[FB] Toi jt'aime pas ! [PV Akane]

Qui aurait pu croire qu'une forêt se trouverait ici ? J'ai toujours aimé cet endroit aussi loin que je m'en souvienne. Mon jardin secret à moi et rien qu'à moi puisque j'étais la seule des Berserkers officiellement à composer la garde personnelle du dieu de la peur... enfin jusqu'à il y a peu.... Pourquoi Maître Phobos a ramené cette traînée ? Il m'a moi c'est suffisant pourtant. Gonflant les joues comme une gamine qui boude je me dirigeais vers une petite clairière où des soldats lambdas s’entraînaient aux maniements des armes. J'étais donc une guerrière lambda dorénavant ? Les gardes se stoppèrent à ma vue pour me saluer ce à quoi je répondais simplement par un de mes hurlements qui envoyèrent la moitié des effectifs sur les pins de la forêt, en déracinant même certains dans un craquement effroyable.

"Mhm... pas envie." Grommelais-je en poursuivant ma route. J'étais en proie à une belle crise de jalousie et de toute façon c'était Ma forêt et pas la leur, tout comme Phobos était MON dieu et pas le sien. D'où venait-elle d'abord ? Il ne savait rien d'elle et la voilà Berserker ? Et il faut que je partage mes quartiers dans le Temple en plus ? Et pourquoi pas ma culotte tant qu'on y est ! Grrrrr j'enrageais et pourtant je ne pouvais rien y faire au risque de mettre mon dieu en colère.

Je quittais donc ma précieuse forêt sinistre aux arbres décharnés pour voir se présenter devant moi un château à la décoration douteuse mais puisque c'était celui du Seigneur Phobos mes goûts ne comptaient pas. Me stoppant devant l'entrée j'inspirais profondément avant d'en passer les portes. Je reprenais mon chemin pour remonter la salle principale et son sol en marbre noir pour me diriger vers nos appartements. Elle devait y être, à moins que....

"Elle n'aurait pas osé partir avec lui !" J'accélérais le pas ou plutôt je piquais un sprint, ouvrant la porte des chambres à la volée qui heurta une commode dans un bruit assourdissant. Et finalement cette voleuse de Dieu était bien dans nos appartements. Heureusement pour elle, mes affaires n'avaient pas été profanés. Je relâchais lentement la poignée de mon épée.

"Ah... euh t'es là...Tu fais quoi ?"

Triturant nerveusement une mèche de mes cheveux roux j'attends sa réponse. Qui était la plus folle des deux au final ?

Ma solitude prend fin. Une nouvelle vie t'attend. De nouvelles opportunités afin de répandre la peur en ce monde aussi désolant que délicieusement chaotique. Tout dépend de quel point de vue on se place. Désormais, tu as un but, servir un maître que tu ne pourras surpasser, jamais. L'idée te séduit, presqu'autant que ces appartements qui sont désormais les tiens, ou presque ... Tes pupilles d'or se promènent dans la pièce. Des fleurs, un peu partout. D'ailleurs Kumo ne tarde pas à s'y balader. Tu t'approches d'un bouquet, la cueuille du bout du doigt.

"Qui aurait-cru qu'une terre si désolée, qu'un château si lugubre, verraient en son sein une flore vivante ..."

Ces mots, tu les as murmuré d'un souffe avant qu'un brouhaha ne vienne perturber ta quiétude. Tu n'as pas sursauté. Tu ne te retournes même pas. Tu te doutes bien de qui il s'agit et sa voix claironne déjà à ton plus grand damn. Tu soupires, enfin décidée à lui faire face après avoir laissé Kumo se mettre à l'abri dans ta nuque. Peut-être que cette petite grue pourrait en avoir peur et la mettre en danger. Tes iris mordorées la sondent, dans le silence. Un silence pesant. Comme un défi que tu lui lancerais, finalement. Puis tes lippes esquissent un sourire narquois.

"Ce que je fais ? Et bien ... je constate ton manque cruel de goût, ma chère. Je ne m'imaginais pas que Maître Phobos, aussi prestant soit-il, avait un penchant pour le baby-sitting."

Aussi mordante qu'une tarentule. Dangereuse arachné. Si tu n'as aperçu cette rouquine que quelques instants, tu as déjà eu un aperçu de son petit caractère. Et quoi de mieux que de provoquer les esprits faibles, de les titiller, pour qu'ils explosent ? C'est ce que tu préfères. Et quelque chose te dit que celle-ci ne mettra pas longtemps à péter les plombs.

"Alors déjà l'incruste c'est MON Maître Phobos et pour toi ce sera Seigneur Phobos. Imprime ça dans ton crâne. Ensuite que ça te plaise ou non je suis ton aînée ici et nous sommes obligés de fonctionner en duo. Nous sommes la garde personnelle de Maître Phobos et avons une réputation à soigner."

