Une création parmi d'autres [Libre]

Il n'est pas difficile de me suivre à la trace. Depuis mon départ du château je me laisse aller entre tristesse et colère. Des larmes ont coulé, des corps d'innocents sont tombés. J'alterne entre des coups maladroits à l'aide de ma lame où je tranche dans le vif, peu importe la manière et des hurlements cosmiques. Mon cri dévaste tout sur son passage, arrache les arbres, renverse les chaumières, broie les corps.

J'ai l'impression que cet état d'énervement ne m'est pas inconnu. Une sensation familière, dérangeante qui renforce ma colère. Mon aura est fluctuante et meurtrière. Même un novice peut me sentir à des kilomètres à la ronde. De tous les sévices reçues il n'y a rien de plus douloureux que la trahison. Maître Phobos a fait son choix en connaissance de cause, il savait parfaitement à quel point cette décision allait me blesser. Mon égo s'est fait méchamment démolir. Depuis le jour de son arrivée je suis certaine d'avoir une longueur d'avance.

La plus belle de ses créations ? Sa représentante ?

"Ca fait mal putain...."

Je m'appuie contre un arbre, main contre ma poitrine. Je perds le contrôle rendant ma respiration difficile. Des larmes coulent dorénavant. Une belle crise de nerfs. Elle est jolie la garde du grand Phobos. Non la création du grand phobos plutôt, une création ratée, une oeuvre toute bonne à être jetée où les couleurs, dépassées, ne plaisent plus à son propriétaire. Je l'ai mauvaise oui.

Je frappe l'arbre avec force sans pour autant l'exploser. Je ferme les yeux un instant avant de les réouvrir. Je suis au milieu d'un forêt, ma colère m'a mené jusqu'à une... forêt. Je rage toujours intérieurement. Je veux tout brûler, calciner qu'il ne reste plus rien.

J'en ai besoin.

Le chaos. Voici donc ce que sème le Léviathan. Elle ne fait pas les choses à moitié, tu l'admirerais presque cette petite peste. J'ai dit ... presque. Qu'est-ce donc que cette réaction ? Une nouvelle crise de jalousie, sans réel doute. Tes pas te mènent vers une forêt aux quelques arbres déracinés dès l'orée. Comment peut-elle être si irrespectueuse de la nature ? Elle est pourtant si calme, si paisible, si agréablement contrairement à l'humanité dans sa globalité. Tel le petit poucet, tu suis son chemin jonché de branches et de troncs.

Là voilà, sa crinière de feu contrastant avec ce sombre paysage. Une couleur chaude au milieu de ces tons froids. Sa colère est incommensurable. Tu restes à l'écart, l'observes. Des larmes. Tant de lâcheté dans de si petites perles lacrymales. Pleurer est une chose que tu as oubliée. Tu étais si jeune, la dernière fois. D'ailleurs, tu ne parviens plus à te souvenir. Elle qui a été élevée par la Peur elle-même, la Peur avec un grand "P", semble connaître beaucoup mieux les émotions que toi. Comme si l'on t'avait exorcisée par le passé.

*La rage. La colère. Les émotions la rendent vulnérables. Tu n'as qu'à la pousser un peu plus ...*

Tu soupires. Qu'as-tu en tête ? D'un revers de manche, tu essaies ton visage, étalant quelque peu le sang désormais séché. C'est sans doute pour cette raison que le peu de survivants te dévisageaient. Tu te montres au grand jour, marchant pas à pas vers la Berzerker du Léviathan. Que vas-tu faire ? Rappeler à son bon souvenir ta promotion ? Lui montrer ta supériorité ? Te vanter de ta victoire. Tes doigts glissent sur un tronc encore debout, épargné jusque là.

