La dernière complainte de Benetnash. [FB Séléné/Adiël]

Plus de trois années s’étaient écoulées depuis cette rencontre, tout sauf fortuite, avec Svafa. En suivant ses conseils, j’étais parvenu à me faire accepter dans une maison retirée dans les hauts plateaux d’Asgard, à mi-chemin entre l’entrée de notre Royaume et le somptueux palais du Seigneur Odin. A vrai dire, je ne pensais pas rencontrer de civil par ici, quoi que, les conditions météorologiques n’étaient pas plus rudes qu’en Norvège mais au vu de la maigre description des lieux que l’on m’avait fournie, je m’attendais plus à voir des soldats accompagnés de leur famille dans ses rares résidences. Cette situation ne me dérangeait en aucune façon, si ce n’était le fait qu’à Asgard ou ailleurs, les problèmes restaient les mêmes, une pénurie alimentaire accentuée une fois passé le solstice d’hiver et des travaux quotidiens pénibles mais indispensables à la survie du foyer.

Dans un échange de bons procédés, il était de ma responsabilité de prendre la place du patriarche vieillissant dans l’exécution de ces taches. Cela me permettait par ailleurs de compléter mon entrainement avec une partie plus physique que le reste. En dehors de ces moments, certes impérieux mais qui venaient surtout interrompre mon développement artistique, je passais mon temps à développer ma maitrise de mon cosmos, en particulier à chercher à comprendre comment utiliser la lumière à son plein potentiel lors d’une confrontation. A mon plus regret, il m’était difficile de perfectionner mes techniques sonores en absence d’un quelconque … cobaye afin de voir les effets véritables qu’elles pouvaient produire.

A présent, et même après tout ce temps passé ici, une question demeurait, encore et toujours … Jusqu’où ce développement personnel allait me porter ? Svafa ne m’avait apporté aucun indice à ce sujet en se contentant de me dire que les Nornes allaient se montrer … surprenantes à mon égard. Ma foi, je respectais cette idée de destin déjà tracé mais ce n’était pas une raison pour rester dans l’ignorance pendant de longues années. Et puis au fond de moi … je me sentais prêt ! Prêt à quoi ? Si je le savais, je ne serai pas encore là, planté devant la porte d’entrée à observer le ciel faiblement étoilé. Et pourtant, peu importe le temps … peu importe le moment, sa lueur parvenait toujours à moi !

-Et toi alors, qu’en penses-tu ma douce Eta ? Me trouves-tu apte à avancer ?

Avancer ? Mais avancer où ? Certes le palais du Père de Tout surplombait tout le Royaume mais ce n’était pas une raison pour toquer à la porte en demandant ‘’Bonjour, puis-je vous être utile d’une quelconque manière que ce soit ?’’. Mon regard toujours fixé sur ma future étoile protectrice, je me perdis dans sa pureté pendant d’intenses secondes. Quelle charmeuse es-tu, douce danseuse de la nuit. Je suivrai ton ballet nocturne jusqu’aux confins de l’infini. Alors que je m’apprêtai à rentrer dans une nouvelle frénésie lyrique, je vis une faible lumière descendre rapidement de l’astre étincelant. Elle semblait se poser non loin de ma position initiale, à une dizaine de kilomètres tout au plus, dans une zone légèrement surélevée ou je n’avais encore jamais mis les pieds.

-Est-ce ta façon de me répondre ? Lui demandai-je d’un ton jovial, au moins, tu joues moins les mystérieuses que d’autres personnes que j’ai pu rencontrer.

Mon pas était sur et décidé, comme si cet appel résonnait à l’intérieur de mon âme et me donnait la conviction que je devais saisir cette opportunité. La source lumineuse disparut promptement mais ce ne fut pas un problème, mon chemin était clair et ma destination déjà en vue. Sans même m’en rendre compte, je pénétrai à l’intérieur de ce qui bientôt allait être mon nouveau chez-moi … Sous la bénédiction sincère et réconfortante de Benetnash.

*Cet endroit …*

Quelle reposante atmosphère, est-ce vraiment en ce lieu que tu as voulu m’amener ? Eh bien, tu as vraiment bon goût ma chère, ou du moins un goût que nous partageons. Je scrutais les environs tout en remarquant que la neige était plus compacte que dans les plaines situées en aval et d’une limpidité telle que mon reflet semblait venir d’une étendue d’eau douce. La lumière glacée de l’astre solaire se diffuser dans tout le domaine, non seulement grâce au sol opalin mais également avec le soutien de toutes ces structures, héritage d’un temps révolu. En fermant les yeux, je laissais le souffle de Borée parcourir ces ruines … quelle quiétude et quel lieu emplit d’inspiration. A quoi pouvait-il bien servir ? Elia interrompit ma réflexion d'un hululement plus mélancolique qu'à l'accoutumé, avant de finalement venir se poser sur un des piliers les plus hauts du domaine.

-Ne me dis pas que tu es jalouse de mon étoile, ma tendre, ce n'est pas ma faute si ses signes sont plus expressifs que les tiens. Cet endroit est magnifique, tu ne trouves pas ? imagine le passé que ce lieu a connu, lui dis-je en posant ma main sur un des piliers brisés, et l’histoire qu’il peut nous raconter. Je me demande quel genre de bâtisse régnait sur ce domaine.

Un village entier se trouvant sous la protection directe du Père de Tout? Un lieu de prière et de culte à l'orée de la forêt d'améthyste? Ou juste une place de rassemblement et de convivialité des rares personnes qui vivent en ces terres? Heureusement que rien ne pouvait apporter une réponse à ces questions, cela permettait à n'importe quel artiste d'être encore plus excité pour imaginer tout ce que lieu dissimulait. D'ailleurs, ce domaine s'étendait bien plus que ce que je ne l'avais imaginé, peut être pourrai-je trouver des restes d'une population aujourd'hui éteinte dans ces ruines ... Mais il s'agissait là d'une mission pour un jour prochain.

Étrangement, je me sentais comme chez moi alors que j'ignorais si quelqu'un vivait dans les environs ou pas. Dans tout les cas, aucun bruit ne parvenait à moi si ce n'est le murmure des vents du Nord... Non pas que cette situation m'était désagréable mais il était de mon devoir de proposer une nouvelle harmonie à ce lieu qui le méritait pleinement.

A moitié allongé sur une des structures horizontales, et adossé à un des piliers, je fis signe à ma chouette de venir se poser à mes côtés. Elle descendit alors rapidement en s'arrêtant juste sur la colonne située derrière moi. Il y'a pas à dire ... à chaque fois que je la voyais, je repensais à cette tragédie et à mon jeune frère ... Je ne pleurais plus, je n'étais plus triste mais cette scène dramatique se trouvait toujours au cœur d'un grand nombre de mes compositions...

Les yeux fermés, je fis apparaître ma cithare et la plaça le long de mon torse avant d'entamer une mélodie en l'honneur à la fois de mon guide stellaire mais également de la seule personne encore présente dans mon cœur.

Thème musical:

Chère étoile glacée, je t’en prie, arrête de pleurer.
Te sens tu isolée, perdue au milieu de la voie lactée ?
Regarde autour de toi, tu n’es pas seule, Eta !
Les sages par leur cantique, guident ta course cosmique.
Ils reflètent ta beauté et magnifient ton teint satiné.

Quant à moi, que me reste-t-il ?
Qui ais-je à mes côtés ?
Je me suis débarrassé des plus vils,
Et mon frère s’en est allé.

Est-ce toi sur cette étoile,
Qui guide mon avancée ?
Même au travers de son voile,
La nuit ne peut nous séparer.

Mon frère bien aimé…

Ce lien qui nous unit,
D’autant plus aujourd’hui.
Résonne jusqu’ici,
Et créé cette euphonie.

Me vois-tu de là-haut ?
Entends-tu mon écho ?
C’est inutile d’être triste,
Tant que nos âmes coexistent.

Mon frère bien aimé…

Ce lien qui nous unit,
Au-delà de la vie.
Résonne jusqu’ici,
Et créé cette euphonie.

Je suivrai ton éclat,
Même jusqu’au Walhalla,
Alors nous nous retrouverons,
Mais dans la mort, à quoi bon …

Mon frère bien aimé…

Ce lien qui nous unit,
Encore au Paradis.
Résonne jusqu’ici,
Et créé cette euphonie.

Ce lien qui nous unit …
Nos cœurs en harmonie …
Résonnent jusqu’ici…
Et créés cette euphonie …

Aujourd'hui encore, la prêtresse d'Asgard observe le ciel, avant que le jour ne se lève, tant que les étoiles sont encore facilement discernables. L'observation des astres du Nord, une tâche simple et qui lui procure une certaine sérénité. Mais si elle le fait, ce n'est pas simplement pour apaiser son esprit ou pour trouver la paix en son cœur. De nombreux secrets se sont révélés à elle, lorsqu'elle à été choisie pour devenir prêtresse. La lecture des astres peut prévenir des catastrophes. Mais aussi, pour certaines, l'éveil de nouveaux élus, et de nouvelles forces. Celles sur le point d'accorder leur protection à un nouvel élu peuvent être un peu plus brillantes qu'à l'accoutumée. Et alors que nous sommes dans une période où de nombreux élus font leur apparitions un peu partout, aujourd'hui, celle qui attire le regard de la prêtresse n'est autre que Alkaid, l'étoile de Eta. Celle qui se trouve au bout de la queue de la Grande Ourse. Cette même étoile qui avait accordée sa protection à la prêtresse des années plus tôt. Plusieurs personnes avaient été choisies pour lui succéder après cela. Mais aucune n'est restée longtemps à cette tâche. Et depuis le dernier porteur, il y a plus d'un an maintenant, Eta était restée discrète…

"Aurais-tu trouvé une nouvelle personne digne de toi, mon amie ?" dit-elle, avec un sourire, observant l'astre. Cela serait bien sûr une bonne nouvelle pour le Royaume d'Asgard, mais la prêtresse restait inquiète.

