[FB] fragments épars sous la clarté lunaire (Les deux reines, le Sphinx et l'Exterminatrice)

Notre voyage a commencé ici

Italie…

A une journée de marche de Florence…

Une à une, les vies défilaient, s’étiraient à quelques pas de la petite troupe tandis qu’au loin, la lune brillait. Une lune froide, à peine nimbée d’un voile opalescent et qui pourtant leur servait de soleil. Délicate et éblouissante, elle les baignait de ses rais diaphanes à mesure que les ombres gagnaient en profondeur. Quant aux humains de passage, hormis quelques éméchés, gardes, servantes ou autres travailleurs de nuit, tous se pressaient à quitter ces lieux qui à leurs yeux prenaient des tons des plus en plus menaçants. La peur du loup, malgré son déclin, vibrait encore au plus profond des cœurs, des esprits alors que le plus terrible ennemi demeurerait encore et toujours l’homme.

Et parlant d’homme, rien n’était plus simple pour la petite troupe que de capturer ceux qui avaient tant souhaité les mettre à leur menu. Une façon comme une autre de se nourrir tout en servant les Enfers. Toutes ces vies fauchées n’auraient guère d’autres destins que de rejoindre le flot des damnés que la Spectre se chargeait ainsi de grossir.

Quant à ceux qu’ils cherchaient, aucun signe d'eux ne s’était encore manifesté. Rien sinon les corps exsangues dissimulés ça et là. Des cadavres si bien abîmés que seuls les sens affûtés d’Althéa ou d’Harcher pouvaient y déceler les traces infimes laissés par Cédrick ou les siens. Et passant au large d’une butte, la Rose infernale s’adressa à sa suite.

- Attendez…

Sans un cri, Zelphyra sous sa forme féline se figea. Lynx d’une beauté immense, elle ne dépareillait pas aux côtés de la rousse Céleste et de ses compagnes. Entre Signy et Lucile, la fine damnée ne se distinguait que par l’apparence que lui avait imposée le sombre monarque lors de sa comparution devant lui. Un point qu’elle avait fini par accepter tout comme l’invisibilité de sa forme fantomatique. Tant que le sort se maintiendrait, elle n’aurait de toute façon pas d’autres choix et puis, d’une certaine façon, cela lui épargnait les accrochages que son passé ne pourrait que provoquer avec le reste de la Maison. De quoi lui offrir malgré tout certains avantages…

- Vous ne sentez rien ?

A quelques pas de la voiture légère, Harcher avait également étendu ses sens, craignant tout autant de passer au-dessus d’une piste que de risquer de tomber sur des saints ou autres ennemis de l’Outre-Monde.

Restaient les deux duos à l’avant : Lorenzo et le père Matthias à une lieue en amont et Flagello ainsi que Laetitia loin dans les airs. Des gardes que l’Etoile des Ténèbres contacta d’un souffle mental avant de se concentrer encore plus…

- Lorenzo, laisse Moonlight me rejoindre s’il le souhaite. Son instinct est plus puissant que celui de tout autre étalon…

Lucile, Signy, tenez-vous prêtes à intervenir au moindre signe de Non-Vie.

Et s’avançant vers Harcher, elle acheva.

- Tu les sens, toi aussi ? Ils sont si fins que même les fils d’araignées semblent être des troncs de Séquoia en comparaison.

Et laissant le temps au professeur de se pencher sur ce qu’elle avait ressenti, Althéa se tourna vers le ciel.

" Laetitia, FireWings… gardez vos distances et concentrez-vous sur la recherche de traces de sang. Il se peut que plusieurs pistes s’entrecroisent en un point tout proche. Et surtout restez bien vigilants. "

Il se peut qu’une toile s’étende juste à quelques pas voire une lieue de nous mais elle est bien présente.

Relique d’une ancienne traque ou piège laissé à son endroit ? La rose infernale n’en savait rien aussi mieux valait demeurer concentrés aussi longtemps que le doute planerait.

Le moment était venu. Le groupe allait se séparer, et le voyage pourrait débuter. Sur mon dos Dame Laeticia prit les commandes afin de lui éviter une mauvaise chute.
Après des petits encouragements, je m'envolai et d'en bas on me remarquait comme si j'étais une étoile filante.

Néanmoins, malgré la beauté du vol, l'impression de liberté, et frivolité, il ne fallait pas perdre en tête la mission et le devoir.
Les tâches se repartissaient ainsi, je m'occupais du vol, en me prenant soin de conserver une hauteur convenable, et Dame Laeticia s'occupait d'imprimer le rythme en me dirigeant à merveille.
De plus elle gardait l'oeil afin que nous restions en bonne position et surtout elle restait sur ses gardes, au cas où.

Moi aussi je le restais, mais ma concentration exigeait d'être porté vers mon vol et la maîtrise de la bête que je suis.
En vol, je ressentis une vive émotion...
Je me souvins alors de la première fois où avec la suivante nous nous sommes croisés.
Et cette pensée là, la jeune femme la ressentit...
-" Je n'avais pas été très tendre avec vous deux ce jour-là ! " murmura-t-elle en flattant ma nuque d'une douce main.
Dans mon esprit se dessina alors cette scène où sous une pluie battante alors que nous étions en poste avec Lorenzo, Moonlight Shadow profita de la porte mal fermée pour fuguer...

Lui et moi, paralysés par cet événement étions incapable de réagir, jusqu'à ce que la voix de la suivante nous ordonna de rapidement partir à sa poursuite.
-" Sans vous, Dame Laeticia, je crois que nous n'aurions rien pu faire...Vous nous avez sauvé." répondis-je par télépathie.
-" Je savais qu'il n'y avait que cette manière pour vous faire réagir Lorenzo et toi. Surtout toi, tu venais d'arriver, tu n'as pas à t'en vouloir, ton état ne te permettait pas d'agir sans assistance." souffla la jeune femme.

Depuis, je ne pouvais qu'être orgueilleux de mon parcours. Bien-sûr je n'étais pas encore rétabli, mon âme était en ruine, et tout reconstruire demanderait beaucoup de temps et de travail. Tout en sachant que tout était si fragile...
Mais je faisais confiance au cercle de la rose, c'était une confiance aveugle même.

La fin de la nostalgie sonna lorsque dans ma tête et celle de Dame Laeticia raisonna la voix souveraine de la Rose couronnée !
La suivante reprit alors son grand sérieux en serrant un peu plus ma crinière.
-" Concentre-toi ! Fais usage de tes yeux de félin ! De la haut tu devrais trouver des traces de sang, quant à moi je vais te guider." dit-elle en prenant alors les commandes, et ce fut ainsi que le duo se mit en quête d'indices.
Dame Laeticia affirma à la vampire qu'ils avaient bien entendu son message et qu'ils se montraient vigilant.

Un air solennel s'installait même pendant cette recherche quand soudain.
-" Maîtresse, juste devant vous, je vois un faible filet de sang..." souffla-t-il par télépathie à la rose.
Il chercha ensuite et indiqua d'autres traces un peu plus loin... Jusqu'où cela allait-il mener... Le mystère était entier.

[HRP : je poursuis tout en tenant compte de l'avertissement de Flagello/FireWings]

Huit, ils étaient, huit, ils s’étaient élancés sur la route, laissant Florence s'éloigner sans un bruit. Sous le regard de la lune fugitive, volait FireWings. Sphinx comme il en existait peu. Ainsi, l’ancien berserker accomplissait un nouveau pas, poursuivant sa lente mais inexorable transformation. C'était son choix, c'était sa Non-vie mais il n'était pas seul. Non, il n'était pas seul, loin de là. Sous l’aile et la vigilance de Laetitia, il progressait, gagnant en confiance tout comme le brun Lorenzo qui caracolait en tête, chevauchant la plus belle de monture de l’ensemble du manoir Brumel. Un garde à l’avant, un garde en altitude et Signy qui fermait la marche, que demander de plus alors que la nuit régnait en maître ? Plongée en un sommeil qui n’en était pas vraiment un, Althéa reposait aux côtés de Zelphyra. Toujours invisible la suivante ne pouvait détacher son regard de la route. Étonnant connaissant le tempérament de la jeune femme.

" Ma dame… "
" Zelphyra, ne me trouble pas pour rien… " Un ton doux malgré le reproche à peine voilé.
" Excusez-moi mais les sabots de Moonlight trahissent son trouble. "
" Moi aussi, je l’entends tout comme la voix de FireWings. Du sang, l'odeur du sang flotte dans l'air…

Oui, je le sens, moi aussi, je le sens FireWings. Mais attendez, attendez, toi et Laetitia, aucun vampire ne se trouve dans les environs. Laissez encore passer le temps. "

Un message à destination du ciel alors que la petite troupe poursuivait son chemin. Un message auquel succéda une nouvelle interrogation de Zelphyra.

" Mais pourquoi ne rien faire ? Nous tous l'avons senti, pourquoi ne pas donner d'ordre ? Si ce ne sont pas des vampires comme vous... "
" Patience, Zelphyra, patience. Laisse faire ceux qui sont à l'avant. Aie confiance en Lorenzo et en Matthias. Nul ne les connait encore, pas même Cédrick.
" Mais Moonlight Shadow… "
" Il ne craint rien et avec son harnachement, il a toutes les apparences d’une licorne noire. De quoi frapper les imaginations. "
" Espérons que cela suffise… "
" Pour l’instant oui, aucun vampire n’est dans les parages, je te le répète. Pour l'instant, seuls les humains sont à craindre. "
" Ou à vous nourrir... "
" Oui, à nous nourrir le cas échéant… "

Des derniers mots dits sur un ton empreint de mystère avant qu’elle ne referme les yeux brillants qu’elle avait un instant ouvert. Un ultime échange bref avec la suivante, annonçant la fin de la discussion avant que la Céleste à la peau d’albâtre ne se replonge en sa transe.

Étendre ses sens, il lui fallait au maximum étendre ses sens tout en abaissant au maximum son cosmos propre à tout combattant de l’Outre-Monde.

Cédrick… Où te caches-tu ?

Obsession plus vaste que les autres alors que le danger pouvait venir de tous côtés mais qu’y avait-il de plus sournois que de combattre sa propre chair, son propre sang ? Althéa ne pouvait ignorer le prix qu’il lui faudrait un jour payer mais elle n’avait guère le choix. Si elle ne l’arrêtait pas à temps, il finirait par basculer dans un tout autre domaine voire pire encore s’éveiller au cosmos en tant que vampire-roi et là, nul, hormis les Moires ne saurait vers quelle divinité sa loyauté irait…

Un danger qu’il lui fallait étouffer dans l’œuf avant que tout ne prenne une direction inflexible. Le destin lui accordait encore cette chance, aussi, il lui fallait la saisir. Tant que ces parangons de vertu de saints ne s’en mêlaient pas, elle avait encore une petite chance de ne pas finir sous les crocs, proprement parlant, de son oncle, enfin, celui de son actuelle incarnation…

Se faire abattre par un autre vampire même pas éveillé serait la pire des hontes mais avec de la chance, jamais cela ne se ferait.

Fasse que personne ne vienne interférer… Fasse que personne ne provoque l’éveil final de ce fou furieux de Cédrick.

C’était trop tôt, bien encore trop tôt pour qu’elle le nomme par son vrai nom, nom qu’elle portait également. Le temps passant, elle aurait pu encore des heures durant se débattre dans ses pensées avant que la voix d’Harcher ne confirme ce qu’elle avait déjà remarqué.

- Ralentissez… des humains approchent.

Demande aussitôt accomplie par Lucile et Signy. Quant aux autres, ils savaient exactement quoi faire face à ces nouveaux venus. Des voyageurs, des humains qui pouvaient dans le meilleur des cas être des bandits de grand chemin, avides de chair, de sang et de pillage et dans le pire des éveillés au cosmos. Face à cette éventualité, le père Matthias avait fait signe à Lorenzo de ralentir et de descendre de l’échine de Moonlight Shadow. L’étalon noir était avant tout la monture de l’éternelle chasseresse et c’était avec elle qu’il pouvait donner son plein potentiel. Et puis, face à deux voyageurs dont un prêtre d’allure banale quoique, à bien y regarder, il ne portait que le souvenir d’une tonsure en plus d’un bâton de marche un peu trop régulier, tout groupe de maraudeurs se sentirait rassuré.

- Bon le bonsoir, mes enfants, que la garde de dieu soit sur vous…

Des paroles somme toutes classiques alors que les hommes s’approchaient à pas lourds. De leurs corps s’exhalait un mélange de vieux cuir, de sueur et de poussières. Des êtres qui avaient fait un grand chemin sans le moindre animal pour les porter. Du moins, apparemment...

- Étrange, vraiment étrange. glissa Lucile aux oreilles d’Harcher.
- Un peu trop frais en effet…
- Ils doivent avoir des chevaux plus loin.
- Oui, à l’odeur, c’est même certain. Pourquoi ne pas les avoir pris directement avec eux ?
- Bonne question…
- Tiens-toi prête… En toute discrétion, toute célérité…

Lui répondit finalement le professeur la main posée sur l’une de ses dagues. Jouer des lames était plus qu’un art chez lui, c’était une seconde nature. Et tandis que Lorenzo cédait toujours la parole à son supérieur, un des hommes massifs s’enhardissait enfin.

