Le leviathan blessé

Une nouvelle fois le cri du Leviathan raisonne dans Spartes ! La bête est blessée. De retour dans ce temple auquel je tiens tout particulièrement le sombre souvenir de ma déchéance me reviens en pleine face. Je ne suis qu’un jouet cassé. Un des soldats, vulgaire tas d’immondices vient de se faire réduire en miette d’un coup de poing. Je vais bien, pas besoin de venir aux petits soins pour moi. Je ne suis pas une princesse comme Harmonie. Je suis une misérable humaine, jouet de Phobos et donc par conséquent pas digne d’intérêt.

« Merci Igor. »

L’esclave de mon maître, ce bon vieil Igor me tend un linge propre que je prends. Bien qu’il se contente simplement de suivre les ordres il a toujours été là. Et le prouve encore malgré ma mauvaise humeur. Je m’essuie les cheveux, encore mouillés à cause de la neige asgardienne et lui fais signe qu’il peut prendre congé, ce qu’il fait.

J’enlève ma cuirasse qui se déforme pour quitter mon corps et se reformer un peu plus loin sous sa forme totémique au milieu des plantes. Je suis dans la serre du Dieu de la Peur, premier lieu familier apparaissant dans mes souvenirs. Las et fatiguée je m’installe dans un fauteuil que je tâche de mon sang. Je ne prends pas la peine de me soigner, je cicatrice vite. Mon sang et mon corps sont particuliers d’après le Maître. Je croise les jambes et feuillette mon livre contenant les fleurs et leurs descriptions.

Une nouvelle vient s’ajouter à mon listing, une fleur qui m’est inconnue mais qui vient d’Asgard, avec de jolies pétales blanches comme la neige. Pensive, je caresse la reliure de cuir avant de revenir à la première page.

« Aria. »

Oui c’est moi. Aria, seulement Aria. Aria fille de Phobos ? Dans tes rêves ma petite, c’est plutôt Aria jouet de Phobos. Création secondaire….

Le regard morose, je suis perdue dans mes pensées.

*Tu sembles fatiguée, repose toi petite fleur, je viendrais te voir dès que j’ai fini avec les marinas.*

Mon essence cosmique oscille, fluctue. Maître Phobos a pris la peine de me contacter par télépathie mais ça n’efface en rien à la douleur que je ressens. Ses paroles, son choix… la douleur que j’ai ressentie est encore plus grande que toutes les douleurs physiques imaginables. J’ai eu le choix par le passé, le choix de devenir un guerrier pour me tenir à ses côtés, pour être toujours avec lui et au lieu de cela il a choisi Akane. Encore une qui a vu l’opportunité et qui s’est mise sur le dos sans rechigner.

J’attends encore quelques heures et je repars. Je ne veux pas le croiser, pas maintenant. Je n’en ai pas la force. La création que je suis a besoin de prendre du recul et puis je n’ai toujours pas trouvé Héphaïstos. Ma mission principale.

Soupir.

Il y a quelqu’un. Mon regard fusille l’inconnue qui se trouve sur le seuil de la serre. J’ai demandé expressément de ne pas être dérangée, précisant que tout va bien. Un garde en a fait les frais d’ailleurs. Je bloque devant cette inconnue. Elle n’est pas une esclave du château, pas un garde lambda et encore moins une Berserker. Son armure à la teinte ébène ne ressemble pas du tout à nos cuirasses.

Ou alors….

Je pose mon précieux livre sur une sellette pour ensuite me lever. Certaines de mes plaies ont bien entamé leur processus de cicatrisation, une bonne chose.  Par contre pour ce qui est de ma cuirasse… la pauvre a encore besoin de temps. Ce combat nous a éprouvé elle et moi. Je m’approche de l’inconnue, plissant les yeux et je l’observe. Trop sans doute, il ne serait pas étonnant qu’elle me prenne pour une malpolie.

« Toi tu es nouvelle ici non ? »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre.

« Une armure sombre qui ne ressemble pas à une cuirasse. Tu dois être une renégat d’une autre faction c’est ça ? »

Il est rare que des personnes ennemies à d’autres camps rejoignent nos rangs. Cette fille m’intrigue. Je lui adresse un sourire amical. Bien qu’elle n’est pas une Berserker à proprement parler, elle a été acceptée par nos divinités ce qui est suffisant à nos yeux. Encore un jouet potentiel pour eux d’ailleurs…. Nous misérables humains c’est que nous sommes non ? Je lui tends la main pour la saluer.

« Aria, l’Abysse Hurlante, Berserker du Léviathan et membre de la garde personnelle de Maître Phobos. Enchantée. Nous sommes des camarades, pas besoin de m’appeler Seigneur d’accord ? »

Les autres membres de Spartes n’auront peut-être pas le même discours sauf que je n’aime pas me penser supérieur à cause d’un titre ou d’une affectation. Ma valeur je la prouverai au combat, tout comme cette demoiselle dans le futur. Je baisse les yeux remarquant que ma tenue n’est pas convenable pour des présentations. Un pan de ma chemise arrachée, mon pantalon troué à plusieurs endroits et c’est sans mentionner le sang séché présent à divers endroits et autres plaies encore ouvertes. Je confirme : Je ne suis pas apprêtée pour l’occasion. Le combat a été rude et mon corps ainsi que mes vêtements en portent encore les traces.

« Désolé pour ma tenue, je rentre d’Asgard et d’un combat contre une des Valkyries d’Odin. »

Je me retourne, lui faisant signe qu’elle pouvait entrer avant de poser la main sur ma cuirasse comme pour la réconforter. Pour moi elle est vivante et précieuse. C’est son cadeau.

Il y a des moments dans la vie où l'ont se dis qu'on a fait une grave, grave erreur. Et c'est un peu le genre de moment que ressent Azra actuellement. Elle est présente dans une pièce inconnue, mais riche visiblement au vu du peu qu'elle peut observée, devant une... Berserker ? En tout cas elle le suppose. Au mieux c'est une Berserker. Au pire c'est une Cardinal et alors la mercenaire peut dire adieu à ses fesses cicatrisés.
Il est terrible ce qu'un regard noir peut accomplir hmm ?
Car oui. Le regard de la femme blessée à accomplit tout cela. Remerciant, non pas pour la première fois, son masque couvrant son visage et occultant la sueur coulante sur ses tempes et le tic nerveux de son œil trahissant sa nervosité d'être seule dans le territoire de quelqu'un devant la considérer moins que rien.

Jusqu'à ce qu'une main se présente à elle.

Il lui faut un long moment pour que la dernière minute de conversation remonte au cerveau de la chevalier noir. Oui elle est nouvelle. Une évidence quand son port est différent des autres, juste au dessus des esclaves vu ici et la mais plus bas que les Berserker observés ici et là aussi.
Oui elle est une chevalier renégat. Bannie même. Ce qui la fait grimacé derrière son masque devant la brutale honnêteté du Berserker devant elle. Ayant néanmoins une certaine... Fierté envers sa fausse Armure. Serpentaire a été plus proche d'elle que quiconque auparavant après tout. Non pas qu'elle puisse dire cela.
Non pas qu'elle puisse dire quoi que ce soit.
Son interlocutrice ayant l'habitude d'enchaîner ses questions aussi vite qu'elle les pose. Y répondant presque d'elle-même avant de continuer encore et encore jusqu'à se présenter. Seigneur Aria donc. Abysse Hurlante. Berserker du Léviathan. Garde Personnelle du Dieu Phobos. Yep. Elle avait mis les deux pieds dans le plat avant de glisser sur le tapis de la maison et de vomir dans les vêtements du maître.

Elle n'était pas nerveuse. Elle n'étais pas complètement terrorisée. Elle était complètement perdue.

"Huh..."

Polie. polie. POLIE !