Après son observation des astres, qu'elle a prit l'habitude de faire dans la grande cour du palais, là où se trouve la grande statue du Père de Tout, la prêtresse retourne à l'intérieur afin de participer aux tâches matinales du palais, avant que le jour ne se lève et que les domestiques l'oblige à observer la "dignité de son rang". Elle soupire. Il est vrai que depuis qu'elle est prêtresse, sa vie est devenue bien différente. Tout le monde la traite comme si elle était de noble lignée, alors qu'elle est aussi issue du peuple. Elle a simplement eue la chance de naître sous une bonne étoile…

Le jour s'est levée, la prêtresse retourne à la cour du palais pour les prières matinales et apporter la bénédiction du Père de Tout au peuple pour cette nouvelle journée, sans distinction de classe sociale. Même si, pour certains, cette journée sera plus éprouvante que pour d'autres. Endurer le climat du pays est la même épreuve pour tous. Et si l'on peut trouver cela "dur" de la part des dieux, il existe bien pire. Au moins, ici, le pays est dirigé avec bienveillance et les dieux répondent encore aux prières.

La matinée est à présent bien entamée, quand la prêtresse termine son office. Les personnes venues y assister se dispersent et retournent à leurs obligations, tandis que Séléné reste encore un peu sur place. Levant à nouveau son regard vers le ciel, elle est alors témoin de la manifestation de Eta. Un rai de lumière traversant le ciel, comme un guide à suivre pour trouver le domaine sous la protection de cette étoile. Le nouvel élu serait donc déjà là ? A Asgard ? Nul doute que seuls ceux qui sont sensibles au Cosmos ont pu sentir et observer cela, aussi brève fut la manifestation, la prêtresse sait qu'elle doit se rendre sur place.

D'ailleurs, le déplacement ne lui prend guère de temps. Elle a eue bien assez de temps pour connaître chaque domaine, et savoir comment les parcourir rapidement. Lorsqu'elle arrive aux abords du domaine, elle y sent distinctement la présence de quelqu'un, qui lui est encore inconnu pour l'instant. Se pourrait-il que cet élu ne soit pas originaire d'Asgard ? Ce ne serait pas une première, mais cela expliquerait pourquoi elle ne le connait pas. Des notes s'élèvent dans l'air. La prêtresse reconnait sans mal le son d'une cythare. Elle écoute avec attention. Cela sonne comme un air mélancolique. Puis un chant s'élève, accompagnant les notes jouées. Il s'adresse à l'étoile qui l'a guidé jusque là, et à un frère disparu dont le souvenir reste bien vivant. Ce n'est que lorsque le chant est arrivé à terme, que lorsque la dernière note est jouée, que Séléné s'avance sur le domaine, sans se cacher. Sa chevelure rougeoyante danse dans le vent froid d'Asgard, tandis que ses habits, une chaude robe elle-même couverte d'une grande cape sont colorés de blanc et de bleu. Sur la cape, plusieurs fils d'or et d'argent sont assemblés pour représente Yggdrasil, l'arbre-monde. Des broches tortues dorées permettent à la cape de tenir sur ses épaules sans s'envoler. Une ceinture de cuir brune orne sa taille. A cette dernière sont suspendus une escarcelle et, beaucoup moins discrète, une lyre dont la teinte argentée scintille avec la lumière du jour. L'instrument est sans l'ombre d'un doute de facture scandinave. En parfait état, il dégage pourtant quelque chose d'ancien.

"C'était une très belle mélodie… Qui êtes-vous, vous qui avez été guidé ici par la lumière de Eta ?"

Mes derniers mots furent marqués par une profonde mélancolie, à un point tel qu’une larme s’échappa sans que je le désire. Finalement … contrairement à ce que je croyais, mon deuil n’était pas totalement passé. Quelle faiblesse d’esprit ! Même avoir passé tant d’années seul, mon cœur souffrait toujours de ce manque d’affection. Si il était toujours à mes côtés, il y’a de forte chance qu’il serait en train de me réprimander pour me faire comprendre que les attaches sentimentales se trouvent partout, il suffit juste de les accepter, davantage que de les trouver. Quand j’y pense, mon frérot était bien plus mature que moi à ce niveau-là alors que sa souffrance n’était en aucune façon inférieure à la mienne …

Alors que les murmures boréaux reprirent leurs souverainetés dans les ruines, je la vis s’avancer ! Toujours allongé sur une des nombreuses structures du domaine, j’entrouvris un œil pour observer discrètement qui était ce second protagoniste qui venait de traverser le rideau cristallin pour parvenir jusqu’ici. Comme je le pensais, cette grâce, cette prestance, cette allure distinguée, m’étaient complétement inconnu. Il faut dire qu’en trois années, je n’avais pas croisé beaucoup de monde à Asgard.

*Est-ce la protectrice de ce domaine ?* Pensai-je en posant mon regard sur cette lyre argentée, suspendue à sa ceinture.

Etrangement, la présence de cette jeune femme ne vint pas rompre la quiétude du domaine, bien au contraire … Elle ne faisait que l’accentuer et magnifier cet instant d’apaisement. Je me sentais si léger et à vrai dire, je n’avais qu’une envie, celle de reprendre ma mélodie et de la faire résonner dans tout le Royaume ! Mais pour l’heure, la moindre des politesses était de me présenter à elle et également de m’excuser pour avoir mis le pied sur un lieu que je n’aurais peut-être pas dû profaner de la sorte. Je me levai alors et m’approchai en prenant soin de laisser une certaine distance entre nous pour ne pas que mon comportement puisse être mal interprété.

-Je vous remercie pour cet éloge, cela fait bien longtemps que je n’ai plus eu l’honneur d’en recevoir. Lui indiquai-je en repensant au temps où je prenais encore plaisir à visiter les villages norvégiens, accompagné de mon instrument. Vous voulez savoir qui je suis ? Juste vous dire mon prénom ne vous apporterait pas grand-chose. Disons que je suis un simple mélomane qui avance sur le fil tendu par les trois Nornes.

Urd, Skuld, Verdandi … Ces trois femmes qui trouvèrent refuge au pied de l’Arbre-Monde et que l’on connaissait désormais sous le nom de ‘’Tisseuses du destin’’. Leur histoire m’avait toujours intriguée, parfois considérées comme des Valkyries au service du All Father, parfois comme des Jötunns régnant incontestablement sur la vie des mortels et des dieux … Qu’attendaient-elles vraiment de moi en me faisant rencontrer cette personne ? Rares sont ceux qui désormais, sont conscient que toutes leurs actions se retrouvent décrites dans les astres et qu’il convient mieux de l’accepter plutôt que de chercher à l’affronter… le destin ! Note à moi-même, mon prochain poème devra porter sur ce thème.
Enfin, il serait bien malvenu de ma part que de ne pas répondre avec plus de précision aux interrogations de mon interlocutrice.

-Mes chers géniteurs, qu’ils reposent en paix, m’ont donné le nom d’Adiël. Je n’ai jamais cherché à comprendre d’où leur était venu cette idée… peut être pensaient-il au prénom d’un quelconque ange lors de ma naissance. Ils ont du bien être déçus lorsqu’ils se sont rendu compte de mon inutilité. Afin, je vous prie de m’excuser, vous n’êtes pas là pour entendre un récapitulatif oiseux de mon enfance. Comme vous l’avez dit, je suis arrivé ici en suivant l’appel éclairé d’Alkaïd, et quand je dis ici je ne parle pas que de ses ruines mais également du Royaume d’Asgard.

Je repris mon inspiration … avant de prendre mon explication… Mais avant tout, je posai un genou à terre et plaçai ma main droite sur ce tapis gelé qui marquait certes les difficultés climatiques de notre Royaume mais également toute sa majesté !

-Je suis arrivé sur ces Terres cela va faire plus de trois ans maintenant. Au départ, j’ignorais les raisons de ma venue ici, ce qui fait que Svafa m’a même interdit de pénétrer à l’intérieur d’Asgard. Finalement, après quelques rebondissements dignes des plus belles tragédies grecques, je suis parvenu à revenir à la frontière du Royaume en suivant l’éclat de Benetnash. Ma belle étoile … Dis-je en plongeant mon regard dans l’infinité cosmique. Et aujourd’hui, ce fût la même chose, alors que je me demandais si ces années d’entrainement passées allaient porter leur fruit, elle m’a répondu, à sa manière.

Je pris une autre pause et en profitai pour me diriger vers l’une des plus hautes colonnes aux alentours.

-Et voilà où je me suis retrouvé, dans un endroit magnifique qui inspirerait même le plus incompétent des artistes ! Et en dehors du caractère purement exaltant de ce lieu, je m’y sens véritablement comme chez moi. Cela peut vous paraître ridicule dis comme ça mais … j’ai la sensation d’entendre mon cœur battre dans ces ruines.

