[Flashback] Là où tout a commencé. (PV Phobos) [en pause]

La Veuve noire. Un corps de jais, de longues pattes, si fines, si habiles. Arachnide si petite et pourtant si redoutable. La marque écarlate sur son corps ne fait aucun doute.  Une morsure, et le venin se répand, jusqu'à ce que trépas s'ensuive. A éviter, plutôt qu'à cotôyer. N'importe qui le sait, en a conscience. Son apparence la trahit. Et pourtant ... Certaines Veuves Noires vous trompent, s'insinuent silencieusement, sournoisement. Celle-ci, en particulier, n'ôte son masque qu'une fois sa proie prisonnière de sa toile de soie.

Smyrne. Ville commerciale, là où il n'est pas rare de rencontrer diverses cultures. Ville religieuse, là où plusieurs lieux de croyance se mélangent. Il n'est pas rare de voir une adorable asiatique se promener dans les rues, passagère d'un convoi de commerce asiatique. Malgré tout, tu attires l'attention, de part cette longue crinière d'argent, éclat semblable à une lame afûtée. Tu ne possèdes pas cette cascade de jais caractéristique tes femmes de ton pays. Mais la forme de tes yeux ne trompent guère. Et cet ensemble fait ton charme, te rend différente, spéciale, intrigante.

Parfait, tu aimes être tout ceci à la fois. Tu joues de tes charmes, de ton sourire angélique, de tes iris aussi lumineuses que le soleil lui-même. Tu lui fais même parfois concurrence, tant les hommes aiment se plonger dans ce regard innocent. Tu sais tant feindre la naïveté, la pureté. Et ce quartier, tout entier, ne tarde pas à s'emprisonner dans ta toile. Il y a déjà plusieurs jours que ton piège est prêt.


Un massacre. Des corps jonchant sur le sol devenu mare de sang. Eventrés, décapités, lacérés. Hommes, femmes, enfants ... Ta peau, tes mèches d'argent, tes vêtements sont parsemés de tâches carmines. Un sourire malsain ourle tes lippes, comme à chaque meurtre commis. Tu es si belle, jolie Veuve Noire. Tu fermes un instant les yeux pour humer cet air chargé de mort et de sang. Quelque chose attire ton attention, une puissance bien supérieure à la tienne. Tu poses les yeux sur cette femme, à la prestance inébranlable... Elle n'est pas comme les autres, tu le ressens.  Le reflet de tes flammes de ton désastre danse au sein de tes iris mordorés, leur donnant un ton carmin, sanguin. Cette lueur de satisfaction, de sadisme.

L’odeur du sang, et de la chair en décomposition embaume l’air de la ville. Bientôt les charognards et les chiens attirent par l’odeur du sang et de la cupidité vont venir. Je regarde l’auteur des faits, elle ne peut pas voir mon visage caché par une ombre, seul le reflet violacé des iris apparaissent pendant une fraction de seconde montrant mon intérêt dévorant pour ma nouvelle….. proie ?

Il n’y a pour l’instant que le silence. Cette petite chose fragile est encore trop excitée et passionnée par ce pseudo champs de bataille. Je peux voir dans le regard terme du cadavre à mes pieds qu’il a vu sa vie défilé et qu’un baiser avec la mort n’était pas prévu au programme. Cette peur-là n’est pas la meilleure. Pendant que je l’observe, une mouche sort de ma narine, s’envole, virevolte et se pose sur une bouche entrouverte, rentre et commence son office de pondeuse.

J’avance d’un pas, me dévoilant à la lumière, j’ouvre la bouche en grand, à ma mâchoire se déboîte en même temps, difforme. Une masse noire s’échappe, des milliards de mouche se déversent sur la nourriture, sortant de mon corps. On n’entend plus que cela, le bourdonnement  des insectes. Cachant le soleil, c’est comme si la nuit venait de tomber. J’avance vers elle et les hexapodes s’écartent sur mon passage, comme dans une bulle.
Maitre des monstres, et les premières créatures en ce monde qui effrayent le plus, sont les plus petites, sur ce coup là, je me suis bien marré.

