[Terminé] Li Bai, Chevalier du Dragon

Li Bai

« Chevalier d'Athéna »

VOTRE HISTOIRE

La région reculée de Jiangxi n'a jamais été la zone la plus prestigieuse de la Chine. C'est une région rurale où l'on cultive le riz, le coton et le colza. Elle fait son commerce et survit grâce à ses cultures, mais également grâce à l'exploitation de la grande variété de minerais dont elle dispose. L'activité minière y est donc forte, la ressource la plus extraite étant le cuivre même si l'on peut aussi y trouver de l'argent et de l'or. Il n'y a pas vraiment d'entreprises de métallurgie dans cette région, les ressources prélevées iront donc directement à la vente au niveau national ou international. Le cuivre particulièrement est très recherché, et la Chine est le deuxième pays au monde à en être le plus riche. On pourrait croire que les habitants de cette région sont donc plutôt aisés, cependant la réalité est bien différente. Les gens qui y vivent sont modestes et ne sont pas les plus éduqués. Une des grandes fierté de Jiangxi repose aussi sur la rivière qui la traverse : la Gan, qui vient former le lac Poyang dans son aval. Cette information peut sembler triviale, mais il se trouve qu'entre le lac Poyang et le fleuve Yangtsé – d'où la Gan prend sa source – se dresse le Mont Lu. Son relief s'étend sur plus de 280 km², sur lequel se trouve le Pic des Cinq Vieillards. C'est sous ce pic, à l'Académie de la Grotte du Cerf Blanc, qu'étudie Li Bai.

Depuis de nombreuses générations des jeunes sont venus dans cette académie pour étudier, celle-ci ayant depuis longtemps eut les faveurs de l'empereur. Nombres d'étudiants diplômés de cette école sont devenus de hauts fonctionnaires, les professeurs sont donc exigeants et le niveau élevé. Malgré cela, Li Bai en est un des meilleurs éléments. Les disciplines enseignées sont majoritairement la philosophie et la littérature, bien que l'économie prenne une place aussi importante depuis la reconstruction de l'école. Elle forme de haut fonctionnaires, ils se doivent donc de comprendre comment est régit les systèmes politique et économique mit en place. En dehors de ses études, la famille de Li Bai exige de lui que son corps soit aussi entraîné que son esprit. Pour cela, il prend plusieurs fois par semaine des cours de tai-chi-chuang. Il y apprend entre autres à relaxer son corps, l'assouplir, mais aussi à maîtriser sa force, son qi, pour le relâcher dans ses coups. Le qi, tel qu'il lui a été enseigné, représente l'énergie vitale. Celle-ci est stockée dans un réservoir : le dantian inférieur. Il se situe au niveau du bas-ventre, entre un pouce et demi à trois pouces sous le nombril. En d'autre termes, c'est le centre de gravité du corps humain.

« Le but de l'exercice est de concentrer ton énergie dans ton dantian inférieur pour la relâcher lors de ta frappe. Tu créeras ainsi une onde de choc qui sera propagée par l'ondulation de tes articulations. »

L'exercice, présenté comme cela, était en réalité extrêmement difficile. Cela faisait déjà deux ans que Li Bai s'y essayait et il n'avait que vaguement senti un souffle lors d'un de ses coups il y a quelques mois de cela. Depuis, rien. Il devait rester maître de ses émotions, ne pas s'énerver, et persévérer. Ses séances de méditation l'aidaient beaucoup à cela, et il pouvait également par cette méthode se connecter à son environnement, son énergie vitale pour mieux connaître son corps. Même s'il n'avait pas fait énormément de progrès dans la pratique, il savait qu'il se connaissait beaucoup mieux, arrivait à mieux de déplacer ou encore optimiser ses mouvements pour un meilleur impact.