Rouge comme une pivoine et essoufflée par ce que je venais de débiter j'essayais de me calmer ne serait-ce que par respect pour Maître Phobos. Bien que cette fille était une véritable peste elle avait été choisie par le Dieu de la Peur. Je faisais alors quelques pas pour m’asseoir sur mon lit attrapant une pomme dans la coupe de fruits sur ma table de nuit. Oui oui j'avais une coupe de fruits sur ma table de nuit, juste en cas de petits creux. Rien de mieux qu'un bon fruit bien sucré pour se remplir l'estomac et penser à autre chose en cas de stress.

"Ensuite... ne me juges pas à ce que tu vois je pourrais bien d'enterrer ici et maintenant si je le souhaite."

Toujours avec le sourire je définissais certaines règles avec ma colocataire du moment. Puisqu'elle était nouvelle chez les Berserkers je n'avais pas d'autre choix que de l'aider à s'acclimater à ce nouvel environnement. Et peut-être que mon maître me récompensera pour avoir aider cette garce imbue d'elle même ? Ou au pire... je pourrais la présenter à un des cardinaux et comme elle a la langue bien pendue elle pourrait se faire atomiser ? Je la regardais avec mes pupilles pétillantes.

"Tu veux que je te fasse visiter ? Dans quelques jours je dois aller chatier un piètre on pourrait peut-être même y aller ensemble si tu veux ? Tu étrenneras ta cuirasse comme ça."

Restez à savoir sa position et si elle allait accepter de sortir de cette chambre avec moi.

La jalousie est un vilain défaut, dit-on. Mais ce défaut, il est si facile à exploiter chez les faibles d'esprit. Jouer avec les émotions d'autrui, sans doute ton jeu favori, ton passe-temps le plus distrayant, pour ensuite, amener la peur. Mais celle-ci semble tellement idiote que tu doutes que la peur puisse l'atteindre. Naïve ... Serait-elle déjà entrain d'abdiquer à l'écoute de ses propos. Dommage, tu commençais tout juste à t'amuser un peu. Tu soupires.

"Aussi ennuyeuse que la pluie ..." murmures-tu.
*Et pourtant, tu devras faire avec, si tu veux rester dans les bonnes grâces de ton Maître. En tout cas jusqu'à ... ce qu'un malheureux accident l'emporte, n'est-ce pas ?*

Et alors que la rouquine se goinfre, elle claironne ce qui semble être un semblant de menace auquel tu ne prêtes même pas une seule attention. Tes délicates oreilles ont bien d'autres choses à faire que d'entendre ce genre d'ineptie. Tes pupilles mordorées la fixent sans réellement l'écouter. Ce sourire idiot, quand va-t-il s'effacer de son visage de poupée ? Puis ... Des propositions. C'est à ton tour de sourire. Tu t'approches d'elle, attrapes avec douceur son menton de tes doigts fins et délicats tout en plantant son regard dans le sien.

"Tu m'invites ? N'as-tu pas peur que je te surpasse dans ce genre de mission, jolie poupée rousse ?"

Tu la relâches, sans que ton sourire narquois ne quitte tes lippes. Ton regard est perçant, malsain. Tu aimerais relever ce défi, d'insuffler la peur dans son être. La peur de toi. Oui, elle sera ta proie, à long terme. C'est décidé. Un jour, elle te mangera dans la main cette petite espiègle.

"Je te suis, petite poupée rousse."

Un sourire apparut sur mon visage tandis que je venais de terminer tranquillement ma pomme dès qu'elle a libéré mon menton de son emprise. Cette bimbèche était sûre d'elle, un peu trop à mon goût. Je posais le reste immangeable de mon fruit sur la table de nuit avant de me lever. Nous étions l'une contre l'autre, nos corps se touchaient presque, nos lèvres aussi....

"C'est justement pour qu'il te sache inutile que je souhaite que tu m'accompagnes...."

Je ne me démontrais pas devant elle. Cette petite nouvelle portant la cuirasse d'Arachnée avait la langue bien trop pendue à mon goût. Autant mettre les choses au clair dès son arrivée ce qui pourrait lui éviter une situation bien déplaisante à l'avenir. Akane avait toutefois accepté ma proposition pour mon plus grand déplaisir.

"Très bien, mets ta cuirasse surtout. Nos soldats ont déjà vu assez d'horreur depuis ton arrivée."