La main posée sur un des piliers brisé, j’insufflai une partie de mon cosmos en son sein. Celui-ci se mit alors à briller avec quasiment la même intensité que le rayon lumineux généreux par Alkaïd. Cette intensité flamboyante se refléta alors dans les structures alentours ce qui donna l’illusion qu’aussi bien moi que ce pilier étions présents à plusieurs endroits à la fois.

-Et puis je trouve qu’il convient bien à mes capacités ! Terminai-je en interrompant mon illusion. Ou sont mes bonnes manières ! Je parle, je parle mais je ne sais toujours pas qui vous êtes, mademoiselle. J’ose espérer que ma présence en ce lieu n’est guère inopportune !

Lui demandai-j indirectement en me replaçant devant elle, toujours en gardant une certaine distance afin de ne pas envahir son espace.

La prêtresse écouta avec un sourire amusé, combien même le musicien parlait de son passé marqué, ou de sa piètre condition. Elle attendit calmement qu'il eu terminé. Et le moins qu'elle pouvait dire, c'est que Alkaïd avait choisie une personne fort bavarde. Ce qui l'amusa d'autant plus. Au moins avait-il eu la politesse de se lever, de se présenter, et même de mettre un genou à terre. L'avait-il fait de manière instinctive ? Ou n'était-ce là qu'une simple coïncidence ?

"Et bien, Adiël, je dois dire que vous êtes plutôt bavard. Mais ce serait un comble, pour un musicien, d'être avare en paroles, je suppose."commenta t-elle, avec un petit rire, doux et agréable, reflétant parfaitement l'amusement sans malices qu'elle ressentait à ce moment là.

Le jeune homme avait d'ailleurs fait montre de sa maîtrise du cosmos, insufflant son énergie dans une partie des ruines, créant, l'espace d'un instant, une illusion.

"Vous êtes une personne chanceuse, Adiël. Alkaïd est un astre généreux qui guide ceux qui se sentent égarés. Votre maîtrise du cosmos, et plus précisément de la lumière est incontestable. A ceci prêt que votre pouvoir est amené à devenir plus grand encore à mesure que vous affinerez vos dons… C'est une certitude."

Et, comme pour appuyer son propos, la prêtresse imita l'illusion de son interlocuteur. Mais celle-ci se répandit plus loin dans les ruines, dévoilant pendant quelques instants un magnifique et gigantesque temple. Probablement ce que ces ruines devaient être dans un temps bien plus ancien. Lorsque la prêtresse mit fin à cette petite démonstration, elle adressa un sourire au jeune homme.

"Cela dit, je ne suis pas la protectrice de ce domaine. Tout du moins, je ne le suis plus. Mais j'en oublie moi aussi les politesses, veuillez m'excusez." Elle fait une courte révérence pour saluer poliment, avant de reprendre."Je suis Séléné, grande prêtresse d'Asgard."La femme patienta quelques instants, observant le musicien, lui laissant le temps d'assimiler cette information, avant de reprendre.

"Je vous rassure, votre présence en ces lieux n'est pas importune. Vous avez été guidé ici. Et si une Valkyrie s'est permise de vous refuser l'entrée du Royaume en jugeant que vous n'étiez pas prêt, vous l'êtes, semble t-il, à présent. Alkaïd vous a guidé ici. Vous avez été choisi. Il n'est pas donné à tout le monde de trouver des lieux aussi anciens et sacrés que ceux-ci…"Elle marque une courte pause, et reprend."Dites-moi, Adiël, que savez-vous du Royaume d'Asgard ? Vous avez dû en apprendre suffisamment, en vous mêlant à la population…"

L'attention de la prêtresse est entièrement portée sur le musicien, elle patiente, un air doux sur le visage, que celui-ci réagisse et répondent à ses propos. Ensuite… Oui, ensuite… Elle lui montrera ce pourquoi l'étoile l'a guidé ici…

Ainsi, elle me trouvait plutôt bavard ? C’est bien la première fois qu’on m’affublait d’un tel défaut, quoi que en était-ce vraiment un ? Pas pour moi, mais chez les autres certainement oui ! Surtout que je ne supportais pas les personnes parlant pour ne rien dire. Par Odin ! Etais-je en train de le devenir ? Un nuisible de la société … Bon n’exagérons rien, c’est surtout que je n’avais pas l’habitude d’avoir une pareille compagnie alors peut être que je me suis légèrement emporté sur mes propos. Et puis, le rire si doux et avenant de la jeune femme eut raison de mes craintes, il ne s’agissait pas là d’un reproche mais juste d’un constat, un comble pour un musicien il était vrai mais à ce sujet, ma voix n’est qu’un artifice. Le véritable support de mon art est et restera mon instrument, peu important la forme qu’il prend.

-J’ai souvent l’habitude de parler tout seul vous savez, alors les quelques fois ou je me sens écouté, il est possible que je m’envole un peu trop dans mes explications. Je vous prie de m’excuser. L’implorai-je en m’inclinant légèrement vers elle.

*Pourquoi t’excuses-tu ? Ce n’est pas la meilleure réponse à donner à son sourire !*

Tiens donc, cela faisait des jours qu’il ne s’était pas manifesté et il avait bien choisis son moment ! Qu’il est triste de ne pas décider de l’intervention de ses propres créations. Enfin, je ne pouvais pas lui en vouloir de prendre un peu de liberté, vivre au sein de mon imagination ne devait pas être aisé tous les jours. Peu importe ! Je n’étais pas là pour lui faire des fleurs, surtout qu’une rose était déjà présente juste en face de moi.

*Oh, Alec ce n’est pas le moment de m’importuner, aller oust ! *

Bien, retournons à ce qui nous intéresse. Ses compliments concernant mon illusion me touchèrent vraiment, mais cette petite once de fierté disparut aussi rapidement lorsque mon interlocutrice fit apparaitre un véritable temple à la place des piliers fissurés. J’avais du mal à le dissimuler mais cette prestation me laissa sans voix… C’était tout bonnement somptueux ! Mon regard se perdit dans cette chimère architecturale jusqu’à que, sous la volonté de la magicienne, les ruines reprirent leur place dans le domaine.

*Voici donc ce que l’élément de la lumière est capable de produire…* Pensai-je en observant ma main. *Peut être que ...*

Je ne savais pas si c’était une question de fierté ou plutôt un besoin de connaitre mes limites à l’heure actuelle, mais je ne voulais pas mettre fin à cette petite phase de démonstration. D’un rapide coup d’œil, je calculai la distance nous séparant du somptueux Palais d’Odin ainsi que l’angle d’inclinaison de l’astre solaire. Afin de créer une illusion parfaite, il fallait que la lumière converge … en ce point-là ! Je concentrai mon cosmos entre les deux plus grandes colonnes du domaine et créai une réplique des plus fidèles de notre Palais… mais l’illusion devint rapidement instable puis disparut sans que je lui en laisse le choix.

D’un léger soupir, je concluais cette piètre représentation … et même si la déception pouvait se lire sur mon visage, je pris le soin de ne dire aucun mot. Je me contentai d’écouter la suite des propos et j’appris non seulement qu’elle était l’ancienne protectrice de l’étoile d’Eta mais également l’actuelle Prêtresse d’Asgard ! Je comprenais mieux à présent … Cette femme… Séléné … J’avais déjà entendu son prénom quelque part. Oui, et je savais pertinemment où ! Dès le moment où elle se présenta à moi, un profond sourire illumina mon visage et j’en oubliais complétement ma précédente déception.

-Je vois, c’est donc vous la Grande Prêtresse ! Dame Séléné…

Dame Séléné ? Oui cette dénomination m’est venue tout naturellement. Le ton de ma voix laissait transparaitre un léger signe de surprise mais surtout un heureux étonnement. Elle n’allait sans doute pas comprendre la raison de ce changement d’intonation mais j’allais avoir l’occasion de lui expliquer dans quelques secondes. Pour l’heure, je continuai de l’écouter, même si mon esprit se trouvait encombré par des souvenirs qui surgissaient au gré de ses mots. Ceux de mon arrivée à la frontière, des diverses manifestation de la volonté d’Alkaïd ou encore mes premiers mois passés avec les habitants du Royaume. Sa question résonna pendant quelques secondes à un point que ça me forca à la répéter.

-Ce que je pense du Royaume d’Asgard …

En voilà une question forte délicate mais venant de la représentante du seigneur Odin, je ne pouvais me permettre de proposer une réponse bâclée.

-Si vous voulez parler d’un point de vue politique ou hiérarchique, je dois avouer que je ne sais pas grand-chose à ce sujet. J’aimerai d’ailleurs en apprendre plus sur le fonctionnement interne d’Asgard ! En ce qui concerne l’aspect mythologique, je serai ravi de discuter avec vous durant des heures sur les mythes de ces terres mais …

Je baissai les yeux, non pas pour marquer un sentiment de honte mais plus pour prendre une profonde inspiration avant de rentrer dans le vif du sujet.

-Je suppose que vous parlez du Royaume d’un point de vue plus … sociologique dirons-nous.

