Un loup sur les terres glacées

Palais d'Odin

Depuis les appartements des forgerons divins, Siam se téléporta là où sa conscience avait remarqué une présence autre qu'asgardienne. En un instant, elle avait traversé les terres glacées, fendant les dimensions au lieu de fendre les vents, déchirant le voile de l'espace et ne laissant qu'une faible trace de sa cosmo-énergie, plutôt que les traces de ses foulées dans la neige. Ainsi donc, elle se trouvait à présent à l’extrême limite des terres protégées par les guerriers divins. D'ici, elle concentra son attention sur la présence qui approchait. Il s'agissait d'une personne jeune, un chevalier, mais pas un marina comme il y en avait au Palais. Il s'agissait d'un autre camp, et ce chevalier, pour le moment, n'était pas habité par l'hostilité. Siam décida de signaler sa présence lorsqu'elle vit le jeune homme dévier de sa trajectoire suite à la levée d'un vent glacial empli de neige tournoyante. Ceci arrivait souvent sur ces terres : la glace était vivante, disaient les villageois. C'était peut-être vrai d'ailleurs.

Attiré par la cosmo-énergie de Siam, le chevalier approcha, retrouvant ses repères, et arriva enfin à quelques mètres de Siam. Les deux jeunes gens se jaugèrent un instant. Siam portait encore le casque de son armure, pourpre et or, et elle décida de retirer la tête de dragon afin de se présenter de manière avenante. Ses cheveux de nacre volèrent de tous côtés, fouettèrent son visage et son cou rendus blafards après son voyage dans le Helheim, l'un des pays des morts Nordique. Ses yeux d'un bleu perçant se fixèrent sur le jeune homme, se vissèrent à lui, tentèrent de plonger à travers ses yeux jusqu'à son âme. Son cosmos harmonique, de vie et de mort mêlés, se diffusa autour d'elle, sans agressivité, simplement pour se signaler tel qu'elle était, pour que l'autre puisse voir à son tour qu'il ne serait pas accueilli avec animosité. Enfin, en tant qu'hôte, elle prit les devant et se présenta d'un ton un peu protocolaire, dans lequel jonglaient l'amical et la rigueur.

- Salut à toi chevalier. Je suis Siam des Myriades, guerrière divine d'Omicron de Nidhögg. Par chance je t'ai senti te diriger vers nos terres. Tu as le destin avec toi, car avec la levée des vents tu aurais eu toutes les chances de te perdre pendant des heures. Puis-je savoir qui tu es ? Et que cherches-tu sur les terres d'Odin, es-tu un messager ?

Elle avait beau faire attention à ses dires, Siam était toujours au fond cette jeune fille d'à peine trois ans qui physiquement en avait 16 ou 17. Elle était curieuse, elle avait des questions, elle voulait tout savoir ! Et là, pour la première fois, elle remplissait son rôle de guerrière divine devant un étranger du royaume. C'était grisant et elle avait le trac en même temps. Ainsi, elle tentait de se montrer forte, aussi forte que les étrangers devaient s'imaginer les habitants des terres d'Asgard. Le chevalier voyait donc cette jeune fille, frêle et forte, jeune et mâture, toute en nuances, portant l'armure du dragon féroce du Ragnarok, armure aux couleurs pourpres et or, qui dégageait une énergie féroce, adoucit par celle, enveloppante, de Siam. Comment le jeune homme allait-il réagir à l'apparition de Siam ?

Maison du Bélier

Je traversai lentement le Sanctuaire comme je l'avais fais en arrivant ici, à la différence que cette fois-ci c'était en sens inverse. Je laissais derrière moi ces temples de pierres, où nombre de mes compagnons avaient dû comme moi perdre la vie, rejoignant leurs ancêtres et s'ajoutant au nombre toujours croissant des morts, ces nombreuses arènes, où s'étaient déroulés tant d'affrontement, mais surtout je laissai derrière moi mes compagnons qui s'étaient battus avec bravoure et finalement j'arrivai aux larges portes délimitant cet espace comme étant le foyer de tous les Saints, notre foyer à nous. En partant je repensai à une phrase qu'Alistair avait dite:

''L'acquisition d'informations sur l'armée d'Arès sera une donnée intéressante pour le sanctuaire. En vue de la formation des apprenties chevaliers et même de nous, les chevaliers d'argent et de bronze. Il nous faudra s’acquitter de toutes informations utiles sur la quantité de Berzekers réveillés suite au succès du plan d'Arès.''