« Souviens-toi que si une partie du corps bouge, tout le corps bouge ; une partie s'arrête, tout le corps s'arrête. Ce n'est pas le simple fait de bouger ton bras, c'est tout ton corps qui doit être mobilisé. »

Li Bai essaya à nouveau, mais toujours rien. Pire, il faillit tomber. Pour lui, c'était l'échec absolu.

« C'est un exercice compliqué, mais tu ne dois en négliger aucun des aspects. Ici, c'est l'enracinement qui t'as fait défaut. Tu concentres ton énergie dans ton centre de gravité, s'il y a déséquilibre, il y a chute. C'est n'est pas ton bras, c'est ton pied qui donne le coup. La hanche le dirige et c'est la main qui le transmet. Tout part de la position de tes pieds, ne l'oublie pas. Recommence, lentement c'est fois. Concentre toi sur ton souffle, non sur ta force brute. Répète l'exercice plusieurs fois jusqu'à ce que tu aies compris. »

Li Bai s'essuya le front, puis ferma les yeux. Il se mit à respirer lentement, se mit presque en état de méditation. Il visualisait chaque mouvement qu'il devait faire avant de le mettre en action. Il effectuait chaque pose sur un rythme lent : en inspirant lors des mouvements pour prendre la pose, et expirant au moment de donner le coup. Il répéta ce motif de nombreuses fois, sentant quelque chose se produire en lui petit à petit. Son maître devait le ressentir également, car à un moment précis il lui cria : « MAINTENANT ! ». A cet instant, Li Bai relâcha toute son énergie dans un coup unique, en figure du tigre, et l'air se fendit devant lui dans une onde de choc assourdissante, étouffant son cri. L'onde se dissipa, et le maître de Li Bai applaudit lentement son élève. Il souriait, d'un air presque nostalgique. Il se leva, s'avança vers le garçon et lui mit une main sur l'épaule. « Suis-moi. », lui dit-il sans plus d'explications. Tous deux partirent alors des cinq pics, en direction de la base du Mont Lushan. Il n’iront cependant pas aussi bas. Li Bai pensait qu'ils descendaient au Lac Lulin mais ils s'arrêtèrent peu avant, dans une prairie, toujours sur la montagne. La vue était magnifique, mais le maître ne s'y attarda pas et cueillit plusieurs capsules de pavots blancs. Li Bai savait très bien ce qu'allait faire son maître, bien qu'il ne connaisse pas l'aboutissement de cela.

« Li Bai, tu vas à présent te livrer à un rituel qui est transmit dans ma famille depuis des générations. Pour fêter ta première réussite à l'exercice, tu vas devoir fumer ce que je vais te donner. Conformément à la pratique, il te sera alors délivrée une vision. Tu ne seras pas obligé de m'en révéler le contenu, cependant celle-ci te sera d'une aide non-négligeable dans la suite de ton enseignement. »

Pendant qu'il parlait, le maître avait incisé un des bulbes qu'il avait cueillit, celui-ci laissant s'échapper une sève blanche, qui sécha et prit une couleur brune lors de son explication. Il la récolta alors et sortit une pipe ainsi que du tabac de sa poche. « Allonge-toi. », dit calmement le maître. Li Bai s’exécuta et ferma les yeux. Il sentit l'odeur du tabac mêlé à autre chose, sans doute la sève de pavot. Il sentit son maître lui donner la pipe. Li Bai la porta à sa bouche et prit une bouffée, puis deux. A la troisième, il se sentit plonger, comme s'il était dans le vide. Naturellement, tout était noir autour de lui. Il se sentait dans un état proche du sommeil, quand il se sentit quitter son corps. Il ouvrit les yeux et à sa grande surprise, il n'était plus dans la prairie, avec son maître. Il était toujours dans cet espace noir, flottant en l'air. Le garçon semblait également émettre une lumière vive. Au loin, il entendait quelque chose se déplacer. Le son était grave, un peu étouffé. Il résonnait cependant, et Li Bai comprit que c'était soit un objet lourd et dense, soit un gigantesque animal. Peu à peu sortit des ténèbres un immense dragon, couleur émeraude. Le jeune homme était tétanisé. Il ne pouvait produire un son, ni bouger.