J’attrape le menton de la délicieuse créature et le relève pour qu’elle puisse voir dans mes yeux, un désir pervers. Ma langue passe sur mes lèvres, ce mélange des genres est divin.

Ils vont bientôt arriver, et te traiter de sorcière. Seule tu ne peux rien faire,

Ma main passe dans ces cheveux, et joue avec quelques mèches

Accepteras-tu la servitude dans le moindre de mes ordres ?

Je t’ai vu tué ton maitre, je t’observer depuis plusieurs jours. Je m’amuse. Néanmoins, je ne tolère pas la rébellion dans mes rangs, et j’ai besoin de m’assurer d’avoir des hommes et femmes dévoués et fidèle à mes petits caprices d’enfant dieu. C'est abrupte comme proposition,  le délai de réflexion est court, mais je n'aime pas m'embarquer dans de longue explications ou ronds de jambes.

Ma puissance te surpasse de loin, tu comprends très bien que je suis loin du commun des mortels. Au dessus. Tu peux penser que je suis  un démon que cette chère église chrétienne.

Nous n’avons que quelques minutes avant que la garde de la ville n’arrive. Le mur de mouche les retiendra quelques temps, en générale aucun n’être humain ne cherche à entrer dans cette masse vivante et puis le premier qui fera une tentative se verra dévoré à vif.

Sa silhouette est fine, parfaitement dessinée sous son armure. Tes iris mordorés ne se détachent de celle-ci. Mais lorsque la lumière t’accorde une meilleure vue, tu contemples ce masque magnifique que beaucoup aurait qualifié d’effrayant. Ton intrigue grandit, tout autant que ton sourire. Tu n’es pas sous ton meilleur jour. Ta peau de porcelaine est maculé de tâches carmines, quelques mèches d’argent mouchetés par des gouttes écarlates. Mais l’odeur du sang frais n’a pas de prix. Tu ne bouges pas, observant la scène. Cette femme n’est pas comme les autres, bien supérieure. Une masse bourdonnante s’échappe de sa bouche désormais difforme. Tu ressens comme un frisson parcourant ton échine et pourtant, ceci n’est pas le cas. Il s’agit simplement du trajet de Kumo, se réfugiant dans ta nuque, bien peu sûre d’elle.

*Qui est-ce ? Peut-être devrais-tu prendre tes jambes à ton cou, jolie poupée…*

Mais tu ne m’écoutes pas, beaucoup trop obnubilée par le spectacle qui se déroule sous tes yeux. Ton excitation prend le dessus sur toute autre émotion. Ton cœur se serre avant d’entamer une mélodie bien plus entraînante. Peut-être un mélange d’angoisse et d’enthousiasme. Son aura est écrasante, effrayante, mais tellement attirante. Elle s’approche de plus en plus de toi. Elle n’est plus qu’à quelques centimètres. Ton menton se loge entre ses doigts, ton regard trouve le sien. Tu ne cherches guères à te dégager de cette étreinte. Ton sourire n’a pas quitté ton visage. Cette lueur que tu décèles dans ses iris te plaît. Tu entends sa voix, qui raisonne dans ta tête. Sorcière, le mot reste faible.

« Je n’ai pas peur d’eux. » murmures-tu.

Et puis, la mort n’est-elle pas la finalité de la vie ? Si tu meurs en t’amusant, quelle importance ? Ses doigts glissent dans ta crinière quelque peu emmêlée par la bataille et le sang. Ses mots te surprennent. Tu ne peux le cacher dans tes yeux. L’idée est douce, séduisante. Un nouveau maître à servir, bien plus puissant. Une nouvelle porte s’ouvre, t’apportant de nouvelles opportunités. Et simplement, sans aucune once d’hésitation, tu lui réponds.

« Oui … »

Il n’y a que toi pour te soumettre si facilement à une parfaite inconnue. Elle n’est même pas présentée. Mais autant de prestance, autant de classe, autant de perversion … Comment refuser ? Déjà on l’entend le mouvement d’une foule non loin. Des paroles, des cris, encore étouffés par le bourdonnement des insectes. Pourtant, tu restes immobile, comme si ceci n’avait aucune importance, comme si le temps avait suspendu son cours.