Ainsi donc comme ce dernier l'avait signalé, le dieu de la guerre Arès avait pu mener à bien son plan qui, je le supposais, devait être d'envahir le territoire d'Athéna et de venir à bout de toute résistance lui permettant, d'après ce que j'avais compris, d'avoir le champs libre lorsque son armée referait surface. Comme nous avions perdu, alors cette zone devait certainement lui appartenir à présent, me poussant davantage à fuir ces lieux, desquels je gardais beaucoup de souvenirs, des bons, mais aussi et surtout de moins bons qui semblaient pour l'instant, occuper une plus grande place dans mon esprit.

Je fuyais tout cela, espérant surement vainement pouvoir trouver du réconfort sur les terres d'Asgard, peuple de Vaflan, lui même pion ayant servis malgré lui sous les ordres d'Arès, et par conséquent ayant participé à la victoire de ce dernier, en m'ôtant la vie à moi et à tant d'autres braves chevaliers. Mais une promesse était une promesse, et même si j'en gardais une certaine amertume d'avoir trouver la mort de sa main alors que j'étais sur le point de vaincre, je me devais tout de même de la tenir. En aucun cas, je ne souhaitais devenir quelqu'un comme Kazuki, une personne vile et cruelle qui ne se préoccupait que de lui seul et haïssait sans nulle raison tout ceux qui l'entouraient. Rien qu'en évoquant son nom, des flashs de ma rencontre avec lui resurgirent dans mon esprit. Je secouai vivement la tête espérant que cela aurait pour effet de les chasser mais rien n'y fit. C'était comme si j'étais condamné à vivre avec ce douloureux souvenir pour le restant de ma vie, comme une malédiction. Quoique je puisse bien faire, cela finissait toujours à un moment ou à un autre par revenir. Pour m'en débarrasser ne serait-ce qu'un instant, il fallait nécessairement que je me concentre intensément sur une chose bien particulière.

Je tentais alors de me concentrer avec intensité sur le paysage qui défilait autour de moi. Le Sanctuaire étant déjà loin derrière moi, je m'étais mis à courir, espérant arriver plus vite à destination. Par conséquent, je voyais les alentours variés encore plus rapidement. D'après ce que je savais, les terres d'Asgard se trouvait dans le Grand Nord. Du peu de voyages que j'avais fais jusqu'à présent, je n'avais encore aucune idée de ce qui m'attendait là bas. Je n'étais habitué jusqu'à lors qu'à un climat doux et changeant en fonction des saisons, à des plaines, des prairies, des collines, des terres quelque peu arides et dures à cause de la chaleur, mais à présent, au fur et à mesure que j'avançais, le décor avait changé et laissait maintenant place à des monts où la température baissait fortement et où l'air se raréfiait toujours plus à cause de l'altitude et des vents glacés qui surgissaient d'un seul coup au visage s'engouffrant dans mon nez et ma bouche.

Ma clothbox dans le dos, contenant ma très chère armure, qui avant mon départ ne semblait pas même peser le tiers de mon poids, s'alourdissait toujours plus. Commençant à ressentir les effets de la fatigue, mon corps fut plus fragile aux effets du froid. Moi qui n'avait pas pensé à prendre de quoi me garder au chaud tellement j'étais pressé de partir, je me rendais compte à présent de l'énorme gourde que je venais de faire. Espérons que je ne sois plus très loin et que je pourrais vite me réchauffer. La neige commençait elle aussi à apparaître toujours plus nombreuse, m'arrivant déjà presque aux genoux et ralentissant mon avancée, elle engourdissait mes membres touchés par la morsure du froid. "Courage !" tentais-je de me dire. Bientôt, je fus pris de secousses, mon corps s'adaptant à la nouvelle température, mais je tins bon. Il ne devait pas me rester tant de distance que cela, me séparant de ma destination tout de même ? Cela faisait déjà de très longues heures que je me dirigeais dans cette direction, même le ciel s'assombrissait toujours plus. Dans ce coin du monde, j'avais perdu tous mes repères, je me demandais quelle heure il pouvait bien être et depuis combien de temps déjà je faisais route. Puis, peu à peu mes tremblements se dissipèrent et ce fut comme si je ne ressentais plus le froid malgré que mes partis exposées au vent étaient à présent rougis, engourdis, je ne les sentais plus, et ils me faisaient mal, comme s'ils allaient tombé et que j'étais sur le point de les perdre.

