Ryûichi du Benou. Spectre céleste de l'étoile de la violence [FINI]

Neutre avec une pointe de tristesse. Voilà comment on pourrait décrire Ryûichi (Ryû pour faire plus court) en quelques mots. Mais s'il fallait développer davantage son trait de caractère, nous pourrions constater qu'il préfère rester éloigné des autres gens. Aussi bien des humains normaux qu'il exècre que de ses propres congénères servant le sombre monarque, si bien que même lors des réunions de Spectres, Ryû est la plupart du temps absent. Taciturne les rares fois où on lui adresse la parole, Ryû n'inspire donc pas beaucoup à la discussion cependant l'incroyable puissance pyrokinétique de sa cosmo-énergie parle pour lui.
En effet, s'il reste assez discret en temps normal, son caractère change lorsqu'il doit se battre : fonceur mais réfléchi - bien qu'il lui arrive de perdre son sang-froid - , Ryû déteste les faibles et dévaste tout sur son passage, souvent sans vraiment d'efforts. Ses flammes noires teintées de violet ne laissent aucune trace et, comme le dit l'expression, là où il passe l'herbe ne repousse plus.
Son appartenance aux clans yakuza lui fait obéir au code d'honneur du bushidô hérité des samurai devenus rônin au 16ème siècle : pas de triche ni de coups bas. Ainsi il sait être redevable et paye toujours ses dettes mais reste impitoyable avec ceux coupables de perfidie au combat ou en dehors.
En contrepartie, si son interlocuteur en vaut la peine, Ryûichi sait se montrer loyal et fidèle. Surtout envers les puissants comme le seigneur Hadès ou le commandant du Garuda qui, à ses yeux, représentent ceux qui pourront peut-être, non, sûrement mener le projet qui lui tient à cœur à bien : l'extinction de la race humaine. Pourquoi? Nous y viendrons au chapitre suivant bande de petits curieux

Ryûichi est né sur l'île de Honshû, l'une des quatre îles principales du Japon il y a environ une trentaine d'années, de parents devenus japonais par le sol, leurs propres parents ayant fui les nombreux coups d'état et les tensions régnant sur le continent africain avant d'être vendus comme esclaves. Son nom de naissance était Nathan Koffi AGBONDAOR. Les 8 premières années de sa vie, le jeune garçon eut une enfance tout ce qu'il y avait de "normal", une vie mêlant travail dans les champs et vie de famille; celle-ci étant au fil du temps assez tendue car ses parents ne supportaient plus. Un jour, en rentrant plus tôt de ses durs labeurs , le jeune Nathan eut la mauvaise surprise de tomber sur une situation qui en aurait choqué plus d'un : après une énième violente dispute, son père venait d'assassiner sa mère en la lardant de coups de couteau. En voyant cette scène de crime insoutenable, le jeune esclave sentit son sang bouillir et, sur le coup de la colère, se jeta sur son père. Un petit garçon normal aurait eu toutes les peines du monde à ne serait-ce que faire vaciller un adulte mais, sous le coup de l'émotion et surtout sous l'impulsion de cette sensation de chaleur tourbillonnante en lui, Nathan boxa tellement de fois son parent qu'il le laissa mort, défiguré par de profonds sillons noirs de brûlure, brûlures qui s'étendirent rapidement à ce qu'il considérait comme son domicile familial. Paniqué, il s'enfuit et chercha refuge chez des parents éloignés vivant non loin. L'histoire aurait pu s'arrêter ici si ce parricide n'avait pas profondément marqué notre jeune ami qui devenait de plus en plus violent envers les gens. Tant et si bien que sa famille chercha bientôt à s'en débarrasser, d'autant plus que cela faisait une bouche de plus à nourrir. Constatant que Nathan était plutôt cultivé et intelligent comparé aux autres enfants de son âge - seuls moments où le caractère enjoué de l'enfant refaisait surface - les adultes décidèrent de lui "offrir" un aller simple afin de l'expédier à l'autre bout de l'île pour, de un ne plus entendre parler de leur neveu et de deux être soulagé d'un poids faisant se poser pas mal de questions dans le quartier. Et c'est ainsi que, prétextant un voyage familial, Nathan se retrouva à 9 ans, seul, sur la côte est du Japon, vendu pour une bouchée de pain à un daimyô de Edo. Se sentant trahi et se sachant abandonné par sa propre famille, Nathan jura qu'il se vengera.
Les années passèrent, longues, difficiles et douloureuses pour le jeune garçon devenu homme. Celui-ci avait renié son nom et ses origines noires pour devenir civilement japonais en changeant de nom : Ryûichi SAKAZAKI, des nom et prénom qui sonnaient classes à ses oreilles. Vivant dans la rue, Ryû grandit à la dure, vivant de rapines et autres moyens peu honnêtes de gagner un peu d'argent. A force de traîner ci et là, il finit par intégrer un gang travaillant pour une puissante organisation criminelle organisée de par le pays : les Yakuza du clan Shûmei. En peu de temps, grâce à son intelligence et sa force, Ryû devint l'un des pontes de l'organisation, le wagakashira du clan, préparant multiples attaques à mains armées, vols en bandes organisées, actes de piraterie et autres meurtres tout en préparant sa vengeance.
Comble de l'ironie, la vie décida de donner une seconde chance au jeune homme en plaçant l'amour sur son chemin.
Une jeune Edoïte au répondant au doux nom de Satsuki. Cette brune au caractère bien trempé fit fondre le coeur de glace de notre anti-héros bien bâti (100kg pour 1m75 c'était plutôt rare à l'époque) qui se permit même de croire à nouveau en l'être humain. Hélas le bonheur ne dure qu'un temps...

