Naufragé (libre)

Enfers

Le ciel se noircissait un instant.
Une étoile filante.
Le son des vagues.

Que s'était il passé ? Ah oui, je me souvenais, j'étais dans la fosse et ? ... Non... Mon corps avait traversé les Enfers sous le coup d'une force magistrale. J'étais pourtant au chaud et les fils de mon cocon se brisaient les uns après les autres pour laisser apparaître des pyramides d'eau s'entrechoquant les unes avec les autres. Le ciel avait une couleur que je ne lui connaissais pas, le bleu. Ainsi était le bleu. Péniblement, mon corps se tournait sur lui même afin de relever ma tête, j'observais ce nouvel environnement en me demandant bien comment m'en sortir. Je ne ressentais plus du tout l'influence de mon étoile maléfique, elle semblait avoir perdu de son pouvoir en quittant les Enfers.

Des Faeries dansaient ici et là autour de moi mais rien à l'horizon, à part cette eau légèrement décrépie. Par curiosité, je tentais de boire un peu et je découvris pour la première fois le sel. Quel gout infect ! C'était cela que mangeait les hommes ? Je comprenais peut-être mieux pourquoi ils étaient aussi méchants entre eux. Les restes de mon cocon faisant office de "radeau de la méduse", je ne savais pas quoi faire. Voler ? Crier ? Déjà je ne savais pas faire le premier mais crier dans le vide, ca aidait pas non plus. Perdu, j'étais perdu, angoissé et j'avais faim. Quelque chose que je contrôlais de moins en moins, une envie de prendre ce qui me tomberait sous  mes mandibules. Soudain, comme un trait dans l'eau, je vis une petite chose, curieuse de mes fils qu'elle semblait apprécié. Mes pattes tapèrent dedans pour l'attraper mais la petite chose était partie déjà, devenant une ombre dans l'eau salée. Maugréant, je tentais, encore et encore et encore.... Dur à dire combien de temps passa à frapper cette ombre qui dansait entre mes fils pour me narguer. Je comprenais lentement ses mouvements et alors qu'elle s'approchait encore de moi, je frappais de toutes mes forces et mes pattes attrapèrent quelque chose de froid et gigotant dans tous les sens.

C'était étrange. Ramenant le petit animal sur son radeau de fils, je me demandais ce qu'était cette créature. Elle était différente de tout ce que j'avais connu. Elle n'avait pas de jambes et de bras, elle avait des yeux et elle portait une armure rutilante comme les Spectres en portaient. Sauf que celle ci était brillante comme de l'argent avec des petites couleurs chamarrées. Donc, non, c'était pas un homme. Un ver de terre ? Un insecte ? Non plus, la nourriture avait des pattes et  une peau noire et délicieuse. Là, c'était visqueux. Brrr. Mais qu'était ce cette petite chose qui continuait de gigoter entre mes pattes ? Dans un mouvement brusque, je plantais mes mandibules dans son armure et découvrit qu'il y avait quelque chose en dessous, de la chaire et du sang ! J'avais trouvé un trésor en fait ! Ravi, mes mandibules jouèrent avec cette chair alors que ma langue pénétrer dans les profondeurs de cette créature afin de la vider de son sang.

Et puis elle s'arrêta de bouger. Je dévorais ce qui restait. Toutefois, après ce copieux repas, mes questions n'avaient pas trouvé de réponses... Qu'était ce cette créature à l'armure d'écailles argentées ? Ca se mangeait en tout cas ! C'était petit et ca bougeait dans tous les sens quand on l'avait attrapé, fallait donc faire attention qu'elle ne s'échappasse pas comme ça. J'étais heureux de ma découverte et je suis sûr que le seigneur Hadès serait fier de moi. Le temps passa. Je me morfondais dans ces bruits venant de ces montagnes d'eau qui se brisaient les unes contre les autres. Elles étaient bêtes. Si elles s'arrêtaient de bouger, elles seraient en vie et pourraient continuer de vivre. Les montagnes d'eau étaient stupides. Brusquement, je vis une ombre passée au dessus de moi. Par Hadès, qu'était ce monstre blanc au bec jaune ? Un puissant seigneur du ciel comme les grands Juges des Enfers ? Je me préparais donc au combat en remarquant que d'autres rejoignaient le premier. Une troupe d'assaut de Saints certainement, ça pouvait être que ça.  

Un terrible combat contre les mouettes.... les Saints commençait !

« Quelle créature particulière que voilà … » Il existe, dans la nature, d'étranges phénomènes. L'existence de cette créature elle-même en est une. Tant par sa forme. Tant par sa nature profonde. Tant par son vécu. Tant par sa pensée. Oh, certes, dire que l'origine de la voix sait à quoi pense cette entité à l'heure actuelle est de l'ordre du fantasme : comprendre, le plus distinctement possible, les pensées d'autrui est un don dont Zeus lui-même ne peut se vanter de se posséder. Un fait qui rassure nombre de ses détracteurs.

Et cette voix en est. De phénomène. Car bien vite, les mouettes semblent vouloir s'enfuir. À tire d'ailes. Car elles ressentent, sans doute, le changement qui s'est opéré, dans la nature qu'elles ont l'habitude de vivre.
Un éclat noir étincelle au-dessus de l'eau, avant de s'étirer en un flot d'ombre. Un portail, instable, dans lequel s'extirpe tranquillement une silhouette encapuchonnée, dont les mains sont cachées dans son dos. Une dernière mouette, plus téméraire – ou peut-être agrippée à l'un des fils de la créature, difficile à savoir – semble vouloir s'échapper.