- Bonsoir mon père. C’est un bien périlleux voyage que vous avez entrepris en cette nuit.
- Telle est la volonté de notre seigneur, mon fils. Je me dois de conduire mon futur frère en sa nouvelle abbaye.
- Cet enfant ? Un futur moine…

Un rire gras s’ensuivit et le plus imposant des cinq hommes approcha encore davantage sa torche des traits du florentin, menaçant presque de le brûler sans que le jeune homme ne bouge pour autant. Et que dire de son regard, il n’avait rien de celui d’un chérubin, vraiment rien…

- Hum, avançons…

Glissa soudain Harcher dans la pénombre alors que Moonlight Shadow s’était de lui-même placé à quelques pas d’Althéa. Quant à Lucile, elle donna un léger coup dans les rènes, faisant s’ébranler à pas très lents la voiture légère. Véhicule près duquel Harcher avançait également, une main posée sur la fine portière, l’autre sur son arme. Restait Signy, la blonde guerrière qui se tenait toujours dans la pénombre, telle une carte cachée.

" Zelphyra… "
" Oui, ma tendre dame. "
" Si d'aventure, les autres ont besoin d'aide, intervient mais sans en faire de trop... "
" Comme vous le souhaitez. "

Si agir serait simple, rester dans la discrétion serait une tout autre paire de manches au vu des caractères respectifs de la joyeuse troupe. Difficulté qui ne tarderait plus à apparaître à présent que l’un des hommes s’amusait à bousculer Lorenzo avant de carrément le souffleter. Et que dire d'un autre qui s’intéressait d'un peu trop à la blonde Lucile. Menus actes qui auraient sans le moindre doute grandes conséquences tandis que deux paires d'yeux brillants les guettaient depuis des hauteurs insoupçonnées.

[Voilà, à toi la suite, Flagello, je sens que cela va être intéressant ^^]

Du ciel, notre vigilance avec Dame Laeticia se faisait encore plus forte. En effet, avec mes yeux je pus voir une trace de sang, cela voulait dire que nous tenions un début de piste.
Mais suivre ce tracé serait-il suffisant ? Etait-ce un piège ? A vrai dire, je ne savais pas. Il fallait dire que j'étais dépassé, et que seul Dame Althéa, et les membres du cercles de la Rose possédaient une conscience supérieure capable de nous mener vers la victoire.

La suivante sur mon échine se démenait et m'aidait à contrôler la bête que je pouvais être et que j'étais actuellement. Il fallut beaucoup de temps pour cela, mais désormais, elle était capable d'éteindre les bribes de perte de contrôle qui arrivait de temps en temps.
Bien-sûr, elle ne me contrôlait pas comme pouvait le faire ma Maîtresse, ou son Altesse Isabella, mais presque.

Dans cette belle nuit, elle fit en sorte que mes mouvements d'ailes ne laissent pas s'échapper trop de flammes.
-" Firewings ! Regarde ! Qui sont ces gens ? On dirait des bandits. Restons vigilant, et surtout soyons prudent. " annonça la suivante qui du doigt mon montra en effet des gens qui s'approchaient d'un peu trop prés de Lorenzo.

Ce dernier n'était plus sur Moonlight.
-" Cela signifie que notre Rose va prendre place sur sa monture. Et que par conséquent.. Auraient-ils trouvé Cedrick ? Sont-ce ses gardes qui viennent de se montrer ? " Dame Laeticia posa de nombreuses questions dans une réflexion à laquelle je n'étais guère d'une grande aide.

Je me contentai de décrire ce que je voyais à la suivante afin qu'elle puisse faire des hypothèses, et m'expliquer la situation.
Pour l'instant, nul preuves que Cedrick soit derrière la présence de ces hommes.
Toutefois, Dame Laeticia préférait faire preuve d'une prudence malgré une envie folle de passer à l'action comme elle aimait tant le faire.

En bas, la situation commençait à s'échauffer, des hommes s'approchèrent de Lorenzo, et l'un d'eux le frappa.
D'ordinaire, le caractère du garde aurait voulu qu'il réagisse, mais les conseils de Mathias apaisèrent sa colère.
Hélas, pas assez, car un second coup heurta Lorenzo, et ce dernier dégaina son épée pour répondre.
Une lutte acharnée débuta... Et moi, de tout là haut décida comme ça, dans un élan de solidarité avec quelqu'un portant le même habit que moi, je décidai avec l'aval de Dame Laeticia de descendre, et à quelques mètres du sol, un battement d'ail fit naître un trait de flamme qui fonça vers ceux qui s'en prenait à Lorenzo tout en essayant de l'éviter...

Enfin restant dans l'air j'attendais la suite.

[HRP : pour la discrétion, on repassera]

- Espèce de…

Un regard noir avant que le poing de Lorenzo ne vienne s’écraser brutalement sur la face du malotru qui avait poussé le bouchon un peu trop loin en le frappant par deux fois. Malotru qui s’abattit en un bruit sourd sur le sol avec toute la grâce que l’on pouvait attendre d’un sac de pierres balancé avec la dernière violence. Un long râle lui échappa avant qu’il ne se frotte le visage, essuyant le sang qui n’avait pas manqué de s’écouler, flattant les sens des différents vampires présents. Écumant de haine et de rage, il se remit maladroitement sur pieds avant de passer sa poigne sur son nez dégoulinant.

- Saleté d’angelot… Approche que je t’apprenne une autre danse.

Menaces auxquelles répondirent un éclat dans la nuit. Lame à présent dégainée, Lorenzo lui faisait face tandis que Matthias se tournait lentement vers le comparse de la brute au nez fracassé, levant imperceptiblement son bâton de marche. De son côté, Lucile toisait le troisième malandrin, plus jeune que les deux autres mais déjà à portée de la suivante qui ne manquerait pas d’user de ses dons.

Restaient les deux autres… Lesquels ne faisaient que tourner autour de la voiture où reposait encore Althéa, quant à Moonlight Shadow, il suivait, attendant l’ordre de la Vampire Couronnée. Ordre qui ne viendrait peut-être pas au vu de ce qui se tapissait encore dans l’ombre, deux yeux et le tranchant d’une hache…

- Mon fils, voyons…
- Toi le vieux…
- Quoi ? Je n’ai que sept cents ans… Je suis encore bien jeune comparé à notre dame.
- Sept ans...
- Non, non mon fils, sept cents… Mais sept secondes suffiront largement à te mettre à terre, mon fils, alors repends-toi et quitte ces lieux…
- Pauvre…
- Ainsi soit-il !

Et l’homme n’eut même pas le temps d’abattre sa masse sur la tête du père Matthias. Un seul geste avait suffi…

Détachant son regard de la masse échouée dans la boue et les brins d’herbes entremêlées, le moine se tourna vers le reste de la scène. Déjà, le troisième assaillant avait été neutralisé par la blonde Lucile. Il allait d’ailleurs reporter son attention sur les deux restants lorsqu’un déluge de flammes submergea la scène, brûlant l'assaillant de Lorenzo qui s'effondra dans un ensemble de cris à glacer le sang…

- Quoi !!! C’est quoi ça…
- Le diable, c’est le diable !!! Hurla le plus jeune du quintet en découvrant la silhouette menaçante de FireWings. Il fallait reconnaître qu’en pleine nuit et encerclée autant par les flammes que l’aura de la lune, il semblait tout droit sorti des Enfers. Quoiqu’en y repensant, ce n’était pas si faux que cela.
- Quoi que dis-tu !!! Un retour de flammes et le chef de la bande encore indemne aperçut à son tour la forme se maintenant dans les airs. Non !!! Non, c’est pas possible ! Le Diable est parmi nous, il est venu pour nous. Pitié, Dieu, pitié, protégez-nous !!! Hurla-t-il soudain avant d’entraîner une retraite.

- Flagello… Fut, quant à elle, la seule chose qu’exprima Harcher en un soupir tandis que le plus jeune des deux fuyards se retrouvait fauché par Signy. Restait le cinquième larron, le chef…

Lequel s’enfonça dans un nouveau déluge de flammes.

- Ma dame, devons-nous nous lancer à sa poursuite ?
- Non, Signy…
- A vos ordres, ma dame, mais vous ne craignez pas qu’il puisse…
- Les gens le prendront pour un fou ou un dément. Qui sait si cette petite aventure ne lui fera pas voir les choses autrement…

Passant la main sur ses lèvres, la Rose infernale écarta une mèche rebelle qui avait échoué sur son visage avant de souffler profondément en dépit de l’écœurement que la fumée de plus en plus épaisse faisait naître en elle et ce n’était là que le plus infime détail en plus du vrombissement à lui écorcher les tympans. Souffle couvrant les cris et les sons de la faune en fuite alors que la lumière et la chaleur faisaient craquer les premiers troncs.

Se levant soudain, Althéa embrasa à son tour son cosmos, créant une bulle protectrice tout autour d’elle mais cela ne suffirait pas pour le reste de la forêt et se tournant vers Harcher, Lucile et Matthias, elle enchaîna.

- A vous trois, vous devriez être assez rapide pour abattre tout un pan de la forêt avant que le feu ne se répande davantage. Séparés vous aux trois points cardinaux, je prendrais le quatrième. Cela devrait nous permettre de circonscrire l’incendie en le privant de combustibles…

Sauver la forêt nécessiterait d’en détruire une partie mais au moins, ils tentaient quelque chose. Puis, se tournant vers le ciel, Althéa émit un dernier message sous le regard brillant de Zelphyra.

" FireWings, Laetitia, essayez vous aussi de nous aider à lutter contre la propagation de l’incendie en créant des places de terre vides de tout ce qui pourrait s’embraser… "

La course contre le feu… Althéa ne possédait que le don de vitesse propre aux Infants de la Nuit en plus de l’aide de son cercle restreint.

La nuit allait encore être longue alors que les deux captifs devraient patienter sous la garde de Signy et Lorenzo.

Que m'était-il arrivé ?
Une colère s'était emparée de moi, sans doute mon instinct de bête, de Firewings.
Je n'avais pas apprécié que l'on s'en prenne à Lorenzo, qui comme moi était un simple garde, celui qui partageait ma chambre dans le bâtiment de la demeure que nous occupons.

Il y avait entre les dix simples gardes dont je faisais partie, une solidarité, et une union incroyable. L'entre-aide était une de nos forces. Par conséquent, il était hors de question que je le laisse ainsi se faire malmener. Mais le danger était grand, alors, je fis usage du don que m'avait offert notre Maîtresse pour l'aider.

Malheureusement, le contrôle de ma puissance de sphinx n'était pas encore totale, et je constatai que mon attaque avait causé un bruit et des dégâts qui brisaient en éclats l'idée d'une discrétion.

La main de Dame Laeticia se baladait sur un de mes flancs pour me rassurer.
Que faire à présent ? En bas, il y avait une certaine panique, mes flammes faisaient des dégâts, et gagnaient du terrain.

Dame Laeticia me dirigea alors pour nous élever un peu plus dans le ciel pour observer la scène.
-" Tu n'as pas à t'inquiéter, notre Rose est là-bas, elle va bien. Elle va prendre la situation sous son contrôle, et puis il y a Harcher avec Lorenzo..." dit-elle.

Elle avait raison, la Rose était là, et moi j'étais satisfait d'avoir aidé Lorenzo. Mais ce feu ne devait pas poursuivre.
J'observais le petit monde, et la petite bataille en restant là, car il fallait rester ici pour veiller sur notre Maîtresse et les membres de la demeure Brumel.

La Vampire couronnée nous adressa alors un message que nous comprîmes. Dame Laeticia se lança dans une réflexion pour savoir comment agir.
-" Allons par ici, à partir de là, tu agiteras tes ailes sans y mettre des flammes..." déclara la suivante qui s'agrippa un peu plus à ma crinière lorsque je pris la direction de l'endroit qu'elle venait de m'indiquer.

Faisant du sur place en m'approchant jusqu'à la bonne distance, je battis des ailes pour crée un vent pour repousser et créer une espèce d'espace de terre vide...

D’un unique coup d’ailes, Althéa s’était envolée sans la moindre hésitation, toujours escortée de Zelphyra. En tandis que les autres membres de sa famille se dirigeaient vers le point cardinal de son choix, elle, elle filait vers le levant. Voguant sur les courants chauds, telle une apparition de pure féérie noire, elle ne pouvait manquer le spectacle fascinant des flammes dévorant des parts entiers de forêt. Pourtant, hormis sa beauté, elle ne pouvait apprécier un tel phénomène. Toutes ces vies qui s’envolaient en pure perte alors que l’odeur écœurante de brûlés montaient droit vers ses narines. Ce fut au bord de la nausée qu’elle reprit de l’altitude, contemplant encore mieux l’immense fleur de flammes qui s’étirait en tous sens telle une créature fantastique tenant autant de l’étoile de mer que de la fleur carnivore.

De longs battements d’ailes suivirent encore avant qu’elle ne se laisse glisser vers le sol. Par chance, le vent était quasi nul et elle n’aurait aucun mal à créer une zone dénuée de tout combustible. Aussi, prit-elle une profonde inspiration avant d’embraser son cosmos. Cela allait sans le moindre doute attirer de par trop les regards sur elle mais que lui importait face à ce qu’il se passait sous ses yeux.

