Une demande particulière... [suite]

Un croassement sinistre, des plumes noires qui tombaient de ci de là sur le Champ de Mars. En levant les yeux pouvait voir un corbeau qui tournoyait au dessus des têtes. Que cherchait-il ici ? Difficile à dire, et puis, après tout, ce n'était qu'un corbeau comme un autre.

Deux femmes se trouvaient là, dans ce lieu semi désertique, tout juste avaient-elles commencé à discuter. Deux guerrières, de deux contrées différentes, servantes de Dieux différents. L'oiseau vint se poser sur un rocher à l'écart. Son regard perçant observait la scène avec attention, une attention étrange pour un animal, mais les corbeaux avaient toujours été des oiseaux au comportement singulier. L'une des guerrières était Alia, la Berserker de la Peur. Elle était venue à la rencontre de la visiteuse en armure scintillante. Les corbeaux adoraient tout ce qui brillait, peut-être était-ce pour ça que celui-ci était là ?

La deuxième guerrière était encore inconnue et bien qu'elle ne fut pas agressive, sa puissance imposait le respect et encourageait à faire preuve de prudence. Et de la prudence, Tanith n'en manquait pas. C'était bien pour cela qu'il avait choisi de venir sous cette forme à la rencontre de la guerrière ennemie. Ainsi, personne ne pouvait le repérer. Même Alia ignorait qu'il fut capable de se transformer de la sorte, elle était déjà partie quand le Berserker de Surt se métamorphosa. Peut-être sa connaissance des lieux lui permettrait-elle de deviner que la présence de ce corbeau ici était inhabituelle, mais elle ne saurait dire immédiatement de qui il s'agissait. Quant à l'intruse, jamais elle ne saurait ce qui se passait, et Tanith s'assurerait par dessus tout à ce qu'il en soit ainsi à jamais.

Prudence et patience, telles étaient les qualités nécessaires à un espion, et le Berserker de Surt allait s'y exercer afin de récolter des informations qui pourraient être utiles plus tard. Si le besoin s'en faisait sentir, il serait toujours temps de reprendre forme humaine et de préter main forte à Alia.

Spoiler:

Une guerrière d'Athéna se trouvait donc sur le Champ de Mars et Alia s'apprêtait à en profiter toute seule. Voilà qui déplaisait à Tanith et il fallait remédier à cela.
S'envolant à bonne distance des deux femmes pour ne plus être vu par elles, ni par qui que ce soit, le Lakota reprit forme humaine dans un nouvel éclat de lumière.

Spoiler:

Le Berserker de Surt se sentait las tout à coup. Ces métamorphoses demandaient beaucoup de forces, il avait besoin de s'entraîner afin de mieux en maîtriser les conséquences.
Revenant sur ses "pas", il arriva vite à nouveau auprès d'Alia et de la visiteuse. Avançant en arborant fièrement sa protection, symbole de son appartenance aux armées d'Arès, il vint à hauteur de la Berserker de la Peur et s'adressa à elle en premier.

"Hé bien Alia, tu ne veux pas partager un peu avec moi ? Ce n'est pas tous les jours que nous recevons une visite de la part d'une personne de cette trempe, je veux en profiter !"

Se tournant enfin vers l'arrivante, il se présenta poliment.

"Je te salue, Angèle du Sagittaire, je suis Tanith, Berserker de Surt et comme le disait Alia il y a quelques instants, tu vas devoir affronter l'un d'entre nous avant d'aller plus loin."

Peut-être aura-t-elle noté qu'il connaissait son nom et qu'il savait quels avaient été leurs échanges alors qu'il n'avait pas été présent jusqu'alors. Tanith allait laisser volontairement cette question en suspend, que la guerrière ennemie se pose des questions sur les capacités des soldats d'Arès.

Il était évident que Tanith n'aurait pas la moindre chance dans un affrontement sérieux face à cette femme. L'énergie qu'elle laissait transparaître avait de quoi donner le tournis, et le Sioux n'était pas tout à fait sûr que Phobos lui même dépasse réellement la puissance du Sagittaire. L'écart de force entre eux associé à la fatigue due à ses transformations poussaient le Berserker de Surt à une conclusion qui ne lui plaisait guère, même si ce n'était là que sagesse.

"Alia, je te la laisse, à contre cœur. Je ne doute pas que tu sauras lui montrer un échantillon de ce dont les troupes d'Arès sont capables."

