Perséphone faisait de gros efforts afin de lutter contre la mauvaise humeur qui ne cessait d'enfler dans son esprit suite à l'échange qu'elle avait eu avec Ryûichi. Qu'un Titan se soit permis de pénétrer ainsi dans les rêves de l'un de ses spectres la mettait tout simplement dans une rage folle. Comme osait-il... S'imaginait-il tout permis, à bafouer délibérément l'autorité des Enfers en violant le sommeil d'un de leurs guerriers... Sous prétexte qu'ils étaient les géniteurs des Olympiens, pensaient-ils sincèrement que tout leur était du et qu'ils pouvaient tout se permettre ? Certainement pas. Elle ne le permettrait pas et elle allait en toucher deux mots bien acides à son époux.
Epoux qui était d'ailleurs de retour dans leur royaume pour le plus grand soulagement de la Divinité du Printemps. Elle répugnait le savoir loin, surtout après qu'il se soit absenté tant de siècles durant. Mais la gestion du royaume passait avant tout. Entre la guerre sainte, Poséidon et le Tribunal Divin, le Sombre Monarque n'avait pas eu la moindre minute de répit ces dernières semaines. Ainsi, avait-elle donné des ordres pour que les opulentes cuisines du Palais se tiennent prêtes à chaque instant du jour et de la nuit. Dès que son époux aurait franchi la Porte des Enfers, ils avaient pour ordre de s'affairer jusqu'à en saigner s'il le fallait, afin de servir les mets préférés du souverain aussi vite que possible. Les consignes avaient été on ne peut plus claires et ne pas s'y plier avec toute l'assiduité qu'il se devait vaudrait que quelques têtes ne soient séparées de leur corps. Aux grands maux les grands remèdes.
“
Va me chercher Velvet. Hâte toi.
”
Ces quelques mots furent à peine murmurés à l'oreille d'une nymphe des ombres qui suivait toujours la divinité où qu'elle aille. Elle acquiesça en silence et s'évanouit presque avant que Perséphone n'eut fini de parler. En temps normal elle aurait lourdement châtié n'importe qui d'avoir osé s'évader de la sorte avant la fin de sa phrase, mais c'était bien là la compétence qu'elle appréciait chez cette créature. Elle savait ce qu'elle avait à faire et s'exécutait sans perdre une seconde dès qu'elle avait compris ce que l'on attendait d'elle.
C'est donc dans une petite pièce, à l'abri des regards indiscrets et bien éloignée de la salle du trône où siégeait actuellement son époux, que Perséphone attendait la jeune spectre.
Voilà un petit moment que Velvet s'était entretenue avec Kazuki. Des jours ? Des semaines ? Difficile à dire pour la jeune Spectre qui ne parvenait pas toujours à tenir les comptes. D'un autre côté, cela ne lui servait plus à grand-chose de le savoir.
Déambulant tranquillement dans les allées de la Prison des Voleurs, Velvet vérifiait que tout s'y passe de la meilleure manière qui soit. Bon, certes les cris et autres gémissement empêchaient la belle de profiter du silence qu'elle aimait tant, mais elle s'était faite à l'idée. L'endroit ne s'y prêtait pas, c'est tout ! Pour le calme et la sérénité, elle aurait dû postuler à une autre Prison ! Mais y avait-il seulement un endroit parfaitement paisible en Enfer ? Mmmmh... Oui, mais il fallait glandouiller dans la demeure du Garuda et ça, ça n'aurait pas été du goût de tout le monde. Tirer au flanc n'était pas la meilleure façon de se faire remarquer, surtout lorsqu'on souhaitait ne pas se faire remarquer.
Parfait ! Elle poursuivit donc son petit chemin et s'arrêta devant des hommes, ou du moins ce qui en restait, vêtus de lourds manteaux et condamnés à errer sans fin. Ils ne pouvaient s'arrêter ; si l'idée leur traversait l'esprit, ils seraient immédiatement rappelé à l'ordre. C'est ici que Velvet décida de faire une pause, adossée contre un mur avec son unique pied gauche comme appui au sol.
*Les hypocrites, hein...*
Finalement, il s'agissait certainement de la Prison qui le convenait le mieux. Toutes les sortes de personnes qu'elle exécrait étaient réunies en un seul et même endroit. Ces moins que rien s'en étaient tirés sur Terre mais, en ces lieux, payeraient pour les crimes qu'ils avaient commis... pour toujours.
Perséphone
Déesse des Ténèbres
Rôle : Staff
Planter des fleurs sur la tombe d'Alessio et faire des bébés avec Hadès
Obscurcia avait été efficace, comme à l'accoutumée. A peine Perséphone avait-elle de nouveau ressenti sa présence à ses côtés, que l'on toqua à la porte. Velvet. Un léger sourire de dépit se dessina sur les lèvres du Printemps. Ils étaient de plus en plus rares, ces guerriers qui savaient se montrer fidèles et loyaux quelles que soient les difficultés rencontrées. Fidèles et loyaux, et efficaces. Car, là aussi, c'était une autre histoire. La perfection n'existait pas chez les humains, encore moins en Enfers. Elle avait appris à s'en contenter, même si parfois une pointe de regret envahissait son esprit à cette idée.