"Qui aurait cru qu'un être aussi petit puisse faire autant de dégâts ? Ils ne t'ont pourtant rien fait ces arbres ... Si ?" Tes iris mordorés restent plantés sur elle, attendant une réaction, attendant qu'elle décharge sa haine envers toi. "Peut-être ai-je fait erreur à propos de ton potentiel. En tout cas, tu ferais une bien piètre jardinière si c'est là ta nouvelle voie. Un sérieux manque de doigté et de délicatesse, si tu veux mon avis." Tu finis par t'asseoir sur un arbre échoué, faisant mine de réfléchir. "Bûcheronne ? Pourquoi pas ... Mais une interrogation se pose." Tu marques un temps d'arrêt, fixant ton interlocutrice d'un regard perçant. "Où est donc cette insupportable je-sais-tout à l'ego surdimensionné qui me défiait encore il y a quelques jours ? Allons Aria ... Je te croyais bien plus forte que cela."

Je frappe, crie, hurle à m'exploser les poumons. Je viens de vivre la pire des défaites. Je me sens trahie, meurtrie. Aussi loin que je m'en souvienne je n'ai connu que Spartes et ses divinités. Formée par la Peur elle même j'ai toujours cru être plus qu'un esclave, plus qu'une création. Contrairement aux autres humains servant les divinités j'ai toujours été propre sur moi et ne portais aucune chaîne. Maître Phobos ne m'avait jamais officiellement présenté que ce soit à ses parents ou son frère sauf que personne n'était dupe. Enfin c'est ce que je croyais.

J'ai froid.

Ca fait longtemps que je n'avais pas eu froid comme ça. Je me déchaîne, les arbres tombent les uns après les autres mais il est impossible de me réchauffer. Ma réaction ne me semble pas excessive, au contraire elle est justifiée. J'ai passé toute ma vie à m’entraîner pour ce but, pour le représenter au mieux, pour porter fièrement ses couleurs. Les efforts paient toujours dit-on. La bonne blague. Je suis allée jusqu'à mettre une impératrice à genoux bordel ! Une impératrice ! Je frappe à nouveau un arbre de toutes mes forces. Le coup génère une onde de choc qui arrache l'arbre voisin créant presque une tranchée.

Une voix familière s'élève.

Je vois rouge. Elle m'a suivi pour me provoquer, elle n'a même pas prise la peine d'enlever le sang de Mon Maître. J'encaisse, chacun de ses propos me font atrocement souffrir. Mon regard se fait menaçant à son encontre. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire que je passe mes nerfs sur ces putains de morceaux de bois. J'en deviens vulgaire. L'envie de meurtre est bien présent. Je ne fais plus le poids, je le sais. La "meilleure création" de la Peur a profité de sa bénédiction. Mais ai-je fait le poids un jour ? Sans m'en rendre compte je me remets en question.

"Je fais ce que je veux. T'as pas une mission autre que me casser les pieds ? Madame le héraut."

Je déverse ma haine, elle est palpable. Il ne suffirait que d'une étincelle pour que ça explose. Je n'attends que ça. C'est aussi mon honneur de Berserker qui est en jeu. Il est normal que je règle mes comptes par un combat. Je ne suis pas une sainte ou un guerrier divin. Qui suis-je d'ailleurs ? Un jouet, une distraction ?

"J'en ai rien à faire de ce que tu penses. Il n'y a que..."

Son avis qui compte ? Je suis une pauvre idiote. Son avis je le connais finalement. J'aurais peut-être du me battre chez les Titans. Perdre la vie au combat ou alors me faire emprisonner comme un petit singe ? Akane ne semble pas vouloir dégager, s'installant même sur un des arbres que j'avais abattu. Mais casses toi ! Moi aussi je me croyais plus forte que ça, plus indispensable que ça. Je ne suis qu'une esclave parmi les esclaves. Il aurait du me dévorer depuis longtemps.

"Vas t-en."

La mâchoire crispée, je prends sur moi encore une énième fois. Il ne voudrait pas que je me batte, pas avec sa favorite. Sale garce. Elle a réussi, j'ai échoué. L'addition est simple, le constat est lui plus amer.

En tout cas... je ne le dirais qu'une fois.