Il s'éloigna de quelques pas afin de ne pas gêner le combat qui s'annonçait. Il ne partirait pas, non. Il y avait plusieurs façons de combattre et se jeter dans la mêlée n'était pas forcément la plus utile: Tanith allait employer toute son énergie à étudier les moindres faits et gestes du Sagittaire, chercher les failles dans son comportement, ses erreurs, étudier ses techniques. Ce ne serait pas forcément chose aisée, mais toute information glanée ici pourra être un avantage pour une autre fois.

Elle avait croisé différents guerriers, mais en dehors de leur terre. C’était la première fois qu’elle venait seul dans le domaine d’un autre dieu. Alia n’était que le reflet d’Angèle au sanctuaire. Il est difficile de deviner les intentions d’un inconnu. Et nous sommes tous des protecteurs avant d’être des combattants. L’ange l’écouta attentivement sans dire un mot. Un sourire malicieux se dessina sur son visage. Ses paroles au sujet de la peur et de l’ombre étaient étranges. Pour Angèle la peur n’avait rien d’une alliée. Ce n’était qu’un sentiment de plus qu’il fallait se débarrassé, comme celui qui serrait son cœur en ce moment lorsqu’elle pensait à Ashram. Elle cacha rapidement cette pensée, il fallait rester concentré sur le moment présent.

La guerrière dorée sentit petite à petite la présence d’Alia se répandre dans les lieux… Cet entretien allait mal terminé, elle n’en doutait plus et son sourire grandissait sur son visage. Après tout, elle était venue chercher cela, voir un Berserker combattre allait la satisfaire pleinement.

Elle n’avait pas vraiment envie de lui répondre de suite, préférant attendre la fin de la conversation. Devait-elle tout lui révéler ? Non ! Elle osa les épaules, limite l’air de dire, j’ai vu de la lumière par la fenêtre et je suis passé prendre un café. Alia prenait son temps pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Aurait-elle préférer avoir affaire à un titan ou un spectre, elle ne semblait pas les porter dans leur cœur. Qu’importe les confessions et les sentiments de cette guerrière ne l’intéressait pas.

La Loi d’Ares, enfin voilà le véritable sujet. Alia était trop confiance en elle pour ne pas prendre une posture de défense ou d’attaque. Il était tentant de lui filer deux trois baffes pour lui montrer que dans un combat, il fallait se préparé à chaque seconde. Un bronze ou un silver du sanctuaire en aurait pris pour son grade.

Elle fit craquer les articulations de ses mains, bien, il était temps de se défouler un peu. L’adrénaline commençait à se diffuser dans son sang. Son œil rouge commença à briller de mille feux, sa langue passa sur sa bouche.
Son élan fut coupé par l’arrivé d’un autre Berserker, il se pavanait comme un paon. Comme si défier l’ange ne lui faisait pas peur. Alia avait fait preuve de plus modestie. Elle se demanda comment celui-ci connaissait son nom… Angèle n’avait aucune mémoire, l’avait-elle déjà croisé ? Apparemment non. Elle lui accorda peu d’importance, gardant son regard fixé sur Alia.

Bien puisse qu’il faut respecter la loi des dieux, allons y ma belle.

Défi accepté

Elle n’avait pas attaqué. Elle a préféré décharger sa puissance sur un élément architectural. Bon. Je n’ai plus besoin de me sentir en danger. J’avance d’un pas, en silence. Je pose un regard sur Tanith qui a observé le combat depuis un certain temps. Je ne sais pas ce qu’il aura à en dire quoi que je n’ai pas fait cela pour une quelconque exhibition. J’espère tout du moins qu’il aura apprécié les échanges que j’ai pu avoir avec une guerrière qui me surclasse à tous les points ; pour le moment. Car s’il y a bien une chose pour laquelle ce combat m’aura éveillé, c’est à qui et à quoi je peux ressembler plus tard. Non pas en termes de coupe de cheveux, de boobs ou encore d’apparence, mais en termes de puissance ; J’ai encore assez de dignité pour me trouver mieux qu’elle sur certains aspects de mon physique. Oui, je suis une garce, et alors ?

- Avant de partir, j’ai deux questions à te poser…  Tu as parlé à quelqu’un lors de notre combat, lui intimant l’ordre de se relever. Je n’ai pas tout saisi mais tu étais très fortement touchée par cet événement, comme si tu n’avais rien contrôlé.

