[FB] Il était une fois un frère et une sœur [PV Altia]

Ils ont fait ça ?

Dit-il dans une pointe d'énervement. Décidément, les adultes ne perdaient pas de temps lorsqu'il s'agissait d'orphelin. La compassion, la bienséance ou même le respect sont semble-t-il des valeurs qui passent par la fenêtre lorsqu'il en vient au cas d'un frère et d'une sœur dont le seul but maintenant est de rester ensemble pour se soutenir et traverser tout ça.

Et l'homme qui est entré avec ses papiers dans la chambre du rouquin ne fait pas exception. Se voulant d'abord rassurant, il expliqua sa démarche, mais ses paroles sonnent faux. Altia comprit bien rapidement que c'était sûrement lui qui avait insisté lorsqu'il était inconscient pour qu'Aria soit séparé de son frère. Et cette impression fut vite confirmé quand Aria, la première concernée dans cette histoire, vient à intervenir et se fait sévèrement réprimandé par l'homme. S'en est trop. Le jeune garçon prit le papier, et le déchira sans autre forme de procès. Posant son regard sévère sur l'homme, ce dernier semblait tout à fait mécontent, mais il s'en fichait.

Je vois, c'est vous qui avez voulu me séparer de ma sœur alors que je n'étais pas réveillé. Vous semblez vouloir faire les choses bien mais en vérité et vanté les mérites que vous pouvez apporter, mais vous vous fichez du vouloir d'Aria. Tout ce qui vous intéresse, c'est l'avoir avec vous pour je ne sais quel besoin. L'envoyez prier ? Prié donc pour nos parents qui ne sont plus là. Votre Dieu ne leur sont pas venu en aide apparemment.

Lâcha-t-il sévèrement à l'homme. Si Aria avait son petit caractère, Altia n'était pas en reste. Particulièrement lorsqu'il était piqué au vif.

La discussion s'arrête là, sortez d'ici. Vous nous dérangez plus qu'autre chose.

« Hum très bien. »

S’exprima l’horrible bonhomme suite aux dernières paroles de mon père. Altia n’a pas froid aux yeux et le type l’a bien compris. J’ai cru l’espace d’un instant qu’il allait se mettre en colère mais rien. Il ramassa sa mallette bon chic bon genre et se dirigea vers la sortie. Il se retourne néanmoins nous adressant un dernier message qui eut pour effet de me mettre assez mal à l’aise.

« Tu as choisi une vie difficile pour ta sœur jeune homme. Là où on aurait pu lui offrir une vie descente elle ne connaitra que la pauvreté et la tristesse. Personne ne vous adoptera ensemble. Dès demain vous serez conduits tous les deux à l’orphelinat du village voisin. »

Il quitta la pièce sans même dire au revoir, nous laissant seuls. Je ne suis pas rassurée mais au moins je suis avec Altia. Il n’y a plus que cela qui compte. Peu importe si à l’avenir nous n’aurons plus à manger, de vêtements à notre taille ou je ne sais quel confort le plus important était de rester ensemble.

Je lui aurais bien demandé s’il était sûr de son choix me concernant sauf que je le connais bien. Le timbre de sa voix avait été sans appel, lui aussi avait son petit caractère et personne ne pourrait le faire changer d’avis.

J’attrape sa main que je serre malgré moi et je murmure.

« Merci. »

Pas besoin d’en dire plus. Ce qu’Altia a fait il y a quelques instants valait bien tous les trésors du monde à mes yeux. De plus je suis certaine que personne ne pourrait remplacer nos parents. Ils étaient si gentils. Le bonheur était bien là et pourtant il s’était si vite envolé.

L'homme n'avait pas levé la voix, ni même ne s'était énervé. Il avait semble-t-il simplement abandonner l'idée en entendant les paroles du rouquin. Oui, ce dernier avait fait un choix, peut-être pas le plus judicieux pour lui et sa sœur. Peut-être même que ce choix était égoïste. Mais il était hors de question que la fratrie soit séparé. Et il était hors de question qu'Aria soit envoyé dans l'un de ces horribles couvents pour bonne sœurs. Altia connaissant son caractère, elle aurait probablement tout fait pour s'en échapper, et aurait sévèrement maltraité si son comportement dépassait les bornes aux yeux des grands pontes. Et surtout, ce n'est certainement pas la vie que veux lui offrir son frère.

Il avait choisi une vie difficile pour eux deux, mais il assumerait ce choix, jusqu'au bout. C'est à lui de s'occuper pleinement de sa sœur maintenant, il n'a pas le droit de faillir.