Les yeux plissés, pour éviter que le vent glaciale ne s'attaque trop à eux, m'ayant déjà fais verser quelques larmes qui s'étaient finalement retrouvées congelées sur mon visage, mes paupières devinrent de plus en plus lourdes. Je rêvais d'un lit bien douillet près d'un bon feu de cheminée, comme ceux auxquels j'avais eu droit en étant petit après avoir passé trop de temps avec mon père dehors à couper du bois... Oh non ! Que m'était-il arrivé ? En ouvrant les yeux, je me rendis compte que j'étais allongé dans la neige. Je me remis vite sur pieds, époussetant mes habits de la neige qui avait commencé à s'entasser dessus, et me remis en route. J'avais eu de la chance de m'être réveillé à temps, sinon j'aurais certainement péris ici, avant même d'avoir pu arriver. Je ne pouvais pas mourir maintenant même si la perspective de m'assoupir ne serait-ce qu'un instant m'était bien plus que plaisante. Elle me paraissait si simple, il me suffirait seulement m'allonger ici et de fermer les yeux et ce serait finit, je n'aurais plus à vivre ce calvaire. Je secouai la tête. Je ne pouvais pas, ou plutôt je ne devais pas ! Combien de fois déjà au cours de ma petite existence je m'étais posé cette question et j'avais songé et crains cet aspect de la vie ? A présent, les enjeux étaient encore plus grands. Je n'avais pas le droit de mourir ici. En aucun cas je ne souhaitais me retrouver encore une fois devant le juge Yade et subir tout ce que j'avais subis. J'accélérai la cadence à ces pensées.

Je me mis de plus en plus à haïr toute cette neige, ce froid, ces terres gelés, ce mal qui me rongeaient, ce vent qui s'engouffrait dans mon gosier, et s'était emparé de mon nez, m'empêchant de respirer correctement et qui avaient pu me rendre si faible ! Je haïssais cette voix qui revenait sans arrêt me disant:

"Si tu veux réellement devenir plus fort, alors tu dois haïr ce monde. Détester tout ceux qui t'entoure et ne pensait qu'à toi, oublier l'amour et la compassion. "

Je le voyais même sourire en me disant cela, et l'imaginer se moquer de moi en me voyant pris dans cette situation là. Chaque pas que je fis je me répétais à tel point je haïssais tout cela, je haïssais ne pas avoir d'autres choix que d'obéir à cette personne que je détestais plus que tout et peu à peu, une chaleur qui se trouvait au plus profond de moi même, grandissait toujours plus jusqu'à m'envelopper entièrement. Cette chaleur, qui semblait brûler d'une couleur noire me réchauffa intégralement. Je compris alors que cette source de chaleur qui m'enveloppait était en réalité mon cosmos, le même que celui en enfer, ce puissant cosmos ténébreux. Grâce à lui, je parvins à venir à bout du vent, des tempêtes qui apparaissaient toujours davantage par vagues successives. Mais bien sur, cette énergie ne dura pas éternellement et finit elle aussi par s'estomper, me laissant encore une fois vulnérable au froid et m'obligeant à me protéger le visage voir même à emprunter d'autres routes pour ne pas me faire emporter dans les tempêtes. Et soudain je sentis un léger, très léger déclic dans mon esprit, un peu comme ce qui s'était passé en enfers, et qui semblait vouloir me dire que quelqu'un approchait. Mais pour la rejoindre je devais traverser de dernières rafales. Plaçant un bras pour protéger mon visage, je me mis à avancer droit devant moi, droit devant la présence.