Je ne lui répondis pas immédiatement, à vrai dire les mots ne me venaient pas directement. Je ne souhaitais pas la froisser mais à ce sujet, ma vision des choses allait sans doute différer de la sienne. Je m’avançai alors, jusqu’à passer juste à côté de la prêtresse, avant de me diriger vers l’extrémité Sud du domaine. D’ici, je pouvais apercevoir quelques habitations en contre-bas, notamment celle chez laquelle je vivais depuis mon arrivé.

-Vous Savez, Dame Séléné… Lorsque je suis arrivé ici, je n’ai pas compris pour quelle raison les habitants continuaient à vivre en ce lieu. Et finalement les mois passèrent durant lesquels j’appris à connaitre les habitudes des Asgardiens et … ce fut encore pire ! Je ne voyais pas l’intérêt des séances de prières quotidiennes notamment et un jour j’ai posé cette question au patriarche de la maison ‘’Pensez-vous que le Seigneur Odin tiens compte de vos prières ?’’ et savez-vous ce qu’il m’a répondu ?

Je sortis un calepin de mon manteau et profita de ce moment de recherche dans mes nombreuses notes pour marquer une légère pause.

-Ah voilà ! Il m’a dit ‘’Tu sais Adiël, nous ne prions pas pour qu’Odin nous aide dans nos tâches quotidiennes. Nous ne prions pas pour être protégé ou pour former une quelconque requête aux divinités. Non ! Nous le faisons uniquement pour nous donner nous-même la force ! Asgard est notre Terre et c’est nous qui devons en prendre soin, comme elle prend soin de nous. Nous ne regrettons pas de vivre ici, dans ce Royaume qui nous a accueillis. En vérité, nos prières sont avant tout portées vers la Grande Prêtresse qui lutte jour après jour pour la perpétuation d’Asgard !’’ C’est à ce moment-là que j’ai compris que ce que je considérais être une bataille quotidienne, ne l’était pas du tout pour les Asgardiens. Cette Terre qui les a accueillis, ils la voient avant tout comme un présent des Cieux plutôt que comme une malédiction et c’est un sentiment que je partage ! Je me sens apaisé à présent, et c’est un sentiment que je n’ai pas connu dans mon pays natal et désormais je ne souhaite qu’une chose !

Affirmai-je en reprenant ma cithare dans les mains.

-Faire en sorte que tous, sans exception ne perdent jamais espoir ! Et je sais que je peux y’arriver, oui je sais que ma mélodie peut adoucir leur cœur lorsque la rancœur les guette, lorsque les remords commencent à s’emparer d’eux. Oui j’en suis persuadé !

Mes derniers mots furent marqués par un ton à la limite de l’enfantin mais au moins cela démontrait leur totale sincérité. Alors que je me tournai légèrement vers la prêtresse afin de voir ce qu’elle allait bien pouvoir déduire de cette longue tirade, je me demandai quel genre de poème je pourrais composer en son honneur …

Peu après la démonstration de la prêtresse, le musicien chercha à repousser ses limites en créant une illusion du palais. Malheureusement celle-ci se dissipa bien vite. Adiël n'était pas encore prêt à utiliser ce pouvoir à une telle échelle. Et lorsqu'elle eue finie de parler et de poser ses questions, elle attendit. Les réponses ne tardèrent pas. Il sortit même un carnet de son manteau pour pouvoir étoffer l'une de ses réponses en citant le patriarche de la maison où il a trouvé refuge. La fin de son discours sonnait enfantin, mais n'en était pas moins dénué de sincérité.

"Et bien, le patriarche que vous a ouvert sa porte est doté d'une certaine sagesse. Les personnes venant de l'extérieur du Royaume ont tendance à plaindre le peuple à cause des conditions de vie. Quoi qu'il en soit, je suis heureuse d'entendre que vous vous plaisez, ici."

La prêtresse tourne la tête, déportant son attention vers le reste des ruines.

"Faire en sorte que personne ne perde espoir… C'est un objectif noble… Hélas, l'espoir et la paix sont deux choses facilement menacées par la guerre et les conflits… Comment comptez-vous vous y prendre pour préserver ces choses là ? Seriez-vous prêt à vous battre pour elles ? Accepteriez-vous la charge de protéger le peuple ?"

Elle se tourne à nouveau vers lui, une expression sérieuse sur le visage, le regard dur d'une personne ayant déjà connue les conflits et les pertes qu'ils peuvent engendrer.

"La terre est généreuse pour qui sait en prendre soin. Le sentiment d'appartenance, la paix, l'espoir… Tout ceci est similaire à la terre. Ce sont des choses qui s'épanouissent lorsque l'on en prend soin, et qui perdurent quand on les protègent. A quel point êtes-vous prêt à vous investir, pour préserver votre nouveau foyer, Adiël ?"

Voilà une notion qui mériterait un recueil à elle toute seule … l’espoir ! Qu’est-ce que ce terme, légèrement fourre-tout signifiait réellement ? J’avais indiqué à la Grande Prêtresse que c’était le sentiment le plus substantiel dans le cœur de tout Asgardiens et je le pensais vraiment mais il faut nécessairement en délimiter les contours. Même si notre peuple est amené à connaitre des périodes difficiles, des attaques sur notre territoire ou tout autre calamité les affectant dans leur quotidien, alors oui, peut être perdront-ils espoir… Peut-être se demanderont ils les raisons qui font qu’ils sont pris pour cibles, eux qui souhaitent juste vivre en paix avec leur famille… Eux qui veulent rester sur cette Terre qui les a vus naitre malgré les dangers qui peuvent subvenir… Oui ! Malgré toute cette volonté, l’espoir peut leur manquait à certains moments ! En revanche, jamais leur espérance ne s’éteindra ! Mais vers qui cette foi était-elle portée ? Peut-être que certains croyaient vraiment que le Père de Tout était en mesure de protéger Asgard par ses propres moyens et que leurs prières lui étaient véritablement adressés mais … ce n’est pas ce que moi j’ai retenu. Non… cette espérance est avant tout portée vers elle ! La Grande Prêtresse du Royaume d’Asgard qui guide son peuple en toute circonstance, peu important que nous soyons en temps de crise ou que les récoltes soit étonnamment abondantes, et qui, de par sa seule présence, aide tous les habitants à garder espoir.

J’observais Dame Séléné, enchanté de pouvoir discuter avec une personne de ce rang et … Non ! Au fond de moi je sentais que je ne devais pas la considérer juste pour son rang de Prêtresse. Elle semblait être bien plus que ça … Elle ne se contentait pas de représenter le Seigneur Odin et de prier pour que celui-ci entendent la voix de son peuple, elle combattait également jour après jour, à sa manière pour eux … Pour nous ! Oui car désormais je faisais intégralement parti des enfants du Royaume du Nord, je me considérais véritablement comme un Asgardien alors je devais arrêter de parler du peuple comme si j’en étais exclu. Eux qui m’ont accueilli sous leur toit, dans leur maison alors que je n’étais qu’un étranger venant d’un Pays voisin, et qui surtout m’ont réappris le sens des valeurs qui avaient disparu au cours de mes années de fuite.

-L’espoir, la paix, sont deux choses qui seront constamment menacés, je le sais parfaitement Dame Séléné.

Lui avouai-je en fermant les yeux et en repensant à ce moment, il y’a quelques mois de cela ou j’ai ressenti une perturbation à l’entrée de notre Royaume. Quelque chose s’est passé c’est certain mais étant donné ma situation et surtout mon inexpérience je n’avais pas estimé utile de m’y rendre cependant … Je les ai ressenties, les larmes que notre Terre a versées lors de cet événement et qui se sont propagés jusqu’à mes yeux.

-J’ignore quelles sont les calamités qui ont entaché et qui ont fait pleurer notre Terre mais ce que je peux contempler en revanche… c’est que notre peuple… Non, nous croyons toujours être en sécurité entre ses montagnes cristallines. Je me demande jusqu’à quel point ils considèrent les divinités comme étant responsable de leur situation.

Même si Odin m’avait apporté son soutien indirectement par le biais de l’Alkaïd, je ne me sentais pas personnellement attaché à lui ni à quelconque autre divinité du Panthéon nordique. De toute façon, je ne les avais jamais rencontrés et les seuls renseignements que je disposais à leur égard étaient issus des textes relatant leurs histoires. Le sage mais non pas moins volage Odin, le tempétueux et orgueilleux Thor et le vil mais toujours utile Loki… J’étais curieux de voir si leur réincarnation était fidèle aux descriptions que les divers auteurs leur avaient affublées. La situation était sensiblement différente en ce qui concerne la prêtresse. Avant de continuer mon explication, je me retournai vers cette-dernière et repris mes propos avec un regard légèrement plus froid.

-J’ai pu remarquer que certaines personnes était en colère contre le Père de tout, mais même lorsqu’un doute s’accapare de leur cœur, ils ont toujours une pensée vers celle qu'ils considèrent comme étant leur véritable guide… Vous, Grande Prêtresse. Vous êtes en fonction depuis déjà quelques années n’est-ce pas ? Cela doit vraiment être un rôle difficile à tenir … Vous avez la confiance de tous ceux qui vivent sur ces terres, ce qui rend la tâche encore plus délicate ! Et pour cela, je tiens déjà à vous remercier, en tant qu’Asgardien.

Je m’inclinai légèrement avant de finalement poser un genou à terre devant mon interlocutrice. Elle devait avoir l’habitude de ce genre de formalité dans l’exercice de ses fonctions mais c’était quelque chose qui me semblait être important, non pas pour respecter le protocole mais pour lui montrer le profond respect que j’éprouvais à son égard.