Je laissais courir un peu le silence. Elle n’aimait pas parler des heures durant, ça tombait bien, moi non plus.

- Et puis… Tu sembles perdue mais ça n’a rien à voir avec ta présence en ses lieux. C’est ton rang qui m’a interdit d’entrer plus profondément dans ton… esprit. Un chevalier d’Or soucieux, c’est toujours rare.

Je n’allais pas aller plus loin dans mes interrogations mais elle allait vite avoir une information de poids. Non pas que je sois séduite à l’idée de l’aider un peu, mes questions n’étaient là que pour en apprendre plus à son sujet. Elle restait mon adversaire quel que fut le résultat de notre combat. Et on se méfie toujours du pèlerin, même en terre promise.

- Peut-être penses-tu ne rien avoir à apprendre de moi mais… comme il se trouve que j’ai une dette envers toi, car tu aurais pu en finir il y a quelques instants, je vais m’ajourner de suite.

Oui, elle aurait pu me fracasser, répandre mon armure et mon physique plus jeune et malléable que le sien, attaquer Tanith et retourner la terre de ce domaine pour nous donner une leçon. Mais elle ne l’avait pas fait. Alors, confiante en mes propos je continue de lui dire..  

- Je suis trop jeune encore pour percer certains secrets à jours mais… Mon maître n’aura aucun mal à trouver ta faiblesse, quelles que soient les raisons de ta venue. Te voilà informée, Angèle du Sagittaire.

Un court instant de répit, je lui laisse prendre toute la mesure de mon enchainement de phrases. Elle n’est pas commune, çà c’est clair que je n’aurai que peu d’adversaires comme elle. Et que la pitié et la retenue sont des valeurs rares. Il me faut m’entrainer encore et toujours plus, me préparer à d’autres combattants comme elle. Et apprendre.

- De ce que je sais, Deimos n’est plus incarné. Allons, viens, je te guide vers le palais de toutes les peurs. Tanith ? Tu viens avec nous ?

Ainsi soit-il.


--> Palais de Phobos

La nature humaine est curieuse, certains n’hésiteraientt pas à répondre, car parler d’eux était leur grande passion. Angèle avait déjà renié son passé, puis accepté, mais elle en parlait peu. Elle portait peu d’attention à Tanith. Son absence, les paroles qu’elle avait eues, n’était plus qu’un vague souvenir. Il est vrai, un moment d’absence pendant un combat... cela aura pu lui couper cher. Elle ferma un instant les yeux, oui, elle avait parlé à Ahina, à Athéna celle-ci semblait être perdue et sans défendre. Ce n’était qu’une impression. Un fort moment de communication qu’Angèle n’arrivait pas à comprendre, ni arriver à donner une explication.

Le doute fit place dans son esprit, est-elle vraiment à sa place ici ? Devait-elle retourner au sanctuaire ? Athéna était-elle en danger ? Elle fronça les sourcils. Une envie pressante de faire demi-tour lui démangeait les pieds, mais en même temps elle avait fait déjà franchit plusieurs étapes. Venir ici, et affronter un guerrier d’Arès. Alia avait été clair, pour rentrer dans le domaine d’Arès, il fallait combattre un de ces guerriers. Elle ne doutait pas de sa force, mais si elle venait à affronter un guerrier plus puissant, jamais elle ne pourra avoir ce qu’elle veut.

Un choix s’imposait maintenant, faire demi-tour et allez sauver le monde ou continuer son chemin égoïstement. Angèle n’était pas un héros, sauver le monde ne l’intéressait pas. Et Athéna courait peut être un danger, mais il y avait assez de chevalier pour la protéger, Milan, Scarface, le petit Arion, Irène etc. Ses pas la conduisent finalement vers Alia.

Un simple moment d’absence rien de plus.

Alia devra se comptant de cela, même si la berserker se doutait qu’Angèle ne lui disait pas tout.

En quoi mes soucis t’intéressent ? Même si pour l’instant, il y a un traité de paix entre nos deux peuples, nos dieux représentent la guerre, une facette différente de la guerre, mais ils en sont l’incarnation sur terre. Crois-tu vraiment que j’ai envie de me confier à toi ?

Désolé Alia, mais pour l’apéro de ce soir tu n’es pas invitée.

