre camp dans ce monde. Pour autant, tant qu’il existerait des êtres comme ce « Kazuki, nous ne serions jamais à l’abri. La discussion ne servait à rien: il fallait clairement se montrer sans pitié. Dans ce monde, il ne servait plus à rien à se montrer compatissant et calme. Je ne pensais pas avoir tort en me révélant sous une forme que j’avais souhaité ne point être: ce serait à travers la colère et la violence que je parviendrais à faire saisir certains sentiments à travers les différents êtres de ce monde. Et, il serait peut être grand temps de régler certains compte avec chaque membre de ma famille. Il y avait trop de non dits à mon sens. Je n’allais pas éviter le silence: chacun allait devoir savoir ce que je ressentais au fond de moi. Sans concession aucune, ils allaient comprendre définitivement tout le mal que j’avais pu subir en de nombreux millénaires. Si on me considérait comme un fou, ceci était aussi valable pour les autres. Nous sommes toutes et tous fous: nous avions toutes et tous subis cette terrible malédiction. Sauf que, dans mon cas, je l’ai prise de plein fouet et que le destin n’a pas été agréable avec moi, loin s’en faut. Pour autant, dès mon retour, il s’agirait de trouver et d’enquêter sur cette malédiction: il devait bien exister un moyen d’y mettre un terme. Mais avant cela, et malgré ces très bonnes intentions, je devais commencer à endurer une douleur incommensurable. Le maître de ces lieux allait me gâter et je sentais son attention se diriger vers moi.

Me voilà donc de retour au Tartare pour purger ma peine. Qu’importe les paroles, je ne pensais rien d’autres qu’à mon retour et à ma vengeance.

Si, comme tu l’affirmes, ton regard se porte bien au-delà du Tartare, le bagnard que je suis actuellement ne sera définitivement plus un pleurnichard. Grave donc bien ces paroles dans ton âme, Maître de ce Monde car bien des divinités traverseront ton domaine en maudissant d‘avoir réveillé ma colère: leurs souffrances ne font que commencer.

Il y aurait embouteillage à présent au Tartare. Je me promettais d’apporter un peu plus d’entrain à la vie moribonde du Geôlier du Tartare.

En attendant, accomplissions patiemment la sentence que tu me proposes. Car il est certain que plus je demeurerais emprisonné dans ce monde, plus ma vengeance ne connaîtra absolument aucune limite.

En tout cas, je fus emprisonné dans cette statue de boue.

On dit qu’un châtiment est la source d’un désespoir. Pour ma part, je n’avais guère besoin de parler ou quoique ce soit. Au fur et à mesure que je demeurais emprisonné, envahi par une substance inaltérable, je ne pouvais rien faire d’autre que réfléchir. Plus exactement je ne voulais que réfléchir et demeurer silencieux. Le calme de cette punition demeurait une véritable invitation à une méditation introspective.


Étais-je fous comme le prétendait si bien ma sœur Phoebe ? À bien y réfléchir, il est sûr et certain que je l’ai été pendant très longtemps. Le suis-je encore ? Peut être que oui ou peut être que non. Le suis-je maintenant ? Je suis sûr que non. Peut-on guérir d’une telle malédiction ? J’aimerais bien dire que oui mais force est de constater qu’une guérison demeure impossible. On ne se soigne pas d’une telle malédiction. Plus que les autres membres de ma famille, je savais à quel point j’avais été atteint par cette folie. C’était le prix à payer pour les avoir protégé et pour avoir sauvegarder l’honneur de ma mère. Seul mon instinct et mon courage m’avaient fait prendre cette décision devant le silence de mes frères et mes sœurs. Ais-je manipulé la vérité ? Ais-je inventé cette malédiction ? J’aurais bien voulu que cela soit le produit de ma folie mais cela s’est bien déroulé. J’ai tué mon père. Du moins, j’ai mis un long terme à son existence. Où ais-je failli ? Au bout du compte, j’ai toujours cherché à combattre cette folie qui était inscrite en moi. Ais-je bien agi ? Devais-je me laisser happer par cette folie sans réagir ? On peut avancer tous les arguments que l’on souhaite: je reste persuadé que j’ai fait le bon choix en affrontant de face et seul cette folie. On peut me reprocher de n’avoir jamais voulu demander de l’aide à quiconque. La raison, je la sais. La Malédiction avait également touché chaque membre de ma famille: je n’avais jamais voulu considérer cet acte. J’avais ardemment souhaité m’être sacrifié pour chaque membre de ma fratrie. J’avais refusé… Ou plutôt j’avais nié que ce que j’avais accompli n’avait servi à rien. J’ai nié beaucoup de vérités. Je ne les ai jamais accepté.Je me suis voilé la face en espérant reconquérir ce que je ne mérites pas. Le pire dans tout ça, c’est que je savais la réalité. Mais, j’ai refusé de l’admettre. Et maintenant, elle éclate au grand jour.


