Deux Marinas au Pays des glaces !

Nous étions sortis de l'eau il y a quelques minutes seulement et avions couru, l'un à côté de l'autre, jusqu'à parvenir au niveau du premier domaine des terres d'Asgard : la Montagne de Gamma. Manifestement, les terres n'étaient pas protégées par un guerrier divin de premier ordre, sinon, je l'aurais déjà senti, et je pense que Mégara aussi. La jeune Capitaine de la sirène aquatique était déjà très puissante et je me demandais si Poséidon avait un dessin pour elle. Si jamais elle demandait à revêtir une écaille de Général, elle pourrait me dépasser, dans mon état actuel. Ce serait une puissance supplémentaire pour Eges, car une écaille de général est bien plus résistante que celle octroyée aux capitaines. Mais ce n'était pas à moi de faire la démarche. Seuls Poséidon, son représentant légitime ou elle-même pouvaient initier un passage au rang supérieur. Elle en a toutes les qualités, peut-être est-ce sa volonté qui ne se manifeste pas encore. Peut-être n'en a-t-elle tout simplement pas l'envie.

Ensemble, nous marchâmes à vive allure et j'informais Mégara de la marche à suivre par télépathie *Mégara, comme tu le sais bien, nous devons traverser les différents territoires un à un. Bien sûr, nous sommes alliés avec les Ases et en cela, nous devrions pouvoir nous rendre directement au Palais. Cependant, dis-toi bien que les négociations ont déjà commencé. Venir ici, c'est montrer que l'affront a été grand pour nous et que nous ne pouvons pour le moment nous définir comme des alliés. Alors nous empruntons le chemin traditionnel. Quand ils nous trouveront par ici, nous pourrons donc avancer ces idées là. Pour être repérés plus rapidement, étendons nos cosmos. Si tu veux me répondre sur ce sujet précis, pense-le et ainsi nous échangerons en silence. Sinon, nous pouvons converser à voix hautes.* Je ne savais pas si elle avait déjà utiliser la télépathie. C'était très courant il y a 400 ans, mais qu'en était-il aujourd'hui ? J'allais le savoir très bientôt.

- Marchons rapidement. Si nous ne sommes pas arrêtés dans les prochaines minutes, nous nous rendrons directement dans le prochain territoire. Parlons un peu en même temps, Mégara de la sirène (dis-je en m'autorisant un court regard vers ce corps de... sirène !). D'où viens-tu, qu'est-ce qui t'a mené là où tu es aujourd'hui, en Eges au poste de Capitaine de Poséidon ? J'avais eu le temps de parler avec Simbad, qui était déjà une âme amie à l'époque, mais le temps nous a manqué pour parler et nous présenter tous ensemble. Je comptais bien rattraper cela. D'autant plus qu'il était agréable de converser avec une telle personne. Il fallait bien se l'avouer. Je l'écoutais me répondre et en même temps, nous étions en train de franchir les premiers plateaux. Le vent était glaçant, le paysage était blanc partout, la vie semblait absente et le vent mordait à travers les écailles. Brûler nos cosmos revenait donc à nous faire repérer plus vite, mais aussi à nous protéger de l'écart de température manifeste entre nos corps et ce pays où la vie semblait bien difficile. La neige recouvrait tout, la glace grimpait partout. Voir des arbres était comme d'accéder à n miracle. En ce lieu la vie subsistait, ainsi que les hommes.

La jeune écaille de la Sirène aquatique tenta de répondre consciencieusement à ma question, mais il semblait que sa mémoire ne soit pas sans heurt. Ce n'était pas rare chez les chevaliers de tous camps, bien souvent, un choc extrême était à l'origine de la découverte de son cosmos. Bien souvent, la mort est sur le point de frapper. Mais alors qu'elle m'interroge à son tour, un très puissant cosmos, nourri par une volonté de fer et soutenu par une armure vibrante de vitalité, apparut. Je m'arrêtais, droit et fier, haut de mes deux mètres, et constatant par mon oeil de forgeron aguerri que cette armure venait tout juste d'être restauré. Mégara fit de même, et l'homme s'adressa à nous... comme si nous étions des chiens ! Je suis tenté de répondre tout le venin que cet homme fait soudain naître en moi. Je suis fier, je suis Kartar, voilà 400 ans que je foule la terre, les domaines sous-marins et les enfers, et ce guerrier osait s'adresser ainsi à deux marinas ?