Prenant, gentiment, la main tendue vers elle. Elle incline la tête doucement en réponse. Azra n'est pas une très grande femme, atteignant a peine une taille légale avec ses 156cm. Sa carrure étant plutôt maigre et les cicatrices de sa vie mouvementé sont visibles sur les parties non protéger de son armure.
Elle n'était pas si différente de l'apparence actuelle du Léviathan.
Serrant juste assez longtemps la main pour être polie mais pas assez pour montrer sa nervosité, elle replace alors ses mains le long de son corps. Inclinant la tête vers la Berserker.

"J'entends... J'aurais sans doute besoin de temps pour m'y... Habituer Seigneur Aria." Inspirer. Expirer. Doucement. Tout va bien. "Et vous avez raison. Je suis... Nouvelle. Je n'ai pas de rang au sein de l'armée d'Arés. Je suis juste... La Chevalier Noir Azra." Garder son autre titre pour elle. Superstition de paysans. "Merci pour votre accueil."

Elle prend le temps de calmer les battements extrêmes de son cœur. Elle semble... Amicale. Naive même ? Azra aurait put être une assassin venue finir le travail que, visiblement, Asgard à commencer. Et pourtant elle semblant contente de lui parler, de se présenter à elle.
Azra oserais même dire "de l'aider".
C'était étrange et perturbant... Mais pas non familier. Nombre de mercenaires qu'elle avait connus était ainsi. Joyeux guilleret en privée et monstre sanguinaire en combat.

Dans tous les cas mieux valait éviter de tester la fureur du Léviathan. Même affaiblis le Cosmos de ce Berserker était... Palpable.

"Je vous en prie... Comme vous pouvez le constater Seigneur Aria... Aria... Ma tenue n'est guère hautement adaptée aux premières rencontres." Jamais elle ne fut aussi contente des leçons du Sanctuaire que maintenant. "Sommes nous... En guerre contre Asgard ?" Son ton est confus alors qu'elle avance, le masque occultant ses expressions mais ses gestes semblent naturellement indiquer apporter son aide actuel au Léviathan.

Asgard. Elle avait souvent entendue ce nom durant ses voyages. Elle n'y était jamais aller ceci dis. Terres des nordiques sauvages et puissants. Si elle venait de débarquer en plein conflit avec ce territoire alors sa théorie s'avérerait vrai.

Elle est née des conflits. Et vit des conflits.

En guerre contre Asgard ? J’éclate de rire, franche et naturelle. Il n’y a aucune ironie chez moi. La petite nouvelle semble crédule, serviable et c’est tout à son honneur vraiment mais il va falloir qu’elle fasse attention. A terme elle pourrait très bien se faire dévorer toute crue par certains Berserkers sans scrupule. Pourtant les cicatrices apparentes sur son épiderme indiquent qu’elle sait se battre et qu’il ne faut pas la juger à son attitude.

Cette demoiselle a piqué ma curiosité.  

« Non non ne t’inquiète pas. Il s’agissait d’un duel amical voilà tout… bien qu’il y a quelques temps sous l’initiative malheureuse d’un cardinal un petit raid a échoué sur les Terres d’Asgard mais c’est une autre histoire. »

Je l’invite d’un geste à prendre un siège, un simple fauteuil de toile se mariant à la perfection à la table en fer forgé présente au centre de la pièce. Nous sommes dans la serre personnelle du Dieu de la Peur, lieu que j’aime par-dessous tout. Il y a des plantes « normales », d’autres « exotiques » et d’autres encore qui sont les fruits des « expérimentations » de Maître Phobos.

Je m’installe à mon tour sur le siège que mon sang a abimé un peu plus tôt avec l’intention de faire connaissance avec Azra. Joli prénom d’ailleurs.

« Tu es en armure et c’est le principal crois moi. Seulement si je peux me permettre ne te laisse pas marcher sur les pieds. Je suis au même rang que toi ou alors je n’ai pas eu l’information. »

Mon esprit ne peut s’empêcher de repenser à Maître Phobos. Je suis une Berserker comme une autre pour lui ? Un jouet de plus ? Une création parmi d’autre ? Dire que j’ai pensé un jour être comme sa fi… Mon cœur se serre l’espace de quelques secondes. Pourquoi cette soudaine envie de réponse ? A croire que la promotion d’Akane soit une sorte d’élément déclencheur. Je souris un peu tristement avant de me reprendre.

« Respectes les plus hauts gradés et bien sûr les divinités mais pas besoin de te mettre plus bas que terre. Si tu es ici c’est que tu en as été jugée digne ça me suffit. Si tu as des questions je me ferais un plaisir d’y répondre Azra. »

Mon regard se pose une nouvelle fois sur la porte, c’est Igor. Le plus fidèle serviteur du château de Maître Phobos. Un humain, petit et bossu, ayant subi quelques « opérations » du maître. Il arrive un plateau aux bras remplis de petits gâteaux et de deux petits amphores de vin. Il dépose tout cela sur la table et nous quitte non sans que je le remercie du regard. Toujours fidèle au poste ce brave Igor.

J’attrape une pâtisserie dont je suis friande.

« Sers-toi, je t’en prie. Dis-moi, ton masque… c’est par choix ? Obligation ? Ici en tout cas ce n’est pas obligatoire si tu n’en as pas envie. »

Je lui adresse un clin d’œil.

Un entraînement amical à causer autant de... Souffrance ? Est-ce parce que les deux participants venaient de groupe différents ou bien est-ce le degré d'intensité qu'Azra devait s'attendre à partir de maintenant ? Si c'était le cas c'était une pensée terrifiante. Certes les combats au Sanctuaire étaient terribles mais... Enfin... Non mieux valait qu'elle ne finisse pas cette pensée au final.
Car elle avait finit plus souvent que non dans le même état d'Aria.
Néanmoins cela restait curieux. En tant que groupe opposée et, visiblement malgré une certaine pointe de... Déception dans le cœur d'Azra, non en conflit ils n'étaient pas aller un peu trop loin pour un simple entraînement ? Qu'est-ce qui empêcherais Aria ou le chevalier d'Asgrd de crier à la tentative de meurtre ? Surtout vu l'état de la Léviathan. Après tout au sein des royaumes humains...

Stop... Juste... Stop.

"Hm. Je vois. Mais les duel d'entraînement sont toujours aussi... Mouvementés ? Et c'est une bonne chose que nous ne soyons en guerre. Et qu'est-il advenu de ce Cardinal ? Mort ?"

Elle devait perdre cette habitude. Le monde dans lequel elle vivait n'était plus celui des humains normaux. Oh il était tout aussi terrifiant et perturbant mais il n'avait pas les mêmes "règles", la même "logique" que celui dans lequel elle avait grandis et acquis les moindres nuances. Une chose vraie aujourd'hui pouvait devenir fausse demain suite aux caprices d'une divinité. Un combat pouvait éclater pour moins qu'un regard et pourtant rien ne pouvait se passer après avoir tuer quelqu'un.
Le Chaos dans sa plus belle entité.
Elle n'était pas réellement friandes du Chaos, trop imprévisible, un peu comme son interlocutrice. Elle semblait si... Normale. Humaine. Elle aurait eut sa place au sein d'une cour d'un roi. Ou dans une auberge à amusée la galerie alors que tous les patrons tomberaient sous son charme. Ou dans une guilde d'assassins, souriante pendant qu'elle plante avec délicatesse la lame empoisonnée dans les cotes de sa cible.

"Merci."