Bras étendu vers le sol, elle ferma les yeux avant de se concentrer à fond. Une explosion rapide s’ensuivit avant que la rose d’Osiria ne reprenne vie entre ses mains avant de se muer en une autre forme sous l’afflux de sang vampirique et de cosmos…

S’étirant en une lame surgie droit de la terre, elle finit par se muer en une arme capable de détruire d’un seul coup l’ensemble des arbres lui faisant face. Ainsi, la danse de l’Épée Sacrée commença, fauchant tout sur son passage. Une saignée salvatrice qui permettrait, à défaut d’éteindre l’incendie, de le circonscrire en un point précis jusqu’à ce qu’il s’affaiblisse et ne retombe. Pour qui aurait pu la voir, c’était une danse aussi envoûtante que mortelle. Les pas d’Althéa étaient un mélange de grâce et de légèreté, teinté d’une sensualité certaine. Pas auxquels s’ajoutaient les éclairs de la lame gorgée de cosmos…

Tout était si rapide si vif qu’elle ne tarda pas à rejoindre aussi bien la tranchée de Lucile que celle d’Harcher. Tous deux, bien que moins puissants, étaient donc bien parvenus à créer un passage de terre nue où aucune flamme ne pourrait prendre place.

Étendant ses sens, elle ne tarda pas non plus à accrocher la Non-vie d’Angus.

Enfin…

Une pensée qui lui échappa tandis qu’elle faisait face à ce qui n’était plus à présent qu’une gigantesque torche dont les derniers animaux s’échappaient en une vision fantasmagorique. Et sentant la présence toute proche de FireWings, elle interpella.

" FireWings… C’est bon, tu peux venir me rejoindre. Le feu même s’il n’est pas éteint ne pourra en aucun cas se propager davantage. Tout est fini… "

Et attendant que le sphinx ne la rejoigne, elle étendit ses paumes vers lui, laissant son épée avec lenteur s’effacer.

" C’est bon, maintenant, tout est calmé. "
" Ma tendre Rose… "
" Oui ? "
" Cela risque de vous nuire. "
" Tu le penses aussi. "
" Vous êtes tous éparpillés. N’importe lequel d’entre vous pourrait être attaqué. "
" Je sais… "

Et se tournant vers la position d’où le Sphinx faisait encore lever un courant contre l’incendie, elle acheva.

" Je sais mais ce n’est pas Cédrick a décidé cela. Ce n’était pas sa volonté mais un simple accident. "

De nombreux efforts furent à faire pour éteindre le feu que par mégarde j'avais allumé, par la faute d'une colère que je n'avais pas pu contrôler. En hauteur j'agitais mes ailes pour qu'un vent puissant un tourbillon vienne en aide à cela.
Sur mon échine, Dame Laeticia regardait la scène en prenant soin de surveiller les alentours, et éviter une nouvelle attaque de l'adversaire de la vampire couronnée.

Je me concentrai sur la demande de ma Maîtresse avec le plus de zèle de possible, comme si je ressentais une certaine pression sachant que ce mal, ce fut moi qui l'avait causé.

En bas aussi ils agissaient avec prudence et courage pour y parvenir. Je m'en voulais, et ce sentiment, la suivante le sentait, alors elle caressa mes flancs en me disant.

-" Tu n'as pas à t'en vouloir, tu as agi pour protéger ton ami ! N'est-ce pas cela qui régi le pacte entre vous, les simples gardes ? N'est-ce pas cette union, cette solidarité qui vous rend fort ? Vous vous entraidez... Et cela est une fortune inestimable. "

Des mots qui me consolaient, je devais l'avouer, et apaisèrent mon angoisse.
** Vous avez raison Madame, jamais je n'avais connu tel union et solidarité avant que notre Rose ne me permette d'entrer dans les rangs de ses simples gardes. Mais regardez ? Nous devions rester discret, et j'ai tout gâché ! ** Répondis-je par télépathie... Il y eut ensuite un silence, et les caresses de la suivante qui me réconfortaient car elle savait aussi que j'avais raison.

Lorsque Dame Althéa me fit signe de descendre pour la rejoindre, je ne savais pas quoi penser.
Dame Laeticia s'agrippa alors à ma crinière, avec dans la tête les mêmes interrogations que moi.
Car elle aussi n'avait pas su me guider pour ne pas commettre cette erreur qui pourtant fut pour un bon geste, mais nous avons été trop faible, et avons laissé nos sentiments diriger nos actions.

Pour moi Dame Laeticia n'y était pour rien.
Avec élégance, je posai mes pattes au sol et m'approchai de la Maîtresse au charisme qui me fascinait toujours autant qu'il m'impressionnait.
En m'approchant ma démarche exprimait une espèce de désolation, qui représentait bien la honte que je ressentais pour mon geste même si je savais que j'avais dans un sens fait un geste pour aider, mais je l'avais mal fait !

Dame Laeticia sur mon échine se redressa, et chevauchant le sphinx que j'étais donnait l'impression qui pour moi était réel d'être l'actrice principale.
Qu'allait-il se passer désormais ?
-" Nous voilà Madame, j'espère que tout le monde se porte bien ? " dit-elle en regardant les membres de la famille alors que moi je n'osai pas lever les yeux.

Dans la froideur de la nuit, le brasier continuait de se consumer. Si intense en était la chaleur que nul autre qu’Althéa n’aurait pu approcher sans suffoquer. Si beau dans sa mortalité, il exerçait un tel pouvoir d’attraction que les premiers habitants des environs ne tarderaient guère à faire leurs apparitions. Il suffisait de voir l’immense colonne de fumée monter vers le ciel pour évaluer la taille du gigantesque panache s’étirant par-dessus les cimes et les routes. Des importuns ne pourraient donc que surgir de tous horizons.

Vies flottant dans le courant inaltérable du temps…

Pétales délicats voguant vers la flamme intense qui les attirait inévitablement…

Étalant ses sens aussi loin qu’elle le pouvait, la rousse chasseresse ne tarda pas à accrocher les premières perles de vie. Traîner en ces lieux n’amènerait rien de bon. Elle avait veillé à circonscrire l’incendie et la nature ferait le reste.

Quelques battements de cœur et le duo formé par Laetitia et FireWings ne tarda pas à la rejoindre. A leur approche, la vampire sourit doucement avant de leur faire signe de la main. A la démarche du sphinx, elle pouvait ressentir la gêne le dévorant. C’était si fort que cela en était presque palpable. Une attitude qui en disait encore long sur le lien l’unissant à ses semblables et encore plus sur sa honte de n’être pas encore capable de se maîtriser en tous points.

A la question de Laetitia, elle réfléchit quelques instants avant de lui répondre.

- Oui, tout le monde va bien… pour l’instant.

Des mots qu’elle avait alignés avec un soin plus que certain. De quoi intriguer ceux qui lui faisaient face. Un bien étrange tableau en effet que celui d’une suivante qui en cet instant semblait la dominer de la hauteur que lui apportait FireWings. Un point qui amusait la rousse Céleste plus qu’il ne l’énervait.

Et d’un pas gracieux, elle s’avança vers le sphinx avant de poser sa paume sur son front.

- Tes sentiments ont pris le pas sur ta raison et tu as exagéré la puissance de tes flammes. Cette erreur aurait pu avoir d’infiniment plus graves conséquences si elle avait eu lieu dans l’enceinte d’une ville ou d’un village. Ou juste aux alentours…

Acheva-t-elle avant de reprendre.

- Il te faut faire abstraction de tout cela lorsque tu combats. Sache que Laetitia est responsable de tes actes.

Des mots qui firent pâlir la suivante malgré elle.

- En se plaçant comme elle le fait, elle l’est aux yeux de tous. Et au travers de ton manque de maîtrise, c’est la qualité de son enseignement qui est mis en porte-à-faux.

Des paroles qui pouvaient être rudes mais étaient bien réelles. Les flammes auraient pu faire beaucoup de mal à des gardes autrement moins aguerris que ceux de son escorte.

Un instant de silence s’écoula ensuite, durant lequel la spectre sembla absente, puis, Althéa releva sa main.

- A vous d’en tirer les leçons et de veiller à ce que vos prochaines interventions se passent mieux que cela. Cette erreur sera vite oubliée. Tous les nôtres sont passés par là, eux aussi, mais n’oubliez pas qu’ils ne pourront pas toujours accepter de demeurer aux côtés de combattants risquant de les incinérer en même temps que leurs adversaires. A vous de trouver le moyen de contrôler… Et passant les doigts sur ses lèvres. Non, mieux de moduler la puissance des flammes et des autres dons que possèdent FireWings.

Et plantant son regard dans celui du sphinx.

- Viendra le jour où tu seras capable de parler même en cette apparence, ne te laisse jamais abattre ou déprimer à la suite d’une erreur ou d’une déconvenue.

Ultimes paroles de réconfort avant le dur retour à la réalité et à ce feu qui crachotait toujours à quelques pas d’eux son lot d’escarbilles brillant comme autant de fées directement nées du feu. Des lueurs qui transperçaient la nuit avant de s’endormir sur un sol de terre nue. Des lueurs auxquelles, la rose infernale tendit la main sans en frémir. Toutes ces étincelles dans la nuit, toutes ces danses au parfum de magie éphémères possédaient elles aussi un pouvoir, une grâce sans pareille…

- Éphémères, elles sont si éphémères… Comme la vie en regard de l’univers. Et pourtant une seule d’entre elles pourraient, placée au bon endroit, provoquer de réelles catastrophes. Étends tes sens, FireWings, ne ressens-tu rien ?

Une question à laquelle la chasseresse à la chair de lune nacrée attendait une réponse spontanée, excluant Laetitia à desseins. Qu’importaient les interrogations que pourrait se poser FireWings, il devrait donner une réponse. Il fallait une réponse…

Mon pas était lent, doux, et léger, en somme la parfait contraire de mon acte malheureux et dangereux.
Sur mon échine trônait Dame Laeticia qui rapidement posa la question au sujet de l'état de santé de tout le monde.
Mon regard était fuyant et exprimait une honte et une gêne que je trouvais des plus normales.

Comment pouvait-il en être autrement après ce que je venais de faire ? Notre Maîtresse mit un certain temps avant de répondre d'un ton mystérieux qui signifiait que derrière la bonne nouvelle se trouvait sans doute des mots qui ne sauraient être apparentés à l'amabilité, même si nous savions que la rose ne faisait jamais rien sans l'unique intention de nous aider à progresser, car même dans un mot sévère, il y avait de la bienveillance.

La vampire couronnée leva les yeux en direction de sa suivante qui était sur mon dos et dont ses doigts se mêlaient à ma crinière, et elle s'approcha de moi pour venir poser une main sur mon front m'offrant une étrange et jolie sensation.
Et pendant qu'elle me parlait, mes pupilles de sphinx se levèrent doucement. J'écoutais religieusement en sentant également les douces caresses de Dame Laeticia.
Notre souveraine expliqua mon geste par une perte de contrôle, par des émotions que je ne sus dompter, et affirma que cela aurait sans doute eu des conséquences plus grave encore...

Puis, elle m'ôta une certaine responsabilité en signalant que Dame Laeticia était ma responsable, et que mon geste exprimait un enseignement imparfait de sa part.
Des paroles qui me firent du mal... Et me firent baisser la tête car Dame Laeticia m'avait bien éduqué, c'était moi, et moi seul... Mais l'expertise de notre Maîtresse était implacable, elle représentait une conscience supérieure, et par conséquent elle pouvait comprendre des choses qui pour étaient impossibles.

Elle ôta sa main de sur mon front et dicta sentence avec comme à son habitude, bienveillance et justice.
La rose planta ensuite son regard dans le mien dans un instant qui me fascinait, et dont il m'était impossible de me détacher...

-" Madame, je suis désolée, mais vous avez raison, soyez certaine qu'à l'avenir cela ne se reproduira plus ! " répondit avec un certain répondant plein de respect et d'humilité la suivante qui sur son visage ne pouvait ôter le rouge qui maquillait timidement ses joues, toutefois, je ressentais qu'elle était déterminée à m'entraîner encore et toujours jusqu'à atteindre la perfection.

Je n'ajoutai rien, je savais que cette discussion était un entretien entre deux autorités de la demeure Brumel.

Ensuite, la rose changea de conversation, et reprit le cours de l'histoire en me posant une question qui m'obligeait à faire usage de mes pouvoirs.
Je me concentrai, aidé en cela par des caresses sur mes flancs de Dame Laeticia...
*Maîtresse, je ressens... la présence d'humain... Mais je ne sais pas...* dis-je par télépathie avec incertitude en poursuivant mes recherches en aiguisant mes sens...

D’un hochement de tête, elle avait accepté les excuses de Laetitia. C’était déjà de l’histoire ancienne et la suivante aurait tout le temps de récupérer. Reconnaître sa faute était déjà un grand pas et la Vampire Couronnée n’en attendait pas moins de la splendide brune. Le temps finirait bien par porter ses fruits. Après tout, on apprenait que de ses erreurs et là, Flagello avait plus que progressé.

Souriant à la vue de la rougeur des joues de la jeune femme, Althéa reprit doucement, encourageant le sphinx à se concentrer.

- Laisse-le faire, Laetitia, il faut lui laisser prendre ses marques…

Et alors que les flammes commençaient enfin à perdre en intensité, la rousse Céleste s’armait de patience. Un tableau splendide qui tirait vers un jeu d’ombre et de lumière d’une rare virtuosité. De longs battements de cœur passèrent et la voix du sphinx s’éleva enfin. Des mots tous simples mais particulièrement efficaces.