Je fut vraiment tenter de l'agresser verbalement, pourtant, je me contins. Nous étions ici pour une alliance, avant tout autre chose. Si je me retrouvais face à un irresponsable incapable de différencier un surplis d'une écaille de Poséidon, grand bien lui fasse. Le niveau d'éducation des guerrier d'Asgard en était donc à ce point de déchéance intellectuelle ? J'espérai que non et me décidais immédiatement à chercher à retrouver la prêtresse Séléné. De plus, le court répits offert par la prise de parole de Mégara me permis de retrouver mon calme de surface, laissant les courants sous-marins s'adonner à leurs puissances furieuses. Ce fut donc avec un ton parfaitement maîtrisé que j'entrais en action, mettant à profit ma connaissance des territoires d'Asgard :

- Le salut à toi, Arbhaal, guerrier divin de Zeta, gardien du sixième domaine d'Asgard. Nous ne sommes pas perdu, rassure-toi. Je suis Kartar, Général de Polyphème, fils de Poséidon et de Thoosa, gardien du pilier central du Royaume sous-marin de Poséidon. Nous nous présentons volontairement en Gamma afin de respecter les protocoles anciens, brûlant volontairement nos cosmos non pas en signe de menace mais pour être repérés plus vite. Chaque pas de plus officié seul à l'intérieur des terres sacrées d'Odin pourrait passer pour une offense à ses représentants. Nous souhaitons être accompagnés jusqu'au Palais afin de rencontrer la prêtresse d'Odin et de nous entretenir avec elle. Allez-vous nous guider plus avant sur les terres de ton dieu ?

J'avais fait attention à ne pas laisser glisser une insinuation offensante, comme une des nombreuses que j'avais eu. "Savais-tu que les alliés s'accueillent avec respect ?" "Est-ce le froid qui a gelé ta tête de linotte ?", mais ces choses là ne servaient à rien, je les gardais donc pour moi. J'espérais tout de même que ce chevalier allait faire preuve d'un peu plus de courtoisie à notre égard. Alliés ou non, deux cosmos rayonnant sans agressivité, et marinas qui plus est, ce n'était pas des individus à cataloguer comme de vulgaires charlatans. "Bon allez le toutou, arrête de faire le molosse, range tes dents et conduis-nous", pensai-je. Ce guerrier divin, d'apparence juste, loyal et droit, ne commençait décidément pas sur de bonnes bases, mais j'espérai fortement qu'il allait remonter dans mon estime la prochaine fois qu'il ouvrirait la bouche.

HRP : six jours de vide, ça fait beaucoup là.
je réponds ce soir Arbhaal, dès que je rentre du boulot.

Le guerrier divin de Zeta expliqua la raison de sa présence en Gamma. Nous ayant senti par delà les territoires, ce dernier comptait de toute manière se diriger vers le royaume de Poséidon afin de nous rendre visite. Grâce lui en soit rendu. Et grâce nous soit rendu d'avoir pris les devant. C'était à la fois une politesse, un avantage, et une chance, car nous allions pouvoir traiter immédiatement avec leur prêtresse. Si Arbhaal était venu jusqu'en Eges, il aurait fallu palabrer une première fois, puis partir en Asgard pour une seconde joute verbale. Oui, nous avions bien fait notre jeu avec Gastone, Simbad et Mégara. Maintenant, il s'agissait de discuter, mais pas trop, et de nous diriger vers le palais en dépit des légères réticences de notre hôte. Car s'il n'était pas réticent, pourquoi préviendrait-il qu'il peut tout à fait prendre la place de la prêtresse, qu'elle est fatiguée, et blabla ? Non, ce bonhomme là était fier, il voulait tenir son rôle coûte que coûte, du moins je le sentais comme ça. Et loin de le voir d'un mauvais oeil... je m'y reconnaissais. Ce petit trait de caractère qui nous liait pouvait tout aussi bien former une amitié qu'une rivalité. Je l'écoutait donc parler, et Mégara prit la parole, me signifiant que nous aurons tout à gagner à suivre la proposition du seigneur de Zeta. Ca ne m'étonnait pas, et j'étais moi-même d'accord, puisque ledit seigneur avait proposé de nous escorter. Mégara confirma, puis moi aussi.

- Arbhaal, je suis certain que tu es plus que compétent et légitime pour raconter les pertes du royaume d'Asgard ou nous transmettre les volontés de ta prêtresse. Cependant nous ne venons pas pour cela. Ou du moins : pas uniquement pour cela. Certes, les marinas souhaitent prendre des nouvelles des autres camps. Récemment, Simbad de Scylla s'est rendu en Grèce et, même si il n'a pu prendre le temps de rencontrer un chevalier d'or, il en a tout de même appris un peu sur l'état du camp d'Athéna. De mon côté, et accompagné de Mégara, je comptais rencontrer des guerriers divins comme toi, afin d'apprendre de leurs bouches le déroulement des évènement qui marqueront l'histoire. Ce qui motive encore notre venue, c'est l'espoir d'une audience avec la prêtresse Séléné, en tant que représentant du royaume d'Asgard. Il y a quelques temps, Aurora de Chrysaor est déjà venue dans votre palais, mais jamais elle n'a pu rentrer en Eges. Ces faits sont troublants pour nous, et au-delà de ça, nous souhaitons reparler de la possibilité d'une alliance entre nos deux camps. Mais trêve de bavardage, le temps nous est à tous précieux. Nous souhaitons secuorir les populations de l'Ouest de l'Europe, victimes des flots suite à la destruction de l'un de nos piliers. Pouvons-nous partir dès à présent et parler en chemin ? Ne limite pas ta cadence, guerrier divin, je te suivrai.