Les préparatifs à l'ouverture d'un nouveau commerce – bien plus lucratif que celui avec d'autres nations – sont parfois longues, demandant d'allers et venir entre les différents établissements essentiels de sa confédération. L'étrange nature des dieux apporte une valeur ajoutée efficace à un tel projet : il n'existe guère de frontière capable d'arrêter un dieu, outre les prisons, dressées spécialement pour eux. Athéna a fait de cet art sa spécialité, la rendant terrible aux yeux de nombreux. Une preuve supplémentaire de sa capacité à réfléchir non pas comme une simple Sage. Mais comme une Guerrière Sage. Quoiqu'elle soit trop passive à son goût.

La paix s'achète. Et elle demande parfois une compétence d'ingérence que le Sanctuaire ne semble pas vouloir posséder. Mais c'est un débat qui n'a pas lieu d'être en ce moment. Un débat que ces deux esprits divins ont sûrement dû avoir. Et qu'ils auront, possiblement, encore.

Hermès est donc face à la créature, vagabondant toujours à travers le monde sous les traits – cachés par une capuche – de William Lachance. Sans identité, pour le moment. Pour cette créature. Qu'il observe, avec une certaine douceur. Marchant littéralement sur la surface des eaux naturellement mouvante, sa silhouette ne semble pas être dérangée par cette instabilité. Alors, il approche. Doucement, certes, mais il approche, réduisant la légère distance. « Cela faisait longtemps que je n'avais pas observé un tel spectacle à cette échelle. »
Il s'arrête. Plus proche maintenant. Avant de poser un genoux sur les eaux, qu'il semble voir comme un simple sol. Alors qu'une certaine pression maintien le Radeau de la Méduse de la créature.

« Enchanté. » Ses mains viennent attraper sa capuche, pour la retirer, doucement. Son regard céleste vient alors à nouveau et ouvertement se poser sur cette silhouette étrange … Et observer. Observer cette âme. Particulière. Bien vite, sa voix reprend la parole, alors qu'il reste dans cette position. « Mon nom est Lachance. Voyageur. » En cela, il ne ment pas. Ce corps porte bien ce nom. Et son rôle est bien d'être un simple vagabond.

Ésotérique, certes. Mais il y a tant de choses à découvrir.

« Es-tu perdu ? »

Brutalement, il se fit plus sombre. Mes ennemis les Saints disparaissaient face à ma grande puissance... J'avais attrapé l'un d'entre eux qui hurlait dans une langue inconnue "Hiiiik Hiiiiiiiiii-i-i-i-ik", je ne comprenais rien mais un léger filet rouge nappa lentement l'un de mes fils. Je sentis la douce chaleur du sang iodée qui pénétrait ma gorge, c'était doux mais différent des insectes. J'avais même pas pris conscience d'une présence autour de moi, jusqu'à qu'une ombre recouvrasse mes sens. Mes antennes se focalisèrent sur l'inconnu. C'était un deux pattes comme les Spectres ou les Hommes...

Une lumière éclata dans son esprit. L'homme marchait sur l'eau là. Machinalement, je me mis à réfléchir si j'avais déjà vu ça quelque part. J'avais vu des hommes voler, ça c'était normal. J'avais vu des insectes marcher sur les parois d'une falaise. Je savais maintenant que les "Saints" pouvaient voler aussi dans le ciel. Mais.... celui-là.... Il marchait sur l'eau. Y'avait des créatures sous l'eau qui avaient des armures, ils étaient agréables à manger. Non. C'était pas possible non plus. Rhaaaaaaa... Mon esprit chauffait comme une tripotée de larves bien crémeuses.

Puis, la créature parla.

" Quel spectacle et quelle échelle ? " Je me demandais qu'est ce que c'était que ce spectacle ! Peut-être ces pyramides d'eau qui s'entrechoquaient ou les "Saints" qui avaient fui... Une échelle... Hmmm, ça je savais, j'en avais vu quelques unes dans les Enfers. J'étais surpris qu'il parle de cet objet. Mon corps tourna sur lui même afin de la voir, on savait jamais si je l'avais ignoré en mangeant. Puis, l'inconnu m'adressa de nouveau la parole en se présentant. " Moi.  Sylphe " C'est tout ce que je savais sur moi même, mon instinct me commandait de ne pas en dire plus. Par contre... " Je m'appelle pas Voyageur ! " Hé ho ! Si c'était une insulte, c'était pas drôle. Soudain, une question me vint, c'était ptet un coup foireux de ce gars qui lui avait hurlé des horreurs avant de le frapper comme une mule. Un frisson parcourut mon échine de chitine avant que mes antennes se relèvent vers le Dieu.

" Je ne suis pas perdu. Sylphe a vaincu quinze Saints. Sylphe Fort. Vaincu aussi un Marina, lui faible. Et Lachance, c'est Setesh qui t'envoie ? ou l'horrible fille qui s'allonge pour se battre ? Sylphe pas peur des Saints, moi prévenir toi. " Les questions fusaient alors que les fils de soie gagnaient en intensité sur l'eau, augmentant le radeau de quelques coudées de largeur. Sylphe se méfiait de l'homme qui marchait sur l'eau. Les hommes étaient de plus en plus étranges à marcher sur le sol comme l'eau, on était plus tranquille nulle part. Sans le vouloir, sur la défensive, un léger cosmos violacée parsemait son corps.