Et je contournais la demoiselle mettant ainsi fin à notre proximité pour me diriger vers l'extérieur de la pièce. Nous allions faire le tour du Royaume de Maître Ares afin que la petite peste soit au courant de tout ce dont elle aurait besoin. Il y avait les territoires des cardinaux, des fils d'Ares, d'Ares lui même, l'entrée également... la sortie ! Faudrait que je lui montre par où elle devrait s'en aller et si possible définitivement. C'est toujours beau de rêver.

"Tu as des questions ? Des envies sur ce que tu veux voir ?"

Ce n'était pas Phobos le babysitter, c'était moi....

Petite peste ... Non vraiment, tu ne dissimules aucune once de réelle sympathie en elle. Juste de la fausse politesse forcée, rien de plus. Puisse-t-elle pourrir aux Enfers et ne jamais en revenir, c'est à cet instant ton souhait le plus cher. Tu pourrais peut-être lui tendre un piège, elle n'a pas l'air si futée que cela après tout. Enfin, à ce que l'on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort. Peut-être joue-t-elle simplement les idiotes pour dissimuler sa vraie nature ? Tu ne te fermes à aucune possibilité concernant un sbire du Dieu de la Peur.

Oeil pour oeil, dent pour dent. C'est sans doute ce qui qualifie le mieux le début de cette relation que tu instaures avec cette petite teigne mal élevée. Chacune crachant son venin à sa manière, en réponse à l'autre. Un véritable match entre vous. Une compétition. Non, une rivalité. Une rivale, c'est peut-être ce qu'il te manquait ? Tu sais, histoire de briller un peu plus. Finalement, elle pourrait t'être utile.

Tu ne te formalises même pas de son énième pique, cette fois à l'encontre de ton physique. Tu sais ce que tu vaux. Tu sais que tu n'as aucun mal à séduire qui que ce soit. La preuve, tu as pu mettre fin aux jours de ton ancien maître en bonne veuve noire que tu es. Tu fais tout de même appel à ta cuirasse. Il faut qu'ils sachent qui tu es, désormais. Qu'ils te doivent le respect. Ton armure de jais épouse parfaitement tes formes, contrastant avec ta longue et soyeuse crinière argentée, en ce jour, tressée soigneusement. Vous vous évincez de la chambre au goût si peu prononcé alors qu'enfin, celle-ci te pose une question censée, pour la première fois depuis ta rencontre avec elle.

"Tout. Je veux tout voir. Chaque recoin de ce château, de ce royaume. Mais surtout, tout ce qui concerne ... notre Maître ..."

Un sourire narquois ourle tes lippes. Maître, oui. C'est ainsi que tu l'appelles et tu ne changeras pas pour ses beaux yeux, à cette rouquine insupportable. Tu attends une réaction avant de reprendre ton sérieux.

"Et toi, comment as-tu atterri ici exactement ? Sans vouloir t'offenser ... Enfin, si l'offense est là, j'en serais ravie ... Tu n'as pas vraiment la tête d'une Berzerker. Regarde-toi, tant que tu n'ouvres pas la bouche, tu paraîs être ... une petite princesse."

A peine quelques échanges et déjà cette garce avait le don de m’agacer. Elle me cherchait et ne s’en cachait même pas l’animal ! Tout connaître sur le Dieu de la Peur ? Et bien elle n’avait qu’à ouvrir une encyclopédie ! Je suis certaine que ce château renfermait quelques parchemins poussiéreux capables de répondre à ses questions et si elle pouvait se perdre en route c’était cadeau. Feintant l’ignorance je lui tournais toujours le dos. Elle connaissait déjà les trois quarts de ce château mais puisqu’elle le souhaitait nous allions le visiter dans le moindre recoin.

« D’accord commençons par le château. La pièce la plus importante est comme tu peux t’en doutais la salle principale avec ses dalles de marbre noir. Maître Phobos aime recevoir en ce lieu. »

Ce fut juste après ma phrase que mon sourire revint. Cette petite bimbèche me voyait donc comme une princesse, LA princesse de Sparte. Je me retournais donc vers elle, m’approchant de nouveau tout en attrapant une mèche de ses pauvres cheveux. La pauvre aucune prestance. Oui c’était sans doute pour cela qu’elle avait été recrutée, cette souillonne ferait les basses besognes rien de plus. Relâchant la mèche de cheveux, je finissais par lui déclarer :

« Mais il n’y a qu’une princesse qui peut se tenir aux côtés d’une divinité et certainement pas une courtisane qui a vu plus d’Hommes dans sa couche que de batailles. »

Satisfaite de ma réplique, je reprenais ma route en direction des escaliers de pierre pour me rendre directement dans la salle principale, celle du trône. En parlant de trône, le sien était magnifique autant imposant par sa prestance que par sa beauté. Une belle couleur pour une divinité si parfaite. J’avais vraiment de la chance d’être à son service.