“
Entre
”
Dit-elle simplement, alors que la porte pivotait sur ses gongs pour laisser apparaître la jeune spectre du Béhémoth. Les Ténèbres la toisèrent un moment, de bas en haut, d'un regard perçant et inquisiteur. Elle ne l'invita ni à s'assoir ni à se mettre à l'aise. Le test commençait.
“
Velvet... Tu t'es illustrée à mes yeux ces dernières semaines. Non pas par tes actes, mais par ton comportement.
”
Les prunelles de la Déesse ne quittaient pas la jeune femme des yeux un seul instant. Comme si elle jugeait de la moindre réaction, de la plus petite expression qui pourrait naître sur son visage.
“
Tu as fait preuve de sang froid lorsque les choses ont dégénéré dans la salle du trône avec Athéna. Tu as fait preuve de sagesse lorsque tu as compris que ni Abel ni toi n'étiez à même de vaincre le... Cancer et tu es allée quérir quelqu'un qui en serait capable. Et tu as également fait preuve de loyauté envers sa Majesté, lorsqu'il t'a demandé de confirmer les intentions de Kazuki pour le Sceau d'Ouranos, tout en manoeuvrant assez habilement pour ne pas le mettre dans une position difficile vis à vis d'Hadès. Et je crois savoir de source sûre que tu n'as parlé à personne de ce... bâtard de mon époux.
”
Perséphone marqua une légère pause, observant toujours Velvet avec attention. Oui, cette jeune femme faisait preuve de finesse et, contrairement à certains, elle réfléchissait avant d'agir et jaugeait avec une certaine efficacité ce qui était le mieux pour les Enfers, pour ses divinités et pour les personnes auxquelles elle tenait. Un exercice de style fort difficile, mais dans lequel elle semblait véritablement douée.
“
Pour toutes ces raisons, je t'ai choisie pour une mission importante et très délicate. J'attends de toi que tu retrouves une femme.
”
De prime abord, la mission paraissait on ne peut plus simple. De prime abord, oui...
“
Cette femme se nomme Naama et elle fait partie de la garde personnelle de mon frère Arès.
”
Voila qui compliquait nettement les choses à vrai dire. Car il n'était de secret pour personne qu'Arès et Perséphone s'entendaient comme chien et chat, et que les Enfers n'étaient pas en odeur de sainteté du côté des berserkers, et inversement d'ailleurs.
“
Il y a deux choses que tu dois savoir sur elle. D'une part sache que cette femme n'a d'humain que l'apparence. Elle est en réalité l'un des quatre cavaliers de l'Apocalypse, mais ne t'avises surtout pas de lui confier que tu es au courant. Si elle n'a pas changé, elle cache sa vraie nature jusqu'à ses propres frères d'armes, si elle n'est pas obligée de se dévoiler. Les négociations commenceraient très mal si tu lui laissais sous entendre que tu es au courant. Ensuite, de par sa nature, ne te fie pas à elle, à aucun moment. Naama a toujours été fidèle à mon frère, jusqu'aux derniers retranchements vers lesquels la loyauté indéfectible peut pousser un être.
”
Perséphone repoussa une longue mèche d'ébène qui venait de chuter devant ses yeux, puis croisa les bras sur sa poitrine en poursuivant. Maintenant, entrait en jeu l'objet de sa mission.
“
Je veux que tu la retrouves et que tu l'invites à venir me voir. Fut une époque, nous nous entendions plutôt bien et je gage que ce soit encore le cas. Cependant, tu dois te débrouiller pour qu'aucune des Divinités de Sparte ne soit présente au moment où tu l'approcheras. Car si c'était le cas, tu ne pourras jamais l'aborder en privé. Tu auras à faire avec Arès, Phobos ou Deimos et, crois moi, tu préfères éviter ce cas de figure. Utilises tous les subterfuges qu'il faudra, emmènes qui tu veux, tu as carte blanche. Je te conseille cependant de choisir judicieusement le spectre qui t'accompagnera dans cette mission. Je ne courrai pas le risque de mettre mon époux dans une situation difficile. Si vous vous faites prendre ou que cela provoque des problèmes avec mon frère, vous serez abandonnés là bas. Que ce soit bien clair dans ton esprit.
”
Que la partie commence, et elle n'allait certainement pas s'avérer facile.
La pause avait été de courte durée pour Velvet. Cette dernière avait eu la visite inattendue d'une nymphe lui portant un message de la part de Perséphone, ou plutôt une invitation. Surprenant ! Jamais elle n'avait eu l'honneur de se faire appeler par le Printemps. Elle espérait réellement que ce soit une bonne chose, elle ne se souvenait pas avoir commis quelconque acte qui aurait pu la mettre en colère.