Un soir brumeux, alors qu'ils sortaient d'un izakaya, Ryû et Satsuki marchaient tranquillement dans les rues d'Edo où seules les lueurs blafardes des torches faisaient office de lumière. Passant près d'un parc, la jeune femme ralentit le pas, serrant un peu plus fort le bras de son homme, un air soucieux traversant son visage pâle.

Ryû-san, j'ai quelque chose de très important à te révéler...
Quoi donc ? s'interrogea le jeune homme. Dis moi tout.
Je...je suis enceinte.
Eeeeeeeee ?!!!

Le cri d'exclamation du boss mafieux put s'entendre sur plusieurs mètres tellement la surprise fut grande. Fou de joie, il enlaça sa compagne, quelques larmes d'allégresse coulant de ses yeux marrons. Depuis cette nouvelle, Ryû se mit à changer et mettant tout en œuvre pour devenir un parent responsable, loin de l'image donnée par feu ses propres parents. Sa décision la plus importante fut de rompre les liens avec le cartel, chose qui ne plût pas du tout au grand patron, le Oyabun,  ainsi qu'aux autres membres envieux et jaloux qu'un simple Noir puisse avoir autant d'importance. Et malheureusement Ryû allait l'apprendre à ses dépends.
6 mois passèrent, l'hiver laissant place à un été chaud et orageux. Attablés pour savourer quelques bons plats, les deux tourtereaux passaient un bon moment, notre jeune ami attendant avec impatience que le petit ventre rond de sa compagne laisse place à leur enfant quand quelque chose dans l'air l'averti d'un danger. Furtivement, il jeta un œil pour remarquer que de manière éparse des membres Shûmei guettaient sa table, épiant ses mouvements. Sur ses gardes, il ordonna à Satsuki d'un ton assez autoritaire de rapidement sortir et partir. Mais d'autres les attendaient déjà à l'extérieur, nombreux.

Hello "boss". Sashiburi. So, il semblerait que l'on veuille changer de vie et prendre du bon temps hein? Amai na, personne ne peut quitter le clan Shûmei autrement qu'en y laissant un doigt! Et les rebelles on les balance dans la baie entre quatre planches! Un kuso kôkujin comme toi n'a rien à faire parmi nous. Daga anshishirô boya, on va t'aider à dégager! Totsugeki!!!
Temeera... Satsuki, retourne à l'intérieur! Vite!!!

Ni une ni deux, la jeune brune fila sans demander son reste, une forte inquiétude se lisait sur son visage. Ryû se défendit comme il le pouvait malgré un nombre conséquent d'adversaires mais ceux-ci étaient armés et bien plus forts que de simples sbires.