Cette dernière phrase n'avait qu'un seul but. Non pas de lui faire comprendre qu'on ne voulait pas squatter Gamma (ça, il le savait déjà), mais plutôt que les marinas sauraient suivre un guerrier divin sur ses terres. Je ne pouvais parier cela pour Mégara, mais je ne me faisais pas de souci, son cosmos était extrêmement puissant pour une capitaine. De mon côté, je connaissais ces terres pour les avoir déjà traversé, il y a bien longtemps. Je saurai le suivre, les marinas valaient bien les guerriers divins. Et ensemble, si nous passions au-delà de nos rancoeurs et de nos désirs, au-delà de nos égaux, si nous pensions uniquement à nos camps, et à nos peuple, nous avions le pouvoir d'être puissants. Ensemble, ases et marinas. Une alliance forte ou rien du tout, voilà mon seul désir.

Arbhaal commençait à se dévoiler, à faire... tomber la glace, si j'ose dire. Il parla un instant du peuple, de la rigueur de ses terres. Il était vrai que leur climat n'avait rien de facile, bien au contraire. Il était bien vrai aussi que leur territoire et leur peuple avait souffert. Le notre aussi. Mais malgré l'humidité de nos lieux et l'absence de soleil naturel, notre peuple était très bien loti, avec son climat paisible et toujours constant. J'évitais de parler du camp d'Athéna, qui avait semblait-il toujours bénéficié des plus grands avantages. Une mer proche, un climat généreux, une profusion de nourriture... c'était ainsi. Inutile donc de remuer le couteau dans la plaie.

- Merci de cette invitation, protecteur de Zeta. Notre peuple et nous-mêmes vivants dans les profondeurs des océans, nous ne connaissons pas la rigueur des ressources. Sans vouloir me montrer insultant, sache qu'il serait inutile de nous offrir un véritable repas. D'autres en Asgard sont bien plus nécessiteux. En revanche, nous n'avons pas d'arbres en Eges, et l'humidité de notre Sanctuaire sous-marin nus empêcherait de toute façon de faire naître une quelconque flamme naturelle. Aussi, je ne m'opposerait pas à un bon feu asgardien. Merci de faire en sorte que nous soyons reçu au plus vite, j'espère que tu seras avec nous au moment du dialogue, car malgré tes manières faisant écho à ton climat, tu me sembles avisé. Que tu te montres amical ou opposé à nos futurs arguments, j'ose espérer de toi une franchise réfléchie. Cela seule compte. Mais tu as raison, partons de ce pas !

Mégara acquiesça et nous partîmes immédiatement. Clairement, la différence de maîtrise était flagrante. Le guerrier divin était entraîné, il connaissait ses terres comme seul un natif ne saurait les connaître. Il se déplaça avec une rapidité et une précision telle que je peinais à le suivre. Voilà la différence entre un guerrier actif et un guerrier qui s'est englué dans la honte et l'immobilité durant 400 ans. J'étais comme lui, avant. Cet homme me motivait à retrouver mon niveau d'antan ! Je le considérais désormais comme un premier palier à atteindre. Après l'avoir dépassé, je n'aurai plus qu'à me dépasser moi-mùême, comme je l'avais toujours fait.

Pour l'heure, Arbhaal prit une distance non négligeable. Je connaissais ces lieux, mais ça n'avait rien à voir. Il était meilleur, plus vif, plus rapide. Mais je bénéficiais tout de même d'un avantage non négligeable... A chaque fois que la distance s'accroissait, j'utilisais la téléportation courte. Où plutôt la transposition, qui me permettait de disparaître pour réapparaître plus loin, là où me portait mon regard. Et malgré tous mes efforts, le guerrier divin du Tigre viking me précéda et arriva premier devant les portes. Le trajet se fit en quelques instants seulement et Mégara nous rejoignit quelques secondes plus tard. Cette jeune fille avai le niveau d'un Général, il faudrait vraiment que je lui en parle. Elle le mériterait vraiment, si seulement elle était désignée par une écaille...

Nous voilà donc devant les portes, Arbhaal fonce entre les gardes d'un bon pas et disparaître derrière l'épaisseur des murs de pierres. Nous le suivons.