-En ce qui concerne vos questions, j’aimerai vous apporter une précision. Même si Odin m’a apporté un nouveau, non… m’a montré le chemin vers mon seul et véritable foyer, vers ma nouvelle famille, ce n’est pas pour lui que je souhaite me battre. Ni pour lui, ni au nom d’une quelconque divinité ayant autorité sur ces terres. Je considère que les Dieux n’ont pas besoin de nous pour résoudre leurs conflits personnels et puis surtout, je ne vois pas trop ce que je pourrais faire dans une bataille entre Gungnir et Mjolnirr. Mais ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont la chance de vivre ici.

Profitant d’une autre pause pour permettre non seulement à Dame Séléné d’assimiler toutes les informations que je pouvais lui donner, aussi peu intéressante soient-elles, je fis signe à ma chouette de venir se poser sur mon épaule.

-Tous ont la volonté de protéger leur foyer et se donne tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Quant à moi, je sais que je peux faire davantage ! Ce Royaume n’est certes pas le mien et pourtant je me sens intimement liés aux racines d’Yggdrasil. Vous avez raison, la Terre sait se montrer généreuse mais pour moi ce n’est pas le plus important. Je suis prêt à combattre, pas pour les Dieux, pas essentiellement pour ce que vous appelez la Terre, mais pour tous ceux qui demeurent en son sein… les habitants… la faune … lui assurai-je en caressant le plumage d’Elie. Même si je n’ai pas encore la force de tous les protéger et de les remercier … je ferai en sorte que ma mélodie résonne jusqu’aux confins d’Asgard pour créer une illusion afin de protéger et dissimuler toute la population de la vue des potentiels envahisseurs ... même si je dois utiliser jusqu’à ma dernière étincelle de vie pour cela !

Ma voix devint aussi glaciale que les courants qui frappaient continuellement les ruines d’Eta mais alors que mon regard était plongé dans celui de la prêtresse, un élément troublant attira mon attention. C’était peut-être mon imagination mais, je ressentais une timide tristesse dans ses yeux… Je comprenais parfaitement que la fonction de prêtresse empêchait la détentrice d’avoir l’air … faible aux yeux de son peuple mais j’espérais juste qu’elle n’était pas le genre de personne à enfermer ses sentiments au fonds de son âme. Je n’avais qu’un seul moyen de le savoir sans pour autant lui faire remarquer que je m’inquiétais vraiment à ce sujet.

-Dame Séléné, pourrais-je avoir l’honneur d’entendre votre majestueuse lyre argentée en action ?

J’espérais vraiment qu’elle allait laisser son cœur parler pour elle. Il m’était aisé de découvrir de ce que les gens dissimulaient au plus profond d’eux grâce à leur mélodie ou à leur chanson, encore fallait-ils qu’ils ne se mentent pas à eux même … Je vous en prie Dame Séléné, laissez-moi percevoir vos émotions que je puisse vous aider dans la mesure du possible.

Comme à son habitude, la prêtresse écoute son interlocuteur avec l'attention nécessaire, sans se départir de son air courtois et avenant. Séléné s'installa même sur les restes d'un mur effondré, afin de ne pas rester debout. Le vent froid souffle encore, s'engouffrant dans les ruines, déplaçant parfois un peu de neige. Une fois de plus, Adiël ne fut pas avare en parole. Le jeune homme répondait avec entrain et sincérité, prenant tout de même le temps de la réflexion pour choisir les mots les plus aptes à exprimer son ressenti. Il énonça être conscient de la situation, de la difficulté de la tâche. Il évoqua la colère de certains envers le Père de tout, et le fait que les prières soient tournées vers la Grande Prêtresse d'Asgard elle-même. Il annonça également avoir ressenti la souffrance de la Terre il y a quelques mois de cela, et s'en être senti attristé, sans pour autant avoir osé aller au devant de la source du mal. Cela pouvait tout à fait correspondre avec l'attaque des spectres, ou, plus ancien, avec la venue de Jormungänd. Le Serpent avant défié le Père de Tout avant de partir, marquant lui aussi le territoire. En y réfléchissant, beaucoup de choses s'étaient produites en peu de temps. Lorsque Adiël remercia la prêtresse, celle-ci eue l'air un peu gênée, ou tout du moins, ne s'attendait-elle pas à être complimenté. Il fit même référence à la confiance que le peuple a placée en elle. Il est vrai que cela fait plusieurs années, à présent, qu'elle officie comme grande prêtresse d'Asgard… La tâche n'est pas simple, mais elle ne lui a jamais semblée être un fardeau.

"Vous n'avez pas à me remercier, Adiël, voyons… Cela fait parti de mon devoir que de guider et protéger les miens. Je suis certaine que le Père de Tout entend les prières. Et si il ne les entend pas directement, Hugin et Munin les lui auront sûrement rapportées." Elle lui adresse un sourire, le laissant poursuivre. Les corbeaux d'Odin parcourent le monde et rapportent à chaque retour ce qu'ils ont vu et entendu. C'est quelque chose que tout le monde sait, ici, à Asgard. Et que l'Elu d'Alkaïd se considère comme asgardien, qu'il reconnaisse l'endroit comme son foyer… Cela confortait la prêtresse dans ses choix. Peut-être parviendra t-elle un jour à le préserver complètement des guerres et des querelles des dieux.

Après s'être mis à genoux pour témoigner son respect, sûrement, le nouveau fils du Nord apporta de nombreuses précisions à son discours. Il ne souhaitait pas se battre au nom d'une divinité nordique en particulier, considérant que les dieux n'avaient guère besoin de cela pour régler leurs conflits personnels. Là dessus, au moins, la prêtresse et lui sont en accord. Les Mortels sont bien peu de choses dans les jeux et les conflits des dieux. Et cela est largement démontré dans tout ces mythes ou des mortels sont transformés en créatures hideuses ou tout bonnement tués, subissant la colère ou la cruauté d'une divinité. Ce qui le motive, ce qui pourrait le pousser à combattre, c'est le désir de protéger ce qui compose son nouveau foyer. La terre, le peuple, la faune… En somme, tout les êtres vivants du Royaume d'Asgard. Cette fois, la posture, la gestuelle, la voix, le regard, tout paraissait bien plus sérieux et déterminé chez lui. La suite fut un peu plus surprenante. Il demanda à la prêtresse si elle pouvait lui faire l'honneur de jouer quelque chose.

"Et bien… C'est une demande plutôt… inattendue, je dois avouer. Cela fait longtemps que je n'ai pas joué en ces lieux."Tout en disant cela, elle décroche néanmoins la lyre argentée de sa ceinture, et s'assure rapidement que l'instrument est toujours accordé. Pensive, les doigts proches des cordes, elle semble hésiter.

Finalement, elle commence par frapper le socle de l'instrument, semblant battre un rythme qui, en quelque sorte, peut faire penser aux battements d'un cœur. Puis elle commence à pincer les cordes, avant d'y joindre un chant. Le tout est une mélodie lente qui, pour la prêtresse, est autant tourné vers le passé que vers l'avenir. Cela fait remonter les souvenirs de frères perdus, de prières adressées aux cieux, des événements difficiles traversés, et pourtant, cela ne sonne pas comme une complainte. Le chant est même plutôt appaisant, tandis que les évocations d'Yggdrasil, son sacerdoce, peuvent faire penser au renouveau. Après tout, pour tout arbre, les racines vont profond dans la terre, pour permettre au feuillage et aux branches de s'élever. Lorsque l'hiver vient, et que le vent souffle fort, les branches cassent, le feuillage tombe. Mais la base est toujours là. Et à la saison douce, reviendront les branches et le feuillage, débutant un nouveau cycle.

Spoiler:

Durant cette représentation, le pouvoir de la prêtresse se manifeste par bribe, créant de brèves illusions qui, loin d'être dérangeantes, sont comme des échos à son chant. Lorsqu'elle s'arrête, que la dernière note est jouée, que le silence retombe, tout redeviens normal. La prêtresse ouvre à nouveau les yeux, observant son instrument. Cela faisait fort longtemps qu'elle n'avait joué ainsi, et cela se ressent particulièrement à ce moment là. Mais elle semble se souvenir alors qu'elle n'est pas seule, et replace l'instrument à sa ceinture, maintenu en place grâce à une lanière de cuir. L'objet enchanté pour apaiser les cœurs et les mœurs est redevenu silencieux.

La prêtresse se redresse, époussetant sa cape et sa robe, avant de reporter son attention sur Adiël.

Et bien… J'espère que vous n'êtes pas trop déçu. Comme je le disais, cela fait un moment que je n'avais joué. Encore moins devant quelqu'un. Enfin… Nous devrions nous occuper de pourquoi Alkaïd vous à guidé ici, vous ne croyez pas ?"