Elle ne s'en était pas rendue compte mais elle avait suivit le rythme du Léviathan. S'étant installée sur le fauteuil de toile plus par réflexes de la proposition que réel désir de s’asseoir. Clignante des yeux sous son masque, prenant, enfin, le temps d'observée en détails ses environs. Des plantes. Des plantes. Des mobiliers. C'était une étrange... Pièce. Curieux mélanges semblant sans logique ni constante aux yeux de la mercenaire.
Mais qui devait clairement correspondre à la personnalité de la propriétaire.
Mais qui était le maître de cette chambre ? Aria ou quelqu'un d'autre ? Devant la familiarité du Léviathan ainsi installée et présentée, Azra parierait sur elle. Curieux. Sa personnalité ne semblait pas faire étalage d'un tel amour pour les plantes. Ou autres...

"Je vais faire attention. Merci à vous."

Cliquant sa langue contre ses dents, Azra se retenait de répondre à la Berserker d'une autre façon. Il était bien... Gentil de parler d'égalité mais l'expérience et la réalité contredisaient les propos de la jeune femme blessée. Les gens n'étaient pas égaux, c'était un fait aussi ancien que le Cosmos. Même les Dieux n'étaient pas égaux entres eux ! De fait elle ne pouvait qu'accepter son choix de n'être qu'une soldat au sein de l'armée d'Arés.
Elle ne pouvait être l'égale de la garde personnelle d'un Dieu... N'est-ce pas ?
D'un autre coté le Léviathan était la garde personnelle du Dieu. Si quelqu'un devait savoir ce genre de chose c'était elle non ? Celle qui protégeait les Dieux. Celle qui combattait. Pouvait, certainement, diriger les autres ? Cela rendait la mercenaire confuse. Les choses étaient si différente du Sanctuaire ou des terres des Hommes...

"Ah c'est une habitude en fait S... Aria." Poliment, elle refusera les patisserie ou la boisson. Gardant un oeil noir sur le serviteur qu'elle n'avait pas entendu arriver. Un vrai fantôme. "Là où j'ai été entraînée les femmes portent un masque comme signe de renier leur féminité. Puis c'est rester en moi par habitude."

Lentement le serpent noir retirera son masque. Dégageant ses long cheveux noir pour présenter son visage au Berserker. Les pales cicatrices sur son visage ayant, pour la plupart, été presque effacée. Mais elle était marquée, si ce n'est au corps alors à l'âme. Ses yeux de miel regardant le Léviathan en occultant ses émotions et incertitude au maximum.
Amusant que le fait de retirer son masque soit comme une mue.
Prenant une lente et longue inspiration, prenant l'odeur des différentes plantes présente et autres odeurs. Son nez frétillant doucement sous le mélange incertains des sensations alors qu'elle reviens sur le Léviathan. Encore incertaine quant à sa vraie nature.

Comme toujours en somme.

"Merci pour votre aide. J'ignore les questions que j'ai actuellement... Peut être mon... Notre rôle ? Objectifs ?" Elle se mordille la langue pour ne pas continuer son flot de questions. Quel sera la prochaine guerre , Les objectifs d'Arés ? Qui sont nos alliés ? Nos ennemis ? QUI êtes vous ?! "Nul doute que j'aurais mille questions qui arriveront en tête une fois seule mais j'admettrais ne pas en avoir beaucoup."

« Hum… Je ne sais pas vraiment. J’avais l’occasion de me mesurer à une des légendaires Valkyries, je n’ai pas réfléchi plus que cela. On s’est seulement mise d’accord pour ne pas prendre la vie de l’autre. Pour la cardinale je ne sais pas, disparue aux dernières nouvelles et c’est mieux comme ça…. Pourquoi tu veux sa place ? »

Je sonde la demoiselle du regard, taquine. Je crois que j’apprécie sa candeur si on peut appeler cela ainsi. Azra ne cherche pas à se placer au-dessus des autres et j’aime ça, ça change, c’est rafraichissant surtout au sein de notre royaume.

Nous sommes installées et elle refuse nourriture et boisson. Dommage mais je ne vais pas la forcer. Elle est libre de faire ce qu’elle veut. J’oriente la conversation sur son masque, lui demandant quelques détails. Porter une telle protection m’intrigue et ma curiosité l’emporte. Renier leur féminité ? Au Sanctuaire ils devaient être assez vieux jeux pour imposer cela aux femmes. Les humains sont vraiment misérables, plus j’en apprends sur eux et plus la mentalité de Maître Phobos déteint sur moi. Toujours à envier le voisin, prompt à juger autrui et à imposer sa vision des choses. Pathétiques créatures.

Je l’observe retirer son masque, j’observe les traits de son visage. Azra à l’armure noir a un certain passif c’est plus qu’évident. J’écoute, ignore ses derniers propos pour quitter mon siège et m’approcher d’elle.

Je pose une main sur sa joue pour plonger mon regard dans le sien. La pauvre, elle a du en baver au Sanctuaire. J'ai mal pour elle.

« De véritables barbares au Sanctuaire. »

Ma main quitte sa joue et je regagne ma place, croisant les jambes et buvant une gorgée de vin au passage. L’alcool me brule légèrement la gorge et m’aide à me détendre. Contrariée par ce masque et sur l’attitude du Sanctuaire. Ils sont beaux les fervents défenseurs de l’humanité !

« Nos rôles ? Je dirais que chacun d’entre nous en a un bien spécifique. Le mien par exemple est de rester aux côtés du Maître Phobos et de le servir. Mais pas que. Servir Spartes, nos divinités et abattre quiconque aurait l’impudence de cracher sur le nom d’Ares ou de sa famille. »

Dois-je lui dire que je suis un peu à part ? Que je vis ici uniquement parce que c’est Maître Phobos qui m’a élevé ? Que je ne suis pas une véritable Berserker à proprement parler mais que j’ai été façonnée par le Dieu de la Peur ?

« J’ai une idée. Partons pour le Sanctuaire, montres que tu te bats pour nous désormais et balances leur ce masque au visage. Je suis certaine qu’après ça nous aurions une cuirasse pour toi. Maître Phobos pourrait te prendre au sein de sa garde personnelle. Je parlerai pour toi. »

Azra écoutait. C'était une de ses forces même si elle était d'accord pour dire qu'elle n'entendais pas toujours. Mais elle écoutait la Garde Personnelle. Un duel face à une valkyrie. Donc il y avait plus que les Guerriers Divins dont elle avait entendue parlée. Une mise en accord... ? Donc les deux groupes étaient en assez bons termes pour accepter ce genre de duels ? Elle n'était pas certaine en fait et avait la sensation que demander plus n'obtiendrait pas nécessairement de réponses favorables.
Ou compréhensible.
L'attitude de cette Berserker, garde personnelle d'un Dieu, la perturbait. Les gardes personnels, humains comme Saints, étaient tous si... Austère d'habitude. Sérieux. Prenant leur rôle comme une mission divine... Ce qui était le cas d'ailleurs. Mais son interlocutrice, le Leviathan, était... Différente.

Elle ne savait pas encore si elle aimait cela ou pas.

Néanmoins sa remarque, qu'elle espérait taquine, sur vouloir prendre la place d'un cardinal la secoua. Il manquerait plus que ça, qu'on la prenne pour une intéressée aux dents longues ! Et quand bien même elle était intéressée devenir Cardinal d'un Dieu de la Guerre nécessitait... Une certaine puissance qu'elle ne possédait pas.
Elle ignorait si elle était faible ou forte mais savait ses limites.
Du coup elle n'offrira qu'un sourire à la Leviathan. Secouant posément la tête comme première réponse alors qu'elle semble réfléchir à ses mots, faisant tourner son masque de métal entre ses doigts lentement. Calmement.

"Merci de la proposition... Mais j'ai peur de ne pas avoir encore les bonnes aptitudes pour ce rôle." Sourire. Toujours. Paisible. "Néanmoins en tant que Berserker et Garde Personnelle ne pouvez vous pas prétendre au titre ?"