Il semble que tu sois la dernière personne qu'elle souhaitait voir. Enfin, ce n'est guère comme si cela changeait de d'habitude. Sa colère s'accroît, tu la provoquais pourtant pour qu'elle cesse de se lamenter, tu n'avais rien d'autre en tête ... Enfin, elle ne te croit pas, tant pis. Elle insiste sur ton nouveau titre. Le Héraut. Oui c'est désormais ce que tu es. C'est ainsi que Seigneur Phobos t'a nommée. Tu as encore du mal à le croire, certes, mais là sont les faits. Elle se fiche de tes pensées. Elle ne termine pas sa phrase, bien que tu ne peux qu'en deviner la suite. Puis elle te somme de t'en aller, de la laisser seule en ces lieux. Tu l'observes longuement.

"Qu'est-ce qu'un titre à côté de souvenirs ? Qu'est-ce qu'un titre à côté de la loyauté ? Qu'est-ce qu'un titre à côté de la confiance ?"

Non pas que tu souhaites minimiser l'honneur, mais cette petite idiote doit comprendre à quel point ce lien qu'elle a tissé avec la divinité peut être exceptionnel, important. Dur de faire ancrer une telle chose dans sa petite tête de bois, mais peut-être y parviendras-tu.

"Garde personnelle. Héraut. Nos objectifs restent les mêmes. Servir notre Maître. Le protéger. Se battre. Périr pour lui, pour ses idéaux. Pour nos idéaux !" Tu marques une pause, te redressant. "Toi aussi, ton heure viendra. Tu deviendras plus forte. Enfin ... si tu décides de cesser tes pleurnicheries pitoyables. Une Berzerker ne devrait pas s'humilier de la sorte. Une Berzerker ne devrait pas se rouler au sol à la moindre contrariété. Sois fière de ce que tu es. Porte ta cuirasse avec dignité comme tu l'as fait jusqu'à aujourd'hui."

A croire que ton nouveau titre t'a rendue plus solennelle, ou peut-être prends-tu ton rôle au sérieux ? Bien entendu, cette rouquine, la morve au nez, t'insupporte toujours. Mais tu n'as pu que déceler la contrariété dans les pupilles de ton divin. Comment a-t-elle pu le rejeter de la sorte ? Mais cette fois, tes paroles sont sincères. Car oui, tu sais faire preuve de sérieux, de discernement quand il le faut. Etre Héraut ne signifie pas protéger uniquement le Dieu de la Peur, mais également tes semblables. Et tu le feras. Tu honoreras la confiance de l'être qui t'a choisie.

"Alors, que vas-tu faire ? Continuer de te lamenter ou accomplir ta mission pour prouver une nouvelle fois ton potentiel ?"

Impossible pour moi de comprendre où elle voulait en venir. Ses paroles ne forment qu'un écran de fumée, écran ayant pour seul objectif de masquer ma peine. Souvenirs, loyauté, confiance. Trois mots, trois coups de poignard en plein coeur. J'ai des souvenirs, ceux d'une enfant ne souhaitant plus avoir froid, ceux d'une enfant suivant un entrainement que même les plus forts des Hommes ne pourraient supporter. Je suis loyale depuis le premier jour, je lui ai donné ma confiance depuis la première heure. L'araignée tisse sa toile, lentement, subtilement. Elle n'a pas choisi les bons mots.

Mon regard se fait plus menaçant encore.

"Pleurnicherie ?"

La haine que je ressens se lit clairement sur mon faciès. L'araignée me provoque. Que cherche-t-elle ? C'est comme ça qu'elle me voit ? Une berserker pitoyable qui se roule par terre ? Pour qui elle se prend ? Je ne suis pas une berserker pitoyable. Ce serait une honte pour lui. Je vais donc régler ce problème comme le ferait un Berserker. Je vais l'éradiquer comme j'aurais du le faire plus tôt.

Mon cosmos grandit. Le Leviathan s'éveille pour quitter les abysses. Mes pupilles prennent une teinte bleutée, ma force grandit. Ma cuirasse entre en raisonnance avec mon aura. Le bleu de mon habit divin s'accentue. Je vais entrer en guerre... comme le ferait un Berserker. Elle ose me poser un ultimatum, me demandant même ce que j'allais faire ? Elle n'est pas... Elle n'est pas....

"Je n'ai pas de compte à te rendre. Jamais !"