« Alors comme ça c'est à mon tour, et on se rencontre à nouveau. Pour toi ça semble étrange, mais crois moi qu'on s'est croisés plus d'une fois au cours des derniers siècles. Mais reprenons depuis le début. Je suis Pulao, j'imagine que tu as déjà entendu parler de moi dans le passé. Je n'ai pour le moment rien à t'offrir, tu comprendras pourquoi plus tard. Le seul conseil que je peux te donner est te méfier de la mer. Le monstre qui l'abrite et que je crains s'apprête à frapper le rivage. Si tu veux en apprendre plus sur ce qu'il t'arrive en ce moment, tu devras te défaire de cette créature. Maintenant va. »

Tout alla très vite. Une force incroyable poussait Li Bai jusqu'à la « surface ». La vitesse était telle qu'il ne pu s'empêcher de fer mer les yeux. Quand tout s'arrêta soudainement, il était à nouveau dans la prairie. Le garçon tenta de se relever sur ses coudes mais glissa. Il ne devait pas encore s'être remis de son expérience, ou alors celle-ci lui avait demandé beaucoup de ses forces. Le maître ne demanda rien, et l'apprenti ne pris pas le temps de raconter ce qu'il avait vécut. Lui-même ne savait d'ailleurs pas quoi en penser à vrai dire. Était-ce seulement un rêve, une hallucination ? Pourtant, tout semblait si réel, cohérent. Il pouvait se souvenir des moindre détails. Dans un rêve tout est flou, on peine à se souvenir au réveil et pourtant là, tout était clair. Des sensations, à la texture des écailles du dragon, sa voix, l'intensité de la lumière qu'il émettait... Tout était là, et d'une précision incroyable, comme si tous ses sens s'étaient éveillés d'un coup. Pendant sa vision, il se sentait connecté au monde, comme s'il ne faisait qu'un avec lui. Le dragon avait pris soin de lui parler, et pourtant c'est comme s'il aurait pu deviner chacun de ses mots avant même qu'il lui prononce. L'expérience était tellement intense, qu'il était presque tenté de recommencer de suite.
Cependant il n'en fit rien. La tentation est souvent un mauvais signe, et si jamais elle se montre il faudra du courage pour y résister. En dépit de sa forte envie, Li Bai résista.

Les jours qui suivirent, le jeune homme continua d'étudier, et de se rendre aux entraînements. Il n'avait pas parlé à sa famille du rituel auquel il s'était soumis, et le temps faisant son chemin, la vision ne lui parut plus si limpide, si incroyable. Les effets devaient s'être totalement estompés se disait-il. Cela ne l’empêcha pas de continuer son entraînement. En réalité, les mois passaient et il avait l’impression que sa progression était constante, il ne stagnait enfin plus. A la réflexion, cette rencontre onirique avec Pulao avait peut-être débloqué quelque chose en lui. Tout semblait si facile depuis… Cependant, ces instants ne dureraient pas. Bientôt il allait devoir faire preuve d’un courage exceptionnel pour dépasser ses limites. En effet la monstrueuse créature habitant les profondeurs, jusqu’alors plongée dans un sommeil séculaire, allait s’éveiller.