Et enfin je la vis, une personne portant une étrange armure pourpre et doré à certains endroit, en forme de dragon se dressait devant moi, comme si elle m'attendait. Elle ne semblait pas me vouloir du mal bien au contraire. Après quelques instants durant lesquels ni elle ni moi n'osâmes prendre la parole, nous attardant plutôt à nous dévisager l'un et l'autre dans ses moindres détails, et nous tenant prêt au cas où l'autre essayerait de s'en prendre à nous, l'inconnu en face de moi retira son heaume, dévoilant une jeune femme possédant d'assez long cheveux aux couleurs de nacre, entremêlés sous son casque et des yeux déstabilisant comme je n'avais pas l'habitude d'en voir, d'un magnifique bleu perçant, c'était comme s'ils pouvaient traverser la chair et voir directement ce que nous cachions au plus profond de notre âme. Puis sans plus tarder elle me salua et se présenta. Il s'avérait qu'elle s'appelait Siam des Myriades, et qu'elle était la guerrière divine d'Omicron de Nidhögg. Décidément, cela leur en faisait des distinctions à dire pour se présenter. Elle me signala qu'elle m'avait sentis arriver et que donc c'était pour cette raison qu'elle était là craignant que je ne me perde davantage dans le froid pendant encore plusieurs heures. Sa venue était tombée à point nommée. Elle me demanda à mon tour de décliner mon identité. Une prise de parole somme toute normale mais pourtant quelque chose m'avait interloqué, mais quoi ? Ca finirait sûrement par me revenir si c'était vraiment le cas. Je tournai la tête sur ma droite pour tousser un coup, tentant de m'éclaircir la gorge et dégager un peu ce que le vent m'avait infligé.

" Bien le bonjour à vous aussi Siam c'est....''

Je m'interrompis soudainement en plein milieu de ma phrase tant j'étais interloqué par son nom. C'était ça !! Siam ? J'avais déjà entendu ce prénom là, quelque part mais où ? Je n'avais plus aucune idée de l'endroit où cela avait bien pu arriver. C'était comme si je l'avais entendu en plein milieu d'un rêve, c'était quelque peu confus dans mon esprit... J'avais dû me tromper, je ne voyais pas d'autres explications. Et puis, il devait exister de nombreux noms y ressemblant beaucoup. Oui cela devait surement être ça. Je secouai légèrement la tête avant de reprendre avec un léger sourire, conscient de l'étrange situation dans laquelle je m'étais mis.

"C'est un très beau nom que vous avez. Pour répondre à vos questions, je me nomme Kurayami et je suis le Chevalier de Bronze de la constellation du Loup. En effet, je suis en quelque sorte un messager du Sanctuaire. Même si j'étais venu initialement pour Vaflan...

Siam ressentit immédiatement une grande sympathie pour le jeune chevalier d'Athéna, qui montrait tous les signes de l'affaiblissement par le froid. Kurayami ne portait pas d'armure et ne devait pas être habitué à utiliser son cosmos pour se réchauffer. aussi tremblait-il beaucoup et son nez était rouge, comme ses oreilles. Comme un filtre qui se collerait devant son regard, la jeune femme vit les enfants d'Asgard lorsqu'ils jouaient trop longtemps au dehors, ou bien ces louveteaux joueurs qui semblaient toujours sourire malgré les basses températures, comme lui ! Kurayami était le chevalier du Loup, et il correspondait bien à son signe... Mais ses derniers mots firent tiquer la guerrière de Nidhögg, dont l'expression changea en un instant. Il fallait qu'elle demande,, mais elle inspira avant, observa encore ce jeune homme à l'air si amical, et décida qu'il lui fallait plus d'informations avant de parler. Elle se lança, mettant volontairement de coté le compliment fait à son prénom :