Oui elle était curieuse. Probablement autant que le Léviathan était curieuse d'elle. Après tout si ce n'était pour ses décisions et nature profonde elles auraient été toute deux dans des camps opposés. Elle au service d'Athéna, elle au service d'Arés. Et pourtant elles étaient là assises, a discutées poliment, calmement.
Physiquement ?
Pendant une seconde Azra sera prise au dépourvue par les gestes de la Berserker. Clignante des yeux en l'observant se levée, s'installer à ses cotés pour lui tenir la joue. Le geste était intime, chaleureux, innocent, perturbant. En tant que mercenaire la Serpentaire Noire n'était pas étrangère aux touchers physiques, qu'ils soient violent, charnel ou amical. Mais elle serait la première à avouer ne pas s'attendre cela de la part d'une Berserker.

Prouvant, une fois de plus, a quel point elle ne savait rien.

Acceptant, néanmoins, le geste physique avec un sourire paisible, la renégat laissera le temps à la Léviathan de l'observer, de satisfaire sa curiosité en conservant son regard dans le sien. Habituée à être sondée, connaissant les besoins des gens de savoir de quel façon quelqu'un fonctionnait.
Elle préférait apprendre sur le tas.
Elle ne pouvait pas définir quelqu'un à une première observation. Aria était gentille, charmante, "humaine" elle oserai même dire - sachant parfaitement à quel point cela est une insulte de premier ordre - et pourtant, au final, elle ne savait rien.

"Barbares ? Je suppose. Ils diraient le même d'ici notez. Ou de tout groupe ayant des valeurs différentes." Secouera la tête avec un sourire. "Il n'y a rien à dire, vraiment. Les traditions ont la vie dures seulement." Elle laissera la Berserker continuer d'appuyée sur sa joue, l'observant, non sans amusement, retournée à sa place. Semblant énervée pour Azra. C'était amusant, charmant.

Probablement inquiétant.

"Je vois... Protéger une Divinité n'est pas tache aisée en ces temps troublés Seign... Aria." Elle notera néanmoins la différence. Gardes et Berserker ayant l'habitude d’appeler les divinités par "Seigneur". Le "Maître" était plus utilisée par les... Esclaves qu'elle avait vu ici et là. Était ce volontaire ? Est-ce que Azra réfléchissait trop ? Certainement. "Je vois... Des taches normales donc. Merci des renseignements Aria."

Elle sourira à la Berserker. Polie, polie, polie. Toujours. Néanmoins elle sentait déjà la froide caresse du danger toucher son épine. Un des soucis qu'elle avait eut au Sanctuaire était qu'elle n'était pas aussi... Fervente que les autres. Athéna aimait ses chevaliers mais cela n'a pas empêcher son bannissement.
Quelque chose lui disait que chez Arés sa punition serait sensiblement plus violente si elle ne marchait pas droit.
Voilà un problème qu'elle n'avait pas anticipé. A force de terreur et de doutes elle en avait oublier l'élément principal, la dévotion. La Foi. Elle n'en avait aucunes. Au contraire, plus elle parlait et voyait de divinité et moins elle croyait en leur origine "noble". Ils restaient puissants. Dangereusement puissants.

La peur d'être vaporiser marchait mieux pour elle.

Mais ces idées, ces pensées, s'envolèrent à l'idée du Léviathan. Le regard de miel du Serpentaire se glissant dans celui de la Garde. Incrédule. Incertaine d'avoir bien entendue... Avant que ses lèvres ne se mirent à trembler. Doucement. Puis de plus en plus, un rire cristallin s'échappant de ses lèvres.
Et si son rire était un peu rauque et ressemblait parfois à des sanglots qui allait le reconnaître ?
Aller au Sanctuaire pour, basiquement, cracher au visage de tous les Saints et d'Athéna à cause de son masque ? Cette Berserker était soit folle, soit si empathique que sa raison était avaler par ses émotions.

Finalement Azra n'était pas contre cela.

"Je... N'ai normalement pas le droit de remettre les pieds au Sanctuaire depuis mon bannissement Aria." Cette fois son sourire n'était pas juste de politesse. Mais amusé. "Mais je vous remercie de l'idée néanmoins. Il y a certains dont l'expression de me voir faire cela m'aurait... Amusée je l'admet." Elle flashera un sourire ravie, étirant les pales cicatrices pas totalement invisible de son visage. Avant que son expression ne se fige. Aria venait de la surprendre. Encore. "Une... Cuirasse ? De Berserker ?"

Cette fois ci le cerveau de la renégat avait du mal à suivre. Ces Cuirasses étaient de vrais cadeaux a ceux servant Arés avec dévotion et, elle le dis, fanatisme. Elle ne saurait portée une telle Cuirasse. Elle n'avait juste... Pas la foi.

"Pensez vous vraiment que je puisse mériter un tel honneur ? Je viens d'arrivée après tout." Ses propos semblaient un peu trop comme un refus. "Bien sur je me remettrais à la décision du Seigneur Phobos."

Aria l'avait surprise. Plusieurs fois. Elle pensait être préparée à tout ce qu'elle pourrait voir au royaume d'Arés et pourtant quelques temps à peine après son arrivée que la voilà déjà perdant pieds.

Et pourtant elle ne regrettait pas sa décision. Pour l'heure.

Je vois les chevaliers du Sanctuaire comme des barbares et eux voient les Berserkers de la même façon ? Le raisonnement d’Azra se tient. Il est cohérent avec ce que j’ai pu comprendre. Si l’on croit les rumeurs, les récits, les guerriers d’Ares ne sont que des tas de muscles sans cervelle alors oui si on prête l’oreille à tout cela… nous sommes nous aussi des barbares. J’ai proposé, naïvement sans doute de nous rendre au Sanctuaire pour régler quelques comptes. Azra n’a pas l’air enchanté par la proposition, parlant de son bannissement et du fait qu’elle ne doit plus s’y rendre.

Oui j’entends bien mais si Ares le lui demande ? Je sens que même si elle parcourt Spartes librement le chevalier noir qu’elle est n’est pas totalement des nôtres. Je ne lui en veux pas. Il est normal d’être perdu. D’autant plus avec ce qu’elle a potentiellement vécu si l’on en croit son épiderme couvert de cicatrices.

« Je respecte ton choix mais penses-y à l’occasion. Cela pourrait te permettre de franchir un cap… si tu le souhaites vraiment bien sûr. »

Cette fois, elle peut distinguer une pointe d’ironie dans mes propos. Je sens qu’elle n’est pas sûre d’elle et lui fais comprendre. Il n’y a aucune animosité, aucun jugement dans ce que je viens de lui dire, simplement une mise en garde. Viendra le jour où peut être elle devra se positionner. Regrette-t-elle son passé de Sainte ? Je ne peux la juger, moi-même parfois… Je me demande ce que je serais devenu si j’avais rejoint une autre faction. Aurais-je eu seulement le choix ?

Pouvoir décider par moi-même.

« Oh moi je ne pense pas. »

Je souris.

« Ma proposition était dans l’éventualité où tu serais capable de régler tes comptes avec le Sanctuaire. Si tu es ici c’est que quelqu’un a jugé que tu en avais le potentiel. A partir de là, tu es ta seule limite. Tu peux décider de ce que tu souhaites devenir si tu t’en donnes les moyens. Avec le temps peut être que tu te sentiras bien ici et que tu te feras des plans d’avenir. Je l’espère en tout cas. »

Sauf si une autre arrive pour te prendre la place…. Je rumine encore et toujours comme une adolescente trop gâtée. J’attrape une autre des pâtisseries que j’engloutis rapidement. Il fait bon se restaurer après un rude combat. Plus les minutes passent et plus je retrouve mes forces. Mes capacités de régénération sont étonnantes. Je vais devoir discuter avec Maitre Phobos de tout cela. Peut-être devrais-je m’éloigner durant un temps, trouver ma voie et ne rester dans ses jambes comme un parasite ?