Une dette quelle étrange idée, même si elle avait une part lié aux enfers, Angèle n’aimait pas tuer pour le simple plaisir. Un combat était un moment d’extase pour elle, mais continuer sans adversité n’a aucun intérêt.

Je ne crains pas ton maître.

Et c’est vrai, elle avait du respect pour les dieux, la terreur qu’ils inspiraient devait être réservé au commun des mortels. Ainsi Deimos n’était plus incarné, l’anneau qu’il lui avait donné n’avait surement plus aucun intérêt… Mais ce qu’il lui avait dit pouvait peut être l’aider à convaincre le dieu Phobos de l’aider.

Bien allons y comme tu dis.

--> Palais de Phobos

Vie : 175
Cosmos : 282
Armure : 420

Le combat qui venait de se dérouler sous ses yeux avait eu de quoi couper le souffle: attaques fulgurantes, contre attaques et autres ripostes mortellement dangereuse, et même si on pouvait sentir que la guerrière d'Athéna ne souhaitait pas la mort d'Alia, on pouvait se rendre compte qu'elle ne se retenait pas plus pour autant.

Il fallait à Tanith bien des efforts pour suivre les mouvements d'Angèle, tant elle était rapide. Chevalier d'Or, même pour un néophyte comme le Sioux, il était évident que la différence de puissance était énorme et que ce rang était mérité. Pour éviter de perdre de vue la guerrière, le Berserker devait déployer son Cosmos afin d'améliorer sa perception, de l'amplifier en ne la limitant pas à la vue seule. Et c'est alors qu'il était pleinement concentré et son énergie à son paroxysme qu'il se sentit partir, happé vers un autre lieu.

Tout à coup Tanith n'était plus en Sparte, c'était évident: à la place du champ de bataille qu'il observait juste avant, des colonnes grecques et du sable de l'aire de combat se trouvait maintenant une forêt dense et bruyante. Une forêt comme il en avait connu quelques années plus tôt, parmi les siens. Surpris, il fit quelques pas, cherchant à comprendre ce qui venait de lui arriver. L'explication lui vint rapidement.

Au détour d'un arbre, après avoir pénétré plus en profondeur cette forêt, Tanith se retrouva dans une clairière, une souche d'arbre en son centre exact et un corbeau trônant dessus. Ainsi, Chulyen l'avait appelé à lui. Le Lakota s'avança jusqu'à la souche puis s'assied en tailleur devant l'oiseau sombre. C'était la position de celui qui attendait la connaissance du sage, celui qui attendait le message.
Alors que l'homme approchait, le corbeau regardait de toutes parts, épiant les environs, jusqu'à ce que son invité se tienne assis devant lui. Là, il fixa ses yeux sur lui. Son regard transperçait littéralement Tanith, cherchant à atteindre son coeur, son âme afin de l'éclairer sur les raisons de sa présence. Une voix grave et profonde prit naissance dans le crâne du Sioux.

"Tanith, tu as bien fait de prêter serment d'allégeance envers La Guerre, maintenant tu te dois d'assurer sa défense et de punir ceux qui s'écarteraient du chemin divin."

Le sioux ne disait rien, il eût été malpoli d'interrompre Chulyen. Toutefois, le jeune homme se sentait fier de recevoir une nouvelle fois l'assentiment de son Guide spirituel. Bien qu'il ne fît tout ça que pour lui même, savoir qu'il marchait dans les pas qui avaient été tracé à son intention le rassurait et l'encourageait à continuer.
La voix continua à lui parler dans sa tête.

"Un danger plane sur Sparte, un être que tu as déjà croisé va revenir et provoquer le chaos en ces lieux. Va à sa rencontre et assure toi qu'il n'en fera rien."

Le corbeau s'envola à cet instant, croassant puissamment, ne laissant pas le temps à Tanith de répondre ou de poser quelque question que ce soit. Ce fut à ce moment là que la vision s'estompa.

Alia se tenait devant lui, Angèle quelques pas derrières, elles partaient vers le palais de Phobos et la Berserker invitait son camarade à les suivre. Le Berserker de Surt ne dit mot, son regard était soudain sévère avec un brin d'inquiétude. La jeune femme ne dut pas s'en apercevoir, elles partirent. Le Sioux les laissa aller à leur destination, lui avait la sienne et se mit en marche.

[Départ vers la Grèce]