A la mention de Munin et Hugin, je ne pus m’empêcher d’imaginer les deux oiseaux se poser sur les épaules du Père de tout afin de lui compter toutes les rumeurs des neuf Royaumes. Même si il était au courant de ce qui se tramait dans nos contrées, en tenait-il vraiment rigueur ou continuerait-il à agir comme un simple observateur jusqu’à la fin ? Il avait beau être la sagesse incarnée, je continuais à douter de ses véritables intentions à l’égard de son Royaume, de notre Royaume ! Mais la Prêtresse semblait lui faire entièrement confiance, elle devait être au courant de choses que j’ignorais totalement. En vérité, j’étais curieux ! Curieux de savoir tout ce qui me transcendait, les petites magouilles des divinités, toutes ces choses que l’on nous a dissimulé à nous, simples mortels que nous sommes et qui pourtant impacte nos vies de façon significative. Curieux de voir ce qui se passait dans les Hautes Sphères d’Asgard, l’administration et surtout tout le volet diplomatique… Bref ! Voilà bien un des rares points communs que je partageais avec le All Father, ce besoin de découverte et de connaissance dans tous les domaines !

Je n’avais jamais encore eu l’occasion de me rendre dans la grande Bibliothèque du Palais, ce symbole de la culture Asgardienne qui renfermait tant de secret. Je me demande si elle était à la hauteur de la Grande Bibliothèque de Blue Graad … je n’avais pu m’y rendre qu’une seule fois mais je me souviens être resté complétement stoïque devant l’infinité de ces collections. Une vie n’était clairement pas suffisante pour pouvoir emmagasiner le savoir ne serait-ce que d’un dixième de ces ouvrages. Celle du Palais était-elle libre d’accès ? Il faudra que je me renseigne sur ce point… Je me voyais déjà passé des heures et des heures à découvrir ces écrits … Hmmm, peut être que j’allais devoir me mettre à l’apprentissage runique alors. J’ai hâte !

A mon plus grand plaisir, la jeune femme accepta de donner suite à ma requête. Je ne doutais pas que ses talents lyrique était bien supérieur aux biens mais elle semblait plutôt réservée, voir hésitante à me montrer ses capacités. Peut-être était- ce à cause de cette lyre d’argent qui était plus un objet décoratif qu’un véritable instrument, j’étais même disposé à lui proposer ma cithare si le problème venait de là. Mais finalement, je la vis accorder rapidement son instrument, tandis qu’elle était commodément installé sur une des structures horizontales des ruines. J’étais prêt à percevoir sa mélodie et à en tirer toutes les conséquences possibles vis-à-vis de ses émotions. Avant que la représentation ne débute, je pris la peine de m’assoir sur un des piliers situés juste en face de la grande prêtresse et fermai les yeux pour m’immiscer totalement dans son monde lyrique.

Les notes s’enchainèrent tandis que des images se formèrent dans mon esprit au gré des mots chantés par la prêtresse. Comme je l’avais imaginé, une certaine mélancolie se dégagea de cette ode. Les souvenirs des événements mémorables, mais tragiques, de notre terre semblait la maintenir captive d’un passé ou elle se sentait responsable... Je voyais des guerriers tombaient tandis qu’au loin, la prêtresse suppliait les cieux de leur venir en aide, sa volonté était sans faille mais insuffisante pour permettre aux protecteurs du Nord de l’emportaient, quelle tristesse… Cependant, cette première partie de la mélodie laissa rapidement place à un élan d’espoir et de légèreté.

*Je vois … Vous êtes vraiment une personne prodigieuse, Dame Séléné !* Pensai-je en continuant de l’écouter. *Malgré les lourdes pertes que notre Royaume a pu connaitre, vous ne ressentez pas uniquement qu’une souffrance personnelle non … à chaque prière, vous emmagasinez également celle de tous les sujets d’Asgard. Et pourtant votre regard est toujours porté vers l’avenir ! Vous avez bien raison, le cycle est forcément amené à tourner, à notre avantage. L’arbre-monde nous donnera la force de passer ce moment difficile !*

Les illusions formées par sa mélodie m’aidaient à placer une image sur ces souvenirs douloureux. Voici donc ce que les protecteurs de notre Terre ont vécu … Alors que les dernières notes marquèrent la fin de cette prouesse musicale. Je l’observais … toujours assis sur la colonne fragmenté avec un sourire sincère mais interrogateur. Je me demandais jusqu’où cette discussion forte intéressante aller me mener. Mon étoile … Benetnash … continuait de briller juste au-dessus de nous … était-ce cette rencontre entre son ancien et son futur protecteur qui déclenchait une telle alchimie stellaire ?

J’étais tout de même bien satisfait ! L’œuvre lyrique de mon interlocutrice m’avait apporté ce que je désirais savoir. Je souhaitais lui apporter mon soutien ! A elle principalement et à tous ceux qui ont l’honneur de vivre sous la protection du Seigneur Odin. Dame Séléné ! Ne gardait pas toute votre tristesse à l’intérieur de vous, s’il vous plait, laissez-moi vous épauler dans votre tâche. Je suis persuadé que ma mélodie pourrait également permettre à tous de protéger notre territoire ! Les mots de Svafa me revinrent alors … Le rôle de Benetnash est de soutenir ses camarades et leur permettre de briller en toutes circonstances. Une Aria incorruptible qui rayonne dans tout le champ de bataille, redonnant à tous espoir et volonté.

Soudain, je vis Dame Séléné se lever et retirer les quelques flocons qui s’étaient posé sur sa robe, je suivis le mouvement et me levai également pour ne pas avoir l’air irrespectueux à son égard. Nous occuper du pourquoi notre douce étoile nous avais poussé à nous rencontrer ici ? Pour moi cette discussion était déjà une raison bien suffisante mais… la raison serait-elle différente ? Dans l’ignorance totale de ce dont elle était en train de me parler, je m’inclinai légèrement vers la prêtresse avant de répondre à sa dernière interrogation.

-Vous semblez être mieux au courant que moi des agissements d’Alkaïd, Dame Séléné ! Bien évidemment, j’accepte de suivre la destinée que notre étoile protectrice a prévue à mon égard. Mais avant je vous prierai de me laisser vous démontrer mon allégeance !

Pour la énième depuis que les Nornes avaient jugé utile de faire croiser nos chemins, je posai mon genou sur le tapis blanc du domaine d’Eta et d’une solennité formelle, je prononçai ces derniers mots.

-Laissez-moi vous aider dans votre tâche quotidienne, grande prêtresse. Nous partageons tous le même idéal, celui de la prospérité d’Asgard et de la sécurité de tout être issue des racines de l’arbre-Monde. Je suis prêt à mettre ma vie en jeu pour cette utopie non … pour me battre pour que cela devienne une réalité ! Dama Séléné, Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à la sérénité de notre Foyer !

En attendant sa réaction, je restai là, la tête baissée, en espérant réellement qu’elle allait accepter mon aide et surtout qu’elle allait reconnaitre que ma volonté, n’était peut-être pas aussi inflexible que la sienne, mais restait strictement en adéquation avec mes paroles.

Peu après s'être levée, la prêtresse vit son interlocuteur et public se lever à son tour. Il s'inclina et répondit à la question. Il n'avait pas l'air de bien la comprendre, avant même être plutôt ignare pour ce qui était de la compréhension des astres, toutefois, il était disposé à la suivre. Et à rencontrer son destin. Sur ces mots, la prêtresse s'apprêtait à le guider ailleurs, mais le jeune homme mit un genou à terre, dans la neige crissante. Tête basse, il émit le souhait d'assister la Grande Prêtresse dans sa tâche, annonçant qu'il était à se battre, à mettre sa vie en jeu, pour assurer un avenir prospère au Royaume d'Asgard. Séléné hocha la tête, et prit la parole, tout en y joignant le geste qui invite à se relever.

"Relevez-vous, Adiël. Vous êtes plein de bonne volonté et semblez sûr de votre choix. J'espère que vous saurez rester fidèle à ces idéaux. La tâche est difficile. Mais vous devez en avoir conscience… Quoi qu'il en soi, venez, suivez-moi."

Sur ces paroles, la femme tourne les talons, et avance plus loin dans les ruines.

"Ces ruines renferment de nombreux secrets. Vous pourriez passer des jours à les explorer sans n'y voir rien de plus que de vieilles pierres prises dans la glace et couvertes de neige, mais pourtant… Cet endroit était un haut-lieu de culture, à son époque… Il s'agissait d'un immense temple dédié aux dieux. Bien sûr… Certaines choses sont encore accessibles, pour peu que l'on sache où regarder."

Avec un sourire amusé et un peu mystérieux étirant ses lèvres, la prêtresse avance encore plus loin dans les ruines. Elle lui dévoile alors des passages cachés sous la glace ou par d'anciennes illusions, lui montrant alors que les ruines sont bien plus grandes et étendues que ce que laissait penser l'étendue visible. Pour le moment, tout semble constituer d'escaliers et de plateformes, qui descendent vers des lieux plus escarpés.

La dernière complainte de Benetnash. [FB Séléné/Adiël] HHrothRough11

La prêtresse lève les yeux au ciel, semblant observer les nuages, avant de se remettre en marche.

"C'est plus loin, poursuivons."La femme continue la marche, descendant des escaliers qui remontent ensuite, pour mener à un grand plateau qui devait faire office de lieu de rencontre et d'échange, devant l'édifice prit dans les glaces.