- Kurayami, chevalier du Loup... Bienvenue en Asgard ! Tu as froid, tu devrais profiter d'un feu réconfortant et porter tes nouvelles à qui doit les entendre. Pourtant je te demande de rester où tu es le temps de quelques questions. Pardonne d'avance ma franchise mais la sécurité de mon peuple passe avant tout le reste. Tu dis être un messager du Sanctuaire... Que portes-tu comme nouvelle ? Tu me dis venir pour Vaflan. Apprends donc que le guerrier divin de l'Epée ardente a été pardonné par son peuple pour ses crimes. Nos avons tous reconnus que ses actes rebelles étaient dues à la venue du dieu grec Arès. Je te préviens donc que si ton message consiste en une attaque envers Vaflan, moi, Siam de Nidhögg, je t'en empêcherai. Tu comprends donc ma demande : quelle est la nature de ce message du Sanctuaire, et pourquoi veux-tu rencontrer le seigneur Vaflan ?

La jeune guerrière divine ne pensait pas que le saint du loup puisse être un envoyé assassin, ni même simplement vouloir du mal à Vaflan, mais en tant que protectrice des terres et des hommes d'Asgard, elle se devait de poser ces questions plus que gênantes pour chacun d'eux deux. Siam remercia franchement les vents et la neige de protéger son visage, car elle se sentait honteuse de sa question et sentait que cette émotion se lisait sur son visage. Étrangement, Kurayami lui rappelait quelque chose. Son nom de sonnait pas grec mais japonais, comme elle l'avait lu dans les livres de la bibliothèque du palais d'Odin. Hors, Siam ne s'était jamais rendu ni au Japon, ni en Grèce, ni ailleurs qu'en Asgard en fait. Alors pourquoi avait-elle le sentiment diffus de connaître ce jeune garçon ?

- Kurayami, parle sans crainte, mais parle avec sincérité, annonça-t-elle gravement. Ce sera ensuite avec plaisir que je t'emmènerai où tu veux sur les terres d'Asgard, que ce soit au Palais ou ailleurs. Et nous irons faire un feu dans une région abritée des vents et des poussières de diamants, qui remplaceront bientôt ces petites tempêtes fragiles. Ce disant, la guerrière divine d'Omicron replaça son heaume de Nidhögg à sa tête, ce qui lui donna un air de dragon féroce, et attendit la réponse du chevalier du Loup. Elle passait déjà mentalement en revue tous les endroits qu'elle jugeait sympa pour un bon feu et quelques lapins. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas pris du temps pour profiter de la nature, et un saint pourrait lui en apprendre beaucoup sur l'extérieur !

A mes propos, j'eus l'impression que l'expression qui pouvait se lire sur le visage de la jeune femme, changea d'un seul coup, passant d'une légère sympathie, d'une légère compassion à ce qui ressemblait plutôt à de la méfiance. Elle me souhaita la bienvenue et me conseilla de me réchauffer au coin d'un bon feu après qu'elle ait finit de me poser quelques questions. Ayant remarquer que j'avais froid et que j'étais un peu rongé par la fatigue, elle aurait tout de même pu d'abord me proposer de me rendre à un endroit plus propice pour ce genre d'entrevue pensais-je. Mais à peine, ces pensées effleurèrent mon esprit que déjà j'eus l'explication à ces précautions. Elle me parla de la très haute importance de la sécurité de son peuple, comparé à tout le reste, me questionna à propos des nouvelles que j'apportais du Sanctuaire et de la raison pour laquelle j'avais mentionné le nom de Vaflan. Je fus néanmoins soulagé lorsqu'elle me révéla ensuite que ce dernier avait déjà été gracié par ses pairs et je soupçonnai qu'il avait même été exempté d'une quelconque condamnation ou punition pour les actes qu'il avait exécuté envers et contre son peuple, ceux-ci sachant que la raison à tout cela n'avait été causé par nul autre faute que le dieu Arès. Donc si je souhaitais m'en prendre au guerrier divin, alors Siam n'aurait pas d'autres choix que de m'en empêcher.