Je me retournais pour voir si notre courtisane était derrière mes talons ou non.

A l’inverse de la rouquine, ton maître ne manque pas de goût concernant la décoration. Certes, tu te poses la question concernant le choix de certains émissaires comme cette gamine insolente, mais l’erreur est humaine. Enfin, humaine … Les Dieux peuvent parfois se tromper également. Tu ne lui en veux pas, tu lui montreras à quel point il a eu raison de te prendre au sein de sa garde. Tu remonteras le niveau, tout simplement. Et voilà que la jeune rousse fait volte-face pour venir coller son minois non loin de toi. Tu l’observes alors qu’elle se permet de jouer avec une mèche de tes cheveux. Tu l’écoutes, l’air toujours amusé. Pensait-elle que ses paroles t’atteindraient de quelque manière que ce soit ?

« Oh, pardonnez-moi, chère Princesse. » rétorques-tu en lui offrant une révérence bien trop exagérée, simple ironie, bien entendu. Tu la rattrapes, glisses tes lèvres au creux de son oreille. « Ne claironne pas sur ce que tu ignores ma jolie … Fais attention à toi, peut-être qu’il n’y a pas que les hommes qui partagent ma couche. Evite de dormir sur tes deux oreilles ...  »

Etre considérée comme une courtisane ne t’offense guère. Après tout, c’est l’une de tes couvertures favorites bien que peu d’hommes jusqu’ici ne sont parvenus à te toucher. Un peu de bon temps ne peut pas faire de mal, parfois, mais pas à l’excès. Tu t’écartes d’elle une fois arrivées dans la salle de trône. Tu t’approches de ce dernier, y glisse délicatement les doigts en fermant les yeux. Il lui sied à merveille, ce siège.

« Avec ta mégalomanie, n’as-tu jamais tenté de t’y asseoir, juste pour avoir une infime sensation d’importance, petite princesse ? »

Tu t’approches d’elle, de nouveau, poursuivant votre jeu malsain.

« Cesse de rêver, tu n’es qu’un petit insecte, aussi infime que les petits acolytes de notre cher Maître. Surveille donc tes arrières si tu veux éviter qu’une lame bien affutée ne se plante dans ton dos. »

Tu ricanes en t’écartant d’elle, tournoyant quelque peu pour revoir cette salle dans son ensemble. Magnifique, à l’image du Dieu de la Peur. Une fois terminée, tu te diriges vers la sortie, passant à côté de ton acolyte rousse pour t’arrêter à ses côtés.

« Ô crois-moi, si cela t’arrive un jour, cela ne viendra guère de moi, je n’ai pas besoin de te prendre en traître pour t’éliminer. C’est juste… un conseil, puisque tu dois taper sur les nerfs des trois quarts du Royaume. » Tu reprends la marche, t’adressant de nouveau à elle avant de passer la porte. « Y’a-t-il des gêoles, en ces lieux ? J’aimerais beaucoup les voir. »

Des menaces de viol maintenant ? Elle ne savait vraiment pas qui j'étais. Façonnée par le Dieu de la Peur rien de pouvait m'atteindre. Je n'ai connu que lui, je n'aime que lui et je n'ai que lui. Il n'y a que ce nom que j'ai pu garder de mon passé. Je roulais des yeux devant autant de bêtise de sa part à mon encontre. Elle avait bien de la chance que je ne la mette pas à mort ici et maintenant. Elle avait intérêt à se tenir sinon.... Gardons notre calme ma chère, gardons notre calme. Toutefois sa nouvelle question concernant le trône me désespérait.

Je faisais des gros yeux suite à sa remarque. Penser ne serait-ce qu'une fraction de seconde à s'asseoir sur le trône de la Peur c'est de la folie ! C'est cela, Akane n'était qu'une grosse folle imprudente ! Je n'en revenais pas d'une telle insouciance. C'était inconcevable, inconcevable ! J'étais tellement choquée que je n'avais presque pas prêté attention aux menaces proférées. Et alors que la berserker d'Arachnée s’apprêtait à quitter la pièce je venais l'attraper par le bras pour l'inciter à faire demi-tour.

"Les geoles c'est par ici... viens."

Je guidais la petite garce à travers la pièce sans lâcher son bras pour finalement contourner le trône laissant ainsi apparaître une porte en bois. Ma main glissait le long de la poignée de cette porte interdite d'accès en temps normal.

"Plus pratique d'avoir les geoles à coté de la pièce principale tu ne trouves pas ?"