- Des humains, oui, en effet. Ils viennent des villages et mas tous proches. Les flammes ont dû les attirer comme les éphémères papillons de nuit qu’ils sont. Des papillons trop fragiles pour nous abreuver de leurs nectars. Laissons-les et occupons-nous plutôt de ceux qui se sont jetés dans nos bras. Tel est leur désir et tel sera leur passage…

Des mots porteurs de mort, sans la moindre équivoque entre les lèvres de l’Eternelle Chasseresse. Ainsi allaient les choses, les vampires, les Infants de la Nuit choisissaient leurs proies mais n’en négligeaient pas pour autant ce qui se jetaient en leurs bras. Ainsi Althéa en avait-elle décidé tout en tendant de nouveau ses sens vers ceux restés en retrait : Lorenzo et le père Matthias. Tous deux n’avaient rien de simples gardes mais mieux valait les rejoindre. Loin de la Vampire Couronnée, ils pouvaient aussi devenir des proies pour celui qui leur avait signifié des jours auparavant son réveil. De quoi rendre les choses plus subtiles, plus intenses.

Même s’il n’est pas là, je sens qu’il nous traque à sa façon. A la frontière de mes sens, il me nargue. Nous sommes de la même lignée mais quelque chose en lui a changé. Un sang que je n’ose encore nommer s’est ajouté au sien.

C’était comme un jeu de la tentation où j’étalais mes sens vers les siens ou ce qu’il voulait bien me laisser avant de s’évanouir dès qu’il me sentait trop proche. Un drôle de jeu du chat et de la souris. Entraîner les membres de mon cercle dans cette aventure était un risque qu’il me fallait prendre, qu’il nous fallait tous prendre mais avant cela, il était nécessaire de refaire nos forces.

- Oui, cette chasse vient de s'achever... La chasse et le sang qui ne demande qu'à s'écouler.

Et sur ces quelques mots, j’indiquais à mes compagnons la voie à suivre. Deux humains étaient encore en vie aux bons soins de mes compagnons, le temps de les interroger sérieusement était venu. Et me tournant vers Firewings, je déployais mes ailes, lui glissant ces derniers mots…

- En route FireWings et cette fois, tache de ne pas incinérer trop vite nos précieux calices.

Sur ce, je repris mon vol, entraînant l'ancien berserker à ma suite.

Je traversais des moments compliqués, des longs tourments faits de souffrances dans l'unique but d'apprendre à contrôler mes pouvoirs.
La situation n'était pas un entraînement, j'en avais conscience, je venais de commettre une erreur, je ne voulais plus en faire.
Mais comment pourrais-je ne pas en faire alors que j'ignorais encore beaucoup. Heureusement, le sentiment de bienveillance qui s'accrochait à l'autorité de Dame Althéa me permettait de surmonter la peur de mal faire, et de continuer à avancer.

Je me concentrai pour répondre à la demande la vampire couronnée, et répondit du mieux que je le pouvais, du mieux que me le permettait mes connaissances.
Sur mon échine trônait toujours la légère Dame Laeticia, qui elle aussi semblait affectée par ce qu'il venait de se passer.
Toutefois, c'était une femme valeureuse, et je savais qu'elle allait très vite repartir en avant pour m'aider encore plus afin que je puisse m'épanouir. Malgré ça, je ne voulais pas qu'elle se sente responsable de ma faiblesse.

Elle m'avait appris, et je fus simplement incapable de mettre en pratique ce qu'elle m'enseigna sur ce moment !
Mais la voix de notre Maîtresse était implacable, et son jugement ne souffrait d'aucune contestation et était vérité absolue ! Alors, il faudrait qu'avec la suivante nous apprenions encore et encore pour progresser.

La rose prit la parole pour confirmer mes dires, et faire quelques commentaires sur ce que nous devons faire.
Inconsciemment, j'agitai lentement mes ailes avec une rare beauté... Si les miennes étaient belles, que dire des ailes de Dame Althéa ?
Bien plus grandes, féeriques et puissante... Elle me fit signe de la suivre.
* A vos ordres, Maîtresse ! * lui dis-je par télépathie, avec une Dame Laeticia qui posa ses ongles pour se tenir et d'un geste me guider pour m'élever dans le ciel...
* Dame Laeticia, je vous fais la promesse de ne plus faillir ! * soufflai-je à la suivante qui en réponse caressa mon crâne alors que nous suivîmes notre Maîtresse.

Voguer sur les courants encore chauds était un délice sans pareil. Plus que le sentiment de liberté, c’était la fièvre de l’instant présent qui la grisait. Sous ses ailes, s’étirait la forêt encore fumante. Les flammes avaient fait leur lot de dégâts mais le pire avait été évité. Par chance, aucun ennemi potentiel ne s’était manifesté. Tournant de temps à autre le regard en arrière, elle ne pouvait manquer l’imposante silhouette de FireWings supportant sans effort la charge de Laetitia. Un fait dont la rousse chasseresse ne pouvait que se réjouir.

Si seulement, tu prenais davantage confiance en toi, Flagello. Un jour ou peut-être une nuit, il te faudra bien avancer seul.

Une réalité que l’ancien berserker devrait affronter même s’il n’était pas encore tout à fait prêt. Dans la tourmente qui menaçait de tous les emporter.

Quelques battements rapides et elle arriva au-dessus de la zone où se trouvaient une partie des siens. Tout paraissait calme si calme. Se concentrant davantage sur les deux captifs encore en vie, la Rose Infernale étendit ses sens sur eux. Nulle crainte en leurs cœurs, juste de la curiosité ou de la concupiscence envers Lucile la blonde alors que Zelphyra se tenait toujours aussi insaisissable auprès de Signy et Moonlight Shadow.

" FireWings, il est temps pour nous de rejoindre la terre ferme. "

Simple directive que la Vampire offrait au sphinx avant de se laisser glisser vers le sol en une débauche de grâce et de silence. Le genre de vol que peu d’êtres pouvaient imiter. Lentement, elle atteignit le sol, savourant au passage la caresse de l’air frais sur sa peau. Tout n’était en cet infime instant que passage suspendu avant que la vie ne reprenne à pleine vitesse.

Vie qui se présentait sous l’apparence des deux malandrins que ses compagnes tenaient sous leurs coupes. L’un d’eux avait une barbe de deux jours et un aspect quelque peu frustre, la dégaine d’un homme qui passait sa vie à courir d’un lieu à l’autre sans jamais se poser. Quant à l’autre, c’était un tout jeune homme qui n’avait aucune idée de ce qui allait lui arriver. A le voir, certains auraient pu être pris de pitié mais ce n’était ni le cas d’Althéa ni celui des membres de sa famille. Restait le cas de FireWings que Laetitia n’avait pas encore pu totalement changer en vampire combattant.

Se tournant vers Lucile, elle lui fit signe d’amener le plus jeune des captifs. Ce que la sulfureuse blonde ne tarda pas à faire, le poussant sans la moindre gêne hors de la voiture tandis qu’il rougissait à son geste.

Toujours autant d’effet… Songea la rousse Céleste tandis que Zelphyra ricanait dans son coin. Comportement auquel Althéa ne porta pas plus d’attention, se concentrant sur les lieux où se trouvaient encore Lorenzo, Matthias et Harcher. Lesquels quadrillaient les terres toutes proches.

Un regard à Signy qui tenait fermement le plus âgé des deux et elle se retourna enfin vers Flagello.

- FireWings, peux-tu interroger ce jeune homme pour nous ? Et éventuellement, le renseigner sur ce qui l’attend entre les mains de notre Maison.

Une nouvelle épreuve que l’ancien berserker devrait passer, cruelle mais essentielle pour sa survie face à un être tel que Cédrick.

Le vol était agréable, mais toutefois, la vigilance était de mise, et mon regard balayait l'horizon, tout comme le sol tout en bas.
Sur mon échine, Dame Laeticia aussi se montrait attentive. En même temps, elle m'aidait à me diriger, et à garder une allure correct.
Ainsi, nous suivîmes Dame Althéa, qui avec tout son charisme nous devançait légèrement. Le trajet fut court jusqu'à ce que la Rose nous commande d'un ton ordinairement autoritaire et doux de descendre sur terre.

Suivant sa route aérienne, et après avoir répondu d'un geste de la tête, et un mot de compréhension de la suivante, nous nous retrouvions sur la terre ferme.
Un atterrissage serein, mes pattes de félin se déposèrent sur le sol avec grâce et beaucoup de légèreté.
Nous retrouvâmes une partie de la troupe, ainsi que deux autres personnes qui furent fait prisonniers.

La vampire couronnée demanda à Dame Lucile de rapprocher le jeune captif. De mes yeux perçants je regardais la scène, et remarquai avec un certain amusement le fait qu'il était plus que gêné, et troublé par la succube.
Moi-même en avait fait l'expérience. Dame Lucile avait un grand pouvoir sur les hommes. Une scène qui fit également rire Dame Laeticia, et Dame Zelphyra.

Soudain, une voix m'interpella !
Ce fut celle de Dame Signy, elle tenait avec une grande fermeté le second prisonnier qui était plus âgé aussi.
Elle voulait que je l'interroge et que je lui annonce ce qu'il risquait en restant au sein de la Maison Brumel.
* A vos ordres Dame Signy ! * lui répondis-je par télépathie en m'approchant du captif qui comprenait qu'elle s'était adresser à moi.
La suivante sur mon dos, descendit et décrocha de sa ceinture son fouet comme si elle s'apprêtait à montrer au prisonnier qui elle était !
Mon attitude montrait une bribe de colère, et un calme étonnant, comme une rage que je contenais.

Je montrai mes crocs, et fixai le captif avec un air féroce.
-" Vous ferez mieux de coopérer, il est très agressif ! " souffla Dame Laeticia.
* Qui se cache dans ton ombre et te dirige ?! * Lui demandai-je d'une voix qui raisonna dans sa tête, mais aussi dans celle de mes supérieurs. Le ton était dur, et je levai une patte avec des griffes aiguisées, et battit des ailes, pour faire jaillir quelques flammes qui vinrent lécher une des joues de l'hommes.
* Réponds ! Sinon, ton âme s'envolera dans le Royaume des Morts... * dis-je ensuite en venant posant ma patte armée sous sa gorge !

Dame Laeticia glissa sa main sur mon flanc et déclara :
-" Répondez ! Ni moi ni elle, n'arrêterons cette créature dans sa mission si vous refusez ! "
Pendant que la suivante parlait, je laissai une marque de mes griffes juste en bas du cou de l'homme en déchirant le haut de sa chemise.

Pris entre la sensualité enivrante de Lucile et l’ardente bestialité de FireWings, le captif oscillait entre Enfers et Paradis. De quoi lui faire tourner la tête jusqu’à ce que la terrible réalité ne se surimposât enfin à lui.

- Mais…

Rien que la voix de l’ancien berserker résonnant en sa tête avait de quoi le terrifier. Fait que son corps ne tarda pas à trahir malgré la noirceur ambiante. Il suffisait juste de savoir se servir de ses sens pour s’en rendre compte. Entre le parfum de la sueur brûlante dégoulinant le long de son corps et les innombrables spasmes le secouant, nul doute n’était possible. Ce criminel particulièrement endurci n’avait même plus la force de pleurer.

Se penchant délicatement de côté, pour mieux le contempler, Althéa se focalisait sur le moindre changement d’expression du prisonnier. Sa terreur lui éclatait aux yeux mais il n’avait visiblement pas encore compris. Malgré les messages mentaux de son tourmenteur, il n’avait pas encore saisi. Ce n’était pas sa vie qu’il jouait, pas sa vie mais son avenir au plus profond du sombre séjour. L’Hadès lui tendait les bras mais il espérait encore, il espérait glaner d’ultimes instants en ces terres…

Soupirant, la Rose Infernale se recula juste de quelques pas. En dépit de tous les soins et le sérieux de ses compagnons, il n’avait pas encore compris. Fait qui contrariait plus qu’un peu la rousse Althéa. Jamais, elle ne lui mentirait en lui offrant de faux espoir. Elle n’était pas de ce bois-là, certainement pas. Aussi, échangea-t-elle un nouveau regard avec Signy qui se tenait à l’écart, lui désignant l’autre captif.

Désir que l’ancienne asgardienne ne tarda pas à combler, attirant l’autre brigand à proximité. Suffisamment pour qu’il comprenne ce qu’il se passe mais pas assez pour qu’il se sente d’office menacé par l’immense escorte.

Quelques instants s’écoulèrent encore sous la nuit mourante alors que l’homme tétanisé ne pouvait détacher son regard de celui du sphinx dont les ailes enflammées ne faisaient qu’accentuer encore davantage l’aspect terrifiant.

- Non… Non, retourne en Enfers, espèce de monstre...

Fut tout ce que la splendide Céleste put recueillir entre les borborygmes et les mots à demi-prononcés du captif alors que la patte griffue et immense du félin à visage d’homme se posait sous sa gorge. Une vision de cauchemar qui paralysait totalement le malandrin sous le regard de l’autre. Lequel craqua soudain, éclatant en sanglots avant d’hurler ces quelques mots.

- Pitié, pitié, nous ne savions pas. Nous ne savions pas à quels points nous étions des pêcheurs et que Dieu ne tarderait plus à nous punir pour toutes nos fautes.
- Dieu ?
- Oui, nous avons pillé une église et…

Posant la main sur la bouche du plus jeune, Althéa l’amena au silence avant de poursuivre tandis que Signy maintenait toujours le jeune homme face au tableau hallucinant de son complice et FireWings.

- Une Eglise ? Mais qui était avec vous ? Qui était votre chef ?
- Celui qui est mort.
- Personne d’autres ?
- Non, personne, on a juste cru que vous étiez de simples voyageurs faciles à…
- Rançonner, violer et assassiner ?