J’ai eu le privilège de régner sur un monde de paix que les dieux et les humains ne connaîtront plus jamais. Un rêve pour certains. Un espoir pour d’autres. Mais je l’ai connu et j’y ai vécu. Je ne nierai jamais les actes que j’ai pu commettre et qui m’ont amené à être ce que je suis. Effectivement, sous l’emprise de la folie, j’ai tenté de mettre un terme à l’existence de mes enfants. Si ma mère et Rhéa n’étaient pas intervenues, que se serait-il passé ? Nul ne le sait. Je suis responsable de la disparition de l’Eden. Je suis responsable de la Titanomachie en compagnie de certains membres de ma famille. Je suis responsable du calvaire qu’ont subi mes frères et mes sœurs dans le Tartare. Cela , je ne peux le réfuter.  Néanmoins, personne dans ce bas monde ne pourra me retirer le fait que j’ai toujours veillé sur chacun de mes frères et de mes sœurs. Et, on ne pourra jamais ôter cette vérité que j’ai tenté d’expier mes pêchés dans ce monde. Et même lorsque je suis sorti de la Prison des Dieux, la folie n’avait jamais disparu mais elle était différente. Plus terrible en quelques sortes. Si mon humeur n’était pas si irritable que cela, ma tristesse était persistante. Je ne dormais plus aussi bien qu’avant. J’avais des troubles de la mémoire: en vérité, involontairement, je prenais ce qui m’arrangeait. Je refusais toujours de voir la vraie vérité en face. Il y avait certaines choses que je faisais avant et que je ne faisais plus avant; je demeurais un peu trop songeur à mon goût. Surtout, j’avais honte de ce que j’avais accompli: pour moi, tout était de ma faute. Et rien que de ma faute. J’avais perdu tout espoir dans ce monde: je faisais semblant de croire qu’il y avait encore de l’espoir. Et pourtant, au fond de moi, je savais bien que tout ne mènerait qu’à un profond désespoir. J’étais suicidaire car je n’accordais aucune importance à ma propre vie: je préférais mourir plutôt que voir un seul de mes frères ou mes sœurs disparaître. Qu’importer la mort après tout puisque je ne mérite même pas de vivre. C’était ainsi que je pensais. Les humains nomment cela une dépression majeure. Normalement, j’aurais du être aidé: bien des fois, on m’a tendu la main. Bien des fois, j’ai refusé de la prendre. J’ai toujours cru que je devais m’en sortir seul et par mes propres moyens. C’est maintenant que je comprends qu’on ne se sort pas d’une telle malédiction seul. Il faut accepter l’aide d’autrui. Je comprends mieux pourquoi Phoebe et Rhéa se sont rebellées. Je saisis mieux pourquoi ma femme me déteste. C’est une autre tragédie que je vis: je suis encore follement amoureux de ma femme mais c’est un chemin à sens unique. Qui sait ? Au moins, je n’abandonne pas car il arrivera bien un jour où nous redeviendrons amoureux comme avant.  Je ne chercherais plus à ,réclamer un quelconque amour de mes enfants: ce sera à eux de revenir vers moi. J’ai vraiment essayé de toutes mes forces de renouer le lien mais c’était tard. Ou c’est trop tard. Encore une fois, s’il y a une chose que je peux revendiquer, c’est ma patience. J’ai tout le temps. Mais maintenant, une nouvelle fois emprisonné dans la Prison des Dieux, je peux prendre conscience de beaucoup de choses.