En une fraction de seconde j'ouvrais la fameuse porte et j'envoyais littéralement la petite nouvelle à l'intérieure. Elle allait voir avec ses menaces à deux sous à qui elle avait à faire ! J'étais loin d'être la petite princesse qui tapait sur les nerfs de tout le royaume et comme le grand Phobos j'étais crainte et respectée ! J'étais la Berserker du Leviathan, l'Abysse Hurlante fidèle servante du Dieu de la Peur. Tout le monde ici me connaissait ou presque et ce n'était pas elle qui allait me marcher sur les pieds !

Alors que la porte se ferme derrière toi, une ombre couvre le domaine dans son entier.

Noir, c’est le seul mot que tu peux utiliser quand tu ouvres les yeux. Ton instinct te hurle que tu n’es pas seule et qu’il faut rapidement quitter le lieu. Tu n’as pas le temps de faire demi-tour que deux yeux aux iris rouges se posent sur toi.  Tu entre aperçois dans cette pénombre, au fond de la pièce un cercueil. Plus grand que la moyenne. Le corps qu’il contient est sans aucun doute hors normes. Sans comprendre, tu étouffes comme si une main venait de se poser sur ton cou si fragile et serre fort, très fort, un craquement de fait entendre. Est-ce les os de ta nuque qui commencent à céder sous cette pression? Pourtant il n'y a personne dans cette pièce, à part le cercueil.

Un sifflement désagréable, tel une mouche, se fait entendre au creux de ton oreille

«  Plus jamais! »


Et sans pouvoir faire le moindre geste, la porte s’ouvre dans un fracas, tu te retrouves projeter en arrière, tu heurtes violemment le mur. La porte se referme brutalement et l'on peut entendre plusieurs verrous se fermer.

Avant qu’Aria ne trépigne de joie de sa mauvaise blague, une forme noire apparaît derrière, tes un nuage.

«  Cesse tes enfantillages! »

L’ordre sonne comme un claquement de fouet. Et la rouquine se retrouve elle aussi projeter contre le mur opposé comme ci elle avait reçu un coup dans le bas des reins.

Et puis de nouveau le calme, la pression disparaît, le château semble de nouveau plus accueillant"!

Cette petite peste t'a bien eue. Comment as-tu pu te faire avoir aussi facilement ? Honte sur toi, Veuve Noire. Toi qui es censée être une prédatrice, te voilà prise au piège comme une vulgaire souris. Tes pupilles d'or observent le "chat", cette rouquine qui joue ce rôle et qui a l'air satisfaite de son entreprise soudaine. Tu ne souris pas. En réalité, tu es vexée. Vexée qu'elle se permette de se moquer ainsi de toi. Qu'elle ne t'accorde pas ce respect que tu mérites. Ton ego en prend un coup, mais elle te le paiera tôt ou tard. Ta voix se fait calme mais si froide.

"Fais-moi sortir, tout. de. suite."

Tu hâches chaque mot sans la quitter du regard. Tes phalanges blanchissent alors que tu serres les barreaux entre tes doigts. Mais bien vite, elles ne sont plus visibles. Plus rien ne l'est. L'obscurité s'empare de la pièce, de vous. Tu lâches ton emprise, levant les yeux, tournant sur toi-même afin de capter le moindre mouvement, la moindre petite parcelle de lumière. Tu ressens une présence alors que tes pas te guident à reculons vers la porte de sortie. Mais déjà deux pupilles écarlates se posent sur toi, te fixent.

Une poigne te saisit à la gorge, une poigne invisible. Tu ne peux te défendre, tu te débats, tout au plus. Tu serres les dents, suffoques alors que ton coeur s'emballe. Nulle d'excitation cette fois, mais d'angoisse. Il est bien rare de provoquer ce genre de réaction chez toi. Et pourtant. Tu commences à manquer d'air, à suffoquer. Un craquement sinistre, une douleur vive s'immisce dans ta nuque. Tes yeux écarquillent soudainement. Non pas par ce mange d'oxygène devenu critique, mais par cette voix. Ton Maître.

L'étreinte se détend, un brouhaha se fait entendre et ton dos percute violemment le mur de pierre avant que ton corps de poupée ne s'effondre. Tu reprends ta respiration, restant au sol quelques instants en grimaçant. Tu tolères plutôt bien la douleur, mais cette fois le sévice était plutôt rude. Bientôt, la rouquine te rejoint. Tu l'observes, finit par sourire tant bien que mal.

"Telle est prise qui croyait prendre." Tu ricanes quelques temps avant de reprendre ton sérieux, te relever. "Petite idiote, ne recommence plus jamais une telle chose. Déclencher le courroux de notre Maître est indigne de ses serviteurs."