Un instant s’écoula encore tandis que la spectre faisait peser tout le poids de son regard sur le jeune homme. Lequel finit par avouer.

- Oui… Oui…
- Bien, personne d’autres donc ?
- Non, personne…

Se tournant alors vers Laetitia, Althéa finit par lui dire.

- Bien, visiblement, ce n’était que des bandits de grands chemins qui n’ont d’autres avenirs que de venir grossir les rangs des maudits. Finissez la mission que je vous ai donnée et expliquez-leur que seule leur ignorance de notre nature profonde leur épargnera la peine la plus lourde.

Et s’éloignant doucement…

- Et qu’il n’y a pas meilleur privilège que de s’endormir entre les bras des Vampires. Une fin bien douce en regard de tous ce qu’ils ont pu infliger à leurs victimes…

Ainsi Althéa offrait à la brune suivante et à son protégé le plus âgé des deux hommes. Voir si FireWings serait capable d’en finir en tant que Vampire sous forme bestiale serait plus qu’intéressant tout en offrant le temps aux autres de venir les rejoindre. Lesquels semblaient un peu trop s’attarder au goût de la chasseresse à la chevelure flamboyante.

Mon regard fixait le captif avec une intensité qui en disait long sur mes intentions. J'accomplissais ma tâche avec beaucoup de zèle et l'envie d'apprendre.
Car je le savais, cette scène faisait partie de mon apprentissage, et je n'avais pas le droit d'échouer. Dame Laeticia était avec moi, et je sentais son aide. Mais il y avait aussi ma Maîtresse qui observait cela légèrement en retrait, et aussi Dame Signy qui tenait le prisonnier.

Mon ouïe était aussi attentif aux voix de mes supérieurs. En attendant mes menaces se firent de plus en plus oppressante pour le malandrin qui après avoir souhaité mon renvoi en enfer commençait à comprendre ce qui lui arrivait.
Le second fut amené, il vit la scène et tomba en sanglot et craqua lorsque je posai mes griffes sous la gorge de son partenaire.

Il prit la parole, et fut interrompu rapidement par la Rose et engagea une rapide et brève discussion avec ce dernier.
Avec Dame Laeticia nous restions sur nos gardes, attentif, et moi je gardais cette air ce ton agressif prêt à passer à l'action.

Après quelques instants, la vampire couronnée s'adressa à sa suivante, et s'éloigna.
-" Bien Madame." lui dit-elle en regardant la vampire prête à accomplir son devoir.
-" Ton ignorance sera ta fortune... Les bras de la nuit t'enlaceront mon brave ami. " annonça Dame Laeticia qui déposa sa main sur mon encolure en fixant le plus âgé des captifs qui était désormais à notre merci, suivant la volonté de notre Maîtresse.
-" Firewings, le temps est venu pour toi de te nourrir... " les mots de Dame Laeticia me firent frémir. Le captif tremblait et était incapable de parler. J'avais compris le message, et j'allais accomplir l'ordre de la Dame.

Je montrai mes crocs au milieu d'un terrible grognement. La suivante me regardait, les bras croisés.
-" Tu ne le sais, mais c'est un honneur que tu es en train de vivre au vu de ce que tu as accompli ! Vas-y Firewings, ne le fais plus attendre ! " me dit-elle d'un ton mêlant douceur, autorité, et une certaine compassion pour celui qui d'ici peu prendrait place au sein du Royaume d'Hadès.

Obéissant, et malgré les larmes dans les yeux du malandrin, d'un geste rapide, et agile je vins planter mes crocs dans son cou pour me nourrir...Une sensation étrange me parcouru, et après quelques instants, je me redressai, les canines dégoulinantes de sang.
Et ce fut la suivante qui prit la suite, et termina de lui faire l'honneur de l'envoyer dans le monde des morts.
Nous étions tous les deux pris d'une terrible sensation, c'était notre première fois... Le mutisme nous unissait, elle reprit place sur mon dos, et nous nous approchâmes de Dame Althéa...

Instants intenses où la mort se mélangeait à la vie. Instants qui marquaient aussi le passage à un état supérieur, un autre pas vers l’accomplissement final de Flagello en tant que FireWings…

Bien des lunes s’écouleront encore avant que de nymphe tu deviennes Imago…

Songea Althéa, un sourire énigmatique sur les lèvres. Rien n’était fixe, rien ne restait pareil. Qui mieux qu’elle pouvait en être aussi conscient. Tous ces siècles passés à contempler de loin ou de près les méandres de l’humanité constituaient une fresque sans égale. Et que dire des récits des Enfers qui plus que tout témoignait des avancées de l’humanité. Les moyens, les êtres, les conditions de vie et les mentalités, tout changeait. S’arrêter menait inéluctablement à la mort. Tout devait tôt ou tard se faire à un environnement en perpétuelle évolution.

Tout comme le reste de la vie, Flagello, il te faudra te faire au changement. Tout change autour de nous et nous, nous sommes piégés dans des corps immortels qui ne craignent pas la fuite du temps. Une force mais aussi une malédiction lorsque le reste du monde s’en aperçoit.

Fermant les yeux, la Rose Infernale les rouvrit aussitôt pour voir les crocs fondre en la chair du malandrin toujours trop terrorisé pour réagir jusqu’à ce que les paroles du sphinx ne fassent leur chemin en son esprit.

Un privilège…

Rien n’était plus juste que les paroles de Laetitia et Flagello Firewings en cet instant. Pénétrer en les terres de l’Outre-monde par la main d’un vampire même aussi singulier que l’ancien berserker était un privilège certain tout comme l’absence de douleur en dépit de la terrifiante morsure que lui avait infligé la chimère à visage humain. Dégoulinant de sang, les crocs du fauve mystique ne laissaient pas le moindre doute sur les flux du précieux liquide qu’il n’avait pu que soutirer à celui qui s’était jusque là considéré comme le pire des bandits. Une terreur qui, au final, n’était qu’illusion.

Comment aurait-il pu en être autrement quand on ne connaît que les vicissitudes de ce monde ?

Puis, ce fut le tour de Laetitia de prendre place auprès de l’homme déjà quasi inconscient avec la perte de sang. La soif et le froid devaient le dévorer tandis que sa vision se voilait de noir.
Faiblesse… Si grande faiblesse alors que sa tension déjà s’effondrait…

Lentement Althéa guetta les sons du battement de son cœur alors que la suivante, encore si jeune en leur monde de Nyx prenait un peu trop de risque à son goût. Aussi d’un appel, l’amena-telle à cesser.

- Il suffit, Laetitia, il expire…

Dernier souffle et le voyage de l’âme vers l’Outre-monde et le palais des juges débuta.

Quelques instants s’écoulèrent ainsi sans le moindre son, pas même la plus petite pointe du plus jeune de la troupe. Et pas un instant, Althéa ne se tourna vers lui, le laissant aux bons soins de la Succube Lucile. Laquelle le fit passer à son tour sans la moindre violence. C’était même le sourire aux lèvres, le regard embué de larmes que son étincelle de vie s’éteignit. Périr de la main d’une femme comme la blonde incendiaire n’avait rien à envier au sort qu’avait connu son comparse. Ainsi se passèrent les choses tandis que le duo, quasi fusionnel à présent, formé par Laetitia et FiresWings s’approchait de l’Éternelle Chasseresse. Laquelle allait ouvrir la bouche quand soudain un hurlement de désespoir s’imposa à ses sens. Un cri dont l’intensité dépassait ce que tout être humain pourrait pousser.

- Lorenzo !!!

La sensation n'était pas ordinaire. Mon âme ressentait un frémissement indescriptible. Il y avait un léger goût amer qui fut rapidement substitué par un sentiment de bien être que je n'avais jamais connu.
De la peur, et de la joie juste après. Je poussai quelques râles avec mes crocs dégoulinants de sang qui exprimait ce souffle que je ne pouvais pas contrôler. J'en tremblais même. Toutefois, ma confiance aveugle en la Rose me faisait dire que ce passage était obligatoire pour ma progression.

Ce fut alors au tour de la jeune suivante de se nourrir. La victime n'était plus très loin du trépas et de son jugement. Jamais il ne le saurait, mais cette fin était des plus belles qu'un mortel pouvait recevoir.

Dame Laeticia avait vu mon trouble, et son visage plein de compassion et de compréhension me faisait un grand bien.
Allait-elle avoir la même douleur et le même plaisir ? Elle était une jeune suivante, mais une suivante quand même, alors, elle possédait certainement un don pour mieux assimiler le geste que nous venons d'accomplir.

Me sentant encore fort étrange, mes sens s'étaient aiguisés de sorte que j'entendais un boum boum, un bruit dont j'ignorais la provenance jusqu'à ce que je comprenne qu'il s'agissait du coeur du malandrin.
Le bruit devenait plus lent, plus faible... Puis plus rien... Le néant, la fin de la vie... Dame Laeticia fut interpellée par notre Maîtresse avant qu'elle n'aille trop loin.
Elle se redressa, les yeux brillants, et l'éclat de son visage majestueux.
-" Nous avons réussi Firewings... Heureusement que Madame m'a averti, mais l'expérience nous permettra de mieux jauger l'instant de l'atteinte du point final. Bien ! Retournons auprès d'elle, la bataille n'est pas encore terminée." me dit-elle en s'approchant de moi avant de grimper sur mon échine avec toute sa majesté et son charisme.

Ainsi, nous allâmes à un rythme qui n'était pas rapide, du fait du contre coup de ce que je venais de vivre, mais pas lent non plus, à la rencontre de la vampire couronnée.
Elle fut rapidement sous nos yeux. Et avec le respect que je lui devais, je me mis à sa droite.
Mais avant même que je ne puisse lui parler par télépathie, ou que Dame Laeticia puisse lui faire un rapport, notre Maîtresse clama d'une voix qui déchira le ciel un simple nom; celui de Lorenzo, mon ami celui avec qui je partageais le travail à l'écurie et la garde de l'une des portes principales de la demeure Brumel.
Que lui arrivait-il ?
Le ton de celle qui représentait l'autorité me fit mal, et fit entrer au sein de mon esprit un mauvais pressentiment qui me fit perdre la capacité de transmettre mes pensées. Dame Laeticia l'avait compris, et se fit ambassadrice de mon inquiétude qui était aussi la sienne, elle qui était proche des simples gardes puisqu'elle s'occupait de leur éducation.
-" Madame ! Que se passe-t-il ? Qu'arrive-t-il à Lorenzo ? Il nous faut lui venir en aide au plus vite ! " dit-elle de sa voix mélodieuse avec une pointe d'effroi.

[HRP : sorry pour retard, voilà, le post est achevé. En cas de souci, n'hésite pas à me mp]

Lorenzo… Que lui arrivait-il ? Si seulement, elle en avait une réelle idée. Où que s’étiraient ses sens, ce n’était que cris et rages concentrés en un seul point, une zone proche, encore noyée par les effluves du récent incendie. Cendres fraîches, moiteur d’une nuit finissante peuplée de cris et de peurs. Tant d’êtres s’étaient égayés en tout sens, fuyant la fournaise autant que l’apparition fantasmagorique d’un sphinx ou d’une licorne aussi noire que le jais. Images fantastiques liées à tant de contes anciens et autres croyances les prenant droit au plus profond de leurs peurs ancestrales voire plus encore viscérales. Si intenses étaient ces vies courant en tous sens qu’Althéa éprouvait de réelles difficultés à isoler la seule voix de Lorenzo au milieu de tout ce chaos. Autant rechercher une aiguille dans une meule de foin mais il en fallait bien plus pour la décourager. Se concentrer encore et encore puis, envoyer les siens à la rencontre du jeune homme. Déjà le père Matthias devait se trouver auprès de lui et il était loin d’être un enfant de cœur.

- FireWings… Signy, Lucile et Laetitia qui demeurez encore présents…

Sa voix s’était élevée comme surgissant tout droit d’un rêve avant de poursuivre sur un ton aussi envoûtant que lointain.

- Lorenzo et Matthias sont encore au loin et hormis les cris de douleur qui ont vrillé mes sens, je ne puis les localiser de suite. D’autres présences perturbent l’ensemble de la totalité des lieux. Il se peut même que d’autres vampires plus qu’anciens se trouvent à proximité en plus des innombrables vies que l’incendie a attirées ou paniquées. Cela part en tous comme un concert qui n’aurait plus de maître d’orchestre.

Des mots soigneusement choisis pour représenter au mieux ce qu’elle ressentait face au maelstrom général. Trop de vies voire de non-vies tournaient en tous sens autour d’elle. Et sans le lien vampirique total, elle ne pouvait retrouver le jeune florentin au milieu de la masse hurlante. Même Matthias lui échappait. Chose encore plus inquiétante sachant qu’il ne se cacherait jamais sans la moindre raison. Quelque chose l’effrayait voire le terrifiait au point qu’il préférait se laisser massacrer dans la plus grande indifférence plutôt que de mener l’Éternelle chasseresse vers un sort qui ne pouvait qu’être que peu enviable. Et pour avoir une telle crainte, la menace ne pouvait qu’être sérieuse voire mortelle même pour elle qui en plus d’une reine vampire était une guerrière appartenant à l’une des pires armées.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

- Hhhhhhhhhhhhhhhhh…

Cris étouffés par des flots de sang, c’était tout ce qu’il avait pu émettre avant que l’étau ne se referme aussi bien sur sa gorge que sur ses lèvres. Tout s’était passé si vite, si vite qu’il n’avait rien pu voir venir. Pourtant, il était l’un des gardes de la Maison Brumel, l’un des jeunes hommes entraînés par Angus, un vampire en devenir même s’il n’avait pas encore reçu le don du sang. Que se passait-il ? Que se passait-il alors qu’à ses tempes, le son se faisait plus aigu et qu’un voile noir descendait soudain sur ses yeux.