« Azra au fait… tutoies moi. Je ne te suis pas supérieure ou en tout cas je ne me considère pas comme telle. Sache que si jamais tu as besoin d’aide dans ton intégration tu peux m’appeler. »

Et la revoilà confuse. Aria avait cette aptitude d'être à la fois charmante et confuse pour la renégat. Quand elle pensait la cernée, la Léviathan changeait alors de mouvement et de mode de pensées. Frappant là où cela faisait "mal" et forçant la chevalier noir à réfléchir plus qu'elle ne s'y attendrait en tant que mercenaire renégate sans foyer.
C'était épuisant. Moralement.
Elle comprenait, elle pensait, les propos d'Aria. Enfin... Si elle ne réfléchissait pas trop dessus bien sur. Elle avait tendance à faire cela. Mais les propos du Léviathan était... Perspicace. Sans doute plus que de raisons. Elle semblait soit réellement empathique, et cela ennuierait beaucoup Azra. Soit elle était nettement plus intelligente que son apparence principale ne le laisserait penser.

Et là Azra serait juste une imbécile d'avoir jugée à l'apparence.

Dans tous les cas le marteau était métaphoriquement tomber. Elle faisait tourner les propos de la garde dans sa tête. Franchir un cap. Régler ses comptes... Avait-elle réellement des comptes à régler ? Le Sanctuaire et elle avait des valeurs différentes après tout. C'était simple, c'était basique, c'était normal.
Est-ce que ça l'étais vraiment ?
Avait-elle échouée à s'adapter au Sanctuaire ou bien le Sanctuaire avait-il placer des valeurs impossible à atteindre selon les individus cherchant alors à écraser la personnalité au service du Divin ? Qu'était-ce, réellement, ses griefs avec le Sanctuaire ? Avec ce qui la retenait de simplement accepter les propositions d'Aria avec plaisir car ne sentant nulle malice dans ses propos et ses offres ?

Avec effroi la Serpentaire l'ignorait.

Rien ne semblait l'empêcher d'aller faire un pied de nez au Sanctuaire. De crachée sur la statue d'Athéna en insultant tous les chevaliers qu'elle croiserait. Rien n sembler l'empêcher d'accepter la proposition d'avoir une Cuirasse ayant été abandonnée par Serpentaire avec son bannissement et portant une armure de seconde zone.
Rien. Rien. Rien.
Et pourtant elle se retenait, s'empêchait, trainait des pieds comme si accepter l'une ou l'autre des propositions ressembleraient à trahir qui elle était et ses valeurs. Mais elle n'avait pas de valeurs. Elle était une mercenaire, agissant pour l'argent et sa survie, le besoin et ses besoins, ses désirs et ses valeurs.

N'est-ce pas ?

"Merci Aria. Je vais essayée de faire un effort." Souriante gentiment à la Berserker du Léviathan la Serpentaire semblait encore perdue dans ses pensées. Prenant machinalement une pâtisserie alors qu'elle réfléchissait à tout ce que son interlocutrice avait dis et tout ce qu'elle n'avais pas encore dis. "Je l'ignore en réalité... Si l'opportunité de revêtir une Cuirasse s'offrait à moi bien sur que cela serait un honneur mais... Je suis attachée à Serpentaire." Elle soupir. Ainsi se dévoiler n'était guère dans ses habitudes mais elle avait, après tout, interrompue le Léviathan dans un moment de faiblesse. Un préter pour un rendu ? "J'ignore les étapes. Objectifs. Ou autres. Je suppose que je ne peux que faire de mon mieux et si l'occasion s'y présente... Accepter ?"

Une fois encore elle secouera la tête. Clignante des yeux de surprise en se rendant compte qu'elle venait de prendre une seconde pâtisserie. Souriante de gène vers la Léviathan, elle engloutiras la nourriture immédiatement en observant la Berserker en faire de même. Attrapant une des pâtisserie comme si cette dernière était la responsable de l'état de sa Cuirasse.
Elle semblait énervée.
Ce n'était pas ses affaires. La Léviathan était une guerrière accomplie apte à faire des duels d'entraînement contre des Valkyrie. Elle n'avait certainement pas envie d'avoir une étrangère poser des questions sur des sujets qu'elle ne pourrait, de toute façon, pas comprendre.

"Vous... Tu semble énervée."

Parfois elle comprennais pourquoi le chevalier de l'Autel perdait patience avec elle.

De manière involontaire j’ai appuyé là où ça faisait mal. Je m’en veux sincèrement. Si d’aventure je venais à être à sa place, ce qui serait possible en l’état actuel des choses, je n’ose imaginer mon état émotionnel. Et moi comme une cruche je la cuisine. Cependant une ultime question me taraude l’esprit.

Pourquoi ?

Pourquoi rejoindre nos rangs alors qu’elle a l’air d’aimer son armure ? Mon regard se pose d’ailleurs sur ma cuirasse qui semble reprendre des forces au fur et à mesure de la conversation. Elle et moi étions à part visiblement avec nos facultés de régénérations accrues et différentes d’humains lambdas.

« Je ne peux pas te répondre. J’imagine que refuser le cadeau d’un dieu peut effectivement être mal perçu. Mais ne te prends pas la tête, chaque chose en son temps et pardonnes moi d’avoir été aussi indiscrète. Je n’ai que rarement l’occasion de discuter avec des sœurs d’armes. »

Même si je suis là depuis de nombreuses années et plus longtemps que certains Berserkers je n’ai pas tellement échangé avec eux. Maître Phobos aimant me garder jalousement au sein des murs de son château. Jalousement ? Ou par honte ? Bien qu’élevée comme son enfant je n’ai jamais été présentée comme tel. Et dire qu’il ne va pas tarder à apparaître.

C’est là qu’Azra pose la question. La question dont la ressemblance à un coup de poignard en plein cœur est frappante. La question qui me surprend, me blesse et m’achève tout cela à la fois.

Je semble énervée ? Non ce n’est pas une question. Un ressenti, quelque chose que je laisse transparaître ? J’inspire profondément. Puisque notre nouvelle recrue a décidé de jouer franc jeu autant en faire de même.

« C’est si évident ? »

Un petit sourire au gout amère prend position sur mon visage. Je suis sur le point de me confesser.

« Je suis devenue Berserker pour maître Phobos. Pour rester à ses côtés et me battre pour lui. Il m’a donné le choix et ne m’a jamais forcé. Mais récemment, il en a choisi une autre pour être son Héraut. Chez nous les Hérauts sont l’équivalent de vos fameux chevaliers d’or au Sanctuaire. »

Cette simple évocation verbale me change. Je tremble. Il est dur d’admettre ses échecs et encore plus de les conter à autrui.

« Il a eu des termes assez élogieux pour son nouvel Héraut. Depuis je passe par toutes les étapes entre la honte, la jalousie, l’amertume, la colère. Je suis à un point où je ne sais plus ce que je ressens. Peut-être de la fierté mal placée ? Je me suis toujours trouvée à part… je n’aurais pas dû. »

Dois-je en dire plus ? Dire que j’ai pensé affronter toutes les personnes sur mon chemin et prendre la place d’Akane ? Dire que j’ai pensé quitter sa garde personnelle ? Ce serait un blasphème surtout pour quelqu’un comme moi. Que dois-je dire ou faire ?