Je trouverais le moyen de mettre un terme à cette malédiction par tous les moyens dont je dispose. En attendant, il est temps que je règle certains compte dans ce monde. Il est nécessaire de montrer certains exemples. C’est une assurance: coûte que coûte, Kazuki Silfrid connaîtra une ère de terreur comme il n’en avait jamais connu. La mort de Prométhée ne restera pas impunie et il paiera au centuple de m’avoir amené en ce lieu. La stupidité de Thanatos sera, également, la conséquence d’un châtiment qu’il n’est même pas capable d’imaginer. Et Arès paiera pour son acte. Je lui avais promis la Colère des Titans et je respecte toujours mon engagement. Surtout, il est impératif de régler le cas de Phoebe et de Rhéa. Trop de non dits… Trop de mensonges… Il est temps de tout mettre à plat et de repartir sur des bases saines. J’ai beaucoup de choses à accomplir. Et beaucoup de vérités à sortir en ce monde… Ce séjour au Tartare devait être un enfer ? Il l’est. Mais, plus qu’autre chose, il est le symbole d’un renouveau d’une résurrection…

Le silence était réconfortant: je n’aurais jamais cru possible de pouvoir vivre un tel moment de sérénité dans un lieu infernal pour nous, les dieux. Cet instant était propice à une réflexion sur moi même et sur mon environnement. Une occasion absolue pour me remettre en cause.


Alors que je subissais ma punition, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la nature même du Maître de ce Monde. Il me semblait avoir rencontré une telle présence. Cela faisait bien longtemps pourtant. Un pan de mon histoire qui se révélait être une zone d’ombre. Cette présence, je ne pourrais jamais l’oublier car elle était inscrite en moi. Il y a fort longtemps de cela, j’ai affronté cette présence lors d’un affrontement qui restes gravé partiellement dans ma mémoire. J’ai combattu deux grandes divinités et j’avais eu l’impression de développer une sorte de puissance cachée. Puis, plus rien. J’avais beau essayer de me souvenir, je n’y parvenais pas. Pourtant, il y avait cette certitude ancré dans la réalité de mon histoire: j’avais failli disparaître par deux fois. Néanmoins, j’étais toujours vivant. Il y avait une part de mystère en moi que je ne saurais dévoiler car, si je voyais les images, la suite se révélait être un mur blanc infranchissable. Cependant, en y réfléchissant bien, pour me libérer de mon emprisonnement, j’avais du céder la moitié de mon ichor à cette entité qui ne m’était plus étrangère du tout.  La conséquence logique de tout cela était que ce sacrifice servirait à une cause dans l’avenir. Un moyen de se servir de mon essence et de mon sang divin pour un plan bien précis. Une possibilité assurée de faire ressurgir une quelconque existence dans le but de servir le maître de ces lieux. Et, si par le plus grand des hasards, d’autres divinités ont commis le même acte que moi pour se libérer de cette prison, il est alors assuré qu’une grande concentration d’essence divine se trouve en ces lieux. Le plan était astucieux. Cependant, il était aisément devinable. Et donc contrable. Plus j’y songeais, plus l’identité du maître de ces Lieux devenait une évidence.


L’attente devait me paraître interminable et insoutenable. Alors que je continuais ma réflexion, je vis apparaître des volutes d’air apparaître pour former l’apparition de Rhéa. Voir le visage de ma femme ainsi était une punition véritablement insupportable: jamais, je n’ai voulu ça. Ce n’était pas moi ! C’était à cause de cette malédiction. Jamais, je n’ai désiré attenté à la vie de mes enfants. Une telle fatalité ne pouvait être combattu: elle ne devait être que subite. Je la voyais enchaînée: comme dans le passé. Puis après vinrent chaque membre de ma famille. Insoutenable. Comme une vision du passé insupportable. Je me revoyais hurler dans le vide, priant pour qu’on relâche chaque membre de ma famille. Professant des paroles hargneuses, jurant que j’exterminerai chaque olympien à mon retour si on ne libérait pas mes frères et mes sœurs. J’étais le seul coupable ! Le suis-je toujours ? Nous étions toutes et tous coupable. Mais je reste persuadé que cela ne devait être que moi qui devait subir le courroux des Olympiens. Si ma famille devait être coupable de quelque chose, ma descendance aurait certainement du trouver une autre punition, un peu moins sévère. Et puis, il y avait Rhéa… Surtout pas ma femme. Pas Rhéa. Pas celle que j’aimais du plus profond de mon cœur. Pas celle que j’avais pris dans mes bras et avec qui je m’étais laissé totalement abandonné, pleurant dans ses bras, priant pour sa pitié. Ces images étaient encore ancrées en moi.dans le passé comme dans le présent.