Un matin, à l’heure où Li Bai avait l’habitude d’effectuer ses échauffements quotidiens, une longue secousse se fit sentir. Dans la région, on n’avait pas senti un séisme depuis des décennies. Il était cependant d’une faible ampleur, Li Bai se dit donc que l’épicentre devait se situer beaucoup plus loin. Le temps lui donnera raison car les nouvelles circulant vite, il apprit dans la semaine que le tremblement de terre avait fait énormément de morts et de blessés. Celui-ci avait déclenché un tsunami sur la côte est, mais beaucoup questionnaient les dégâts causés par celui-ci. Ils n’en discutaient évidemment pas l’existence, mais la nature. Beaucoup d’arbres arrachés, de maisons balayées, de commerces dévastés. Autant de destruction explicable par le phénomène, mais des témoignages, des rumeurs, mentionnaient aussi des bâtiments non pas arrachés mais éventrés. D’autres juraient avoir aperçu des tentacules gigantesques sortir des vagues pour détruire des monuments. Une panique générale était en train de se diffuser dans la région voisine. Les jours passaient et les témoignages s’accumulaient, on pouvait presque dresser un portrait-robot de monstre. Certains avaient aperçu des yeux jaunes au milieu des vagues, les tentacules revenaient souvent, d’autres mentionnaient des bras ailés comme ceux des chauves-souris, pourvus de griffes. Certains cependant se faisaient plus rationnels, et rapportaient avoir aperçu la tête d’une baleine qui aurait été emmenée par la force du tsunami. Un autre témoin disait quant à lui avoir aperçu la queue d’un requin, d’un énorme requin. En tout cas, chacun s’accordait à dire que la bête était gigantesque, avec une moyenne de 25 mètres de long.

Les semaines passaient et Li Bai s’intéressait de plus en plus au phénomène. Il semblait ne pas s’arrêter et même pire, il s’accentuait en avançant dans les terres. Tout cela n’avait pas de sens. Curieusement les attaques se dirigeaient dans la direction de Jiangxi, et avec la mise en garde de Pulao, Li Bai croyait de moins en moins à une coïncidence. Ce monstre venait sans doute pour lui. Le mieux était de s’entraîner, de se préparer pour potentiellement affronter la créature. Il n’opta pas pour ce choix. Au contraire, il ne pouvait laisser passer de telles catastrophes se produire. Même si personne ne lui en avait donné l’ordre, pour une quelconque raison il pensait qu’il était de son devoir d’affronter cette créature. Peu importe ce qu'il lui en coûterai.

Alors, après avoir préparé son sac de voyage, il entreprit le chemin en direction de la bête. Son périple fut long, mais le monstre avançant également vers lui, le distance entre eux se réduisait grandement chaque jour qui passait. Plusieurs gens aidèrent Li Bai dans son voyage, lui offrant l’hospitalité, un repas. C’était la première fois qu’il voyageait de cette façon, sans ayant prévenu personne. Il prenait pour la première fois contact avec la population, la vraie. Il comprit qu’il devait protéger ces personnes. Pour la première fois, il trouvait un sens à sa vie, quelque chose qui lui tenait à cœur autrement que sa propre famille. Les gens ne refusaient jamais au voyageur leur aide, et il leur devait ce service. Plus déterminé que jamais, il quitta la dernière auberge un matin pour rencontrer, au bout d’un long mois, la créature qui dévastait son pays.

Il se retrouva dans une ville en ruine. Les trois quart des maisons manquaient leurs toits, des dépouilles étaient empilées ici et là, attendant une sépulture décente. Les quelques personnes qu’il croisait fuyaient son regard, trop occupées à s’occuper des leurs. Cette catastrophe leur avait tout prit. Pourtant, quand bien même l’attaque semblait s’être terminée depuis plusieurs heures, le garçon sentait une présence. Quelque chose de maléfique était toujours dans le coin. C’était un sens qu’il avait développé depuis un moment déjà, mais la présence était ici plus forte que jamais. Quelque chose cherchait à l’écraser, comme si une grosse pression était exercée sur ses épaules. Au détour d’un quartier, après une longue heure de recherche, il en eut le cœur net.

Une jeune femme se tenait au fond d’une allée. Elle était vêtue de haillons et tremblait. Pourtant, en dépit de son apparence pitoyable, Li Bai sentait le monstre en elle. Il osa une question.