- Il suffit !!!

Un autre cri suivi de bruits sourds avant que l’étau ne se desserre soudain et qu’une nouvelle sensation ne naisse sur sa joue rasée de près.

Que lui arrivait-il ? Plus aucune force ne se dégageait de son corps alors que les sons lui parvenaient si déformés. Pourtant, pourtant, il vivait. Il vivait, la souffrance mourante en ses nerfs le lui soufflait tout comme le fait que ce n’était qu’un sursis, qu’un simple sursis alors que le fluide de sa vie s’écoulait via une blessure qu’il ne sentait même pas. Et où était-il d’abord ?

- Non…

Se lever, il devait se lever, forcer ses paupières à reprendre de la force, forcer ses yeux à se lever vers ce qu’il se passait tout autour de lui. Ces bruits de pas sur le sol, ces coups lourds échangés à une fréquence qu’il ne pouvait déterminer. Un homme apparemment corpulent se trouvait pris au centre d’un cercle formé par quatre voire cinq assaillants. Si faible était Lorenzo qu’il ne pouvait se fier totalement à ses sens. C’était si terrifiant de sentir la mort flotter tout autour de lui, au beau milieu des effluves cendreuses, de la puanteur environnante des cadavres d’animaux n’ayant pu fuit l’incendie.

Se lever…

Il devait se lever. C’était si dur, si dur, son corps était si endolori, si affaibli. Non, il ne pouvait se laisser aller, se laisser glisser vers la fin alors que la Vampire Couronnée l’avait accueilli en sa demeure, lui faisant la promesse du sang quand le moment serait venu.

L’éternité, l’éternité d’une vie au service des Infants de la Nuit. Si proche, échouer si près du but alors que les autres étaient tous là. Que même un faiblard comme Flagello y était parvenu. Rien qu’à cette idée, ce qui lui paraissait en cet instant comme une injustice infondée lui éclata en pleine tête.

Si près si près du but !!!

La colère bouillonnant soudain en lui, le ressentiment et la jalousie qu’il n’avait même pas encore réalisée jusqu’ici éclatèrent toutes en même temps, se joignant à la terreur de la mort imminente. Si puissantes qu’elles déchirèrent dans un effort ultime le voile le séparant de la réalité qui se passait à quelques pas de lui.

Matthias…

Seul l’apparent homme d’Eglise se tenait face aux assaillants, certains portant encore aux lèvres le sang qu’ils lui avaient dérobé. Tant de coups s’échangeaient entre eux mais face à ce qui ne pouvaient être que des vampires, même un être aussi redoutable que le précepteur de la Rose Infernale ne pourrait tenir indéfiniment.

Se relevant comme il le pouvait, le garçon ne put éviter un nouveau coup qui le relança sur le sol. Un poids qui s’abattait sur lui avant qu’une nouvelle forme ne surgisse en un éclair et n’emporte le vampire ou mercenaire avec elle. Si foudroyante avait été cette intervention que le garde entre deux passages sur ses yeux baignés de sang avait tout juste pur entrevoir un regard brillant et quelques mèches d’une chevelure rousse avant qu’un nuage de poussière ne couvre ses yeux blessés, déclenchant une douleur vive qui le fit rouler sur le ventre avant qu’il ne retrouve les deux êtres en pleine lutte à quelques pas de lui mais tout allait trop vite trop vite.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

- Lorenzo !!! Ne te relève pas, surtout pas, reste à l’écart !

Face à lui, deux mercenaires et trois vampires se tenaient à l’affût, l’un d’eux le regardant avec un regard mauvais.

- Tu as cru que je te le laisserai le dévorer sans bouger le petit doigt. Approche, viens te battre contre quelqu’un à ta taille.

A peine avait-il besoin de regarder le jeune homme pour se rendre compte de son état. Sans le moindre secours, il ne pourrait survivre à une telle expérience. Face à lui, le premier vampire se tenait prêt à en découdre. Un fait qui n’effrayait nullement le précepteur de la Maison Brumel. Jouant de sa lance, il tenait son adversaire à l’écart, lançant coup sur coup pour atteindre son adversaire. Lequel répliquait aussi sec, soulevant des nuages de poussières et de cendres, noyant le tout dans un décor opaque où seuls les sens accrus des vampires pouvaient suivre sans s’égarer. Ainsi, commençait la danse la plus effroyable que pourrait suivre tout être humain, image tronquée dont les seuls sons surpassant le brouhaha général étaient les cris et les bruits de coups échangés. Et au milieu de tout cela, l’odeur du sang, des sangs giclant des blessures ouvertes de part et d’autre, commençait à flotter dans l’air. Soudain une forme jaillit du tout. Un homme de taille moyenne, quelque peu corpulent mais dont le visage était tant marqué par le vice et la violence qu’il se plaisait tant à répandre autour de lui qu’on ne pouvait douter des desseins qu’il avait pour Lorenzo.

- Espèce de… !!!

Un coup sourd droit dans la mâchoire de Matthias le mit ainsi au silence sans qu’il ne puisse passer la main dessus. A demi-sonné, il ne pouvait que lutter pour sa propre non-vie, forcé de laisser le plus jeune des membres de la petite troupe, l’un des deux seuls non-vampires. Le goût du sang dans la bouche, il guettait celui qui lui faisait face, bien plus hardi que celui qui s’en était de nouveau pris à Lorenzo. Furieux malgré l’apparence toute en force qu’il s’efforçait de conserver, il ne pouvait que reconnaître son impuissance face à celui qui s’était échappé pour se rabattre comme la pire des charognes sur le brun florentin.

- …

Trop de sang l’étouffait encore alors que son corps commençait déjà à se régénérer mais qu’un autre plus lointain se tenait dans l’ombre, guettant la moindre faiblesse. De quoi pousser le vampire à rester sur ses gardes.

Là, il était là tout comme une autre présence encore lointaine mais bien réelle.

Lorenzo… Mieux valait le réduire lui-même au silence plutôt que de le laisser tomber entre les griffes de celui qui se tapissait dans le coin le plus proche ? Entre les différentes possibilités qui s’ajoutaient encore à ces deux extrêmes, Matthias, hésitait, fouillant au plus profond de ses ressources pour trouver qui pourrait sauver les deux alliés plutôt qu’en arriver à cette étape ultime.

- Que ?

Ses jambes s’étaient mises à trembler ou plus exactement le sol sous elles. Des vibrations que les autres avaient aussi ressenti sans en afficher la surprise. Eux aussi luttaient sans tenter d’attirer plus que de nécessaire. Une crainte que Matthias ne pouvait qu’avoir comprise, inconsciemment ou non. De quoi rendre la situation extrêmement complexe, forçant d’une certaine façon le vampire à conserver toute la force qu’il aurait déjà pu déchaîner depuis bien longtemps sur les cinq assaillants. Au fond de lui, une alarme sonnait. Quelque chose de sourd, d’invisible tout comme la présence qui s’était interposée entre Lorenzo et son agresseur. Salutaire ou trompeur ? Matthias ne le savait, tout ce qu’il sentait en cet instant était la terre qui se remettait à trembler puis une présence. Une vie dont la chaleur était plus basse que celle d’un être humain quant à la forme et le mouvement. Non ? Il devait se tromper. Prenant soudain la teneur du péril se déplaçant sous leurs pieds, le précepteur bondit de toutes ses forces avant que l’immense force ne brise la fine croute la séparant encore de la surface, apparaissant dans toute sa férocité et son implacabilité.

Des cris transpercèrent alors la nuit mourante, vrillant davantage les sens d’Althéa avant qu’enfin, elle ne donne la réponse qu’attendait FireWings.

- Prend ton envol et va rejoindre Lorenzo. Quelque chose plane encore en ces lieux et se déplace sans arrêt. Je ne peux le perdre, pas en cet instant. Va… Va et fais attention, d’autres présences se font sentir sans pour autant se livrer et c’est elles que je dois cibler.
Sur ce, elle se plongea encore plus profondément dans ses recherches.

Rien ne pouvait être plus écœurant que cette odeur de chair brûlée, de cendres et d’humidité crasse flottant dans l’air nocturne. A quelques pas, le tocsin maintenait son chant lancinant. Rien ne pouvait laisser prévoir une telle catastrophe. L’été était encore si loin et la terre dégoûtait encore de rosée. Posant la main sur le sol, elle en tâta la texture, la portant ensuite à son visage, humant tout ce qu’elle pouvait dégager. Trop de choses détonnaient dans cette histoire tout comme les élans de cosmos qu’elle avait pu ressentir sans pour autant l’attribuer à tel ou tel guerrier. De quoi aimanter sa curiosité. Et puis, face à tant de détresse, elle ne pouvait conserver une telle impassibilité à toute épreuve. Rien que les pleurs tout proches des enfants et des femmes y suffisaient. Se tournant un instant vers la foule qui contemplait, l’air consterné ce qu’il restait de leur principale ressource, Erin se contenta d’un hochement de tête léger. Rien de plus sinon un léger crispement sur le manche de son fouet. Puis, se détournant, elle s’enfonça dans les vestiges de ce qui était encore quelques instants auparavant une forêt.

" Grizzla…"

Un ordre et l’immense ourse apparut comme surgissant du néant.

" Ouvre le chemin mais fait attention, tous ces troncs sont encore bine trop fumants. "

Sous ses pieds, les écorces et autres végétaux calcinés se brisait. Un son qu’elle ne connaissait que trop bien tout comme les présences qui se faisaient sentir par intermittence. Si insaisissables qu’elle finît par relâcher ses compagnes nocturnes. Tant de chauves-souris qui ne tardèrent pas à l’encercler en une sarabande aussi rapide que bruyante, enfin pour qui était capable de les entendre. Quelques instants s’écoulèrent ainsi alors que l’immense plantigrade secouait sa tête, en une brève manifestation d’agacement. De quoi faire presque sourire Scylla sans qu’elle ne le fasse pour autant. Ce qu’il se passait était trop grave pour qu’elle se laisse distraire. Il fallait qu’elle maintienne sa concentration, qu’elle se fixe sur les présences fugitives qu’elle avait détectées et que ses petites compagnes ailées ne tarderaient pas à déceler. Elles avaient l’avantage du vol, du nombre et surtout de la sensibilité accrue des êtres associées à la Nymphe des Eaux. Un point qui associée à la présence de Scylla ne tarderait pas à la mener à bon port.

Ainsi s’écoula la majeure partie de sa marche, précédée de l’immense Grizzla lorsque, enfin, les premières chauves-souris vampires revinrent, excitées comme si un péril imminent tout autour d’elles planait. De quoi alerter les sens de la brune Scylla. Quoique qu’en aucun instant depuis son arrivée en ces terres, elle n’avait revêtu sa scale. Jamais, elle ne le ferait si cela ne servait pas les intérêts de Poséidon - c’était son code de l’honneur personnel - et cette chasse n’en faisait pas partie. C’était juste entre elle et les êtres de la nuit ou autres bandits qui s’étaient fait un plaisir d’attirer le malheur sur autrui. Un fait qui avait, au plus profond d’elle, réveillé le chevalier qu’autrefois son père avait été.

Élevant le bras vers le ciel, elle exhorta ses compagnes à lui montrer le chemin tout en se préparant au combat sur lequel sa marche risquait de déboucher. Fermant les yeux, elle se concentra encore et encore avant d’étendre cette fois la main vers le bas. Ces présences qu’elle ressentait et que lui annonçaient par vagues ces alliées n’avaient rien de simples humains. Trop rapides, trop agiles et surtout infiniment trop discrètes en de tels lieux. Lentement la certitude se faisait jour en elle, des enfants de la nuit ou autres monstruosités du genre devaient se terrer en ces enchevêtrements cendreux ou carbonisés. Et puis, il y avait aussi ses éclairs de cosmos éclatant de temps à autres. Des énergies sauvages trop aléatoires pour être vraiment maîtrisées. Cela tenait plus de l’explosion impromptue que de la véritable manifestation cosmique maîtrisée à fond.

S’avançant encore, elle finit par faire reculer Grizzla, l’amenant ensuite à s’immobiliser sans le moindre son. Puis, ce furent les chauves-souris qu’elle fit se taire. Des cris venaient de déchirer la nuit et il fallait qu’elle les repère sans se trahir. S’avançant lentement vers la source qui se faisait plus nette, plus ardue. Puis, enfin, elle les contempla, droit dans leurs horreurs, dans leur manque total d’honneur. Se tenant encore entre les derniers troncs, elle ne pouvait rien louper des échanges entre ce qui semblait être un moine et trois vampires…

Réfléchissant à toute vitesse, elle s’approcha du sol, faisant s’y glisser un autre de ses compagnons. Intervenir la brûlait mais elle ne pouvait prendre le risque d’intervenir sans prendre quelques précautions et surtout séparer ce prêtre des démons qui l’entouraient. En une lenteur presque irréelle, elle suivit la progression souterraine de l’immense serpent. Rapide, nourrie par le cosmos de celle qui s’était liée avec elle, elle ne tarda pas à atteindre la place venue. Une décharge traversa soudain la paume d’Erin. Un tressaillement qui ne tarda pas à appeler un ordre auquel Seba répondit aussitôt. Surgissant en un vacarme certain, elle sépara d’une succession de mouvements quasi hypnotiques le prêtre des vampires et autres mercenaires.