« Qui êtes-vous ? »

Dès que tu poses la question, je t’attrape les bras et te retourne, te manipulant comme une poupée, mon étreinte est forte, et si tu essaies de te débattre tu risques de te casser un bras. Mon objectif, tu peux aisée le deviner, j’observe ta croupe et je te trouve à mon gout, un filet de bave s’échappe de mes lippes. Je finis par me rapproché de toi, dégage ta chevelure dans ton délicat cou. Je vois ta compagne d’échappé et se caché. Je m’occuperais d’elle plus tard. Tu peux sentir mon souffle pervers sur ta nuque. La salive coule sur ton épaule. Ah je regrette l’espace d’un instant que tu n’es pas dit non, ta vie aurait été scellée dans un délicieux orgasme, enfin pas pour toi !

Toujours dans ton dos ma main passe sur ta poitrine et remonte le long de ton cou, puis sous le menton, poussant à lever ta tête vers le ciel.

"Si belle et si fragile."

Il est encore trop tôt pour te déposer ma marque.

"Je suis cette ombre qui t’observe depuis plusieurs jours, je suis celle qui t’a vue dans les bras de ton regretté maitre. quel homme chanceux!"

Je relâche mon étreinte, les cris des humains se font entendre de plus en plus proches, les mouches ont fini leur festin, mais un autre va bientôt arriver. Le temps va bientôt reprendre son cours. Je pose mon doigt sur sa bouche en guise de silence.

Belle enfant, la servitude impose qu’on ne pose pas de question.

Me tournant vers l’origine des cris, une faux apparait dans ma main, la lame ébène, la cape dans le dos, le crane cachant une partie de mon visage, la peur n’est que mise en scène.

Bien, il faut terminer ce que tu as commencé. N’est-ce pas ?

D’un claquement de doigt, le nuage disparait, et c’est le silence. Mon corps se soulève de quelques centimètres au-dessus du sol. Ils arrivent, en troupe, ils ne sont qu’une dizaine pour l’instant, la garde fier et orgueilleuse dans leurs beaux vêtements de militaire. Cette ville est grande, nous ne pourrions pas faire face à deux, même en tant qu’être divin.

La troupe s’arrête à une vingtaine de mètres face à nous. Derrière eux se tient l’officier en chef, un jeune paon, charmant jeune homme. Arme chargée, ils nous visent, sans aucun forme de procès. Ils retiennent leur dégout et horreur face à la scène de cadavre. Ils restent concentrés sur toi et moi. Ajustant leur tir, ils réalisent petit à petit la scène surréaliste. Et c’est à ce moment-là que mon masque tombe, les traits de leurs visages se déforment devant l’horreur. Certains n’osent plus bouger, certains vomissent, d’autres hurlent et s’enfuient.
Un coup est tiré, tu remarques que la balle s’arrête, à quelques centimètres de moi, par une force invisible. Le bruit de l’arme à feu les ramène à la réalité. Plusieurs coups sont tirés, et le même résultat est là. Je tourne mon visage vers toi, un sourire s’affiche seulement Tu vois, un visage des plus banal, il n’est pas beau, ni laid, et tu demandes comment ces hommes ont pu avoir peur, de moi.

"Je m’occupe du menu fretin, apporte moi la tête de leur chef. "

Il te retourne, sèchement. Et pourtant, tu ne cherches en rien à l’en empêcher. Comme la Veuve Noire était prisonnière d’une toile. Ironie du sort. Si l’atmosphère est étrange au contact de cette femme, tu ne te laisses pourtant pas perturbée. L’intrigue domine l’angoisse.Ta crinière d’argent quitte délicatement ta nuque, caressant ta peau au passage tandis que Kumo laisse quelques frissons sur son sillage. Elle se loge désormais derrière ton oreille, celle dissimulé sous ton épaisse et soyeuse chevelure maculée de sang. Mais la réaction de ta peau ne se fait guère attendre non plus lors du passage du souffle de l’inconnu. Une chair de poule disgracieuse, mais si apte à déchiffrer ton émotion actuelle.