Le Divin Voyageur écoute tranquillement les quelques paroles particulières de son interlocuteur. Des mots, simples. Des mots portés par la fierté de l'enfant. La surprise de cette découverte ne vient pas maquiller son visage et, pourtant, elle est bien présente. Voilà ce qui habite cette carcasse, cette cosse. Une âme, jeune. Découvre t-elle le monde ? Difficile de dire à quel point, mais le flambeur semble penser que la créature découvre au moins deux choses.

Les Saints. Et les Marinas.
Les Éveilles, en somme. Mais il serait difficile de prouver cette hypothèse. Alors il ne s'en tiendra qu'aux deux premières … Ou plutôt, à la première. Quinze Saints – bien, il sait compter.
Une première mouette. Une deuxième … Elles se suivent, leurs corps ballottant dans les environs. Le compte est bon. Il y en a bien quinze.

Il repose ses yeux vers l'âme, fière, scellée dans cet exosquelette coloré. L'Étoile de la Féerie est une entité étrange. Elle l'a toujours été. Fascinante, par la beauté de ce qu'elle peut faire naître – la féerie, tout bonnement. Mais aussi par cet aspect particulier que ses porteurs peuvent parfois vivre. L'évolution. Un terme encore difficile à expliquer, en cette période du monde. Un concept qui fera, un jour, son chemin, dans l'esprit de l'humanité. Il l'espère, en tout cas.

Faisons les choses dans l'ordre. Les bras appuyés sur ses genoux fléchis, Lachance secoue doucement la tête. « Personne ne m'envoie, ne t'inquiète pas. Un voyageur, c'est ce que je suis. Quelqu'un qui se promène. Qui fait des rencontres. » Il porte un instant sa main contre son menton, réfléchissant un instant tandis que ses doigts caresses les poils blonds de son bouc. « Je dirai que je fais un peu comme toi, en ce moment. Tu vois ? Je laisse un peu ces choses là me porter. » Il montre, d'un mouvement de son pouce, les vagues. Adapter son langage. Ne pas l'étouffer par son habituelle faconde.
Puis il voit de nouveau le cadavre d'une mouette. Qui commence alors à s'élever … pour venir se poser entre les doigts d'une main ouverte de Lachance.

« C'est vrai, tu es un féroce combattant. » Un sourire se pose sur ses lèvres. Avant de regarder le Saint vaincu par Sylphe. Avant de regarder à nouveau Sylphe. Et de tendre légèrement la bestiole, dans sa direction. « Je ne comprends pas pourquoi ils sont sortis sans leurs armures. » Il pose lentement l'animal sur le Radeau de Soie, avant de reprendre sa position initiale. Haussant les épaules. « Ils ont été bêtes de s'attaquer à quelqu'un comme toi sans. Tu ne crois pas ? Ou alors, est-ce que ce sont réellement des Saints ? » Son Étoile. C'est à son Étoile de lui expliquer certaines choses. Où au Temps. Lui, il ne peut pas interférer. Pas à ce point. Sur sa compréhension du monde.

Mais. Il peut apporter une attention à des détails.
Au moins pour aider les choses à se connecter entre elles.
Et imaginer les Saints comme des rats volants palmés, ça reste assez amusant comme image. Désolé, Grande Sœur !

« Ravi de te connaître, Sylphe. » Quelqu'un qui deviendra réellement féroce, sûrement, serait plus juste. Mais il n'y a guère de mensonges. Après tout, dans le règne animal, cette Chenille surpasse sûrement de nombreux animaux. Rien que par cette intelligence, encore jeune. Qui doit se développer. Qui doit assimiler de nombreux savoir. Et par cette énergie, qu'il remarque. Sans s'offusquer. La réflexion est primitive. Les réactions le sont aussi.  « Est-ce que je peux m'asseoir à côté de toi ? Je prends pas beaucoup de place ! » Pas tant que ça, en tout cas. « Et je ne suis pas trop lourd. »

Pas tant que ça. En tout cas.

Je ne comprenais pas. C'était quoi un voyageur qui se promenait... Sensiblement, comme si de vagues interprétations s'accumulaient dans ma tête, je fis enfin le rapprochement. Si voyager était d'aller d'un point à un autre, c'était donc se prendre un coup dans les côtes, comme ce que l'autre fou d'Egyptien m'avait fait ! De curieux, je devins rétif a ce Lachance, si tel était son nom. "Porter". Il confirmait donc qu'il fallait frapper une personne pour l'amener d'un coin, porter quelqu'un voulait dire frapper ? Où était-ce autre chose ? Au fond de moi, je sentais la réponse me venir, comme un vague souvenir parcourant la surface de mes maigres pensées. Ma cher amie venait un peu de se réveiller mais elle n'en était pas encore au point de me reparler normalement.