La dernière complainte de Benetnash. [FB Séléné/Adiël] Nordic-temple-ruins_wide

"Nous y sommes."annonce t-elle avec une pointe de joie, en se tournant vers Adiël."La raison de votre venue se trouve à l'intérieur, j'en suis sûre ! Suivez-moi encore un peu."Sur ces mots, la prêtresse entre dans l'immense temple dédié aux dieux du Nord. L'endroit est sombre car peu éclairé. Séléné fait même usage de son pouvoir pour permettre d'éclairer un minimum le chemin. Le sol et les piliers sont couverts d'une épaisse couche de givre, à cause du froid. Séléné guide Adiël dans ce qui semble être au final une grande nef, jusqu'à l'estrade. Mais en lieu et place d'une statue du Père de Tout, et malgré le socle qui indique qu'une statue devait se tenir là, le musicien se retrouve face à une immense harpe rouge, éclairée par le peu de lumière parvenant encore jusque là à travers la glace et des ouverture du toit.

La dernière complainte de Benetnash. [FB Séléné/Adiël] Crystal_temple_by_malachi78

"Peut-être devriez-vous essayer de vous en approcher, de la toucher, et de faire vibrer ces cordes pour jouer quelque chose."Etonnement, les cordes, tout comme la "harpe" ne semblent pas avoir été atteintes par le givre, elle dégage même une sorte de douce chaleur au toucher, comme si elle venait tout juste d'être posée là. Quoi qu'il en soit, l'heure de vérité était arrivée pour le jeune Adiël.

Je savais que la tâche serait ardue, dans le cas contraire, Asgard n’aurait pas eu besoin de guerriers depuis des millénaires pour assurer sa sécurité. Suite à l’exigence de la prêtresse, je me relevai avant de suivre ses pas. Nous avançâmes alors plus profondément dans le domaine… je me doutais que ces ruines cachaient un grand nombre de mystère, mais je ne m’attendais certainement pas à ce que j’allais découvrir. J’avais déjà émis l’hypothèse qu’au milieu de ce haut-plateau, était érigé un temple dans des temps anciens et Dame Séléné confirma cela, tout en précisant que certaines partie de ces monuments historiques étaient toujours accessible, quelque part à l’intérieur des ruines.

Cette information m’enjoua au plus haut point. Tant de choses à découvrir juste ici, sous nos pieds, tant de source d’inspiration qui pourrait rendre euphorique n’importe quel artiste qui se respecte. Et si Asgard regorgeait de lieu sacré tel que celui-ci ? Je ne pouvais plus me contenir… je voulais juste partir déceler tous les secrets des neuf Royaumes ! Grâce à son cosmos d’un blanc argenté, la prêtresse parvint à faire disparaitre les illusions et les quelques blocs de glace qui nous séparaient de notre objectif, allant jusqu’à révéler un imposant complexe d’escalier et de galerie construit dans la roche du domaine. Je devais avoir l’air d’un véritable enfant découvrant pour la première fois les étendues maritimes ou les grandes montagnes du Nord mais ce somptueux paysage réveilla en moi des émotions des plus espiègles.

Tandis que nous avancions, je pris plaisir à observer les capacités uniques de la grande prêtresse. La lumière était vraiment un élément intriguant … capable de révéler tout ce qui se dissimule aux yeux de tous mais également pouvant produire tout ce que son utilisateur souhaite par le biais de créations illusoires. Ce lieu semblait d’ailleurs profondément lié à cet élément. Pour quiconque n’étant pas réceptif à son appel, il ne s’agissait que de vieilles ruines profondément marqué par les ravages du temps alors qu’en vérité… il suffisait d’écouter le cœur du domaine pour en percevoir les mystères.

-Cet endroit est vraiment magnifique ! C’est comme si l’écho des anciens habitants du Royaume résonnait dans ses parois et nous contaient leur histoire.

Soudain, nous montâmes d’autres escaliers avant de parvenir à une grande place ornés de diverses structures en pierre. Je n’avais qu’une envie, celle de m’assoir sur une de ses marches et permettre à ces géants de pierre d’entendre autre chose que le souffle perpétuel de Njörd. Mais il s’agissait là d’une activité d’un jour prochain, de toute façon j’étais persuadé que j’aurai de nouveau l’occasion de me rendre ici, peut être seul … ou peut être en compagnie d’une personne que je guiderai moi-même vers ce lieu.

C’est alors que ma prédécesseur en tant que protectrice du domaine se tourna vers moi en m’indiquant que nous étions arrivés à destination. Une fois passé l’imposante entrée qui pourrait largement permettre à un Jötunn de pénétrer dans le temple, nous nous retrouvâmes dans un long couloir. Guidé par le cosmos bienfaiteur de la prêtresse, je portai mon attention sur les fresques qui ornaient les fortifications de l’ancien temple. A mon plus grand regret, il s’agissait essentiellement d’une ancienne écriture runique dont j’ignorais totalement la signification… mais au moins cela me donnait une autre motivation pour aller étudier les anciens ouvrages de la bibliothèque.

Malgré le vent glacé qui continuait à frapper les structures en pierre et dont les murmures se transformaient en râles au contact avec les soupiraux qui éclairaient légèrement l’intérieur du temple, une certaine douceur de se dégageait de ces murs… C’est à ce moment que je la vis pour la première fois, cette armure placée sous le signe d’Alkaïd. Quelle drôle de harpe … en vérité, c’est d’elle qu’émanait cette sérénité et cette exaltation au plus profond de moi. Je ne parvenais pas à ôter mon regard de son éclat vermillon et pourtant quelque chose en moi me poussait à avancer vers elle. Les propos de la prêtresse ne firent que me conforter dans ma décision mais même sans cela, je me sentais comme Ulysse, captivé par l’appel des sirènes.

J’approchai ma main, délicatement, vers sa colonne et je sentis un doux frison parcourir mon corps dès que mon doigt rentra en contact avec l’instrument. Cette sensation … elle était identique à celle que j’avais ressentie lorsque Benetnash m’avait guidé alors que j’étais perdu en mer. C’est donc cela que tu as voulu me montrer, ma douce étoile. Penses-tu que j’aurais pu trouver cette armure sans la présence de Séléné ? Pourquoi je me pose cette question … il est évident que tu avais déjà tout prévu, de cette rencontre jusqu’à cette trouvaille. Je mis alors en position, juste en face de l’armure. Je n’avais joué de la Harpe auparavant mais les réflexes me vinrent très rapidement. De toute façon, je me devais de faire honneur aussi bien à mon étoile protectrice, qu’à ma prêtresse qui avait pris de son temps pour m’accompagner jusqu’ici.

-Cette mélodie… c’est à ton honneur que je la compose, ma chère Benetnash… Stellar Aubade !

Thème:

Mon corps s’entoura d’une pure aura de lumière tandis que mes doigts commencèrent à danser sur l’instrument. Au fil de ma composition, mon cosmos se propagea dans le socle où reposait l’instrument puis dans le sol du temple avant de recouvrir petit à petit l’ensemble de la structure lithique. Cette aura gagnait en intensité au fur et à mesure que les notes s’enchainaient à un point que l’ensemble du monument se retrouva baigné dans un océan de clarté. J’étais désormais totalement à l’aise et même le froid persistant n’était pas en mesure d’effacer ce sourire profond de mon visage. Au contact de ma main gauche, je pouvais ressentir un véritable sentiment de fusion spirituelle avec l’instrument et alors que le climax de ma mélodie approchait, je vis la lumière du temple convergeait vers le mur situé à l’arrière du socle.

C’est à ce moment-là qu’elle apparût … la derrière volonté des précédents protecteurs d’Eta… directement inscrite dans le marbre de l’ancien temple et pouvant être révélé uniquement en insufflant un cosmos de lumière assez puissant pour qu’il résonne à travers l’ensemble de l’édifice. Etait-ce une sorte de test pour savoir si nous étions de digne de revêtir cette armure … et d’agir au nom de l’Alkaïd? Dès que ma dernière note fût jouée, j’ouvris les yeux afin de voir la résultante de cette présentation lyrique, sans pour autant retirer mes doigts des cordes de l’instrument.

‘’En ce lieu reposent les valeureux protecteurs de Benetnash. Toi qui es parvenu à dévoiler les secrets de ces ruines et à éveiller nos souvenirs enfouies dans le temple, avance-toi et protège le Royaume d’Asgard jusqu’à ton dernier souffle. Accepte ta destinée, Guerrier Divin, et accueille la lumière de notre étoile.’’

Je vois … voici donc cette destinée dont parlait Svafa ! Elle était au courant de tout n’est-ce pas ? Pas étonnant venant d’une Valkyrie après tout. Bien évidemment que j’allais l’accepter ! Comment aurais-je pu abandonner mon étoile protectrice après tout ce qu’elle avait déjà fait pour moi … comment aurais-je pu abandonner MON foyer, si je veux avoir la force de le protéger jusqu’au bout, contre n’importe quelle menace, je ne pouvais me contenter de mes capacités actuelles, je devais encore progresser et grandir jusqu’à ce qu’au bout du compte, les résidents de ce temple m’accueillent à leur côté… Pas trop rapidement cependant !

-Cette destinée… Je l’accepte ! Je protégerai Asgard et tous ses habitants ! Après tout je suis…

Je posai ma main sur l’instrument qui, d’un éclat encore plus pur que ce que j’avais pu émaner au cours de ma mélodie, se détacha et vint entièrement recouvrir mon corps.

-Le Guerrier divin d’Eta !