Un filet humide coule sur ton épaule. Cette bestialité ne t’effraie pas réellement. Va-t-il te dévorer ? Ceci est sans doute une expérience à vivre. Ton coeur s’étreint un peu plus, comme si celui-ci s’opposait à la sérénité de ton esprit. Comme s’il te sommait de prendre tes jambes à ton cou. Mais ton esprit est supérieur et tu as conscience que tenter une fuite signerait ton arrêt de mort.

Paupières closes, ton corps frissonne de plus belle sur le trajet de ses doigts relativement intrus. Tu ne lui dévoiles tes iris mordorés qu’une fois le visage relevé vers lui. Tu lui adresses un sourire espiègle, comme si tu cherchais à la séduire. Elle mentionne ton ancien maître. Ainsi elle a pu contacter ton exploit ? Tu souffles quelques mots de ta voix enjôleuse.

“J’espère que le spectacle vous a plu.”

Des cris brisent l’instant. Tu lèves les yeux au ciel, agacée. La situation était pourtant on ne peut plus intéressante. Alors que tu l’interroges sur cette question qui te brûle les lèvres, elle te force à te taire avant de se détourner de toi. Ce qui suit ne peut que t’en mettre plein les yeux. Une faux, magnifique. La faucheuse, un symbole que tu as déjà honoré grâce à tes pouvoirs d’ombre. Tes iris dévorent cette somptueuse lame d’ébène qui ne demande qu’à être nourrie du sang de ces pitoyables humains. Tu restes en arrière, étudiant ton nouveau Maître. Leurs tirs ne t’atteignent pas, tu ne t’en formalises même pas un seul instant.

Mais la scène devint étrange. Le comportement de vos ennemis frisent le ridicule. De l’horreur assombrissant leur regard, des vomissements, de l’effroi. Pourquoi ? Et cette balle qui stagne dans les airs à quelques centimètre de la demoiselle au crâne. Les autres suivent le mouvement tandis que tu croises le regard de cet être inspirant leur peur. Pourquoi ? Une nouvelle fois .. pourquoi ? Et c’est à cet instant, qu’il te confie ta première mission. Tu lui souris à ton tour.

“Avec grand plaisir. Maître.”

Maître. Ou plutôt Maîtresse ? La masculinité de cette femme porte à confusion. Enfin, ton regard carnassier se pose sur leur chef. Plutôt pas mal. En d’autres circonstances, tu aurais pu lui offrir une mort bien plus douce. Ton aura sombre t’enveloppe, un bouclier d’ombre se forme afin de te protéger des coups de feu. Bien entendu, tu en évites un maximum. Ta puissance ne rivalise pas avec celle de cette personne qui t’a prise sous ton aile.

Ton ombre te dissimule dans la pénombre afin que tu puisses te faufiler vers ta cible, non sans poignarder quelques sbires au passage. Et lorsque tu t’approches de lui, des centaines d’araignées d’ombre s’échappent du sol afin d’infiltrer ses bottes, remonter sous son pantalon à même la peau. Tu souris à cette réaction, ce sursaut, cet effroi que tu inspires. Ta lame brille à la lueur lunaire. ll comprend ainsi son défi puisqu’il se débarrasse de son arme à feu pour dégaine à son tour une épée à la beauté bien minime comparé à ton sabre.

“Faisons vite. J’ai des affaires bien plus importantes à régler, mon mignon.”

Il s’élance vers toi. Il manie bien sa lame. Tu le contres à plusieurs reprises. Il serre les dents, secoue ses jambes, tentant de faire abstraction des morsures des araignées. Tes ombres te dissimulent, prennent ta place alors qu’un coup d’estoc se perd dans la vapeur de jais. Tu es là, derrière lui, lui soufflant quelques mots à l’oreille tandis que ta lame le transperce en plein coeur.

“Dommage tu aurais pu être appétissant.”

Tu extrais ton arme de sa chair, le laissant tomber à genoux avant de lui voler sa tête d’un coup habile, la tranchant net. Non loin de ton nouveau maître, tu ramasses ton trophée sanguinolent, le levant bien haut alors que le sang coule sur ton visage. Et ta voix s’élève.