Soudain, je vis un de mes "Saints" reprendre vie et s'installer sur la patte de Lachance. Il avait le pouvoir de faire voler les "Saints" morts. D'un claquement de mandibules, je riais un peu de cela. Peuh. Faire voler un "Saint" mort, ca servait à rien. Par contre, il posa une question intelligente. J'y avais pas pensé... Mais oui, je croyais bien me souvenir qu'ils avaient des armures aussi... Ceux là en avaient pas. Pourquoi ? Le mystère attisa ma curiosité et je regardais le "Saint" mort, ses plumes grises et blanches m'avaient fait penser à une armure mais c'était pas ça visiblement. Agacé, j'étais en train de me dire que ces engeances solaires avaient osé se moquer de moi, comme les Spectres... J'avais vaincu ces damnés chevaliers, trop orgueilleux de se croire supérieur à Sylphe.

Soudain, comme un miasme dans mes pensées. Je vis un homme aux grandes ailes chamarrées en train de combattre dans les airs un autre homme, habillé d'or, qui avait aussi des ailes solaires. Cette danse céleste, mêlant ténèbres et lumières, me désarçonna un moment. Je ne comprenais pas ce qu' "Elle" me disait en cet instant. Etait-ce le grand chef des Saints qui combattaient le seigneur Hadès ? Non. Le premier avait des ailes comme mes papillons des Enfers... Qui était-il ? Mon esprit souffrait de ne pas comprendre, j'étais face à une porte de métal qui recouvrait mon esprit et mon passé. Mes petites pensées n'arrivaient pas à l'ouvrir. Je me sentais si fatigué d'un coup.

D'un léger hochement de tête, j'acceptais sa demande. Il était pas méchant et il m'avait félicité pour mon combat. Je regardais ses pieds. Il n'avait pas de queue comme les poissons. Il n'avait pas d'ailes non plus pour tenir sur l'eau. Les Humains pouvaient donc marcher sur l'eau. Je me sentais si petit face aux dons des humains, ils pouvaient certainement faire encore des choses que je ne connaissais pas...

" Oh pardon, Sylphe perdu dans ses pensées. Humain étonnant, étrange, content d'avoir découvert tout cela. Vais te faire de la place attend. "

Mes mandibules se mirent à machouiller dans le vide et des milliers de fils chamarrées en sortir pour former une grande sphère de toile qui se colla aux mouettes mortes ici et là à la surface de l'eau. Soudain, la toile du radeau gagna en intensité pour parfaire l'ensemble de la petite construction de toile et de plumes d'oiseaux. Pendant un instant, je me sentais étrange, comme si j'avais toujours été capable de manipuler mes fils pour construire des cocons de la sorte. Notre petite esquif était maintenant protégée des embruns et cela n'était que mieux, les "Saints" ne nous dérangeraient plus pendant que Lachance serait à mes côtés. Il était gentil et m'avait félicité. Pour la première fois, je pouvais parler à quelqu'un sans connaître douleurs et fureurs. Ce moment reposant me faisait grand bien, je me sentais reposé. Pour la première fois, je pouvais enfin recevoir quelqu'un "chez moi".

Le mensonge n'est pas forcément la plus vile action, quoiqu'en dise les êtres. Le plus vil est parfois simplement de laisser dans l'ignorance. Non pas en donnant une fausse information, mais en détournant la vérité. Alors, quand l'étrange mais féerique créature l'invite à s'installer d'un geste – et en augmentant la densité de son radeau – et quand il révèle être content d'avoir découvert le côté étonnant des humains, Hermès décide de ne pas être vil. Pas cette fois. Il a pu l'être – souvent –, parfois sans le vouloir, sans le contrôler.
Mais le plus jeune des dieux sait ce qu'est être un enfant. Il l'a théorisé, en étant lui-même cet enfant. L'Enfant capable de penser comme un enfant et un adulte. À peine né, déjà capable de marcher, de penser, de mentir, de jouer et de voler.

« Désolé, je n'aimerai pas te décevoir … mais je ne suis pas un humain. » Il semble presque prononcer ces mots avec une réelle déception. Bien que cela ne soit plus qu'une demi-vérité : il serait incapable de rejeter cette liberté de mouvement, de découverte, que lui offre sa position de divin. « L'un de mes noms est bien William, mais je n'ai pas la chance d'être aussi spécial que l'être humain. » Un petit sourire. Qu'il dirige droit vers l'être, alors qu'il s'installe. Qu'il remonte ses genoux, pour ne pas être si différent d'un enfant.

Surtout lorsqu'il observe avec curiosité cette soie, qui remonte. Qui consolide. Le radeau devient plus que cela. Il s'étire, il se transforme, selon l'imagination de son concepteur. Imagination primaire, peut-être. Imagination obéissant à la loi de l'utilisation de la soie de cette féerique créature, peut-être. Mais de l'imagination quand même. Qui lui permet d'être chez lui. Et d'inviter le Voyageur à partager une partie de ce chez lui.
Ouvrant ses mains, l'homme fait alors apparaître une boîte de friandises, qu'il ouvre simplement. En attrapant une, il la lance et l'attrape dès que possible la bouche ouverte. Regardant, après un petit rire de gamin fier, l'environnement, il passe sa main contre l'architecture de soie. « Je me suis toujours demandé quel sentiment a la chenille avant de devenir papillon. »

Une vérité. Le curieux se pose un tas de question.
Le dieu le plus curieux est donc capable d'imaginer, de se poser, les questions les plus invraisemblables.