Ce fut à cet instant que je compris. Elle s'était fourvoyé sur mes desseins et s'était méprise sur mon compte. Elle avait cru, à mes paroles, que ma venue était un présage de guerre entre nos deux peuples, que je souhaitais la mise à mort du guerrier divin de l'épée ardente. Alors qu'en réalité mes intentions étaient tout autre. C'était ma faute, je n'avais pas eu le temps de lui expliquer la situation et par conséquent je l'avais induite en erreur. Il était vrai que si moi même je m'étais retrouvé à sa place, que j'avais été témoin de propos susceptibles de garantir la disparition d'une tierce personne, alors je me serais aussi montré méfiant et je n'aurais pas invité un étranger et qui sait, un assassin à venir prendre une tasse de thé avec moi. Cette situation me mit quelque peu mal à l'aise. Commençant légèrement à me mettre à rougir, je reculai d'un pas en arrière et agitai instinctivement les mains devant moi, comme un réflexe de défense, afin de tenter en vain d'interrompre ses fausses affirmations et me laisser l'occasion de m'expliquer, comme je voyais qu'elle commençait légèrement à se laisser emporter par la situation.

Elle ajouta ensuite que je ne devais pas tenter de dissimuler mes arrières pensées et que je devais tout lui révéler. Après quoi, nous pourrions nous rendre autre part pour mieux en discuter et nous réchauffer près d'un feu, à l'abris de ces vents glacés et des poussières de diamants, qui semblent-ils avaient tout l'air d'être beaucoup plus féroces que ''ces petites tempêtes fragiles'' comme elle l'appelait si bien. Rien que cette idée me glaça le sang. J'avais déjà eu du mal à venir à bout de ces ''petites tempêtes'' alors je n'osais imaginer ce que seraient ces poussières de diamant. De toute façon, je n'avais aucun sombre dessein lorsque j'avais décidé de m'aventurer jusqu'ici. Il était donc inutile que je déguise mon objectif ou quoique ce soit d'autre. Je pouvais donc lui parler librement. La guerrière divine du Nidhögg avait replacé son heaume sur la tête et faisait mine d'attendre mes explications à tout cela. C'était enfin le bon moment, je me grattai l'arrière de la tête quelque peu embêté et décidai de me lancer avec un sourire, en espérant que je ne rougirais plus cette fois. Vu dans cette situation, je n'avais plus vraiment l'air du jeune homme étant passé par tout un tas de choses traumatisantes et qui s'était refermé sur lui même, et cela aussi me gênait au plus haut point. Que m'arrivait-il donc ?

'' Vous vous méprenez sur mes intentions. Laissez moi éclaircir la situation. Comme je vous l'ai dis tout à l'heure, je suis venu pour Vaflan, répondis-je une expression grave et un regard lointain se lisant sur mon visage. Ma venue ici, est due à une promesse que je lui ai faite au cours d'un combat que nous avons mené et dont le dénouement n'engage que moi. Au cours de ce fameux combat, j'ai remarqué que son corps était dicté par une volonté et des paroles qui n'étaient pas la sienne et que même s'il tentait de ne pas le montrer, il avait l'air de beaucoup souffrir à cause de cela. C'était comme si j'entendais les appels au secours de son coeur. Comme s'il me disait qu'il souhaitait à tout prix arrêter tout cela, arrêter de prendre les vies de tant d'innocents, et qu'il ne souhaitait plus que la mort en guise de rédemption pour tous les crimes qu'il avait avait été contraint d'accomplir. Sur le point de lui assigner le coup de grâce, et de le libérer de tout ça, je lui ai promis que j'irais retrouver ses pairs et leur dirais qu'il n'était pas mort en vain, pas en tant que meurtrier, mais en tant que martyr et héros, car tous les massacres qu'il avait commis ces derniers temps n'était pas de son fait mais celui d'Arès, l'utilisant comme sa marionnette pour ses propres intérêts. Jusqu'à la fin, il ne s'est jamais détourné de la voie que son peuple lui avait enseigné pas même quand l'emprise d'Arès était au plus haut point. Vous pouvez tous, vous son peuple, être fier de lui. C'est pour tenir cette promesse que je lui ai faite que je suis venu à votre rencontre, finis-je par avouer le sourire revenant légèrement. Mais j'aurais tout de même préféré arriver plus tôt. Je suis tout de même soulagé d'apprendre que vous lui ayez tous accordé votre pardon, c'est un brave guerrier possédant un très grand coeur, et il le mérite. ''

Je pris un instant pour reprendre mon souffle, guettant la réaction de la guerrière, avant de reprendre, cette fois-ci le sourire étant à nouveau au rendez vous.