" Parfait, maintenant, isole le prêtre que je me charge de ces monstres à visages humains. "

Invective à laquelle répondit le python en reprenant sa fameuse pose protectrice, encerclant l’homme entre ses anneaux. Danse qui une fois accomplie amena un sourire mauvais sur le visage pourtant magnifique de l’exterminatrice. Laquelle fut accueillie dans un premier temps par un ensemble de rires goguenards avant que les premiers coups de fouet ne se fasse sentir, ouvrant des blessures effroyables dans le corps du vampire le plus proche.

" Aaaaahhhhh mais... "
" C’est quoi ça…"
" Chevalier Erin de Belmont pour vous servir, ou plutôt vous mettre hors d’état de nuire. "

Plus encore que ses paroles, c’était l’état dans lequel se trouvait le premier d’entre les vampires qui faisait son petit effet mais elle ne leur laissa pas le temps de penser davantage. Embrasant son cosmos, elle attaqua à une vitesse surnaturelle le plus proche d’entre eux qu’elle finit par décapiter sans lui laisser la moindre chance. Pris de terreur, l’un des deux seuls humains se rua comme il put vers la forêt pour tomber tout droit sur Grizzla, laquelle se dressa de suite sur ses pattes arrières, balançant aussi sec son énorme patte avant droit sur le corps qui valsa contre le tronc le plus proche pour retomber tel un sac éventré.

Un regard d’Erin vers l’hommes agonisant et elle s’avança vers les deux autres.

" Tiens ? Il en manque un ? "

Rien de plus qu’un contretemps sachant que ses petites compagnes ailées ne tarderaient pas à le débusquer. Restaient les deux autres qui se tenaient à quelques pas d’elle, tournant la tête en tout sens, cherchant autant à mettre de la distance entre eux et Seba qu’à fuir le plus vite possible.

" Inutile de penser à cela, préparez-vous plutôt à aller aux Enfers s’ils acceptent des monstruosités telles que vous. "

Enfers, monstruosités, cette fois, ils n’hésitèrent plus ou plutôt se jetèrent contre Erin avec toute la force du désespoir. Ils savaient bien que des chasseurs de vampires, sorcières et autres pouvaient errer sur cette terre aussi bien que des gens d’armes prêts à tout pour leur ravir leurs proies mais ça… Non, ça, ils n’y étaient pas préparés. Cette femme ne pouvait être une simple humaine et pour la première fois, ils éprouvaient une véritable terreur. Terreur les poussant à bondir, forcer le passage, attaquer de concert cette femelle.

Et les coups s’ensuivirent sans que l’ourse n’intervienne une seule fois. Tout alla si vite que l’un d’entre eux se perdit, ouvrant la chair du prêtre qui s’était glissé hors de l’abri des anneaux de Seba. Une plaie telle qu’elle ne laissait pas le moindre doute quant à la nature profonde de celui qu’Erin avait voulu sauver. Les dégâts étaient vraiment plus qu'éloquents, vraiment, et ce fut le regard noir d’une fureur liée à ce qu’elle vivait comme une indicible trahison que la Nymphe s’approcha de lui, escortée aussi bien de Grizzla que de quelques-unes des chauves-souris qui voletaient en tout sens autour d’elle.

" Du calme, mon enfant… "
" Un prêtre, comment oses-tu te cacher sous l’apparence d’un prêtre, vampire ? "
" Parce que j’en suis un, mon enfant… "

Face à Erin, l’homme s’efforçait de tenir, lui parlant comme aucun des quatre autres ne l’avaient tenté. s’avançant vers lui, jusqu’à s’arrêter juste à un pas, Scylla s’immobilisa, plongeant son regard dans celui qu’elle avait, ignorant sa qualité de vampire, sauvé des assauts des cinq autres.

" Vraiment…"

Et faisant claquer son fouet, elle laissa s’écouler quelques instants tandis que les petites vampires balayaient toute la zone. Si d'autres se terraient, ils finiraient bien par se faire débusquer.

L'inquiétude grandissait. Que se passait-il ? Que pouvait-il se passer qui puisse ainsi mettre à mal la sérénité de la vampire couronnée ?
Lorenzo était en danger !
Une situation qui me dérangeait, plus encore puisqu'il s'agissait là d'un compagnon de la troupe des simples gardes et que tous les dix étions unis.

Sur mon échine, Dame Laeticia également était prise d'une certaine appréhension et soif de savoir. L'envie d'agir nous brûler à elle comme à moi. Mais pour l'instant il nous fallait attendre les décisions de notre Maîtresse.
Je contrôlais cette rage bestiale malgré les quelques spasmes qui trahissaient mon désir d'agir et une sorte d'impatience.

Soudain, la Rose s'exprima pour m'ordonner de rejoindre au plus vite Lorenzo. La suivante sur mon dos s'agrippa fort à ma crinière et tira légèrement en arrière pour accompagner mon envol.
-" Nous y allons Madame ! Et nous ferons attention ! " répondit la jolie brune avant de rejoindre le ciel.

Mon vol était rapide, et pas forcement conventionnel à tel point qu'il fallait que Dame Laeticia m'aide à ne pas commettre d'erreur qui pourrait nous être fatal.
Au loin, nous pûmes remarquer l'agitation.

-" Là-bas... Il est là-bas ! Il est en grand danger ! Le sol tremble... Soyons prudent, Firewings, tu vas te poser ici pour éviter que l'on nous remarque. " m'ordonna Dame Laeticia. Lentement je descendis et posai mes pattes au sol.
-" Bien ! Nous ne sommes pas loin de l'endroit où il se trouve, toutefois, je sens le danger... Méfions nous." annonça la jeune femme alors que je commençai à avancer avec elle sur mon échine.
Le dos droit, elle regarder aux alentours, des cris se faisaient entendre, une bataille ? Peut-être. La seule certitude était le danger qui guettait sur les membres de la Famille Brumel.

Quelques pas plus loin... Un ours immense croisa notre route !
-" Qu'est-ce que ! " Lança Dame Laeticia.
Mes yeux de félin se posèrent sur la créature. Sa taille était impressionnante et surtout, il dégageait une puissance terrifiante.
* Madame, je vais m'éloigner, et vous allez vous mettre à l'abri ! Je vous en conjure...* demandai-je par télépathie à ma supérieure comme un service en sachant que celle-ci s'y opposerait sans doute.

La bête fit un bond inimaginable pour sa silhouette et sa lourdeur, sa rapidité aussi n'était pas commune.
Il se retrouva devant nous, et donna un coup de patte que je pus esquiver de justesse en m'envolant !
-" Non, il est trop tard pour que tu puisses me déposer, il est trop rapide ! Et aller plus loin serait également nous jeter dans la gueule du loup ! Nous devons l'affronter ! " annonça la Suivante en s'accrochant encore plus.
Malheureusement, elle avait raison, et mon instinct animal, devant l'ours me soufflait que ce combat n'était pas gagné d'avance ! Bien au contraire.

J'agitai mes ailes faisant naître des particules de flamme, puis de grandes flammes que je balançai en direction de notre adversaire dans un tourbillon parfait.
La cible fut touchée, mais l'incroyable se fit. L'ours que j'imaginai incapable de nous atteindre; la silhouette ardente venait de sauter jusqu'à nous attrapa l'une de mes pattes en arrières, et avec son autres me griffa le flanc !
En réponse instinctive je l'attaquai avec mes griffes au niveau du visage... La chute fut ensuite violente, je venais de tomber sur mon côté gauche, Dame Laeticia fut éjecté et l'ours posa une patte sur moi pour m'immobiliser !

La rage montait et avec mes crocs je mordis la patte qui me tenait au sol, faisant couler le sang. Des râles sortaient de nos deux gueules un nuage de poussière naquit, un coup de fouet claqua sur le dos de l'ours. C'était Dame Laeticia.
La bête se retourna alors, et se dirigea vers elle. J'en profitai pour me relever et attaquer sans ménagement en m'accrochant au dos de l'ours, plantant mes griffes le plus profondément possible et mordant sa nuque.

L'ours hurla, fit glisser ses pattes dans son dos et dans un geste plein de colère attrapa ma crinière et me fit basculer en avant m'obligeant à heurter le sol avec violence.
Débuta ensuite un combat entre lui et moi... La suivante accepta ma décision et regardait les alentours.

La lutte était rude, l'ours et moi, le sphinx hurlions, frappions comme les deux bêtes que nous étions.
Mais le temps n'était pas mon allié... Et la fatigue qui s'emparait de moi faisait que l'ours prenait lentement l'avantage...
Mes coups ne touchaient plus, et je recevais de nombreuses blessures...
L'une d'elles me traîna au sol sur quelques mètres. Pourtant je me relevai encore pour me lancer à l'attaque avec un second souffle qui naissait de la colère, et de ma loyauté envers Dame Althéa ! La bave se mêlait au sang coulait de ma gueule, et je bondis sur la figure de mon adversaire en y ajoutant un nouveau tourbillon de flamme qui le repoussa un peu plus loin !

Les quatre pattes au sol j'attendait la suite, essoufflé, mais pas encore vaincu.
Dame Laeticia quant à elle poursuivait ses investigations.

" Du calme, mon enfant, du calme, vous allez finir par vous blesser avec ce genre de choses… "
" C’est plutôt vous qui risquez d’en souffrir, mon père. "

Entre ses lèvres, ces deux derniers mots avaient claqué avec une note plus qu’effroyable. Il était clair que pour Erin cet imposteur méritait plus qu’un châtiment exemplaire.

Pas à pas, la brune nymphe approchait de l’imposant ecclésiastique qui s’efforçait de la maintenir à distance avec ce qui lui servait d’armes. Un combattant plus qu’aguerri se cachait à peine sous la lourde expérience qui était la sienne. Un piège qui aurait pu fonctionner à merveille sur une Générale ayant passé quelques années au sein d’un couvent mais avait été réduit à néant par sa nature de vampire. Rien que les coups de fouet avaient suffi à largement trahir la véritable identité de l’homme.

" Vraiment... "

A voir l’éclat en son regard, Erin ne pouvait douter du déclenchement d’un combat imminent. Un affrontement dont l’issue ne faisait aucun doute pour la redoutable Générale de Scylla mais qu’elle veillerait à ce qu’il ne finisse pas en mise à mort pure et simple. Cet homme devait en savoir bien plus que ceux qu’elle avait expédiées au premier assaut. Rien que le fait qu’il fusse le centre d’attention des autres lors de son arrivée suffisait à la conforter dans cette idée. Une guerre des Sangs pouvait couver et un carnage ne pourrait que suivre.

Relevant la tête, elle guetta le mouvement des anneaux de Seba. Prendre le vampire par surprise serait délicat. Non pas que cela lui posait de réels problèmes tant les mouvements de la prédatrice étaient vifs mais que le fait de prendre l’homme sans lui infliger de trop graves blessures était une gageure en soi. Surtout quand elle savait qu’il se débattrait et lutterait de toutes ses forces jusqu’à se rendre. Chose dont elle n’était même pas sûre.

Concentrée, le regard fixé sur un vampire que sa lourde tenue ne gênait nullement, Erin s’apprêtait à frapper, les muscles tendus lorsqu’un déferlement de cris et de flammes détourna son attention, manquant de peu de lui faire rater sa proie. Un instant dont profita l’homme pour se replier. Du moins, il l’espérait avant que les anneaux de Seba ne fendent de nouveau le sol pour se jeter sur lui, l’enserrer. Chose qui présenta plus de difficulté que ne l’aurait cru la marina : le fer de la lance de l’ecclésiastique rencontrant le corps du python qui se relâcha quelques instants. Répit dont profita l’homme pour tenter de se dégager, en vain…

Tournant les yeux vers l’origine des cris, la jeune femme ne tarda pas à comprendre ce qu’il se passait à quelques pas d’elle.

" Quoi !!! "

Effarée par ce qu’elle venait de découvrir, Erin resta un instant en arrêt alors que les flammes léchaient de nouveau les quelques troncs encore debout. Ce qu’elle venait de découvrir dépassait les premiers accrocs qui l’avaient conduite en ces lieux. De quoi renforcer encore la fureur qui ne cessait de gronder en elle. Cette chose n’avait plus rien d’humain et encore moins de naturel. A le regarder faire face à la puissante de Grizzla, elle ne pouvait douter de la nature monstrueuse de ce que son esprit se refusait à croire réel.

" Non… Cela ne peut exister… Cela ne peut…"

Et tournant le regard vers le moine qui tentait de se débattre sous la poigne de Seba qui s’était de nouveau abattu sur lui, elle s’avança avec une lenteur toute calculée vers le lieu où l’immense ourse malmenait l’être ailé qui n’avait rien d’angélique et le traînait sur le sol.

" Grizzla, replie-toi ! Le temps est venu pour toi de te reposer. "

Et s’avançant tout doucement vers le sphinx, elle lança ces quelques mots sur un ton puissant, n’ayant aucune pitié pour celui qui venait de faire tant de mal à son allié.

" Qui es-tu, toi ? "

Et s’approchant encore davantage, menaçante.