Mon énergie explose. Elle insuffle la peur pour les non initiés. Les rares animaux encore présents aux abords de la forêt se sauvent. La peur est à leurs trousses. La peur est là. Je ne suis pas assez forte pour qu'elle ressente cette peur toutefois je compte bien m' y employer. Pour mon maître, pour cet homme qui m'a tout donné je dois toutefois lui laisser encore une chance.

"Pour la dernière fois laisses moi... héraut."

A Akane de décider.

Tu soupires. Elle ne comprend donc rien. Toi qui la pensais intelligente, elle est finalement plus bête qu'un âne. Tu l'observes toujours, ses réactions, ses tremblements, cette veine battante au niveau de sa tempe. Décidément, elle n'est qu'une gamine pourrie gâtée par le Dieu de la Peur. Comment a-t-il pu autant se tromper dans son éducation ? Elle commence à t'agacer sérieusement, à tel point, que tu as envie de séparer sa jolie petite tête de son cou. Même les prisons infernales ne pourraient supporter à long terme une telle prisonnière. Peut-être devrais-tu la présenter à Styx, elle s'entendrait sûrement, entre casse-pieds...

Mademoiselle fait son petit caprice, effraie quelques petits animaux trouvant refuge dans cette forêt. Tu lèves les yeux au ciel. Son aura ne t'angoisse guère. Tu as déjà pu résister à son cri, désormais il te sera bien plus aisé de le briser, grâce à l'énergie de ton Maître, grâce à ta cuirasse bien plus résistante. Tu restes indifférente à ses réaction, sortant un mouchoir immaculé pour tenter d'ôter un maximum de sang sur ton visage. Tes iris se posent sur le tissu désormais tâché avant que tu ne te lèves pour t'avancer vers elle. Ton regard est neutre. Pas de sourire narquois qui présagerait un mauvais coup, une moquerie. Aucune idée en tête. Enfin si, une seule. Une fois assez proche d'elle, tu lèves une main vers son visage, lentement, et pose le mouchoir ensanglanté sur son front.

"Tu as eu de la peine, lui aussi. Au fil du temps, je suppose qu'il t'a offert bien plus que son sang. Bien plus qu'il ne souhaitait lui-même offrir à quiconque." Tu marques une pause, ôtes le tissu, alors que son front pâle présente une traces carmines, tout comme le tien. "Votre lien est particulier. Bien plus qu'un lien de sang. Il semble deviner chacune de tes envies, chacun de tes ressentis. Et si ... il cherchait simplement à te préserver ? A te protéger ?"

Des paroles on ne peut plus sincères, un ton neutre. Tu la laisses appréhender tes mots. Si elle ne se calme pas à cet instant, tu ne sauras plus quoi faire. Se rend-elle compte de ce que cela te coûte ? De la ... consoler ? Consoler quelqu'un n'est pas dans tes coutumes et pourtant, si Maître Phobos met tant d'énergie à prendre soin d'elle, tu ne peux que suivre ses traces, même si cela peut-être à contre-coeur.

"Nous avions convenu de le protéger ensemble, non ?"

Tes pupilles mordorées ne quittèrent pas les siennes, sans ciller. Pourvu que cette petite peste fasse marcher un peu ce qui lui sert de cerveau, pour une fois.

Elle ne veut pas me laisser. Le nouvel héraut de la peur semble prendre son rôle très à cœur. Je n'ai jamais pensé au fait que cette garce pouvait en avoir un. J'écoute encore bien malgré moi ses propos. Je n'en ai pas envie, je ne veux que la démonter, lui arracher sa sale petite tête et la déposer sur un autel à la gloire de la Peur. Mon cosmos continue d'irradier de façon inconstante et agressive. Il a eu de la peine ? Vraiment ? Et moi ? Je baisse la tête. Personne ne s'en soucie.

Je relève les yeux. Akane vient de déposer des traces de sang sur mon front ? Je lève la main, touchant la trace. Je... Je ne sais plus. Mon aura baisse progressivement. Il cherche à me protéger ? Pourtant je n'ai pas oublié ses paroles. Celles où il place Akane au-dessus de moi. Celles où il qualifie l'araignée de meilleure création.

Je ne suis qu'une création parmi d'autres.