Aussitôt la demoiselle à la natte se hâta de quitter sa prison afin de rejoindre sa Maîtresse, dans le palais d'Hadès. Devant la grande porte qui la séparait de celle qui l'avait fait appeler, Velvet garda son sang-froid habituel et, même lorsqu'elle pénétra dans la pièce après en avoir reçu l'ordre, la Béhémoth ne laissa rien transparaître. Pourtant, elle venait de se faire transpercer par le regard de la Déesse, qu'elle avait à peine croiser le temps d'une seconde. Un genou à terre, la tête baissée, l'orpheline salua l'hôte de maison.
"Vous m'avez fait appeler Perséphone-sama ?" Question qui n'en était pas une, voyez en cela une simple politesse de sa part. "En quoi puis-je vous être agréable ?"
Sa voix ne tremblait pas, son corps non plus ; rien en elle ne laissait transparaître la forte impression que lui faisait pourtant le Printemps. Son attitude restait fidèle à ce qu'elle avait pu montrer depuis son arrivée aux Enfers, imperturbable. Bien qu'au fond, elle n'en demeurait pas moins une petite enfant face à un géant.
Des compliments ; voilà ce qui sorti de la bouche des Ténèbres. Durant une fraction de seconde, un éclair de surprise traversa les yeux de braise de la jeune fille, qui en vint même à les lever vers son interlocutrice. Lorsque celle-ci acheva ce qu'elle avait à dire, Velvet se permit de glisser quelques mots. Au départ déstabilisée, elle revint assez vite à elle.
"Ces mots... " Sa tête se pencha à nouveau d'un mouvement avant de reprendre sa position initiale. "Je n'ai fait que ce qui me semblait juste et adéquat."
Ces faits étaient pourtant anodins à ses yeux : il était normal de faire ce qu'elle avait fait ou de dire ce qu'elle avait dit. Malgré tout, le fait d'avoir attiré l'attention de sa Déesse en respectant qui elle était l'avait réellement touchée. Velvet se sentait flattée et heureuse d'une certaine manière, et elle le fut encore davantage lorsque le Printemps lui annonça l'avoir choisie pour une mission toute particulière. A première vue, cette dernière avait des allures de suicide ; se jeter littéralement dans la gueule du loup n'était pas son passe-temps fétiche mais elle ferait une entorse à son règlement pour ne pas décevoir celle qui se tenait devant elle.
"Je vous remercie de la confiance que vous m'accordez. Je tâcherai de garder à l'esprit tous les précieux conseils que vous venez de me donner ainsi que la mise en garde par laquelle vous avez ponctué votre discours. Mais..... Sachez que, même si je venais à me retrouver dans une situation délicate, je ne ferai rien qui puisse vous mettre en porte-à-faux, vous et votre époux. J'en assumerai l'entière responsabilité."
Tout en se redressant, le Spectre du Béhémoth osa enfin lancer un regard franc à sa supérieure. Il ne s'agissait pas là de la défier ou autre, mais bel et bien d'un geste prouvant sa sincérité. N'était-ce pas dans les yeux que l'on pouvait lire ce qui se cachait dans le cœur des gens ?
"Puis-je vous être utile d'une quelconque autre manière ? Car, dans le cas contraire, je prendrai congé de vous afin de me mettre au travail."
Toujours aussi strict lorsqu'il s'agissait des Dieux et Déesses... Certainement une envie de ne pas déranger, elle avait sans doute d'autres chats à fouetter. A moins qu'il ne s'agisse du fait que Velvet se voyait mal faire amie-amie avec quelqu'un d'important.
=> Velvet quitte le topic, si Perséphone le lui permet.
Perséphone
Déesse des Ténèbres
Rôle : Staff
Planter des fleurs sur la tombe d'Alessio et faire des bébés avec Hadès
Perséphone fixait cette jeune femme au regard imperturbable qui semblait maîtriser ses émotions en toutes circonstances. Même lorsque le Printemps lui adressa quelques compliments, ce qui était assez rare que pour être souligné, elle faisait preuve de beaucoup d'humilité. Là où certains auraient souri d'un air niais, se seraient confondus en remerciements ou auraient rentrés leur tête dans leurs épaules, elle restait humble.
Si elle continuait sur cette lancée et qu'elle réussissait la mission qu'elle lui confiait, elle prendrait sans nul doute du grade assez vite. Au sein de la hiérarchie infernale, et au niveau de la confiance que la souveraine pourrait lui porter. Perséphone acquiesça en silence. Si elle en jugeait par ce qu'elle avait face à elle, et si Velvet était parfaitement honnête, si la mission tournait mal elle n'aurait peut être même pas à s'en justifier auprès d'Arès.
“
Eh bien pour cette raison, Velvet, réussi.
”
Elle la fixa quelques secondes d'un regard plus doux, où l'on pouvait presque percevoir des encouragements. Elle devait absolument réussir. Pour les Enfers, pour elle-même et pour la confiance que sa déesse plaçait en elle.
“
Tu te rendras suffisamment utile si tu réussis la tache que je t'ai confiée. Va te préparer et prends garde à toi.
”
Conclut-elle alors que la jeune femme prenait congés. Lorsqu'elle eut quitté les lieux, la divinité ne tarda pas à se mettre en mouvement à son tour. Sa longue robe diaphane traînait dans son sillage en une vague de tissu légèrement froissé.
Accueil