Toute ma famille enchaînée à cause d’une malédiction. Quelque chose de  décidé préalablement. Quelque chose qui nous a été imposé alors que nous étions dans notre bon droit. Une injustice liée à une fatalité incontrôlable: un très mauvais tour du destin. Je pouvais réclamer vengeance, j’avais ce droit. Je pouvais déchaîner ma colère et ma haine contre les Dieux qui avaient fait de ma vie et de mon destin un enfer éternelle. Ne l’avais-je pas déjà fait ? Au lieu de ça, j’avais choisi une voie tout à fait différente: j’avais voulu expier mes fautes. Ma colère avait disparu: j’étais devenu apathique. Mon impassibilité cachait bien des choses et s’était révélé un mur pour me voiler la vérité. J’étais en colère, j’étais furieux: toute ma vie était gâchée, détruite, anéantie et je ne pouvais constater qu’une chose: ma déchéance annoncée, programmée et inéluctable.


Il me fallait réagir: je ne devais plus taire ce que j’étais. Il ne devait plus avoir de soubresauts instinctifs de ma véritable condition. J’avais des qualités mais beaucoup de défauts que je pouvais corriger. Je voulais de tout mon cœur protéger chaque membre de ma famille et leur offrir une paix véritable. Je voulais offrir à ce monde l’Âge d’Or que nous avions connu. Si cela doit passer par la guerre, je dois me résoudre à déchaîner ma puissance. Si je dois mettre un terme volontairement à l’existence de ma descendance pour offrir la sérénité à ma famille, je suis prêt à devenir un démon. Mais s’il m’est offert le moyen de faire partager l’ère de bonheur que j’ai connu à ma descendance, il est aussi de mon de voir de me battre pour cela. En vérité, nous sommes dans une période transitoire où la haine et l’amour coexistent en une symbiose parfaite et équilibré. C’est mon rôle, en tant qu’ancien souverain, de guider ce monde et d’empêcher qu’il ne plonge dans les abysses de l’extinction. Notre famille est à l’origine de tout cela… Je suis à l’origine de tout cela. Il doit m’être permis de rectifier le tir. Mais les méthodes ne sont plus les même: il ne suffit plus de parler et d’espérer. Il faut aussi faire couler le sang.


Je les regardais toutes et tous: suis-je fou de penser cela ? Est-ce une réflexion tellement réaliste qu’elle en est inacceptable ? Nier la vérité de ce monde… L’accepter… La refuser… La modifier dans le but de l’arranger pour al rendre plus accommodante… En regardant chaque membre de ma famille, je me disais bien qu’il était temps d’accepter ce que j’étais en vérité.

La destruction d’un monde se caractérise-t-il par l’anéantissement des êtres que l’on chérit ? Si tel est le cas, la disparition de sa famille et de son épouse serait alors le synonyme de l’extinction de son cœur. Cette pitié, dans ce regard, je ne la connaissais que trop bien: cette image était la réalité que j’avais nié depuis fort longtemps. Lorsqu’ils furent détruits, j’entendais une voix caverneuse dans mon esprit. Je ne méritais pas mon titre de roi. Autrefois peut être mais plus maintenant. Je n’étais plus rien. Comment prétendre pouvoir déclarer le contraire ? Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Plus rien à voir avec ce que j’ avais été véritablement. En somme, j’étais devenu beaucoup trop « humains ». Trop tendre, trop gentil, trop compréhensif. Trop de soubresauts rapides  de ma véritable condition. Comment pouvais-je prétendre à diriger un royaume si je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Cette entité, dont je connaissais la réalité de son existence, ne m’apprenait rien du tout.


Quelque chose rôdait autour de moi. Incapable de le voir et de le toucher, je ne pouvais que l’entendre. Par contre, s’il pensait que je ne savais rien de ce qui se tramait dans le monde des humains, il se trompait lourdement. Et s’il pensait que je ne prendrais pas ma revanche, encore une fois, il se fourvoyait. Ce passage au tartare m’avait permis une véritable remise en cause de mon « moi même ». En aucun cas, il n’entache ma volonté de faire payer au centuple ce que j’avais subi. Au moins, il me rendit la parole. Même si j’avais l’impression d’être en miette, si telle était une réalité tangible de ma condition, je pouvais rétorquer certaine paroles.

Au moins, force est de constater que ce séjour m’est d’une très grande utilité personnelle. Jamais, je n’aurais cru que cette emprisonnement au Tartare me permettrait de reconsidérer ma propre situation. À bien des égards, paradoxalement c’est une expérience hautement appréciable. Néanmoins,  Maître de ce Lieu, tu comprendras certainement que je dois retourner dans ma réalité afin de régler quelques affaires. Quel est donc, cette fois-ci, le prix de ma libération ? Dois-je t’offrir, une fois encore, mon ichor ?