" Qu’est-ce que tu es et comment oses-tu te mettre en travers de la route d’une exterminatrice de vampires ? Ces monstres viennent d’incendier la forêt et n’hésite même plus à profaner tout ce qu’ils peuvent. "

Puis s’avançant encore davantage.

" Dis-moi ce que tu es et qui était avec toi… "

Sur ce, son fouet claqua et il n’avait rien de commun avec tout ce que ce fauve ailé avait pu voir. L’exterminateur de vampires ne manquerait pas de lui faire comprendre à qui il avait affaire.

Restée auprès de ses autres infants, la flamboyante Etoile Céleste étirait ses sens aux cent mille vents. Avant toute réelle intervention, il lui fallait savoir, sentir où se trouvaient les uns et les autres et surtout qui se trouvait avec eux. Ainsi son aura s’étalait en une immense corolle aux pétales tourmentés, chacun d’entre eux se déchirant en une longue chevelure dont les mèches allaient en s’affinant jusqu’à se réduire en un ensemble de fils diaphanes et écarlates. Un effort qui avait toutes les chances de faire tomber sa couverture mais elle n’avait pas d’autre choix que d’user de son cosmos…

Et ce qu’elle ressentait était terrible. De tous côtés, des présences éclataient en un éclat fugitif à la frontière de son âme. Et soudain, elle l’entraperçut. Immense et violente, dominant tous les autres de sa seule présence.

Non…

Elle ne l’avait pas senti de suite mais cela la stoppa sur place sans qu’elle ne contre-attaque et son regard étincelant de cosmos plongea dans celui de Signy. Laquelle la ceinturait avec toute la vigueur des habitants du grand nord. Blonde et imposante, elle dépassait largement la spectre d’une large tête et surtout débordait d’une puissance vampirique certaine.

- C’est bon, tu peux me lâcher. Merci.
- Vous parlez d’un ordre, vous empêcher de filer si jamais…
- Je suivais d’instinct mes sens. Tu es là pour veiller à ce que cela n’arrive pas. Lucile est trop respectueuse, elle n’oserait jamais lever la main sur moi comme tu le fais.
- Je préférerais avoir ceux que vous avez repérés.
- Justement, le souci est là, je suis littéralement noyée dans un concert à nul autre pareil. Des infants de la nuit, des chasseurs et des cosmos sauvages qui ne demandent qu’à être étouffés.
- Tant que cela ?

Et guettant les gestes de la femme tenant ses haches d’armes, l’Éternelle Chasseresse ne pouvait que sourire. Même l’approche imminente de la mort n’avait pas entamé son esprit combatif.

- Veille à ne pas me perdre de vue et tu pourras me suivre. Matthias est puissant mais jamais il ne pourra rivaliser contre ce que je viens de ressentir.
- Comment…
- Je ne peux laisser cela se faire, je ne le peux même si cela signifie me dresser contre un autre éveillé…
- Vous voulez dire ?
- Les spectres comme moi sont, au mieux, craints, détestés et, au pire, pourchassés jusqu’à l’annihilation.
- Jamais totale, cela reviendrait à vouloir en finir avec la mort elle-même.
- Tuer la mort…

Un sourire se dessina sur les lèvres de la belle, tuer ce qui par essence ne vivait pas. Et plongeant ses yeux bleutés dans ceux tout aussi bleu de l’ancienne asgardienne, elle acheva.

- Angus et toi feriez un duo parfait.
- Votre épéiste me conviendrait bien davantage… S’il était moins paresseux.

Un rire faillit échapper à la rousse vampire, à l’idée de voir la réaction d’Harcher. Lequel semblait bien décider à se dissimuler au regard de tous même au sien. De quoi alarmer encore plus la spectre.

- Lucile, veille sur nos arrières, Signy m’escortera pour la suite. Ses haches réclament le sang et il serait insensé de refuser cela à un vampire à peine né.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Cris déchirants dans le jour naissant alors que les combats se poursuivaient. Tout lui semblait loin si loin alors qu’une présence brillait à quelques pas de lui. La chaleur presque insupportable d’une main posée sur ses blessures alors que Lorenzo reprenait conscience par intermittence.

- Qui ?

Des mots qui s’échappaient de l’être entièrement emmitouflé sous une épaisse pelisse dont la nature lui échappait encore sans que le florentin ne puisse les comprendre. Pas même savoir si c’était à un homme ou une femme qu’il avait affaire. L’attaque avait été si éprouvante qu’il avait l’impression de se débattre dans un tonneau lancé depuis le haut des chutes du Niagara.

- Qui ?

Une nouvelle fois, l’autre lui répondit avant de soudain se relever sans le moindre mot. Si vif avait été le geste que le jeune garde de la maison Brumel n’avait rien pu voir. Comme s’il s’était envolé en un point unique…

- Attendez…

Même cette espèce de fantôme l’avait laissé.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Des pas, des pas précipités dans la nuit finissante avant qu’une poigne surgie de nulle part ne la saisisse directement au col.

- …
- Bas les pattes, vampire d’opérette. Celui-là est à moi.

Prise en étau entre les deux mains à présents jointes autour de son cou, Laetitia ne pouvait même plus crier alors que l’aura sanglante de l’assaillant s’éveille, se précise et plonge directement en son corps, partant à la recherche du sang le plus attirant à ses yeux.

- Un infant de ton genre n’a pas à aller à l’encontre d’un ancien.

Et se gorgeant de plus en plus du précieux fluide écarlate, l’ancien vampire s’en délectait tout en guettant la lutte entre l’exterminatrice toute proche, le vampire gardien et le sphinx.

Dame Laeticia se remettait lentement de la chute et de ses émotions. Rapidement ses pensées se dirigèrent vers moi, je le savais je pouvais le sentir ce lien là s'affirmait de plus en plus. Evidemment il n'était pas aussi fort que celui qui me liait à la Rose Couronnée, ou son Altesse Isabella, mais il atteignait un degrés incroyable tout de même.
La suivante reprenant ses esprits, au sol, avec un terrible mal de crâne, et une sensation douloureuse parcourant son corps tout entier.
Où suis-je ? se demandait-elle en luttant ne serait-ce que pour ouvrir les yeux. Ma tête, s'exclama-t-elle en tentant de se frotter la tête avec une main.

FireWings ? Oui l'ours... Il était monstrueux ! pensa-t-elle soucieuse malgré son état fragile. Elle souffrait, et soudain une main s'empara de son cou.
Seul un cri étouffé de sa gorge éclata brièvement. Qui ! Qui est-ce se demanda-t-elle en sentant son souffle faiblir et en poussant des gémissements avec quelques gouttes de sueurs perlant sur son front.
Dans sa tête, la suivante implorait le ciel de lui venir en aide...Ses mains se posèrent sur le bras qui attentait à sa vie.
Madame, quelqu'un... à l'aide... hurla-t-elle par l'esprit...

Un danger que mon instinct bestial put ressentir à travers un mauvais pressentiment. Hélas, il m'était impossible d'agir car l'ours que j'affrontais obéissant à un ordre s'écarta.
A sa place, la Maîtresse du monstre, pensai-je se montra... Il s'agissait d'une femme éclatante.
D'un ton sec elle me posa une question, et me menaça. Elle s'approcha, certaine, en m'annonçant qu'elle était une exterminatrice de Vampire !

Les griffes plantées au sol, je repris mon souffle lentement, sur mes gardes avec un sentiment de peur qui s'engouffrait en moi.
Cette femme n'était pas ordinaire, j'en avais la certitude, pourtant je la regardai avec des yeux féroces, c'était là l'instinct animal et son orgueil qui me guidait.
Elle fit claquer son fouet, laissant au sol une marque effrayante et qui me fit par réflexe bondir sur le côté en hurlant.
Mes ailes s'agitèrent lentement, laissant une traîné de flamme s'échapper en direction du ciel. Je ne savais pas comment agir, j'avais peur, je sentais, je le sentais oui que cette femme, Maîtresse de l'ours possédait un pouvoir qui ne me permettait pas de m'en sortir, mon sort ne dépendait plus que d'elle ou d'un coup du sort... Je grognais ! Un grognement féroce pour masquer mes craintes devant la jeune demoiselle.

Ce qu'elle venait de dire était une clair intention du fait qu'elle voulait s'en prendre à ma Maîtresse.
A cette pensée je lui montrai mes crocs en contractant les muscles de mes pattes avant en donnant un coup avec l'une d'elle devant moi dans le vide.
* Je suis le sphinx de Dame Althéa, la Reine des Vampires ! Et tu ne lui feras aucun mal ! * dis-je par télépathie avec fierté !

Un nouveau grognement, et d'un mouvement brusque me précipita vers elle avec l'intention de lui donner un violent un coup de griffe.
Hélas, alors que j'arrivai devant elle, elle n'y était plus, pire encore je fus éjecté sur la droite, mon flanc heurta le sol sur quelques mètres.
En me remettant sur mes quatre pattes une terrible douleur s'empara de moi, en effet sur l'autre flanc une marque, un trait rougeoyant et brûlant me causait un mal qui me fit rapidement m'affoler et m'exciter au point où je gigotai en hurlant avant de m'apaisait difficilement en voyant la jeune femme une nouvelle fois avec son fouet à la main.

Cette fois je m'affaissai sur mes quatre pattes en grognant avec un comportement qui cette fois exprimait la crainte et la défensive... La sensation d'oppression était plus grand, comme si la simple présence de la Maîtresse de l'ours était capable de me plaquer au sol !

Spoiler:

Citation :

Post fait avec l'accord de Flagello

Droite, fouet en main, ses longs cheveux noirs tirés en catogan, la nymphe aux six monstres toisait le sphinx qui lui faisait face alors que d’un autre œil, elle guettait le faux prêtre aux prises avec Séba. Lequel ne pourrait plus bien longtemps esquivé les terribles assauts de l’immense reptile. Et immense était encore trop limité pour désigner la taille d’une femelle aux côtés de laquelle même le plus grand des anacondas faisait office de nouveau-né. Ses chances étaient faibles si faibles et avec le cosmos d’Erin en plus, elles devenaient quasi nulles. Pourtant, il luttait, il luttait encore et encore tout comme le monstre ailé qui lui faisait face.

La tête, la gueule, ou ce qui en tenait compte dirigée vers elle, il écumait d’une rage certaine qui éclata encore davantage quand elle lui révéla sa véritable mission : exterminer les vampires et tout autre être du même acabit. La terre devait être purifiée de toutes ces engeances et rien que le récent incendie et les morts associées en étaient, s'il en fallait encore, de nouvelles preuves.

Aussi, avança-t-elle d’un pas lent vers le sphinx qui griffait le sol en un geste de défi ou de crainte. Elle ne savait pas encore vers quelle réalité pencher mais ses paroles, toutes confuses qu’elles étaient ne tardèrent pas à la mener sur la voie.

" Une reine Vampire ? Rien que cela et ce rat putride doublé d’un sacrilège ose me dire que je suis dans l’erreur ? "

Un embrasement soudain et sa puissance augmentée par la seule force d’Erin, l’immense python redoubla de vélocité, s’enroula aussitôt autour du corps de l’ecclésiastique. Un étau d’une puissance telle que même un vampire de la trempe du père Matthias avait peu de chance de pouvoir s'en dépêtrer et encore moins crier tant les anneaux musculeux resserraient encore et encore leurs étreintes en une tenaille de chairs prête à le broyer.

" Séba, finis-en avec celui-là, je me charge de l’autre. "

Ce qui dans la bouche de la puissante marina était un arrêt de mort. Redoutable et certain qui arriverait sans doute encore plus vite qu’elle n’aurait cru tant le sphinx était prêt à tout pour empêcher Erin de filer droit vers sa proie.

Un cri, un geste, une détente et la charge vint droit sur la marina qui l’esquiva sans la moindre faute avant de frapper à son tour. Rapide, précise, elle lança la contre-attaque, balayant le corps du sphinx d’une série de coups de fouet dont le plus cruel de tous s’imprima sur le corps du fabuleux animal qui vola des mètres en avant avant de heurter violemment le sol en un bruit sourd de roche et d’os malmenés, peut-être même brisés. Et ce n’était que le début. Sans attendre, la combattante reprit sa pose avant de frapper des douzaines de fois l’être qui tentait de lui échapper. Coup sur coup, ses assauts ne touchèrent en premier lieu que de l’air avant de lacérer enfin des chairs qui cédaient en un flot de sang. Et ces ailes battant en tout sens, rien n’était plus attirant qu’elles. Il fallait qu’elle coupe toutes ses chances de fuite, qu’elle le neutralise avant que la reine ne surgisse à son tour. Détruire tous ceux qui pouvaient la servir, couper une à une ses branches, jusqu’à l’atteindre elle.

Réduire ce premier être encore inachevé n’était jamais qu’un prélude. Un prélude à une Chasse sans merci dont la première victime ne pourrait être qu’un sphinx ou un faux prêtre. Un autre coup d’une violente inouïe et le fouet s’enfonça avec encore plus de cruauté dans le flanc de la Bête, ouvrant une horrible blessure avant de l’envoyer valdinguer au loin. De quoi le sonner ou mieux encore le clouer au sol, à belle distance d’elle, mais le clouer quand même.

Et s’avançant vers le lieu où il avait disparu sous la brutalité de son dernier assaut, Erin en appela à l’essaim nocturne. Essaim, nuage noir, mouvant quasi magique mais particulièrement assoiffé de sang…

Sphinx contre chauves-souris vampires…

Telle était la phase finale désirée par Erin.

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