“Pour vous, Maître !”

Elle te plaît de plus en plus, cette façon qu’elle a de te provoquer sans être irrespectueuse. Tu jubiles intérieurement. En voilà une belle pièce pour ta collection. Exécutant tes Ordres, tu tranches deux trois têtes avec une facilité déconcertantes. Ceux qui arrivent par derrière, sont engloutit par la terre qui se referme sur eux dans un éclat de sang. Tu es né poussière et redeviendra poussière, il faut bien honorer ta chère famille, Gaia, la première au dessus de tout. Bientôt en dessous de toi. Les soldats essayent de t’approche mais des qu’ils sont à un mètre de toi, ils explosent en mille morceaux, tu profites du spectacle, elle sait se battre, très bien. Au moins tu n’as pas à la former au art du combat, par contre polie ce diamant brut, pour la pousser à la perfection, c’est envisageable.

Alors qu’elle lève cet cher tète blonde, tu te retrouves collé serré contre elle. Tu prends ton trophée et aspire le sang frais qui coule de la carotide. La ville a déjà été assez ravagé. Ton bras passe autour de sa taille si fine, si fragile. Tu ressers cette étreinte mortelle. Et vous voilà engloutit dans les entrailles de Gaia.


Vous voilà au sommet d’une montagne, en contre bas, on peut apercevoir la ville où le chaos règne. Ils se souviendrons de votre passage, c’est sur. La légende de la femme araignée est en route. Tu dois encore voir si elle a les capacités requisse pour supporter une de tes cuirasses.

Tu la dépose au sol. Tu prends le sabre et le pose sûr le côté. La tête aussi. Et puis d’un coup sec, tu déchires un des manches, puis la deuxième, et ainsi de suite. La belle est nue face à toi. On pourrait le croire mais il n’y a nul lueur lubrique dans ton regard. Tu l’examine de la tête au pied comme si ce n’était qu’un vulgaire bout de viande sur l’étalage du boucher.

« Je suis Phobos »

Ta voix résonne dans cette vallée et l’écho rebondit de par et d’autre.

Tes doigts caressent sa joue, cette Peau si blanche, brutalement tu lui redonne son sabre et la tête de l’homme. Puis tu lui montres l’entrée d’une grotte.

« Ton destin est devant toi »

Tu la pousse à entrée, il fait noir, pas après pas, elle avance. Pas après pas, ses yeux s’habituent à l’obscurité. Pour mieux souffrir quand des torches s’allument montrant le chemin à suivre.

Ce chemin se sépare en 7 entrées, au dessus est grave grossièrement des symboles. Tu reconnais un monstre des mers qu’on nomme léviathan, d’ailleurs c’est le seul chemin que tu ne peux pas emprunter, des pierres bloquent le passage.  Tu as une chauve souris, une faux, une salamandre, un marteau, un serpent et une araignée.

Quelle est donc la voie de cette si frêle jeune femme?

Tu l'observes s'approcher de toi, se saisir de cette tête coupée pour se délecter du nectar qui s'en écoule. Ainsi, elle apprécie le goût métallique du sang, tout comme toi, parfois. Tu es beaucoup moins goumande qu'elle. Et bientôt son étreinte se resserre autour de toi, tes iris mordorés ne lâchent pas les siens alors même que la Terre vous absorbe avant que tu ne te retrouves à ses côtés, au sommet d'une montagne. Elle dépose ton corps frêle au sol, ton précieux sabre non loin. Sur le dos, appuyée sur tes coudes tu l'observes, tu l'analyses, toujours silencieuse. Attentive à ses gestes. Peu à peu, le tissu te séparant de ta tenue d'Eve te quitte, irréparable, mais tu n'as cure de ces vêtements futiles.