Elle ne me lâchera pas. Ensemble. C'est que je croyais aussi, jusqu'à aujourd'hui. J'hoche la tête.

"Depuis toute petite je n'ai fait que mon possible pour le rendre fier. J'ai travaillé, combattu pour obtenir le rang que tu portes. J'ai échoué."

Je suis calme, triste mais calme. Mes propres paroles me font mal. J'ai l'impression d'avoir déjà ressenti cette douleur par le passé. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire. J'ai l'air d'une idiote à me lamenter ainsi mais que dois-je faire maintenant ? Héphaïstos. Je dois le retrouver si je souhaite satisfaire la Peur. Quant à Akane, sa destination est les enfers.

"Tu vas te rendre aux enfers maintenant ?"

Elle semble s'apaiser. Toi qui a pourtant l'habitude de vouloir la faire sortir de ses gonds, voilà que tu investigues pour calmer cette petite peste immature. Enfin, tu sembles plus douée que tu ne le pensais. Ecouter ses complaintes, ses échecs, il n'y a rien de plus écœurant. Et pourtant, tu restes attentive. Peut-être parce qu'elle te fait penser à quelqu'un ? A toi ? Oui, à toi, qui a voulu prouvé en vain à tes parents que tu n'étais guère une menace pour eux. Et désormais, grâce ou à cause d'eux, tu en es une pour le monde entier.

"On n'emprunte pas toujours la voie que l'on choisit initialement. Mais cela ne veut pas dire que tout est perdu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres chemins à suivre."

La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est semée d'embûches, de déviations, de choix. La tienne n'a été que souffrance, massacre, jusqu'à ce que tu en arrives là où tu en es. Tu ne regrettes rien, et pourtant, ton rêve d'enfant était bien loin de cette existence chaotique.  Tes iris la sondent toujours alors qu'elle te pose pourtant une question.

"Tu ferais sans doute un bon Cardinal. A condition que tu ne cesses de garder cet esprit fermé. Je suis sûre qu'il serait fier de toi." Tes doigts viennent cueillir une mèche rousse, jouant avec elle, avec indifférence. "Je n'irais aux Enfers que lorsque que je serais sûre que tu n'aies plus envie de déraciner la moitié restante de cette forêt."

Maître Phobos a choisi une fille désespérante pour le représenter. Elle a une mission, celle de se rendre aux enfers et elle préfère jouer les baby-sitters. Je suis calme dorénavant, très calme bien que la tristesse me pourfend encore. Le doute est en moi, mon maître en a semé les graines. Je vais devoir retourner à Spartes pour discuter avec lui. J'en ai besoin. Je croise les bras avant de soupirer.

"Tu peux partir pour les enfers. Je suis calme et... je fais ce que je veux. Tu viens bien de dire qu'il va me falloir explorer plusieurs chemins. Le bûcheronnage en fait peut être parti."

Je lui adresse un sourire, un peu bien malgré moi. Les paroles d'Akane ont quand même un sens pour moi. Plusieurs chemins, être Berserker est-il un de ces chemins ? Peut-être qu'il me faudrait parcourir le vaste monde pour trouver le bon chemin ? Je n'en aurais pas la force, je n'ai que lui. Il me faut peut-être voir Deimos, il a tout d'un oncle pour moi sur le papier.

"Je ne sais pas si Cardinal serait un rang pour moi. Je n'ai jamais pensé à rien d'autre que de devenir Heraut. Je ne sais même pas si je peux faire autre chose que d'être à ses cotés."

Mon avenir ?

"Je vais peut-être lui demander l'autorisation de voyager un peu. Pour grandir par mes propres moyens."

Affronter de vrais guerriers, continuer mon herbier. Il y a tellement de chose que je peux faire. Je n'ai toujours eu que pour seul objectif de le rendre fier, d'être un bon guerrier. Et si lui attendait autre chose de moi. Je regarde au loin, ce petit village qui semble bien paisible. La Peur ne s'est pas encore invitée là-bas. Je dois sans doute y aller, avant de reprendre la route à la recherche du dieu forgeron. Peut-être même que je vais m'arrêter au Sanctuaire, y faire un tour....