Lors du déplacement, Adiël ne manqua pas d'exprimer son impression devant les structures anciennes. Il semblait comme un enfant ayant découvert quelque chose d'incroyable. La beauté des lieux ne le laissait pas indifférent. Et nul doute que tout ceci allait inspirer le musicien. Adiël n'avait pas vraiment eue besoin de l'invitation à jouer pour monter sur l'estrade, poser ses doigts sur l'instrument Vermillion. Il s'installe bien vite et après un moment de réflexion, il annonce composer à l'honneur de son étoile protectrice. La mélodie était douce, et petit à petit que les notes s'élèvent, le cosmos d'Adiël se répand dans le temple et dans la pierre. Au moment où la dernière note est jouée, un message ancien, serment des guerriers divins, d'anciens protecteurs du domaine d'Eta.

Devant ce serment ancestral, Adiël accepte sa destinée, et se relève en tant que guerrier divin d'Eta, comme s'il venait de naître comme un nouvel homme.

"Mes félicitations, Adiël. L'épreuve est rarement la même d'une personne à l'autre. Mais vous l'avez réussie haut-la-main. Vous voilà désormais le Guerrier Divin d'Eta, protecteur d'Asgard. Puissiez-vous toujours faire honneur à votre armure. Et… Regardez à votre ceinture. Le saphir qui y est serti fait parti des trésors de notre Royaume. Mais, prenez garde… Des personnes malveillantes hors de nos terres cherchent à les réunir..."

L'expression de la prêtresse s'assombrit un bref instant. Il est vrai qu'un nombre non-négligeable de saphirs avaient déjà été dérobés. Cela en était préoccupant. et le fait que ceux-ci ne soit pas réapparus d'eux-mêmes signifiait que les voleurs étaient encore en possession.

"Enfin.... Nous devrions laisser le silence reprendre ses droits ici. Je ne doute pas un instant que vous serez capable de retrouver le chemin jusqu'à ces lieux à un tout autre moment. Pour l'heure, je vais vous raccompagner à notre point de départ. Puis je retournerais au palais."

Séléné adresse un sourire au guerrier divin, commençant cependant à tourner les talons.

"Bien sûr, vous êtes le bienvenu au palais. Vous aurez besoin de leçons pour combler vos lacunes quand aux us et coutumes d'Asgard… Enfin… Vous venez ?"

Sans attendre sa réponse, la prêtresse commence déjà à faire marche arrière.

Voici donc ton cœur Benetnash. Voici donc ce que tu as voulu me montrer… Tu me penses vraiment digne d’être ton protégé ? Tout en me posant cette question, je mis ma main droite sur le plastron écarlate de mon armure. Je te remercie pour cette confiance, je te promets que je m’en montrerai digne, ma douce étoile.

Je ferai honneur à ton nom, Eta ! Non pas pour qu’il soit craint de tous, non pas pour que ton éclat représente celui d’une faucheuse écarlate prête à prendre la vie de tous ceux qui croiseront ta route cosmique non… Je veux qu’il soit le symbole de l’espérance et de l’optimisme. Je souhaite que notre lumière porte la vie et l’espoir lors des batailles que nous devrons livrer. Et surtout, que ton nom résonne dans tout le Royaume, et bien au-delà, non pas pour ma gloire personnelle mais uniquement pour assurer la tranquillité de notre foyer à tous les deux. Cette force que tu me donnes n’est rien comparée à ta bienveillance qui m’enlace par le biais de cette God Robe.

Oh et j’en oubliais l’essentiel ! Après une cithare et, bien éphémèrement une harpe, me voici accompagné par une magnifique lyre, couleur ébène. Il semblerait que je sois destiné à enchainer les instruments à corde pincées, au moins je n’allais pas à être déstabilisé, j’étais d’ailleurs toujours étonné d’avoir pu réaliser une telle mélodie sans aucune fausse note… serait-ce… hmmm magique ? Mon nouveau partenaire lyrique était quand même plus petit et commode pour les voyages que mon précédent. Tu vas tout de même me manquer ma petite cithare… toi qui nous a permis, à mon petit frère et à moi de guérir et qui a embelli mes journées par ta grâce mélodieuse. En attendant que notre route se recroise, je vais te laisser ici, entre ses murs tu ne te sentiras pas seule et puis je comptais bien y revenir. Ainsi, je la posai sur le socle ou l’armure de Benetnash se trouvait, baignée par les faibles lueurs des astres illuminant l’intérieur du temple.

Les remerciements de la prêtresse sonnèrent comme la fin de cette première rencontre. J’étais vraiment ravi d’avoir pu lui faire honneur mais ce n’était que le début… même pas le début ce n’était qu’un prélude à la véritable histoire. Tout était encore à prouver et quelque chose me disait …. Que je n’allais pas devoir attendre longtemps pour que mes propos soient mis à l’épreuve. Son avertissement à l’égard du Saphir présent sur la ceinture de l’armure m’interpela. Un trésor de notre Royaume ? Qu’est-ce que cela signifiait au juste ? Dès lors que je posai mon regard sur ce dernier, sa surface bleutée enchanta mon iris… d’ailleurs ils étaient presque de la même couleur ! Je ne comprenais pas vraiment l’importance de cette pierre, ni ce dont à quoi elle servait mais une chose était sûre, elle faisait partie intégrante de mon armure et donc de l’âme de mon étoile, c’était pour moi une raison suffisante pour en prendre extrêmement soin.

*Serait-ce elle qui renferme ton cœur, Alkaïd ?*

Pensai-je en posant mon index dessus.

En tout cas, Dame Séléné semblait très préoccupée par le fait que certains de ces précieux Saphirs aient été dérobés par le passé. Son expression, jusqu’à bienveillante et posée s’assombrit lorsqu’elle mentionna ce souvenir douloureux. Voici une raison de plus pour le protéger, peu important vraiment ce à quoi il pouvait servir. D’un rapide mouvement de la tête, je lui fis comprendre qu’en aucun façon, je ne laisserai tomber entre de mauvaises mains, ni entre d’autres mains tout court.

Notre séjour en ce magnifique lieu touchait donc à sa fin, quel dommage, il me restait pourtant tant de chose à découvrir dans ces ruines mais je serai en mesure de comprendre d’avantage ce qu’elle dissimulait lorsque j’aurais appris à lire ces inscriptions sur les murs. Cela ne faisait aucun doute que les anciens protecteurs d’Eta n’avaient pas encore dévoilé tous leurs secrets. D’ailleurs, je me demandais si la prêtresse était également passée par là et si elle avait pu percer tous ces mystères que ce temple protégeait.

L’heure était venue de retourner à la surface, l’attention de la jeune femme me touchait. Il était vrai que j’aurais du mal à retrouver mon chemin entre tous ses escaliers et ses parois qui se ressemblaient. D’ici quelques temps, je devrais être en mesure de dissiper moi-même les illusions menant au temple et ainsi, je pourrai de moi-même découvrir tout ce qui se dissimule sous mon domaine, ce n’était qu’une question de mois.

Les derniers propos de la Grande prêtresse d’Asgard me firent légèrement sourire. Il est vrai que j’ignorais encore quelques éléments concernant le Royaume mais de là à me dire que j’avais des lacunes en ce qui concerne les coutumes d’Asgard, je trouvais cela légèrement exagéré. Je vivais ici depuis presque quatre ans maintenant et, malgré cette réticence toujours présente concernant les prières adressées aux divinités, je me suis tout de même bien acclimaté au régime de vie des habitants. Je ne montrai cependant pas mon étonnement à mon interlocutrice, après tout ce qu’elle avait fait pour moi, cela serait une marque de respect que je ne pouvais me permettre.

Dans tous les cas, je comptais bien me rendre rapidement au Palais que je n’avais jamais pu visiter auparavant. D’une part pour voir de mes propres yeux à quoi ressemblait cet édifice majestueux vu de l’intérieur mais surtout pour enfin avoir la chance de pénétrer dans l’imposante Bibliothèque du Royaume. Et puis comme ça je pourrais m’acclimater avec les us et les coutumes comme elle me l’avait proposé… voir ordonné.

Guidé par la jeune femme, nous sortîmes finalement des ruines souterraines pour nous retrouver au sommet du domaine. Pouvais-je désormais considérer qu’il s’agissait vraiment de mon domaine à présent ? Inutile de poser cette question, je me sentais déjà à ma place entre ses piliers. Solennellement je saluai la prêtresse en la remerciant une énième et dernière fois pour tout ce qu’elle avait fait avant que celle-ci prit la direction du Palais.

Alors seul sur le domaine, et tandis que les illusions dissimulaient de nouveau toute la partie inférieure de celui-ci, je m’installai en son centre et pris en main mon nouvel instrument pour une première démonstration…

-Je dois avouer que tu as bon gout ma chère. Le son de cette lyre est encore plus eurythmique que tout ce que j’ai pu entendre auparavant. N’ai crainte, je te jure de ne pas impurifier ton présent avec une quelconque tâche de sang ou d’interrompre son air d’un cri d’agonie. Cette mélodie ne doit pas faire souffrir mais juste permettre à ceux que je considère comme étant nos ennemis, de dormir paisiblement … jusqu’à la fin des temps …

Flashback terminé!

» Elisheva, fille de la lune, guerrier divin d'Eta de Benetnash
» Adiël, Guerrier Divin d'Eta.
» Qui souhaite rencontrer un Spriggan? [FB Siegfried-Adiël]
» Quête tableau d'affichage : Le Saphir perdu de Zeta [Adiël ~ Almarik ~ Ragnar]
» Dernière galopade