« Oh … oui. » Il attrape alors une friandise, la lançant, puis la rattrapant, entre ses doigts. Doucement, il ouvre sa main, face aux mandibules et à la gueule de Sylphe. Un sourire. Confiant, rassurant. « Veux-tu goûter … ? » Comment cela, ne jamais accepté de bonbons d'étrangers ? Il n'en est rien. Après tout, il n'est plus un inconnu, pour lui. Il est nommé. Tout comme Sylphe est nommé, pour Lachance. Et celui-ci profite, de cette nouvelle proximité, pour laisser entendre quelques nouveaux mots. « Sinon, Sylphe. Raconte moi, pourquoi tu es là ? »

Une attention. Il veut en avoir un peu. Même si cela crée un léger retard dans ce que cela prévoit. Cela fait longtemps qu'il n'a pas eu la chance de discuter avec un Spectre aussi particulier. Un Spectre, qui représente l'un des aspects essentiels de la vie. Une certaine ironie, que Lachance apprécie.

Non. Une poésie. Et celle-ci est une composante de la féerie, n'est-ce pas ?

Une fêlure apparut sur la toile de soie immaculée. Je m'étais surpris moi même en entendant qu'il n'était pas un homme. Mes repères dans ce monde étaient faibles, sans certitude et je le savais. Je m'appuyais donc sur des restes de sentiments fugaces, venant de mes vies passées, afin d'avoir un jugement sur les choses. Qu'est ce qui existait et qui était pas humain ? Il n'était pas un animal non plus. La seule hypothèse qui me sauta aux antennes, c'était que j'étais face à un dieu... Il me révélait en prime que c'était pas son vrai nom.

Bien des questions parcouraient mon esprit, qui était il ? Athéna ? Hm non, on m'avait décrit les Déesses différemment et avais pas envie de vérifier ...  Poséidon ? Stupeur ! Les indices avaient été sous mes yeux et je les avais pas vu. Il marchait sur l'eau, était sorti de nulle part mais il venait dessous l'eau, donc normal, et il était un voyageur. Y'avait des coquilles qu'utilisaient les humains pour voyager... Tout devenait clair et horrible en même temps. J'étais certainement à côté du frère de mon bon aimé Maître et voilà qu'il me parlait avec gentillesse.

Assis à côté de moi, il fit apparaître une boîte avec plein de choses multicolores dedans. Rien ne semblait bouger à l'intérieur, donc ce n'était pas des insectes. Peu intéressé, j'aurai refusé ces trucs pas gluants ni appétissants, mais, là... Mince. Si je le fâchais, je risquais de fâcher Hadès qui serait pas content que j'ai mal parlé à son frère qui.... Cela continuait de tourner dans ma tête comme un bateau à la dérive. Pourquoi moi ? Après avoir rencontré les deux fous furieux des Enfers, je me retrouvais désormais assis près d'un Dieu, Poséidon en personne certainement. Que faire... Silencieux pendant de longues secondes, je pris enfin entre mes mandibules ce truc coloré et le mangea... Pouaaaaah, c'était dégueulasse ! Si les Dieux mangeaient des trucs pareils, j'étais pas surpris de leurs propres hubris. ET la question que je craignais vint....

Il devait se demander pourquoi un des serviteurs d'Hadès était ici. Ma propre Etoile semblait en alerte.

Toussant légèrement en recrachant un peu ce truc vraiment dégueulasse, je répondis. "Pas devenu Papillon, moi devenir plus fort quand Etoile dira. Pourquoi ici ?" Me suis dit, autant être honnête, suis sur l'eau avec Poséidon. Autant pas le fâcher. "Sylphe expliqué à toi noble seigneur des Mers ! Moi, perdu montagnes prison, revoir deux compagnons. Le premier frappé moi, désarticulé, martyrisé, brisé... Mais moi libéré. Puis, venu autre fou, lui plus fou et criard. Lui dangereux et sentir mauvais comme tous les Egyptiens... Sylphe a voulu se battre, Sylphe a perdu. Puis, coup énorme sur son cocon. Douleur et vol jusqu'à étrange monument de pierre... Puis, réveillé ici, sur l'eau avec les Saints et les...." Bon sang.... je m'arrêtais. Mon corps se tourna sur lui même pour revoir les restes de poisson. J'avais dévoré un Marina et Poséidon était venu. La toile se brisa par endroits. Une peur panique s'emparait de moi, une profonde tristesse s'échappait faiblement de mon cosmos. J'avais mangé un Marina et il le savait maintenant... Je ne savais plus quoi dire. Intérieurement, je grognais, pourquoi les Marinas étaient aussi faibles aussi ? Je voulais le dire mais, si j'avais appris une chose en rencontrant les deux fous, c'était qu'il valait mieux se taire que de dire sa façon de penser. Encore plus devant un Dieu.

Plus aucun son ne sortait... j'en étais bien incapable, effrayé brutalement par ma situation.

 

Un léger rire traverse les lèvres du Voyageur alors que les friandises quittent avec une certaine violence la gueule de la créature. Difficile de savoir s'il apprécie ou non ceci, mais qu'importe. Il écoute, la suite. Les mots. Ces paroles d'enfant, au rythme assez intense. Les informations ? Il les entend. Toutes. Pour mieux les garder à l'esprit. Chaque détail est essentiel, même le plus ridicule. Le comportement des Spectres, par exemple … Un comportement particulier. Ceux des ennemis des vivants, pour beaucoup. Son Oncle fait ses propres choix. Et s'il souhaite que son armée soit considérée comme la plus terrifiante, c'est un droit qu'il respecte ; Qu'il ne jugera pas.