Toute l'éducation du monde ne veut pas une vie en tant qu'esclave de votre doctrine.

Lâcha-t-il, alors que l'homme quitta la pièce sur ces mots.

Cette pièce retrouva son calme, alors que la petite rouquine était encore bouleversée par ce qui venait de se passer. Après tout, c'est son futur qui venait de se jouer, il y avait de quoi avoir peur et être inquiet. Ainsi, Aria serre la main de son frère, avant de le remercier. Posant ses yeux sur elle, Altia lui sourit une nouvelle fois chaleureusement, mettant son visage dur derrière lui pour offrir celui d'un grand frère aimant à sa sœur. Posant son autre main sur le haut de sa tête, il l'a rassura autant qu'il le pouvait.

Ne t'inquiète pas, tout ira bien.

Dit-il dans une voix douce à sa sœur, avant d'enchaîner.

Ce n'est plus que nous deux maintenant. Les temps vont être durs, mais je suis sûr que l'on peut s'en sortir. Dès demain, on va être confronté à la dureté de ce monde, il va falloir qu'on se serre les coudes. Mais tu n'as pas à t'en faire, je serais toujours là pour toi, quoiqu'il arrive petite sœur !

Finit-il dans un sourire joyeux, alors que leur situation ne s'y prêtait pas vraiment.

La nuit passa. La fratrie avait dormi ensemble bien au chaud. Aujourd'hui, ils sont emmené dans un orphelinat voisin. Ainsi, le réveil fût rapide et tôt. Pour déjeuner, ils n'eurent qu'une miche de pain, avant d'être embarqué dans une carriole avec d'autres enfants, semblent-ils destinés au même orphelinat. Le village en question n'était pas très loin. Les enfants mettent moins de deux heures à atteindre leur point de chute, le fameux orphelinat. Debout, aux côtés de sa sœur, devant celui-ci, le rouquin lui adressa quelques mots.

Ca va aller, Aria ?

Les paroles de mon frère me réchauffent le cœur et me rassurent. Altia a toujours pris son rôle d’ainé à cœur et une fois encore il le prouve. Malgré mon jeune âge j’en arrive tout de même à la conclusion que Papa et Maman sont partis le cœur léger me sachant entre les mains de mon frère. La vie sera dure, je le sais, mais toujours moins difficile que loin de ma seule famille. Nous resterons ensemble quoi qu’il arrive. J’acquiesce ses dires et m’installe de manière un peu plus confortable dans le lit à ses côtés. Cette nuit sera la dernière dans le confort de l’hôpital, dès demain la situation changera pour le meilleur et pour le pire.

Le lendemain et ce malgré la gentillesse des infirmières nous avons été vite mis dehors, direction l’orphelinat du village voisin avec d’autres enfants. Le village ne payait pas de mine, un peu plus grand que le nôtre mais pas plus riche pour autant. Devant l’orphelinat Altia m’interpella et c’est avec le sourire que je lui répondis.

« Oui. Ca va aller et peut-être qu’ici je vais réussir à compléter le livre de maman. »

Je souris, montre mes dents blanches à mon frère ainsi qu’un petit sac de toile contenant le livre de maman sur les fleurs. Plus tard je serais une marchande de fleurs connue et je vendrais toutes les espèces du livre ! Maman sera contente, c’est certain.

C’est de nouveau sérieuse et la tête pleine d’ambition que mon regard se pose sur l’immense bâtisse qui nous accueille. L’établissement semble partiellement délabré, la porte quant à elle pourrait servir à des géants ! On dirait presque une prison. Je secoue la tête. Je ne dois pas commencer à m’en faire sinon Altia va se faire du souci.

« Mais oui bien sûr que ça va aller les enfants. »

Une immense main se posa sur l’épaule de mon frère et une autre sur la mienne. Une main poilue ! Avec des poils et tout comme les monstres dans le livre d’histoire à la maison. J’en sursaute même enfin je crois puisque la main puissante ne me permet pas de bouger… d’un poil ! La propriétaire parce que oui ce truc poilu appartient à une femme nous sourit avant de nous relâcher pour se placer devant nous. Elle semble faussement gentille et je dois me tordre le cou pour pouvoir la regarder. Elle est immense, plus grande que papa mais aussi beaucoup plus grosse que le sanglier de la forêt ! Son nez est fin, agrémenté d’un poireau poilu alors que deux dents de lapins complètent son visage hors norme.

« Bonjour Madame ! »

Naïve je joue le jeu avant qu’elle ne me réponde sèchement mais toujours avec ce sourire.