Il était délicat de marcher correctement dans cette conversation. Azra sentait qu'un mot de travers, une pensée vagabonde, une attitude un peu désinvolte et elle, comme Aria, se refermeraient plus vite que le trésor de Midas face aux voleurs. Etait-ce ainsi quand une cynique mercenaire rencontrait une timide Berserker ? Aucunes idées. Néanmoins les faits étaient là.
Même si cela ne voulait pas dire qu'il s'agissait des seuls.
Au final Azra répondait aux questions dont elle-même ne s'était jamais posée la question. Pas une fois. Et pourtant c'était des questions importante. La seule raison pour laquelle elle portait l'armure noir du Serpentaire était par habitude de porter l'armure du Serpentaire. Elle aimait l'armure qu'elle avait dut si durement acquérir mais Serpentaire n'en avait cure. Servir Athéna était sa mission.

Et Azra n'avait sut s'acquitter de cela.

"Ne vous... Ne t'en fait pas." Secouante la tête doucement en offrant un sourire. "Il s'agit de questions... Intéressantes. Que je ne me suis jamais posée. Une faute de ma part mais maintenant j'y réfléchirais. De fait, merci pour cela." Inclinant la tête, la renégat resteras pensive un instant après. Faisant remuer les propos du Berserker dans sa tête. Additionnant ce qui fut dis, ce qui ne fut pas dis, l'attitude du Léviathan.

Les yeux de miel du Serpentaire noir glissant alors sur les blessures encore visible sur le corps du Léviathan. Puis sur sa Cuirasse non loin tout aussi abimée. Revenant aux yeux d'Aria puis sa façon de manger les pâtisseries devant elles. Son attitude en générale. Ses réactions lors de son arrivés.
Des situations s'additionnant.
Peut-être cela venait-il de sa "déformation professionnelle" de tenter d'obtenir le maximum d'informations de la part de ses interlocuteurs sans que eux même n'aient à dire quoi que ce soit. C'était parfois une question de vie ou de mort entre ceux qui leur voulaient du mal ou les indifférent. Et savoir reconnaître ces gens simplement par quelques mots et attitudes étaient une question de survie.

Un peu comme maintenant.

"Évident ? Non. Je ne dirais pas... Pas pour quelqu'un qui viendrait d'entrer." Elle tapote sa joue, pensive. Finalement elle désignera Aria dans son intégralité. "C'est un tout. Réaction lors de mon arrivé. Apparence. Petits gestes ici et là. Et... Cette façon agressive de manger ces, certes, délicieux gâteaux." Souriante avec gentillesse. "Je doute que mes réponses auraient générer un tel niveau de colère face à ces petits biscuits."

Ayant dis ses mots la renégat prendra le reste du temps à écouter en silence le Léviathan. Une fois encore écrasée par la différence d'univers entre elles... Et pourtant la familiarité si "Humaine" de cette Berserker. C'était une leçon à retenir pour ses futures interactions avec, au moins, les Berserker d'Arés. Aria n'était guère différente d'une humaine normale. Ou d'une des nombreuses autres chevaliers croisés au Sanctuaire.
Le dire serait une insulte ceci dis.
Alors la mercenaire gardera le silence, laissant la Léviathan vidée son sac. N'étant pas certaine qu'elle ait jamais put le faire depuis qu'elle à portée son armure. Une pensée pour plus tard. Dans tous les cas la Serpentaire Noir écouteras respectueusement Aria expliquer ses émois. Ajoutant ces nouvelles pièces au puzzle qu'est le Royaume d'Arés, le Seigneur Phobos, le Léviathan Aria et tout le reste.

Le plus terrifiant c'est qu'elle ne savait pas encore si elle gardait ces informations pour sa survie ou les aider.

"Je comprend mieux... Enfin j'essaie. Cela est un peu au dessus de tout ce que je connais." Secouante la tête elle se refocalise. Semblant à la fois dérangée et incertaine par certains points de l'histoire d'Aria. "Donc les Héraut sont comme les Chevalier d'Or... Et tu es la garde personnelle du Seigneur Phobos. Est-ce qu'un Héraut continue de suivre son Maître ou bien a t-il des tâches l'éloignant régulièrement ?" Peut-être était-ce le moment de se taire ? Mais quelque chose dans le Léviathan forçant la Serpentaire Noire à continuée à lui parler.

Sans doute car elle a souvent vu ce genre de dépréciation de part le passé.

"De ce que je comprend... Le Seigneur Phobos à souhaiter vous garder contre lui Aria." Sans s'en rendre compte elle était repasser au vouvoiement mais elle était trop pensive pour y faire attention. "Un Héraut semble avoir un rôle extrêmement dangereux si il l'équivalent à un Chevalier d'Or... Je parle sans savoir mais il semblerait que le Seigneur Phobos ait souhaité vous garder à ses cotés. Protéger."

Elle haussera les épaules. Quelque chose ne semblait pas aller dans cette situation. Dans ces attitudes. Il lui manquait des informations. Il lui fallait rencontrer ce Héraut pour comprendre. Comprendre mieux les rôles et place de chacun au sein du Royaume de la Guerre.
Pourquoi ?
Une excellente question. Mais si elle devait honnête avec elle, chose qu'elle a dut mal à faire, elle dirait que c'est pour satisfaire son désir de secret. Le Serpentaire aime les secrets et elle-même à toujours considérer les secrets comme une force sans commune mesure. Les secrets font et défont les nations et les Dieux.

Non elle n'avoueras pas qu'elle veux plus savoir que Aria semble adorable et qu'elle souhaite l'aider.

« Oh… »

Je regarde les gâteaux. Oui ils sont délicieux c’est un fait sauf que je me suis lâchée dessus. Les pauvres n’ont pas tenu très longtemps face à ma contrariété. Azra est une bonne observatrice et en très peu de temps elle a été capable de me cerner. En réalité… ça ne me plait pas trop que l’on arrive à lire en moins comme dans un livre ouvert mais d’un autre les réflexions de la petite nouvelle me sont très utiles.

Les tâches d’un Héraut ? Sa question me cloue sur place. J’ai clamé haut et fort que le post m’intéresse sauf que je ne sais pas réellement à quoi il consiste. Cette fois c’est sûr je suis en train de passer pour la cruche de service. Ils sont beaux les Berserkers ! Voilà ce que va penser la mercenaire à l’armure noir du Serpentaire. J’ai honte. Aussi bien qu’aux rougeurs parant mes joues elle pourrait le deviner, j’essaie de garder la face.

« Je… je dirais… un peu des deux. En son absence le héraut devient sa voix, son représentant auprès des autres factions. Enfin je pense…. »

La claque.

Les paroles de mon interlocutrice me frappent le visage. J’ai un cas de conscience. Tout ce cinéma autour de ce rôle… Maître Phobos me considère donc peut être plus que je ne me l’imagine ? Choisir Akane simplement pour me protéger ? Il est vrai que si on regarde sa mission en comparaison de la mienne, c’est elle qui a tous les risques. Je baisse la tête encore et toujours plus rouge de honte que jamais.

Le silence s’installe.

« J’ai l’air d’une idiote. Tu dois te demander dans quelle maison de fous tu es tombée. Je dois être une des premières Berserkers que tu croises et tu dois déjà jouer la psy. »

Si je voulais lui faire une bonne impression c’était loupé. C’était aussi pour ça qu’Akane m’avait suivi jusqu’en Europe, pour s’assurer que j’aille bien et me faire comprendre tout cela. Plus idiote que moi tu meurs.

« Tu veux bien me rendre un service. Notre conversation… n’en parle à personne s’il te plait. »

J’attends sa réponse.

Si Azra remarque le rouge montant aux joues de la Berserker elle aura au moins la délicatesse de ni regarder, ni le mentionner... Ni même d'afficher la moindre expression faciale en fait. Elle a en face une Berserker. Une guerrière désignée d'Arés et de Phobos. Une combattante naissant, vivant, mourant pour les besoins de ses Dieux et de la Guerre.
Et qui a des réactions humaines.
C'est, plus que par délicatesse et respect, pourquoi elle ne réagit pas. Elle vois la gène que ses propos ont causés mais elle ne semble pas les voir car l'images, la vision, les préparations qu'elle s'était faite en imaginant les Berserker venaient d'être réduite à néant via cette conversation.