Impossible. Il ne peut pas. Car, par quelques logiques divines difficiles à expliquer, il est un passeur d'âme. Un psychopompe. Et s'il y a bien une chose qu'il refuse de faire, c'est d'être en conflit avec l'un de ses principaux clients. Un contrat est un contrat …

Mais il est surpris, oui. Surpris de voir que la jeune créature lui donne un titre. Celui de Seigneur des Mers. Il est surpris. Amusé, aussi. Amusé par cette réflexion. L'Empereur des Sept Mers ne serait sûrement guère heureux d'apprendre que le plus jeune de ses neveux a pris, dans l'esprit d'un Spectre, sa place. Mais que peuvent-ils y faire ? Là est le défaut du Psychopompe. Celui d'être parfois trop lent, trop théâtral, dans ses discussions. De ne pas aller directement à l'essentiel.
Mais alors qu'il s'apprête à répondre à Sylphe, celui-ci semble réagir … directement. En se retournant. Vers quelque chose. Intrigué, curieux – telle est sa nature, après tout –, le divin se penche en arrière, pour voir. La carcasse du poisson. Pourquoi cela a-t-il une importance … ? Pourquoi … ?

La question résonne seulement quelques secondes dans son esprit. Car bien vite, les phénomènes semblent dessiner une certaine réponse. Les fissures s'étendent, pour briquer cette cosse de soie, au rythme d'un cosmos mélancolique. Une énergie triste qui danse, entraînée par un sentiment de panique. Le Voyageur le regarde. Il regarde Sylphe, le Spectre. L'Enfant. Avant de doucement poser sa main contre son exosquelette. « Sylphe … Regarde moi. » Il attend. Le mouvement. Il secoue ensuite, doucement, la tête. « Tu n'as commis aucun crime. Ce que tu as dévoré … » La chose s'élève, pour se poser dans la main du divin. « C'est un poisson, simplement. Un animal qui habite dans les eaux. Tu n'as … rien dévoré de prohibé … » Les mouettes sont des Saints. Les poissons … des Marinas ?

« Je ne suis pas Poséidon. Tout comme cette chose n'est pas un de ses soldats … Un Marina … Voilà à quoi cela ressemble. » La carcasse se brise. Pour laisser place à une lumière aux nuances claires. Lentement, une forme se dessine. Humaine. En armure. Bien que le nom exact soit une écaille. Une écaille ailée et féminine, autant que l'est la personne qui la domine. Une femme, aux cheveux flamboyants. À la peau claire. « Bien entendu, ils sont normalement plus grand. Aussi grands que les Spectres que tu connais. Aussi grand que je le suis. Mais voilà … elle, par exemple … est une Marina. Une amie. » Il laisse l'image cosmique voler légèrement, autour d'eux.

Il hésite, un instant. Non. Lui montrer directement un Saint ne serait pas une bonne idée. Mais sa voix résonne à nouveau, légèrement. « Les humains et les dieux me connaissent en tant qu'Hermès. Alors ne panique pas, Sylphe. Car tu n'as rien fait de mal. »

Lentement, une vérité éclatait devant moi. Avec un certain soulagement, je m'estimais heureux de ne pas être responsable d'un crime devant Poséidon en personne. Mais... Une question étreignit mes pensées, c'était qui Hermès ? Je connaissais Hadès, Poséidon et la méchante Athéna. Ce nom était pourtant là, quelque part dans mes pensées les plus profondes, il m'était impossible de mettre les choses en musique. Sensiblement, je levais la tête en regardant celui qui se faisait appelé Hermès.

" Si les Dieux comme les Hommes te connaissent, ca veut dire que tu es pas un d'entre eux, tu es qui alors ? "

Jamais entendu parler d'un Hermès qui marchait sur l'eau... Minute Papillon ! Y'avait quelque chose dans ma mémoire qui semblait se rapprocher. Ma "mère", au moment de ma triste naissance, avait cité un nom comme ça. Je pensais que c'était un Dieu aussi mais le connaissais pas. Toutefois, il marchait sur l'eau non ? Ca, je m'en souvenais. Alors, il était certainement de la famille de l'autre là, celui que ma mère appelait Jésus.

" Tu es le frère de Jésus ? "

En tout cas, qu'importe sa famille, il m'avait appris ce qu'était un poisson. J'en avais entendu parler mais jamais vu, ca ressemblait donc à ca. A regarder la petite création d'Hermès, je trouvais que les poissons étaient plus jolis que les Marinas, ils avaient l'air de trop ressembler à des hommes... Quand la petite illusion se fâna, je me tournais vers le Dieu afin d'avoir peut-être des informations complémentaires. Je me posais une question, oui, encore une...

" Mais.... si les Marinas sont des  hommes et que les poissons sont des poissons, comment les Marinas survivent sous l'eau ? "

Car oui, une chose dont j'étais sûr, c'était que les hommes vivaient pas sous l'eau. Donc... Des maux de tête commençaient à se répandre dans mon esprit, je ne comprenais pas toute cette logique étrange.