Aurait-elle pris en compte tes paroles ? Tu ne t'y attendais pas. Pas du tout. Tu la sondes encore du regard afin de déceler ses ressentis. Elle arbore toujours cette expression de pleurnicheuse, mais n'est plus hystérique, ce qui est déjà une bonne chose. Au moins, tu as beaucoup moins envie de l'étriper. Et ce sourire, c'est une expression que tu n'aurais pas pensé voir sur son visage à cet instant. Elle doute, tente d'envisager une autre voie. De grandir. Tu arbores un sourire narquois.

"Oh, le petit oiseau veut enfin prendre seul son envol !"

Tu l'observes des tes iris brillants. Il est temps de reprendre ton comportement habituel, maintenant que la tempête est passé. Un changement radical mais dont Aria ne pourrait douter, puisque c'est ce toi là, qu'elle connaît le plus. La moquerie, la provocation. On ne change pas une équipe qui gagne.

"Grandis. Deviens plus forte. Car si tu n'es pas à la hauteur de notre Maître, je me ferais un plaisir de t'envoyer en Enfer. Et crois-moi, pas pour une simple visite de courtoisie."

Fini la pommade, il est temps de la secouer de nouveau, cette enfant. Après tout, le Dieu de la Peur n'a guère besoin d'un déchet, d'un bisounours. La rouquine se doit de devenir une véritable guerrière et se comporter comme telle désormais. Finalement, là voici peut-être la raison de son choix pour toi. Un Héraut ne se roule pas par terre à la première contrariété sous peine d'être ridicule, indigne de son rang. En espérant que cela lui serve de leçon.

Si je ne suis pas à la hauteur ?

Tout va mieux dans mon esprit j'en ai la certitude puisqu'Akane me tape déjà sur le système. Elle m'a dépassé je le sais. Bénie par le sang divin de Maître Phobos elle a gagné en puissance, son armure a évolué aussi. Je n'ai plus aucune chance de la surpasser. L'affronter ici et maintenant ne servirait qu'à me mettre encore plus bas que possible. Si je veux gagner en puissance je dois trouver d'autres adversaires mais pas que. Je dois élargir mes techniques, acquérir de nouvelles attaques.

"Tu sais très bien que si tu m'envoies aux enfers il t'y enverra à ton tour."

Mais....

"La question ne se pose pas. C'est moi qui t'y enverrai sans l'aide de personne."

L'arachnée peut voir toute la détermination qui m'anime à travers mon regard. Je ne compte pas en rester là. Je vais grandir, regagner les faveurs de mon maître et ce peu importe ce que ça pourrait me coûter. Je vais commencer par me rendre dans chacune des factions du monde et au-delà pour chercher Héphaïstos. J'y défierais un guerrier à chaque fois pour gagner en expérience et devenir plus forte.

C'est décidé.

"Merci."

Je reprends la route.

Si tu trouves une bonne excuse, il ne t'en tiendra guère rigueur. Mais tu restes muette, tu l'écoutes. Ton sourire narquois s'élargit à sa menace. La revoilà, la petite peste insupportable. Malgré tout, tu la préfères à la petite gamine pleurnicheuse. C'est beaucoup moins distrayant. Tu l'observes longuement, l'air amusé, cette fois.

"L'espoir fait vivre, jolie poupée rousse ..."

Une manière pour toi de répondre à sa provocation sans entacher sa détermination, mais tout en tentant de l'énerver un peu plus. Après tout, c'est ainsi qu'est votre lien depuis le début. Ensemble, mais pas trop. Les étreintes, les embrassades, trop peu pour vous. Et pourtant, alors qu'elle se détourne de toi, tu entends ce mot que toi aussi tu as prononcé plus tôt lorsqu'Aria s'était attelée à panser tes plaies. D'ailleurs, tes iris d'or se pose sur ce fameux bandage excellement réalisé.

"Ne t'y habitue pas trop. La prochaine fois, je te pends à l'une de ces branches, les boyaux à l'air ..."

Tu tournes les talons, prenant le chemin inverse. Vous prenez des chemins différents, mais pour le même objectif. Satisfaire votre Maître.