L'hôpital qui se fiche de la charité étant donné que tu es sans doute autant responsable qu'elle. Mais tu ne l'admettras guère, bien entendu. Tu finis par t'accroupir devant elle, profitant qu'elle soit encore au sol. Tu la sondes de ton regard mordoré.

"Je te propose quelque chose ... Que la meilleure gagne. Je ne te parle pas d'un duel en bonne et dûe forme mais ... de gagner la reconnaissance de notre Maître."

Je ne répondais pas à ses ordres. Elle n’avait pas le droit de m’en donner, son statut était le même que le mien à la différence que je bénéficiais de l’ancienneté et de l’amour de mon Dieu. Elle… elle n’était rien d’autre qu’une lubie, un moyen pour mon dieu de se divertir durant un temps. Je restais là, souriante, sur la pointe des pieds avec mon sourire satisfait puis tout se déroula très vite. Elle fut saisie et envoyée à l’extérieur avec fracas. Toutefois cette petite, minuscule blague de rien du tout ne fut pas très appréciée par Phobos qui me demanda d’un ton sec de cesser mes enfantillages. J’aurais bien rétorqué que c’était elle qui avait commencé, que je ne l’aimais pas et que je ne voulais pas d’elle mais il ne m’en a pas laissé le temps.

Je fus projeté contre un mur avant de tomber au sol, le regard grimaçant. C’est à cet instant que l’autre revenait déjà à la charge pour me menacer et me proposer un pari complètement inutile. Si elle savait !

La reconnaissance de notre maître ? Le Dieu de la Peur était bien plus que cela pour moi. Il m’a élevé, il m’a sauvé de bien des maux. Je lui dois tellement. Sauf que cette petite bimbèche ne l’avait pas imaginé un quart de seconde ! Pour qui se prenait elle de croire qu’il lui était possible de rivaliser avec notre relation à lui et moi. Toujours au sol, je lui adressais mon plus beau sourire afin de lui répondre :

« Je suis hors compétition. C’est le Seigneur Phobos qui m’a recueilli et élevé. Pour lui je ne suis pas de la chair à canon… comme toi. »

Satisfaite, je me relevais tout en époussetant ma cuirasse. Mon maître n’y avait pas été de main morte avec sa projection et encore nous avions eu toutes les deux de la chance qu’il n’aille pas plus loin dans le châtiment corporel. Une autre personne aurait sans doute vu sa triste vie se finir de manière tout aussi brutale qu’imprévue. Néanmoins contente de ma petite blague je me tournais une nouvelle fois vers ma comparse, si on peut l’appeler ainsi.

« Il est très fort n’est-ce pas ? Je l’ai déjà vu détruire une armée entière à lui tout seul et bien plus encore ! »

En parlant de mon maître mes pupilles brillaient d’un éclat particulier. Je l’appréciais et l’admirais peu importe ce que les autres pouvaient bien penser à son sujet. Il avait tout, il inspirait la crainte et le respect. Je l’avais déjà vu également « s’occuper » des prises de guerre pendant des heures et sans jamais faiblir. Il avait tout pour coiffer son frère au poteau et prendre un jour venu la succession de son père en tant que Dieu de la Guerre. Et moi je serais à ses côtés, le servant fidèlement comme au premier jour.

Hors compétition, voyez-vous cela. Vois le bon côté des choses, te sous-estimer sera la pire erreur de sa vie. La chair à canon la surpassera et de loin. Encore un pe et tu verserais une larme pour son histoire émouvante. Mais tu ne peux nier que vous vous ressemblez quelque peu. Sauf que ton maître qui t'a sauvée, recueillie, élevée ... a trépassé sous tes mandibules. Le standing n'est pas le même. Ta cruauté aurait certainement été au summum de sa capacité. Tu as tant de chose à apprendre de lui, pour inspirer la peur, la crainte.

La petite pie s’exprime de nouveau. Va-t-elle encore se vanter ? Non, cette fois, ce sont les mérites de votre Maître dont elle fait les éloges. Pour une fois, vous êtes d’accord. Vous admirez la même personne bien que toi, tu n’es pas ce regard d’adolescente idiote et niaise que la rouquine porte sur son visage. Tu ne feras que te délecter un peu plus lorsque tu l’auras surpassée. Car tu en es bel et bien certaine. Le fait de s’être cachée dans les jupes du Seigneur Phobos ne lui sera guère bénéfique. Enfin, il faut se méfier de l’eau qui dort paraît-il.

« Oui. Il est impressionnant. Je n’ai jamais ressenti une telle puissance, jamais décelé une telle prestance chez qui que ce soit. Lorsque je l’ai aperçu pour la première fois, j’ai été … séduite. »

Tu lui adresses un sourire, toujours narquois, espiègle. Pas de niaiserie pour la Veuve Noire. Tu gardes ce regard pour les innocents que tu dois berner. Mais elle, elle commence à savoir qui tu es. Elle ne serait pas dupe, bien que te moquer quelque peu de sa naïveté n’en serait que délicieux. Tu décides d’en rajouter quelque peu, histoire peut-être d’attiser sa jalousie.