Il n’y avait absolument pas du tout l’once d’une seule arrogance dans ma voix. Il n’y avait rien du tout qu’un désir de quitter ce lieu pour pouvoir régler quelques affaires qui me paraissait beaucoup plus urgentes que de rester ici. La rébellion de mes sœurs devait disparaître. Il fallait redorer le blason de notre camp. Et, je n’oubliais pas ma vengeance auprès de Kazuki et de Thanatos. De toute façon, j’étais résolu à redevenir ce que j’étais avant. J’en avais les moyens. Et, maintenant, j’en avais l’intime et véritable volonté…

Et qu’importe après tout ! Paradoxale conception d’une décision qui traverse mon esprit lorsque les paroles du Maître de ces lieux s’accapare le moindre coin de mon esprit. Que j’aime ou déteste cet endroit m’importe peu: si je dois y retourner une troisième fois pour honorer ma famille, je n’hésiterai pas à un seul instant. Je ne suis pas comme les autres dieux de ce monde: je ne fuis pas devant ma destinée, j’ accepte pleinement. Un long chemin semé d’embûches et d’erreurs où se côtoient, parfois, de rares moments de bonheurs. Ici, dans la Prison des Dieux, je ne suis rien. Pourtant…

L’immortalité n’existe pas: chaque dieu est condamné à subir tes représailles. Il n’y a que les peureux et les pleutres qui te craignent. Ceux qui sont déterminés à combattre pour un idéal qui lui est noble  risqueront toujours de se retrouver  en face de ta personne. C’est ainsi: peut être me reverras-tu plus tard ou pas. Nul prophète n’est devin en son monde…

Libéré de cette emprisonnement, je pouvais  entendre mais ne pas bouger. Bien entendu, je me doutais bien qu’envoyer d’autres divinités importaient guère au Maître des Cieux. Pourtant, il se trompait sur la gloire de ma famille. Ou peut être avait-elle oublié notre prestance ? C’est ce que allais m’efforcer à leur faire rappeler.

Nous ne sommes pas les Olympiens: nous sommes les Titans. Trop longtemps, nous avons oublié ceci. Les Divinités les plus proches des Originels. Ma famille va devoir réapprendre le sens même de ce que nous sommes. Nous sommes une famille: quand l’un de nous meurt, les autres fondent sur son assassin et le châtie avec une extrême sévérité. Tu te moques de ceux et celles qui traverseront ton domaine, c’est une chose entendue. Mais, ils n’oublieront jamais leurs séjours en ces lieux. De cela, j’en suis fort persuadé…

Un rictus machiavélique se lut sur mon visage tandis que mon regard devint froid et sournois. À l’apparition de Kazuki Silfrid, ce sourire s’élargit, symbole d’un sentiment contradictoire: colère, furie, bonheur, sérénité. Aucune hésitation ne se lisait dans mon regard: de toute façon, cet homme était déjà mort. Et je m’occuperais personnellement de son trépas et de son avenir. Il sera loin d’être totalement radieux.

Je ne te hais pas. Cela serait trop facile, trop évident. Non… C’est juste que tu mesureras véritablement la différence entre un Humain et un Dieu. Et je vais moi-même t’instruire sur la dure réalité du Destin des Hommes. Dans sa plus terrible réalité…Tu oses croire que je finirais comme toi ? Malheureusement, j’ai déjà connu cet état de fait. Crois moi: le pardon, c’est toi qui imploreras mon pardon. Et je te le refuserais. Prépares toi à connaître un destin bien pire que la mort…

Plongeant son épée dans ma chair, je m’étendis sur le sol. Oh oui… On se retrouvera… Mais pas avant que ne se déchaîne la véritable colère des Titans sur ceux et celles qui osèrent, un jour,  se soulever contre nous. Pas avant que ne soit châtié ceux et celles  qui osèrent s’en prendre à un membre de ma famille. Maintenant, c’est définitivement terminé: il est temps que nous renaissions de nos cendres et que le monde découvre véritablement qui nous sommes, ce que nous pouvons accomplir et jusqu’où nous sommes capable d’aller. En ce qui me concerne, je ne me fixerais plus aucune limite.  Non… Plus aucune… À mesure que mon corps disparaissait, je souriais une dernière fois: Oui… Nous nous rencontrerons encore: il en est certain…

  CRONOS LABURINTHOS