Ta peau de porcelaine exposée à son regard, elle peut désormais détailler tes courbes, la moindre de tes cicatrices. Mais tu ne bouges pas d'un cil. Ainsi, elle se présente. Elle ... Ou plutôt "il". Phobos. Phobos, le Dieu de la Peur, fils d'Arès, rien que cela ? Il semblerait que tu aies pêcher un très gros poisson, jolie poupée. Tu fermes les yeux en savourant la caresse de ses doigts sur ton épiderme sensible, frissonnant avant que tes phalanges ne reprennent, de force, possession de ton sabre. La divinité te signifie l'entrée d'une grotte. Ton destin.

Tu te redresses, divine, gracieuse, dans ta tenue d'Eve. Tu te détournes de lui, sans un mot pour t'approcher de cette fameuse grotte. Tu te demandes bien ce qui t'attend. Mais tu te stoppes net, avant de simplement lui lancer un regard.

"Au fait. Je suis Akane."

Logique que tu te présentes à ton nouveau maître tout de même. Tu t'aventures dans l'inconnu, ton corps exposé à toute vue. A toi d'embrasser ton destin. Il te montre le chemin principal, c'est désormais à toi de choisir le croisement. Tu te stoppes devant ces sept couloirs. Une épreuve ? Sans doute. Tu scrutes chaque symbole gravé dans la roche. L'un d'eux retient ton attention. Tes lippes s'étirent en un sourire alors que Kumo frétille sur ta nuque. Ton choix est bien entendu fixé. Sans l'ombre d'une hésitation. Sans une once de doute.

La voie de l'araignée ...

L'obscurité t'assaille. As-tu choisi le bon chemin ? Tes phalanges se resserrent autour du fourreau de ton katana, elles blanchissent tant l'étreinte est forte. La tête que tu tiens de ton autre main s'anime, tu sursautes de surprise alors que tu l'éloignes de toi, l'observant en plissant les yeux. Répugnant. Cette bouche béante, ce claquement de mâchoire, tu finis par lancer ton trophée un peu plus loin, comme un vulgaire encombrant.

Quelque chose attire déjà ton attention, un cliquetis régulier que tu peux parfaitement reconnaître. Tes iris mordorés s'habituent à l'obscurité, alors que ce bruit sourd fait apparaître un montre à huit pattes sous tes yeux. Enfin, un monstre. A tes yeux, c'est une merveille. Tu te stoppes d'ailleurs pour l'admirer mais bien vite, celle-ci se jette sur toi, après avoir difficilement exprimé quelques mots. Tu es au sol, prisonnière.

"Qui ? Qui t'a fait du mal ?"

Tu lâches un cri de douleur sans parvenir à le retenir. Tu as ressenti son dard percer ta peau. Ton coeur s'emballe, l'adrénaline s'empare de toi. Pourquoi t'a-t-elle fait cela ? Tu ne lui veux pourtant aucun. Tu veux simplement comprendre. Juste comprendre ses maux, sa souffrance. Tu dois dépasser la tienne. La surpasser. Tes iris d'or se plantent dans ses multiples globes oculaires. Tu ne lui feras pas de mal. Tu veux savoir.

"Qui t'a blessée ... que ... je le tue ?"

Mais de nouveau ta voix déchire le silence, faisant écho, comparable à un hurlement de torture. Tu serres les dents, les ressentant s'animer en toi, en intradermique, se faufilant en toi. Jusqu'à ce que l'une ne passe à l'offensive, vers ton organe de vie. Il s'étreint. Tu étouffes. Tu suffoques. Mais tu tentes de te contrôler. Est-ce réel ? Tu ne dois guère te laisser aller à la peur.

La peur ... La peur.

Tu fermes les yeux, tentes d'ignorer la douleur, ce qui t'entoure. Tu serres les dents, te concentres. Et la souffrance s'évanouit. Tu ouvres les yeux, te redressant tandis que tu auscultes ta peau dénudée. Rien. Aucune trace. Tu scrutes l'obscurité. Plus aucune trace de l'araignée. Juste, cette tête inerte non loin de toi. Comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve. Une illusion ...

"Les araignées sont des créatures fascinantes, attachantes. Jamais je ne pourrais leur faire de mal." Kumo sort de sa cachette, glisse sur ton épaule, sans doute elle aussi soulagée que tout ceci ait pris fin. "Je n'ai pas peur, Maître Phobos !"