« Madame ? Vous sentez-vous bien ? »

Il avança tout en tendant la main. Subitement, la jeune femme tourna son regard meurtrier dans sa direction, arborant un sourire qui transpirait la folie. Elle semblait être en train de rire, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Li Bai fit rapidement quelques pas en arrière, et une aura violacée se dégagea de la femme. Comme appelée, une armure noire vint se poser sur elle, et elle changea du tout au tout. Alors qu’elle semblait auparavant apeurée, elle était une menace clairement identifiée. Elle tenta un coup de poing dans la direction de Li Bai, qu’il esquiva. Le dialogue n’était donc pas au programme, et il devra répondre également par la violence. Il ne s’expliquait cependant toujours pas les témoignages du peuple concernant un monstre, alors que celui-ci était devant ses yeux, sous l’apparence d’une femme.

Le combat s’engagea donc, l’adversaire de Li Bai semblant à ce moment s’amuser avec lui plutôt que de le prendre au sérieux. C’était pour lui un affront, le manque de respect n’avait pas sa place dans un combat pour sa vie. Il se battait du mieux qu’il pouvait, mais peinait à contenir son adversaire. Celui-ci ne lui laissait que peu de répit, enchaînant les attaques rapides, mais légères. Li Bai étudiait les stratégies de l’adversaire, et voyait un motif se dessiner. Son adversaire, à force d’utiliser toujours les mêmes attaques, dévoilera forcément son point faible. Le garçon réussi à l’identifier, et dès que l’occasion fut présentée, il la saisit, frappant le plus fort possible, utilisant l’énergie que son maître lui avait enseigné à manipuler.

« Dans un combat, ou même dans la vie, sache que le respect est une valeur essentielle. Tu en a manqué durant le combat, tu m’as sous-estimé moi, ton adversaire. Voilà maintenant où tu en es. Rends-toi, et il ne te fera pas plus fait de mal. », déclara Li Bai à son adversaire.

Dans un cri à peine audible, comme si sa voix ne voulait pas sortir, le jeune femme se lança sur lui. Et c’est à ce moment qu’il comprit. Au travers d’elle et de son attaque, il aperçu le monstre, gigantesque. Il était comme on l’avait décrit, tout à la fois. Il semblait tout droit sortir d’une mythologie grecque. Li Bai pensa à ce moment affronter le Cetus en personne. Le coup, d’une extrême violence, le frôla de peu. Tout ce qui se situait dans une zone de cent mètres autour d’eux venait d’être anéanti. De nombreuses vies venaient d’être prises dans cette unique attaque.

Le garçon était sous le choc. Il était tombé sur le dos à cause de l’impulsion et tenait son bras droit. A quelques millimètres près, il l’avait perdu. La femme en face de lui était hors d’elle, elle n’était même plus humaine. Le monstre avait disparu mais sa présence n’en était que plus forte. Le jeune combattant était démuni. Que pouvait-il faire face à une créature si puissante ? Prendre ses jambes à son cou ? Il n’en était pas question. Mais au vue de la situation, et si…

« N’abandonne pas. Je suis tout aussi effrayé par cette créature. Cependant, il est plus que temps. Tout les deux, nous devons l’occire. Souviens-toi les enseignements, tu sais qu’il est de ton devoir de l’arrêter. »

Li Bai fut surpris d’entendre la voix de Pulao à nouveau. Il était donc réel. Gonflé par son message, il se releva. Son adversaire n’est que plus furieux. L’incarnation de Cetus entreprit de recommencer son attaque. Le dragon donna l’ordre à Li Bai d’attaquer maintenant, avec toute la puissance dont il pouvait faire preuve. Le garçon ne l’avait peut être pas remarqué, mais le point faible du monstre était le même. Il se sentit investit d’une puissance surnaturelle. Après tout il jouait sa vie dans ce coup, il était désespéré. Aucune autre chance ne lui serait donné. S’il échouait cette fois-ci, c’était la mort assurée. Rassemblant toutes ses forces, une aura verte commençait à l’envelopper, tous les sentiments qu’on lui avait enseigné à réprimer sortaient enfin. Lui aussi se transformerait-il en monstre ?