Des spadassins...Y'a pas à dire : ça pue pour moi, pensa t'il

Rapidement marqué par les coups reçus, Ryûichi finit par être maîtrisé tandis que le chef de bande, son ancien second, se rapprocha de lui, sardonique.

Doushitta kono zako ga? Quel effet ça fait d'être immobilisé de la sorte? On fait moins son ma...

Ryû lui cracha à la figure, ce qui acheva d'exaspérer son interlocuteur. Ce dernier brandit sa longue lame.

Kisamaaaaa! Crève!!!
Voilà, c'est terminé pour moi. Satsuki, j'espère que tout ira bien de ton côté sans moi...Je t'aime.

Ses dernières pensées faites, le katana fendit l'air puis la chair avant que le silence n'emplisse les lieux durant quelques instants. Ryû finit par se demander s'il était toujours vivant, ne sentant pas la coupure provoquée par l'arme blanche. Et pour cause, car ce n'était pas lui qui reçu l'attaque : bras écartés devant lui, Satsuki se tenait là, son sang rouge giclant sur le sol terreux. Quelques gouttes carmin atterrirent sur sa joue ébène, ses yeux ébahis par ce qu'il voyait.

Sa...Sa...tsu...ki...
Kono onna! Qu'est-ce qu'elle est venue foutre ici? Bah, j'ai juste à recommencer.

La fine lame souillée du sang de la jeune femme la traversa de part en part au niveau du ventre ce qui arracha un cri de douleur à la Japonaise. Tombant lentement après ces deux attaques mortelles, elle se retourna vers son homme et sourit malgré tout.

Ryû...san...

Face contre terre, le rouge de son sang se répandait, contrastant avec la terre marron du sol. Puis soudain, le temps sembla comme figé. Les agresseurs, la pluie qui commençait à devenir battante, les oiseaux, tout. Seul notre ami semblait être capable de se mouvoir. Surpris de prime abord, Ryû tenta de se libérer mais leurs poignes demeuraient fermes. C'est alors qu'il aperçut au loin, une silhouette se rapprocher de lui, subrepticement, murmurant des propos pour le moins incompréhensibles de loin. Puis, une fois assez proche, il put distinctement entendre ses propos.

Tu sembles en mauvaise posture mon ami. Veux-tu la force nécessaire pour te sortir de là?
Qui t'es toi? Temee, tu cherches aussi à me supprimer? Viens-y si t'en as les c**illes!
Je ne suis qu'un ami qui te veux du bien, Nathan.

Qui était cet homme? Comment connaissait-il son véritable nom alors qu'il ne l'avait jamais prononcé ici? D'ailleurs, pouvait-on qualifier son vis à vis d'homme? La prestance et le charisme qu'il dégageait étaient incroyables, à un tel point que s'il pouvait bouger, son corps lui ordonnerait de fuir le plus loin possible. De plus, bien que proche, on pouvait difficilement distinguer ses traits, traits comme nimbés de mystère. Une goutte de sueur perla le long de joue noire quand l'homme étrange reprit la parole.

La mort n'est pas la fin mais le commencement. Le commencement d'une nouvelle vie sans peine, sans douleur, sans mal, où tout le monde vit libre et égaux. Elle est le salut, un salut que je souhaite apporter aux hommes. Vois ta femme étendue là : elle souffrait malgré la vie qu'elle portait en elle. Mais désormais elle est libre.

Tendant la main vers le cadavre encore chaud de Satsuki, une lueur violacée émana de son corps tandis que son esprit se détacha, saisissant la main tendue de l'étranger. Un escalier de lumière se matérialisa tandis qu'elle l'emprunta, sans lancer un dernier regard bienveillant vers Ryûichi. Puis elle disparut vers les cieux.

Nathan, tu as en toi le pouvoir de m'aider dans ma noble tâche. Tu as ce pouvoir depuis que tu as toi-même libérer des souffrances de ce monde tes parents. Joins-toi à moi et nous sauverons le monde. Jures moi fidélité et tu seras mon bras armé!

Ryû venait de comprendre qui était son interlocuteur et tout devint clair dans son esprit : toutes ces épreuves n'étaient que pour le préparer à cette rencontre divine. Son cerveau tourna quelques instants à plein régime puis sa décision fut promptement prise.