Il le regarde. Ce personnage qui ne connaît pas son nom. Qui ne sait pas reconnaître les visages humains et les visages du monde animal. Qui se perd, un peu. Et lui, Hermès, aime cela. Alors, simplement, il secoue doucement la tête. « Je ne suis pas son frère et, si, je suis bien une divinité. » Au grand dam des autres, lui-même le pense. Mais ce n'est guère de la vantardise que de dire qu'il est particulier. Un tourment, capable de toucher autant les âmes mortelles que les dieux immortels.

Une brise glisse à travers certaines fissures du cocon. Une brise maritime, plus forte que les précédentes. Qui viennent arracher certains débris. Qu'il attrape, d'un réflexe naturel. Il observe, ces fils tressés, serrés, les uns contre les autres. « Il est par contre important que tu saches au moins les noms de certaines têtes, importantes … Car je t'assure que certains peuvent très mal prendre une quelconque erreur. » Surtout un. Oui.
Ses doigts se ferment sur les fils tissés, consolidés. Une légère manifestation cosmique vient travaillée la matière. Lui retirer sa solidité. Lui rendre sa flexibilité. Et danser. Avec autre chose. Liquide. Métallique. Malléable. Toxique, pour le corps des mortels.

Comme lui, finalement.

Il souffle. Sur sa main. Avant d'ouvrir lentement ses doigts. Figé en position fœtale, un mannequin semble se réveiller. S'étirer. Compter ses jambes. Ses bras. Puis regarder Hermès. Puis regarder Sylphe, et lui faire un coucou. « Les dieux font partie de ce monde. Ils sont une partie de son Histoire. Certains d'entre eux aiment d'ailleurs croire qu'ils en sont les uniques décisionnaires. Mais, surtout ... les dieux ont leurs propres histoires. » Un petit clin d’œil. Le petit être saute, pour arriver devant la chenille. Pour s'incliner.

Le mannequin ouvre légèrement les bras, dans une attitude royale. Divine. Entouré par des silhouettes d'or, de lumières. Des silhouettes cosmiques, féminines, masculines. « Cronos. Le Roi des titans, les anciens Seigneur de ce monde. Il est dit que l'époque de leur règne était appelé l'Âge d'Or. Ils sont les pères et mères des Dieux Olympiens. Et de Cronos est né plusieurs d'entre eux. Dont trois … » Il se divise. Le mannequin se divise. Trois autres mannequins naissent de lui. Le premier, équipé d'une lance à deux pointes. Le deuxième, équipé d'un trident. Et enfin le dernier, tenant dans ses mains des traits prenant la forme d'éclair. « Hadès, le dieu des Morts, Monarque des Enfers et des Spectres. Poséidon, qui règne sur les Mers et qui dirige les Marinas. Puis, lui. Zeus. Le Roi des Dieux. » Des chaînes apparaissent brutalement contre le corps de Cronos – de son interprétation, du moins. « Lors d'une guerre terrible, ils ont vaincu les Titans. Prenant le pouvoir. Plusieurs siècles, millénaires, plus tard, les Titans sont maintenant libres … » Les chaînes se brisent. Le Titan pose un genou au sol. Devant son fils. Le plus jeune. « Mais il doit suivre les règles imposées par le Roi. »

Il bouge sa main. Le mannequin représentant Zeus reculant, pour aller se mettre dans un coin. Pour s'allonger. « Mais le Dieu de la Foudre, Zeus, est maintenant endormi. Garde-t-il un œil sur le monde ? Bien entendu. Après tout, il le dirige. Car il se l'est partagé, avec ses frères. Tandis que son héritière directe venait prendre sa part, le don fait par son père : le monde mortel. » Un nouveau mannequin s'extirpe lentement de celui formant Zeus. Pour avancer près des autres. Près du Cronos affaibli. Près de Hadès et Poséidon. « La Déesse de la Sagesse et de la Guerre. Qui règne sur les Saints. Et qui s'est fait de nombreux ennemis, par le passé. »

Hadès l'attaque. Elle part avec son bouclier.
Poséidon fait de même, elle le repousse de sa propre lance.
Et une ombre arrive violemment vers le mannequin. Une nouvelle silhouette artificielle.

Armée d'une épée. Qui attaque brutalement Athéna. « Arès, le dieu de la Guerre et du Carnage. Le frère d'Athéna. Un autre enfant de Zeus. Il règne quant à lui sur les Berserkers. Et son nom, tu ne dois jamais l'oublier. Car il est fier. Fier de ce qu'il est, un dieu. » Le mannequin Arès provoque le mannequin Athéna. Il fait tourner son épée au-dessus de lui. Il semble hurler. Mais pas de bruit. Après tout, ils ne sont guère bruyants. « Puis, il y a lui. Qu'on entend arriver. » Des galops. Rapides. Impérieux. Un nouveau mannequin, montant une silhouette cosmique. Un cheval, semble-t-il. Armé d'une lance, lui aussi. Équipé d'un cache-œil. Un nouveau protagoniste, à la barbe de givre. Qui vient repousser l'un des coups portés par Arès.

Qui d'une œillade invisible, observe Athéna.