Elle avait quelques doutes entretemps mais plus elle croisait de haut gradés et plus cela semblait "évident".

Néanmoins les informations que cela lui apporte son importantes. Vitales même. Soit Aria manquait, cruellement, de vision et ne savait pas grand chose... Soit le culte du secret était aussi grand au sein du Royaume de la Guerre que dans celui du Sanctuaire. Ce qui était peut être préférable a vu du caractère très humains de son interlocutrice.
En plus de protéger ces derniers.
Car plus elle observait Aria, lui parlait, échangeait avec elle et plus sa théorie lui semblait juste. Elle ne saurait entrée dans la tête d'un Dieu tel que Phobos mais... Et Athéna le prouvait, même les Dieux pouvaient s'attacher aux mortels. Et si ce n'était cela alors en tout cas Aria "possédait" quelque chose qui méritait que Phobos lui-même ne souhaite la garder proche.

Mais quoi ?

"Un rôle diplomatique alors ? C'est... Effectivement dangereux." Soufflante par les narines, elle commenceras à arranger la petite table, empilant les assiettes vides, semblant chercher à occuper ses mains. "Au vu des différentes factions il vaut mieux que l'envoyer soit assez fort pour ne pas juste être écrasé par la pression... Et suffisamment résistant pour encaisser les éventuels duels." Souriante en coin, taquine, cynique. "Chez les mercenaires ont appelait ça un concours de bites." Voilà que maintenant elle partageait des expressions humaines avec cette étrangère.

Cela la faisait rire.

Mais pour toute son hilarité... La Serpentaire écoutait. Toujours. Attentive aux détails. Attentive aux gestes. Aux tons. Aux odeurs. Tel sa constellation elle observait tout. Emmagasinant le plus d'informations pour sa propre survie. Elle ignorait comment ses propos seraient reçut. Elle restait le Léviathan. Les légendes parlaient de ce serpent de mer et de sa fureur changeant le terrain.
Azra n'avait vraiment pas envie de testée la solidité de son armure face au cosmos d'un Léviathan ennuyé.
Heureusement, enfin tout est relatif, pour elle, cela n'arriva pas. Au contraire les réactions et gestes d'Aria réussirent, encore, a prendre la mercenaire de cours. Elle s'attendait à de la colère. Elle s'attendait à de l'ennui. Elle s'attendait à des explications.

Elle ne s'attendait pas à ça.

"Hmm." Clignante des yeux de confusion, elle semblait chercher ses mots. "Pour ce que ça vaut... Je ne pense pas que d'autres puissent réellement "voir" tout ça. C'est, après tout, très "humain" comme manière de penser." Elle ne put empêcher, cette fois ci, le sourire cynique de décorer ses lèvres. Avant de le chasser en secouant la tête. "Et cela ne me dérange pas. Dans un groupe de mercenaires, comme dans une armée, on doit prendre soin les uns des autres. Qu'on les apprécie ou pas... Car cela reste "nos" camarades d'armes. Ceux avec qui on va devoir se battre dos à dos." La voilà qui redevenait moralisatrice... "Si jamais on doute de l'état mental d'un compagnon, ou doute de sa loyauté... Alors autant prendre une dague et se la plantée dans la gorge. Ça aura le même effet en cas de dangers."

Voilà qu'elle s'était laisser aller. C'était involontaire mais cela arrivait. Elle mélangeait parfois son passé de mercenaire et celui de Chevalier. Et cette fois encore cela venait d'arriver. Ses ongles grinçant contre la cuirasse à ses jambes. Aiguisés et noir comme les crocs d'un serpent, la renégat prendra quelques longues inspirations pour calmer son cœur et son tempérament.
Il ne manquerait plus que Aria pense qu'elle l'insultait.
Elle était encore incertaine des réactions de la Léviathan. Elle était, définitivement, humaine ceci dis. En ça la Serpentaire n'en avait aucun doute. Ce qui la rendait alors totalement imprévisible et dangereuse.

Si jamais elle venait de prendre ces remarques comme agressive...

"Mes excuses Aria..." Exhale. Inspire. "J'ai tendance à laisser parler mon passé pour moi." Secouante la tête elle se refocalise. "Et oui bien sur. Cela va sans dire que cette conversation ne regarde que nous. Après tout tu es seule à décidée a qui en parler.. Je suis juste un peu trop inquisitrice pour mon bien. Heh." Ah. Voilà le moment de vérité, le moment dangereux. Le moment qui allait réellement décider du destin de la Serpentaire noire... "Néanmoins si je peux me permettre..."

Elle ne savait rien de Phobos. Elle ne savait rien d'Aria. Elle ne savait rien de ce Héraut.

"Si cette promotion t'ennuie autant peut être alors te serait-il préférable de te "renforcer". De t'entrainer." Elle haussera les épaules doucement, ses yeux de miel se plaquant dans ceux d'Aria. Sans ciller. "Encore une fois je parle sans savoir. Mais c'est une attitude... Courante chez les humains. Sentiment d'infériorité. D'inaptitude. Tu n'a pas besoin du titre de Héraut... Tu..." Elle grimace. "Ne te sent juste pas à la hauteur des attentes du Seigneur Phobos. Il en a nommer une autre à ta place. Donc "forcément" elle "doit" être "meilleure" que toi." Elle exhale. La panique montait en elle. Etait-ce assez ? Non. Un regard à Aria suffisait à lui dire que non. "tu te sent... Inférieure au Héraut. Je connais ça. Déjà vécue ça. Et malgré les propos des autres... Tu as deux choix. En parler au Seigneur Phobos... Ou t'entrainer jusqu'à te sentir capable de défier, et vaincre, le Héraut pour t'assurée que tu ne vaut pas moins que ce dernier."

Elle venait peut être de signer son arrêt de mort... Quand bien même cela venait à arriver elle était morte depuis qu'elle avait été chassée du Sanctuaire. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle se sentait vivante. Si ses propos devaient la tuer ?

Un prix intéressant.

M’entrainer ? Me renforcer ?

C’est précisément pour cette raison que j’ai défié une des valkyries d’Odin. Selon moi affronter une des guerrières légendaires du Dieu Nordique est le meilleur moyen de mettre le doigt sur mes lacunes. J’ai déjà cette idée en tête depuis quelques temps déjà. J’en suis sûre et les propos d’Azra m’incitent à prendre ce chemin. M’entrainer, combattre, grandir pour ensuite défier le héraut actuel.

« Je suis d’accord et j’ai déjà commencé en affrontant cette Valkyrie. »

Pas besoin d’entrer une nouvelle fois dans les détails. Mon projet d’affronter pour l’instant un guerrier de chacune des factions est toujours bien présent dans mon esprit. Il me reste simplement qu’à trouver la prochaine destination. Si je peux coupler ce projet avec la recherche du Dieu Forgeron tout irait pour le mieux. J’ai donc au choix le Sanctuaire ou le Sanctuaire Sous-Marin. Les enfers sont exclus au risque de mettre à mal les projets d’Akane et les Titans en regard du passif de Guerre Sainte également.

« Oui… en parler au Seigneur Phobos n’est pas la meilleure des options. Je n’en ai pas totalement envie, ce serait lui avouer ma faiblesse. Par contre m’entrainer et mettre à mort son héraut serait une option envisageable. »

Je ne ressens presque plus de douleurs physiques. J’ai cicatrisé à une vitesse folle. Ai-je le droit d’avoir cet avantage conféré par le Dieu de la Peur ? Est-ce que j’en suis digne ? Il est toujours avec d’autres personnes au niveau de la salle du trône d’Ares, je suis capable après toutes ses années de le ressentir. Nous sommes plus ou moins liés après tout.