"En aucun cas, je viens déterrer la hache de guerre entre nos deux peuples. De plus il me semble même avoir aperçu quelques uns des vôtres au cours de l'assaut du Sanctuaire et je tenais aussi à vous remercier à ce propos. Je vous prie encore une fois de m'excuser pour mes paroles maladroites de tout à l'heure. Je n'imaginais pas que les mots que j'avais prononcé aurait une si grande ampleur et vous pousserais à penser ce genre de chose. Je pensais qu'en entendant cela, vous me conduiriez à un endroit plus convenable pour en parler plus en détail' terminai-je en riant.

Le chevalier du loup s'exprima longuement, précisant certains passages de sa rencontre avec Vaflan, et au fur et à mesure qu'il parlait, Siam avait les yeux qui s'écarquillaient doucement. Ce saint était venu pour honorer une promesse et apporter son soutien à l'Epée ardente, face à un camp qui n'était même pas le sien ! C'était complètement fou ! C'était tellement ce que Siam elle-même pourrait faire aussi ! Et elle le regardait se débattre avec ses mots et faire non de la tête et des mains, sourire, chercher, reprendre... à la fin, la jeune guerrière divine se rendit juste devant Kurayami, à deux centimètres de se toucher le nez. Elle retira son casque et plongea une fois de plus ses yeux dans les siens, puis elle le prit dans ses bras. Elle ne connaissait pas Vaflan avant cet après-midi, mais elle l'avait vu, entendu, et ressenti, lorsqu'elle réparait son armure. C'était un homme à la pensée à présent fragile, meurtri par ses actes. Siam avait essayé de l'aider et de lui prodiguer un conseil, mais à quoi bon, comment une jeune fille comme elle, d'apparence aussi inexpérimentée de la vie, pouvait donc l'aider ? Et voilà qu'un garçon d'un autre camp venait pour... ce qu'il avait dit... il fallait qu'il le lui répète. Et s'il ne le faisait pas, c'est elle qui le ferait, car la mémoire de Siam était comme une toile de peinture extensible à l'infinie, comme un livre qui toujours se rempli : ce qu'elle percevait, jamais elle ne l'oubliait. Et les mots de Kurayami étaient à présent figés dans sa mémoire. Il fallait qu'elle emmène ce garçon auprès de Vaflan ou de Dame Séléné ! Enfin, ne contenant plus sa joie, Siam se retira prestement en agrippant les deux mains du saint et lui offrit son plus beau sourire, ainsi qu'une petite dose de cosmos de Vie, pour l'aider à affronter ce froid.

- Allez viens, chevalier du Loup, les terres d'Asgard n'attendent que toi ! Partons pour un autre domaine car comme tu peux le voir, la tempête faibli par là-bas, mais le froid s'intensifie. Bientôt il fera beau ici comme en plein soleil, mais dans l'air flottera des grains de poussière de glace durs comme le diamant et qui s'infiltreront un peu partout, ne laissant de toi qu'un pain de glace si jamais tu restes sans bouger plus de 10 minutes. Allez, partons, viens !

Siam avait remis son casque et forçait maintenant l'allure, sautant à chaque fois plusieurs mètres en avant et avalant les distances. Puis elle s'arrêta. "Peut-être devrais-tu porter ton armure, Kurayami. Elle te protégera un peu du froid" et reprit leut course. Siam était malade, elle vieillissait environ 5 fois plus vite que les autres humains. Mais elle bénéficiait en contre partie d'une mémoire absolue, ce qui lui permettait d'apprendre et de mûrir presque comme une personne normale, et elle pouvait voir les flammes de vie des êtres vivants. Celle de Kurayami aurait pu la gêner il y a quelques temps, car elle était jeune et fraîche, pleine de vie, et droite, mais elle comportait aussi un traumas puissant. Quelques chose dont il avait honte ou qui le rongeait, peut-être un accidents ou une chose vue et pas encore accepté... Siam ne savait pas lire les flammes de vie à la perfection, mais elle repérait tout de même certaines variations : comme le mensonge ou les traits dominants, s'ils ne sont pas trop bien cachés. Et le saint avait été sincère. C'était un homme bon, et Siam comptait bien le remercier par avance.