Très bien. Je jure de vous servir et de vous aider dans vôtre noble quête, Hadès-sama.
Excellent. Maintenant va et libère ses âmes tourmentées qui t'entoure, Spectre.

La divinité disparut dans un nuage sombre tandis que le temps repris son cours. Les deux gorilles maintenant Ryû par les bras sentirent que ce dernier était de plus en plus chaud, la pluie elle-même s'évaporait en entrant en contact avec son corps.

Nanda aitsu wa? Il est brûlant ARGH!!!

D'une impulsion, les deux yakuza disparurent, carbonisés jusqu'à l'os tandis qu'une aura noire teintée de violet entoura le jeune Nippon à la peau ébène.

Ils ont été libérés sans souffrir. Libérés du mal qui contamine cette planète. Guerre, misère, famine... L'être humain est mauvais par nature : c'est pourquoi il doit disparaître. A vôtre tour d'être délivrés, vermines!

Tandis qu'il se redressait sur ses jambes, les vêtements de Ryû semblait se fondre dans le métal qui se matérialisait sur son corps, une sombre armure violette para chaque partie de lui. Une paire d'ailes menaçantes aux plumes acérées de déploya dans son dos pendant qu'il tendit sa main droite, gantée et auréolée de flammes noires. Pris de panique, la bande de Shûmei se regroupa derrière le chef du groupe. Celui-ci, apeuré, se mit à demander grâce.

Yamero, yamettekure!!! Réfléchis voyons et ne fais rien de stupide. Si tu nous tue, Oyabun sera au courant et...
Ça tombe bien, l'interrompit sèchement le néo-spectre, j'aurais justement quelques mots à lui dire. En attendant, bande de lâches qui ose attaquer une femme enceinte sans défense, vous irez pourrir tout droit EN ENFER!!!

Ni une ni deux, un torrent de flammes noires fusa de sa main et s'abattit violemment sur ses anciens partenaires  qui furent rapidement vaporisés, ne laissant que le second au sol. Ce dernier hurlait de douleur, un de ses bras venait de disparaitre dans les flammes.

A présent parle : pourquoi chercher à me tuer? Le trafic de Oyabun ne m'intéresse plus alors pourquoi venir me faire ch***? Kotaero!!!
Hiii hiiii... Je ne dirais rien. Tu connais les règles comme moi donc jeAAAAAAAAAAH!!!!!

Le deuxième bras disparu dans la foulée, arrachant un nouvel hurlement tandis que la botte métallique droite de Ryû l'enfonça un peu plus dans le sol.

Dernier avertissement. KOTAERO!!!
Il...il a peur que tu t’immisces dans son commerce avec les gaijin. Ce sont eux qui commandité...
Quel commerce? Ça fait des années que le pays ne commerce plus avec l'extérieur! Temee tu te fiches de moi?
Oyabun bosse avec les Néerlandais, un certain Van Bersten ou je ne sais plus quoi. Argh j'ai maaaaaaaal!
... T'inquiète, plus pour longtemps.

Son pied vint s'enfoncer dans la cage thoracique de son ex-subordonné, l'achevant proprement. Une fois ceci fait, Ryûichi se détendit quelque peu et s'agenouilla, le métal froid de sa main caressant le visage blême de Satsuki, victime collatérale de la cupidité humaine.

Je suis tellement désolé. Tellement si tu savais...

Il la serra fortement contre lui tandis que l'amertume et la colère se mêlèrent en lui. Les larmes coulèrent avant qu'il n'explose littéralement.

WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!!

Une gigantesque colonne de flammes noires s'éleva jusqu'aux cieux, prenant de plus en plus d'ampleur dans la ville, brûlant et détruisant tout ce qu'elle touchait, aussi bien les habitations que la population. Tout fut détruit en quelques secondes, ne laissant qu'un énorme cratère avec en son centre Ryûichi. Celui-ci se releva, sa femme dans ses bras, et se retourna pour marcher en direction du brasier noir, disparaissant dedans au fur et à mesure : les ailes de la Mort étaient en marche, vers son nouveau dieu et vers sa vengeance...
On raconte que cette nuit là, plusieurs quartiers de la ville furent détruits, faisant des milliers de victimes. Et que, d'après les rares survivants, tout ce qu'il en restait n'étaient que cendres et désolation.