Je me lève, décidée.

« Merci sincèrement Azra. Je vais m’entrainer et tuer Akane en combat singulier pour prouver que je suis meilleure qu’elle. »

Je la regarde intéressée.

« Tu as des aptitudes au combat ? Tu te placerais où vis-à-vis des chevaliers d’or ? »

Peut-être un futur combat ?

Aria était plus sensible et prévoyante que Azra ne lui accordait crédit. Une faute de sa part, elle avait prit sa gentillesse et innocence pour... Eh bien sa nature. Mais visiblement elle avait déjà comprise seule ce qu'elle devait faire, voulait faire et comptait faire.
Au final l'intervention d'Azra était inutile.
Alors elle ne pouvait que hocher la tête en souriante gentiment vers le Léviathan. Elle n'avait plus besoin de dire quoi que ce soit. Elle était juste contente que son propre flux de pensées rejoignit celui de la Berserker. Et si elle affrontait des adversaires puissants alors elle ne pourrait que devenir puissante.

C'est comme ça que ça marchait non ?

Néanmoins... Alors qu'elle était distraite à regarder les plaies d'Aria, littéralement, disparaître devant ses yeux... Elle fut interpellée par les propos de sa camarade. Ne pas en parler au Seigneur Phobos semblait être une sensible idée. Le Dieu de la Peur ne devait sans doute pas être le meilleur à parler de ses propres peur.
Non pas qu'elle sache cela.
Non. Ce qui interpella la Serpentaire Noire furent... Les derniers propos. Aria ne s'entraînait pas pour être meilleure. Elle s'entraînait pour tuer. Une alliée. Le Héraut du Seigneur Phobos. Et avec ces propos Azra se remémora une vérité qu'elle avait soigneusement occultée. Elle était au milieu du Royaume de la Guerre. Parlant à une Berserker. Elle avait été confuse par l'attitude et l'apparence innocente d'Aria mais au final les faits étaient les faits.

Aria était une Berserker qui n'hésiterait pas à tuée avec un sourire aux lèvres.

Oh Azra n'était pas choquée. Elle n'allait même pas tenter de la faire répéter. En tant que meurtrière elle-même elle était la moins bien placée pour dire quoi que ce soit vis à vis des désirs et défis. Et tant qu'elle avait un objectif Aria ne pouvait que grandir, s'améliorée, devenir ce qu'elle espérait devenir.
Alors quel était le soucis qui grandissait en Azra ?
Alors que ses yeux de miel observait la Berserker au ralentis; Notant sa régénération, cette dernière commençant à se levée, ses mots arrivant aux oreilles de la Serpentaire Noire, elle identifiait, séparait, développait les propos émis par le Léviathan.

Arrivant à une conclusion.

"La tuée ? Hmm. C'est une solution." Encore une fois, la mercenaire se mettait en danger. Mais cette fois ci c'était pour ses propres gains. "Est-ce réellement nécessaire néanmoins ? La garder en vie ne serait-il pas mieux pour la faire vivre dans la honte de sa défaite face à toi ?"

Des mots cruels. Nécessaire. Azra se moquait de la vie ou mort du Héraut. Mais il s'agissait d'un Héraut... Et sa mort, de la main d'un allié, allait à l'encontre de toutes ses valeurs personnelles de la survie en groupe. En bien ou en mal elle avait décidée de rejoindre Arés et les siens car sa Guerre était plus proche d'Azra que celle d'Athéna.
Mais elle ne pouvait sacrifier ses alliés aussi aisément.
Même le Sanctuaire fut calmer par cette ferveur. Azra ne pouvait survivre seule en ce monde. Avoir des alliés puissants étaient une force. Des outils. Utiles. Si ils devaient mourir par un adversaire plus fort ? Cela arrivait, tant pis. Elle ne pouvait rien y changer.

Mais si elle pouvait empêcher que ses alliés s'entretuent ? Elle devait, au moins, essayer.

Et c'est à cet instant précis que les instincts de survie de la Serpentaire Noire s'activèrent alors que les mots d'Aria résonnait comme le gong d'une défaite. Elle sentait la sueur froide couler dans son dos alors qu'elle imitait le Léviathan, se levant lentement. Calmement. Ne faisant nul mouvement brusque pour risquer d'attirer l'excitation du serpent de mer face au serpent noir.
Encore une fois Aria avait ce don amusant mais éreintant de la surprendre.
Elle aurait, néanmoins, dut le voir venir. Aria souhaitait plus que tout être "meilleure". Alors elle, qui venait d'arrivée, aux aptitudes inconnues ? Elle était, forcément, une cible du désir de la violence de la main droite du Seigneur Phobos.

"Hmm. J'ai peur que tu ne soit déçue. Mon rang au sein du Sanctuaire était celui d'une Chevalier de Bronze." Un sourire gentil. Une occultation. "C'est le rang le plus bas. Bien inférieur aux Chevalier d'Or et inférieur aux Chevalier d'Argent." En reparler lui faisait revenir en mémoire les combats et à quel point elle était surclassée. "Des troufions en somme."

Elle n'avait pas exactement menti, mais pas dis l'entière vérité non plus. Des chevalier de bronze apte à faire jeux égaux avec des chevaliers d'or existait. Ce qui les séparaient, au final, restait la qualité de leur Armure. Celle d'Or était légendaire alors que celles de Bronze...

Ne valait guère mieux que du métal.

"Quant à mes aptitudes... Je ne suis pas une très bonnes combattantes de corps à corps. Je serait plutôt... " Urg... Ce surnom... "Une magicienne. Heh."

Le tuer me semble sur le moment la solution. De toute façon, je n’arrive pas à la voir en peinture depuis son arrivée. Azra évoque une autre solution qui attire mon attention : Ne pas la tuer pour la faire vivre dans la honte. Je fixe la jeune femme un moment, prends le temps de bien réfléchir à cette solution.

Oui mais… Non mais…

L’hésitation peut se lire sur mon visage. La garder en vie en cas de victoire serait synonyme d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. La garce va vouloir prendre sa revanche, elle guettera la moindre occasion pour me planter un couteau dans le dos et reprendre sa place. Puis il y a le Seigneur Phobos. Contestera-t-il le fait que je lui prenne la place de Héraut ? C’est lui qui a décidé de la mettre à cette position.

« Tu ne crois pas que se serait risqué pour moi par la suite ? Elle vivra dans la honte mais souhaitera se venger…. Une fois morte elle ne me poserait plus aucun souci. »

Mais…

« Akane est quand même une camarade. Je ne sais pas. »

Conclusion tardive, inutile. J’ai l’impression de la jouer comme une girouette. Je ne suis pas au mieux depuis l’annonce de la promotion d’Akane. Un peu de repos ne me ferait pas de mal mais où ? Ici je risque de croiser la route du Maître à nouveau. Je repose un des gâteaux que j’avais encore en main, la faim m’a semble-t-il quitté pour le moment. De même le vin me parait fade, limite imbuvable.

Mon allant à combattre Azra s’envole. C’est idiot, surtout avec une petite nouvelle. La Serpentaire noire s’est d’ailleurs préparée, se levant tout aussi rapidement que moi.

« Des trouffions ? »

Azra non plus ne semble pas avoir une bonne opinion d’elle-même. Nous formons la paire. Mais quelque chose, un mot pour être exact attise une nouvelle fois ma curiosité. Magicienne. Magicienne dans le sens avec du cosmos ou magicienne avec de vrais pouvoirs ? Peut-être pour ça qu’elle a été acceptée à Spartes ?

« Magicienne tu as dit ? Tu peux me faire une démonstration ? Je ne vais pas t’attaquer n’aies pas peur. »