« Dès que sa peau a frôlé la mienne, j’ai su que je ne pourrais plus me défaire de son étreinte. J’ai su que je le servirai au péril de ma vie, au-delà de la mort. Je me hisserai aussi haut que possible pour rester digne de lui, je braverai et éliminerai tous les obstacles. »
*Obstacles dont tu fais partie, jolie poupée rousse.*
« J’ai faim. Prépare-moi à manger. Tu ferais mieux de t’entraîner tout de suite pour lorsque tu seras à mon service. »

Chasser le naturel, il repart au galop.

Satisfaite d’être enfin sur la même longueur d’onde que cette chipie j’hochais la tête. Le grand Phobos était effectivement impressionnant et encore elle ne le connaissait pas aussi bien que moi. J’ai souvent eu l’honneur de voir de quoi il était capable entre les combats, les meurtres, la gestion et la formation du Domaine de la Guerre. Etre à ses côtés était un véritable honneur. Je m’étranglais subitement.

« Quoi ? »

Séduite ? Elle avait bien dit séduite ? Pour qui se prenait-elle à la fin ? Elle n’était rien pour lui ! Absolument rien ! J’essayais de lui tendre la main et voilà qu’elle continuait. Maître Phobos avait une manière bien à lui de régler les problèmes et je comptais bien m’en inspirer pour écraser cette foutue arachnide. J’écoutais sa tirade sur son « amour » envers lui, ce truc qu’elle qualifiait d’étreinte et de sa volonté quant à écraser les obstacles sur son chemin. Moi-même je ne pouvais pas dire mieux.

Affichant un sourire de façade qu’Akane pourrait deviner, je sortais une pomme bien rouge de ma cuirasse que je lui tendais. Avant de lui lancer en pleine figure ! J’allais moi-même écraser cet obstacle qu’elle représentait comme un vulgaire insecte. Mon cosmos grimpait en flèche montrant ainsi toute ma puissance à celle qui était censée composer la garde du dieu de la peur avec moi. Après autant d’années chez les berserkers, j’avais pu constater que les affrontements étaient courants et parfois pour des broutilles inimaginables. Sauf qu’aujourd’hui j’avais toutes les raisons du monde de vouloir la mettre en pièce.

Voulant profiter de la diversion que m’offrait ce lancé de pomme j’essayais de la frapper en plein visage d’un coup de poing.

« Hurlement du Leviathan ! »

Un immense serpent aquatique sembla se dessiner derrière moi s’adaptant parfaitement à l’espace restreint autour de nous. Voulant profiter du peu d’espace et de la proximité entre nous, je lui lançais l’attaque idéale ! Un hurlement cosmique venant du plus profond de mon être regroupant toute cette colère et cette haine que j’avais emmagasiné à son égard. La déferlante que je lui envoyais était puissante arrachant quelques dalles de marbre au passage et mettant la pièce, à l’exception du trône qui ne bougeait pas, sans dessus dessous.

« Prends-toi ça dans les dents espèce de garce ! »

Oh, quelle est donc cette petite veine qui gonfle sur la tempe de la petite princesse ? Ton sourire s’élargit. Ca y est, tu as touché un point très sensible. Sa jalousie en est presque palpable. Enfin presque, elle l’est. Tu n’es pas dupe quant à cette pomme. Cette sorcière l’aurait-elle préalablement empoisonnée ? Et bien non, l’idée est sans doute trop subtile pour elle puisque tu ne tardes pas à t’écarter pour esquiver le fruit. Pitoyable, vraiment pi… D’un bon en arrière, tu esquives le coup de poing qu’elle te lance. De peu, puisque tu sens l’air frôler ton menton.

“Je vois que tu n’as aucun sang-froid. Tu n’as vraiment rien pour toi ma pauvre fille…”

Mais ton attention se porte déjà sur le serpent aquatique apparu derrière elle. Tu invoques rapidement tes ombres afin de te protéger au mieux de son assaut. Elles font leur besogne à ravir. Mais le hurlement strident te force à plaquer tes paumes contre tes oreilles.Tes mèches d’argent volent quelque peu tandis que tes pieds, fermement ancrés au sol, finissent par se dérober quelque peu. Mais tu ne trébuches pas, tu reprends ton équilibre.Tu t’en tires indemne alors que tes ombres se dissipent. Tes iris mordorés scrutent les alentours.