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Du coté de l'Académie de la Grotte du Cerf Blanc, à des centaines de kilomètres de là, la statue immaculée du cerf qui gardait les lieux se fissura. A plusieurs reprises, les étudiants autour d’elle l’entendirent craqueler puis, d’un coup d’un seul, elle vola en éclat. Le nuage de fumée dissipé, on pouvait voir à sa place une statue tout à fait différente. Elle avait la forme d’un dragon vert, brillant de mille feux. Celle-ci se fractionna en plusieurs morceaux, et s’envolèrent à une allure folle dans les cieux.

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Semblant venir tout droit des dieux, les morceaux d’une armure vinrent de poser sur Li Bai, renforçant son sentiment de puissance. Tout s’était passé en l’espace d’une seconde. Son poing toucha le premier, et le Cetus fut envoyé dans les airs, pour retomber lourdement au sol, sur la tête. Li Bai, vêtu de l’armure, et dégageant toujours cette aura verdoyante, s’approcha de la femme. Elle n’était pas inconsciente, mais pas en forme pour autant. Il savait qu’il n’avait pas le choix, il devait en finir ici et maintenant. Qui sait combien de temps ce pouvoir divin lui serait accordé ?
La femme était en piteux état. Sa faiblesse avait dévoilé un point vital, que Li Bai avait frappé. S’il n’agissait pas maintenant, elle allait mourir dans d’atroces souffrances.

« Comprends bien que je n’ai pas le choix. Tu es trop puissante pour te laisser en liberté. Mon jugement est donc rendu, ce sera la mort. Je ne peux pas sous-estimer tes capacités et te laisser mourir ainsi, cela pourrait être une erreur et irait à l’encontre de mon code moral. Je dois te libérer de ta souffrance, même si tu m’as manqué de respect. N’oublies pas de ne jamais sous-estimer l’autre. Puisses-tu t’en souvenir dans ta prochaine vie. »

Li Bai leva son poing, près à frapper aidé de sa nouvelle puissance. Au moment où il lança celui-ci en direction du cœur de son adversaire, la mourante disparu en cendres.
Encore un mystère à ajouter à la liste... Impossible pour Li Bai de savoir ce qu’il lui était arrivé. C’est alors que Pulao se mit à lui parler.

« Écoute moi, je n’ai pas beaucoup de temps. Ton adversaire était un spectre d’Hadès. En revêtant mon armure, celle du Dragon, tu t’es montré digne de mon pouvoir et de devenir un défenseur d’Athéna. Je comprend bien toutes les questions que tu peux poser, et si tu en cherche les réponses, elles sont en Grèce. Bon courage mon ami, je ne doute pas te revoir très prochainement. »

L’armure le quitta comme elle était venue, s’envolant dans les cieux. Complètement perdu au milieu de cette ville dévastée, et son ennemi disparu, il tomba au sol. Comment accepter cette réalité ? Tout le monde qu’il connaissait venait d’être chamboulé. Plus rien n’avait de sens, tout pouvait être possible. D’autres monstres existaient-ils ? Combien sont-ils ? Que sont ces histoires d’Athéna et des spectres d’Hadès ? Rêvait-il encore ? La douleur était pourtant bien présente, il était épuisé. Rassemblant le peu de force qu’il lui restait, il se dirigea péniblement vers la partie de ville qui était le moins touchée par Cetus pour y trouver de l’aide.

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Quelques semaines passèrent et Li Bai, après avoir mûrement réfléchi, ne put que se résoudre à une seule conclusion : si les questions qui avaient détruit sa vision du monde avaient leurs réponses quelque part, il devait s’y rendre. Une fois de plus, il prépara son sac, mais cette fois pour un long, très long voyage.