Les Ruines d'Eta

La jeune fille écouta attentivement tout ce que je lui contai, et n'en manqua pas même une seule miette. Elle semblait comme fascinée par tout ce que je pouvais bien lui dire, si bien qu'elle s'était dangereusement approchée de moi, si proche que lorsqu'elle ôta la partie de son armure lui protégeant le visage, je pouvais quasiment sentir le souffle chaud de sa respiration sur mon visage, tandis qu'elle ne me quittait pas du regard, ses yeux perçants scrutant les miens avec intensité comme si encore une fois elle tentait d'y déceler quoique ce soit d'autre concernant le récit que je lui avais raconté.

Mais ce qu'elle fit ensuite me surprit encore plus, elle me serra dans ses bras. Pris au dépourvu et mal à l'aise à cause de tout ce qui s'était succédé depuis ma rencontre avec cette guerrière, je ne sus pas très bien comment réagir. Personne hormis mes parents ne m'avaient pris comme ça dans ses bras et voilà qu'il suffit pour qu'une inconnue débarque devant moi, même si techniquement c'était moi qui avait débarqué ici et non pas elle mais ce n'était qu'un léger détail, il suffit qu'elle sorte de nulle part pour qu'elle reproduise exactement le même geste comme ça, comme si de rien était ou comme si nous nous connaissions depuis longtemps, pour une raison que j'ignorais, une raison que je ne devais sans doute pas comprendre. Les battements de mon coeur s'accélérèrent, et une sensation de chaleur, de bien être et de réconfort résultèrent de cet action si inattendu. En temps normal je lui aurais demandé de me lâcher, avec une expression neutre sur le visage mais à présent, il était trop tard pour envisager cette option. Quelque chose avait été chamboulé en moi, quelque chose que je ne connaissais pas et dont je ne pensais pas pouvoir ressentir à cet instant précis. J'espérais en tout cas, que mon teint n'était pas devenu encore plus écarlate. Décidément je ne pouvais expliqué ce qui était en train de m'arriver.

Lorsqu'elle relâcha son étreinte, elle ne me repris pas ses distances, comme j'avais imaginé qu'elle ferait, pour autant. Elle s'était débrouillée pour réussir à introduire fermement ses petites mains tièdes dans les miennes avant de me faire don d'un magnifique sourire, lui aussi plein de chaleur, mais également d'un peu de son cosmos qui me revigora un peu. Pour finir, elle répondit que plus rien ne nous retenait ici et par conséquent nous étions libre de continuer notre route sur les terres gelées avant que la température ne descende encore davantage et qu'un phénomène étrange, que je ne connaissais pas ne vienne mettre notre vie en danger. Sans attendre une quelconque réaction à cela, elle m'entraîna déjà à sa suite à vive allure. Elle s'arrêta net, cependant pour me conseiller d'endosser mon armure pensant que cela me réchaufferait peut être un peu plus. Je levai la tête en direction du ciel en faisant la moue, pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt tandis que la clothbox me pesait dans le dos. J'entendais déjà Siam rire en imaginant ma réaction. Sans en attendre davantage, je m'exécutai. L'armure de bronze bien conservé dans sa clothbox avait évidemment elle aussi été gagné par le froid et je frissonnais en sentant le métal se fixer sur ma peau. La jeune guerrière pouvait paraître quelque peu étrange et déstabilisante sur certains points mais elle en avait tout de même beaucoup de jugeote semblait-il et avec elle j'apprendrais certainement beaucoup de choses. Les nouvelles aventures, qui nous attendaient, promettaient d'être très intéressantes..

Un loup sur les terres glacées Daique

Les Ruines d'Etat

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