« Mademoiselle s’il te plait. Je suis la directrice de cette établissement et je vous souhaite la bienvenue les enfants. »

Je ne l’ai pas remarqué sur le coup mais il s’avère que nous sommes tous en rang et que la directrice avance de droite à gauche comme un capitaine avec ses soldats. Elle se met à énumérer tout un tas de chose sur les heures de lever, de coucher, du repas et des corvées. Il y a un laïus sur la discipline, les devoirs et les garçons les âgés pourront se trouver un maître pour travailler soit dans les champs ou fabriquer des maisons. Je suis un peu dans la lune et j’en sors lorsque nous avançons à l’intérieur du bâtiment. Très vite nous apprenons que les dortoirs sont divisés en deux, les garçons d’un côté et les filles de l’autre et que même pour l’école nous sommes séparés.

« Mademoiselle Mademoiselle ! Je peux rester avec mon frère dites ? Je ne veux pas rester toute seule ! »

Elle s’approche de nouveau, nous toise à nouveau avant de sourire et de me répondre.

« Tu ne seras pas toute seule, tu vas te faire beaucoup de copines tu verras. Puis pendant la récréation, les repas et les heures d’études le soir tu as le droit d’être avec ton frère. D’accord ? »

Je me rapproche de mon frère, me cache presque derrière lui pour seule réponse.

La fratrie était bien arrivé à destination de l'orphelinat. Et pas de doute que ce bâtiment accueille des enfants sans famille. Il est carrément délabré, c'est étonnant même qu'il tienne encore debout, mais l'intérieur semble tout de même bien entretenu. Aria avait semble-t-il retrouvé un peu sa joie de vivre face à ce bâtiment qui allait être leur maison pour les prochaines années, répondant par la positive à la question de son frère.

Et qui sait, peut-être qu'il y a ici des fleurs qu'il n'y avait pas chez nous, tu ne crois pas ?

Dit-il, dans un sourire à sa soeur.

Cette dernière n'eut pas le temps de répondre que la fratrie fut entouré de deux mains, leur assurant que tout irait évidemment bien. Surpris, mais pas décontenancé pour autant, il regarda cette dame qui était plus grande que la moyenne, et plus difforme, c'est le moins qu'on puisse dire. Aria, impulsive comme à son habitude lui dit bonjour mais cela n'était pas du coup de cette dame qui n'est autre que la directrice de l'orphelinat. En effet, tous les enfants ont été mis en rang pour écouter les directives de la directrice sur les heures de levé, de couché, du repas, des corvées etc. Et à l'écouter, Altia comprit mieux pourquoi cela était si bien entretenu à l'intérieur: ce sont les enfants qui font quasiment tout, les adultes ne sont là que pour surveiller et donner les classes.

Aria quant à elle était un peu dans la lune, rien de surprenant jusque là. Mais le fait que les garçons et les filles soient séparé la fit tiquée. Et c'est ainsi qu'elle demanda d'une voix bruyante si elle pouvait rester avec son frère. Ce quoi la directrice répondit logiquement qu'elle se ferait de toute façon des amies et qu'elle pourrait voir Altia pendant la récréation, les repas et les heures d'études le soir. Cela ne semble-t-il suffit pas à Aria, qui se cacha derrière le rouquin en guise de réponse. C'est d'un sourire amusé qu'il s'agenouilla au niveau de sa soeur pour prendre son visage entre ses deux mains et plongé son regard dans le sien.

Tout va bien, Aria. On ne sera jamais loin de l'autre et en cas de problème tu pourras toujours venir me trouver. Mais essayons de ne pas nous faire trop remarquer pour le moment, d'accord ?

Dit-il d'une voix douce à la petite rouquine pour la rassuré.

Altia savait que s'ils se faisaient trop remarquer, cela pourrait jouer contre eux plus tard, en les isolant par exemple voire pire, en étant ciblé par des brimades. Pour l'instant, ils allaient devoir s'intégrer du mieux qu'ils le peuvent. Altia se relevant à la suite de ça, et sourit simplement à la directrice pour dire que cela était réglé. Cette dernière continua ses explications pendant quelques minutes ensuite avant deux autres adultes ne se présentent comme étant les responsables pour les filles et les garçons. Ils allaient maintenant être séparé pour visiter l'orphelinat et les dortoirs. Ils auront apparemment quartier libre ensuite pour le reste de la journée, jusqu'au repas du soir et avant de commencer la classe demain. Les enfants se mirent alors en deux groupes, les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Juste avant cela, Altia glissa quelque mot à sa sœur.

Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Et essayes d'être amicale, comme ça tu ne seras jamais toute seule !

Dit-il d'un sourire jovial, avant de partir de son côté. La visite allait commencé.