Bai se définit comme quelqu'un de droit. Il ne sert en rien de faire de long discours, de mettre en avant sa moralité. Ce qui prouve la droiture de tout un chacun, c'est son exemplarité. Cette même droiture s'applique tout autant pour son physique que pour son mental. Il la met en application dans sa vie quotidienne comme à l'entraînement, car pour lui le corps est extrêmement lié au mental. La recherche incessante du geste, de la technique juste développera donc un esprit tout aussi juste.

Bai se définit comme quelqu'un de juste. L'impartialité doit être de mise en toutes circonstances. Peu importe si un camarade, un ami, a été jugé coupable, il respectera la décision. Il tentera toujours de faire un maximum d'efforts pour qu'aucun biais ne vienne entraver son jugement. Sa propre remise en question est un exercice difficile, mais il la sait nécessaire afin de pouvoir accomplir son devoir de la manière la plus juste possible. Pour cela, il médite beaucoup afin d'apprendre à se défaire de ses émotions. La justice est une affaire de logique, pas de sentiment, et elle prévaut sur tout le reste. Il essayera donc du mieux qu'il peu pour garder son sang froid et ne pas prendre une décision sur le coup de la colère. Il considère que c'est en respectant tous les mêmes règles et lois que nous pouvons vivre en harmonie. Il est donc important pour lui que cette justice soit respectée pour que personne ne soit mit de coté. Si injustice il y a, vengeance il pourrait y avoir, et un cercle vicieux pourrait se mettre en place, faisant de nombreuses victimes. Pour cela, il se dressera toujours en rempart contre l'injustice, et mènera le coupable devant les autorités compétentes lui-même s'il le faut. C'est une notion très importante dans sa psychologie, et qui pourrait lui porter préjudice dans certaines situations.

Bai se définit comme quelqu'un de sincère. S'il a quelque chose à vous dire, vous serez le premier ou la première à le savoir. L'honnêteté est également une valeur très importante pour lui. Le mensonge et la trahison sont des choses qu'il exècre. Il considère que pour entretenir des relations saines avec son entourage personnel comme professionnel chacun doit être sur un pied d'égalité. Chacun doit savoir où est sa place, et chacun doit savoir ce que l'autre pense de lui. C'est une qualité qui demande du courage pour être exercée en permanence, mais également de la bienveillance pour ne pas choquer son interlocuteur. Il fait donc la plupart du temps preuve d'un minimum de tact.

Bai se définit comme quelqu'un de modeste. Le gain ne l'intéresse pas, la renommée non plus. Il ne cherche pas à étaler ses qualités, qu'il sait reconnaître tout comme ses défauts. La modestie est un principe fondamental pour lui dans la vie et en combat, car c'est ce qui lui permet de ne jamais se sur-estimer, et par conséquent de ne jamais sous-estimer son adversaire ou la personne en face de lui. S'il se laissait aller à ce genre de pensées ce serait pour lui une faute grave, montrant qu'il manque encore de remise en question.

Bai se définit comme quelqu'un de respectueux. C'est un devoir envers les autres qui est essentiel. C'est le respect qui préserve l'honneur de son prochain, comme le sien. C'est en étant respectueux qu'il considère que nombres de conflits peuvent être évités. Si l'on rabaisse quelqu'un, il sera tenté de manquer de respect en retour, ouvrant donc sur un conflit, et fatalement sur la violence. Dans le cas où une confrontation est déjà engagée, il jugera en revanche qu'il faut imposer le respect d'entrée de jeu, de manière à ne pas entrer dans un cercle de la colère.

Bai se définit comme quelqu'un de bienveillant. Il cherchera à aider son prochain, entraîner les plus jeunes et sera toujours attentif aux attentes de ses aînés. La hiérarchie est quelque chose qui doit être privilégiée à tout prix si l'on veut que le système de société fonctionne. Il connaît donc sa place et saura s'adapter en fonction de son interlocuteur. Il ne manquera à ses devoirs ni envers ses cadets, ni envers les plus hauts gradés.