« Odin. Qui dirige les Guerriers d'Asgard. Qui règne sur les Dieux du Grand Nord. Un dieu appartenant à un autre peuple. Un autre panthéon … Un allié d'Athéna, pour beaucoup. Mais … » Le cheval cosmique se cabre. Avant de s'effacer. Pour laisser place seulement au mannequin ancien. Toujours armé de sa lance. Qui garde ses distances d'Athéna. « Odin est un dieu sombre. Un dieu de la Guerre, comme Arès et Athéna. Un dieu de la Mort. Un manipulateur né. Un créateur. Et détenteur d'une Sagesse infinie. Il est, pour les Asgardiens, l'équivalent de Zeus. Peut-être même est-il supérieur. Alors, peut-être qu'il devrait se positionner autrement. Par rapport à Athéna. » Peut-être, oui.

Les mannequins se redressent. Le Zeus endormi se lève. Approchant des autres. Pour s'incliner, avec eux, devant Sylphe. « Tu connais ainsi les plus grands acteurs des conflits actuels. Mais ils ne sont pas seuls, bien entendu. » Les silhouettes cosmiques marchent, tournent autour d'eux. « Nous sommes de nombreux dieux. À observer ce qui se passe. À s'occuper de nos propres affaires. » Et les silhouettes finissent par s'effacer. Les mannequins finissent par disparaître. Sauf un. Nouveau. Qui, comme par magie, est apparu sur l'extrémité d'une mandibule. Debout. Regardant le jeune Sylphe. Son âme.

« Hermès est mon nom. Je règne sur les marchands. Les voleurs. L'Alchimie. L'Éloquence. Et les Voyages. Entre autres choses. » Et le mannequin s'incline, doucement. Avant de rejoindre l'épaule de celui qu'il interprète. L'ami des Hommes, aime-t-on dire. Un Conteur, en ce moment.

« AH ! Je parle, je parle, mais je vois que j'utilise des mots un peu particuliers. Un panthéon, je ne sais pas si tu sais, alors expliquons simplement. Un panthéon est l'ensemble des dieux qui apparaissent dans la culture d'un peuple. Par exemple … » Le pantin regarde alors le visage du Dieu. Avant d'attendre, tranquillement. « Je fais partie du Panthéon de la civilisation grecque. » Enfin, les choses ne sont pas aussi simples.

S'il commence à parler de son ami Thot, la question se pose de sa magnifique capacité à s'introduire dans les panthéons des uns et des autres. Et il ne voudrait pas perdre la créature féerique.

Puis, une idée lui vint. Pourquoi pas, après tout ? Regardant le mannequin. « Tu penses que c'est une bonne idée ? » La petite créature penche la tête sur le côté, réfléchissant un peu. Avant de lever un index et de hocher la tête. Positif à cette idée. « Bien ! Sylphe. Veux-tu voyager un peu avec moi ? Je dois rejoindre les terres d'Atlantis, le royaume de Poséidon, pour quelques affaires. Cela te permettra de rencontrer, peut-être, des Marinas. »

Hermès ouvre alors une main. La gauche. Qu'il tend légèrement vers lui, paume vers le ciel. Le pantin se redresse, pour avancer sur le bras. Pour se transformer, peu à peu, en papillon. Pour voler, quelques instants. Et se poser sur le bout des doigts. Et le regarder, Sylphe.

« Déployons-nous nos ailes ? »

Arghhh... Tellement d'informations... La petite chenille en perdit le fil rapidement. Qui ? Quoi ? Comment ? Il savait plus. Le spectacle était joli en tout cas, il appréciait mais avait du mal à tout retenir, il espérait oublier dans le futur et rien confondre. Comment un vent passant dans les nuages, Sylphe ne disait mot devant tout cela. Ca devait être très dur d'être Dieu, pour retenir autant de choses. Une pensée lointaine émergeait dans les profondeurs de son être. Il avait le sentiment que cela lui disait quelque chose mais c'était dur de dire pourquoi. Il savait que c'était important et il comptait faire au mieux. Hermès ? Il était un Dieu lui aussi. Il comprenait alors toutes les choses magnifiques qu'il pouvait faire, il était en plus de la famille de son noble Souverain.

" Euh... oui..."

Déployé ses ailes.. Ah ça il savait faire. Voulant faire de même, il s'apprêtait à voler mais... Non. Il retomba sur un bout se sa fragile esquif qui terminait de mourir lentement. Voyager. Découvrir le monde. L'ange qui était face à lui n'était pas de ces comédies vulgaires, il était léger et cela convenait à la petite créature. Il se laissait donc porter d'un simple signe mandibulaire. Les mannequins étaient sympathiques, il espérait faire un jour pareil avec ses fils. Il n'était pas un Dieu mais... il était qui en fait ? La douleur fut comme un choc...

Comme une musique qui se brisait avec un ressac, des souvenirs parsemaient son esprit. Ce papillon. Il était comme le ciel qui lui parlait, comme un déchirement dans l'obscurité. La fantaisie était rythmée, douce comme les flûtes enchantées que l'on contait dans les méandres de l'Humanité. Un soupir. La créature acceptait de voyager, sentant que ses souvenirs prendrait peu à peu du poids. Il devait par contre se nourrir, oui, manger.

" Besoin de manger, on pourra manger en chemin ? "

La naïveté suivait souvent la monstruosité, quand on ne connaissait pas le mal, comment identifier de ce qui était acceptable ou non ? Il voulait des nouveautés comme le Poisson, découvrir de nouvelles choses et espérait que Hermès pourrait l'aider dans cette douce affaire.

Citation :

Mon personnage suivra Hermès