“As-tu conscience de ce que tu viens de faire, espèce de petite harpie ? Tu viens de détruire une partie du bien de notre Maître. Aurais-tu perdu l’esprit ?”

Tu prends quelques temps pour t'épousseter avant de reprendre la parole. Ton regard se porte sur la pomme encore au sol que tu ramasses avant de la lui lancer sans aucune marque d’agression.

“La prochaine fois, essaie de viser un peu mieux, jolie poupée rousse. Mais … Tu as un certain potentiel, même cela me coûte beaucoup de le reconnaître.” Tu t’avances vers elle. “Nous pourrions faire de grandes choses, ensemble.”

Tu la sondes quelques instants, l’air calme, sérieux. Drapeau blanc, ou manipulation ? Il n’y a que toi pour le savoir.

La défense de l’arachnide est efficace et je ne peux rien faire pour contrer ses ombres. Il est possible pour moi d’augmenter la puissance de mon attaque mais ce serait tout détruire. Maître Phobos ne l’accepterait pas. La garce ! Intérieurement j’arrive à saturation ne serait-ce qu’à cause de mon égo qui en a pris un coup. Je pense avoir ma place à la droite de mon Maître et voilà qu’il m’impose une binôme arrogante. Je peux même la qualifier de tous les noms, de mocheté, rien n’y fait il est encore impossible pour moi de me calmer. Elle a joué avec mes nerfs et de voir mon attaque ainsi stoppée me froisse plus encore. Elle m’insulte de harpie, dit que j’ai perdu l’esprit aussi elle n’a peut-être par totalement tort. La colère m’aveugle et je vais être châtiée pour ça.

Je l’observe sans un mot. Ma mâchoire se crispe et mon cerveau calcule toutes les options possibles. Je ne sais que faire. Continuer mes attaques pour la tuer ? Hisser le drapeau blanc comme une lâche ? Je suis une Berserker, la fuite n’est pas et ne sera jamais envisageable. Mes yeux se refusent à la quitter. Elle prend le temps d’enlever la poussière de sa cuirasse. Mes bras bougent d’eux-mêmes pour se placer en position de combat tandis qu’elle s’abaisse pour attraper la pomme. Un fruit si délicieux dommage qu’il ait été gâché ainsi. Elle me le lance. C’est une feinte, exactement la même que la mienne. Je ne bouge pas et le fruit percute mon front. Aucune attaque. J’ai l’air fine maintenant.

Elle me flatte. Mes joues se gonflent pour que, finalement, je détourne le regard pour la première fois.

« Ta défense aussi était pas mal. »

Mais…

« Je n’étais pas à fond d’abord. »

Je dégonfle pour la regarder de nouveau. Est-elle sincère ou veut-elle ma peau ? Si ça se trouve ce n’est qu’un moyen de s’approcher pour m’attaquer. Akane est comme les araignées j’en suis sure. Elle n’attaque jamais de face. Faire de grandes choses… Pour Maître Phobos, pour le remercier de ce qu’il a fait pour moi durant toutes ces années. Je soupire.

« Ensemble. »

C’est la première fois que je capitule aussi facilement. Je n’ai pas la raison mais je sais que je dois le faire. Pour l’avenir et pour mon maître. Je regarde enfin les dégats que mon attaque a occasionné. Ce n’est pas joli. Il va me réprimander c’est certain.

« Tu veux voir les geôles alors ? »

N'est-elle pas mignonne ? Un véritable petit chiot lorsqu'elle ne grogne pas comme un roquet. Tu aurais presque envie de lui tapoter la tête pour la récompenser avant qu'elle ne te crache de nouveau à la figure. Il semble que tout est attendu venant de cette rouquine insupportable. Peut-être parviendras-tu à la dresser avec le temps ? La mettre sous ta botte. Tu continues de l'observer de ton regard intense. Elle finit par se résigner. Un premier pas vers ton objectif. L'avoir comme alliée ne devrait que te faire briller un peu plus auprès de votre Maître.

Son regard se perd sur les dégâts. Elle devra assumer, il n'y a aucun doute. Toi, tu n'as fait que te défendre et sans doute as-tu limiter la casse grâce à ton bouclier d'ombre. Une araignée est bien plus subtile que cet espèce de poisson mythique dysgracieux. La discrétion ne doit pas être son fort. Tu réfléchis, tandis qu'elle s'adresse de nouveau à toi. Tu restes silencieuse, froissant quelques instants tes paupières avant de lui répondre.

"Si tu ne m'enfermes pas de nouveau à l'intérieur ... Pourquoi pas."

Tu attends que la rouquine te montre le chemin toujours méfiante au cas où elle chercherait à te faire un mauvais coup.

FLASHBACK TERMINE