Over the Hills and far away - Italie [Quête]

Le grand jour était enfin arrivé. Kalen allait finalement pouvoir faire ses preuves. Il avait quitté le Sanctuaire avant l’aube sans prévenir personne. Seuls Athéna et peut-être le grand Pope savaient quelle destination était la sienne. Mais en réalité, il n’en savait rien. Un messager était venu le trouver à la nuit tombée, là haut, dans son antre au cœur des montagnes qui entouraient le Sanctuaire. La missive était scellée par un cachet de cire cousu d’un fil d’argent. Kalen ignorait qui l’avait rédigé et à bien y réfléchir, il n’en avait cure. L’essentiel était qu’elle lui donnait l’autorisation de quitter le territoire sacré de la déesse de la Sagesse pour tenter de se montrer digne de porter l’armure de chevalier.

Rien n’indiquait la direction à suivre ou même l’armure qui lui fallait aller récupérer. Comme toujours au sein de la chevalerie d’Athéna, tout était question de destinée. S’il trouvait l’armure, c’est qu’il devait en être ainsi. S’il ne parvenait pas à la ramener, il devrait mourir en essayant. Il ne reverrait pas l’ombre des douze maisons sans une boîte de pandore solidement arrimée aux épaules.

Cependant, une seule phrase dans le parchemin ne semblait pas être une tournure toute faite, répétée à l’envie, siècles après siècles, à tous ceux qui, suffisamment courageux ou fous, s’étaient lancés en quête d’une armure sacrée. Elle l’invitait à prendre la route et à porter l’amour de la déesse jusqu’aux portes des Enfers. Bon… Au-delà du côté particulièrement niais de cette phrase, cette dernière associée à la présence d’un fil d’argent permettait de réduire le champ des possibilités.

Pour avoir suffisamment usé les bancs de la bibliothèque du Sanctuaire, Kalen savait qu’il y avait vingt-quatre armures de ce rang. Et parmi celles-ci, seules deux pouvaient avoir franchi la porte des Enfers selon la mythologie : celles de la Lyre ayant appartenu à Orphée, le héros ayant tenté de ramener sa bien-aimée Eurydice, et celle de Cerbère, le chien à trois têtes, gardien de l’entrée du monde des morts. Dans un cas comme dans l’autre, une seule direction s’imposait : l’Italie et plus précisément les rives du lac Averne. Une des entrées des Enfers selon la mythologie. Il devait commencer par là.

Même s’il ne s’agissait pas du lieu exacte, il y trouverait peut être des indices. Tout du moins fallait-il espérer. Car il n’avait pas de plan B. Kalen n’avait pas réfléchi une seule seconde à ce qu’il ferait en cas d’échec. Il savait qu’aussi compréhensive et pleine d’amour que soit Athéna en théorie, il était peu probable qu’elle se contente d’un «Excusez-moi, j’ai rien trouvé. Je peux quand même rester et être nourrit, logé et blanchi ?». Cette pensée lui fit esquisser un sourire en coin.

Kalen mit près d’une semaine à rallier Naples depuis le Pirée. La mer était mauvaise et les marins avaient passé la traversée à le dévisager. Il était clair que ce qu’il appelait ironiquement « son charme écossais » ne s’était pas démenti. Sans doute qu’un jeune homme avec les cheveux blancs avait quelque chose d’inquiétant, sans doute encore plus sur les bords de la Méditerranée.
Il ruminait cette pensée quand il arriva en vue du lac. Ce dernier était entouré de marécages.

«Un lieu parfait de villégiature. J’imagine que les voisins sont charmants ». murmura-t-il avec ironie.

Une odeur méphitique semblait se dégager des eaux. Tout un programme.
«Bien… Et maintenant?». s’interrogea-t-il à haute voix.

"A toi de me le dire"

Pour seule réponse, une voix posée, d'un calme absolu, au timbre grave et presque envoûtant, se distingua à ses oreilles avant que quiconque ne soit en vue.
En l'espace d'un battement de cils, un puissant tigre au pelage de neige et à la taille défiant l'imagination la plus fertile, se trouvait posé sur son arrière train près de lui. Comme s'il était sorti de nulle part, sans que la moindre once d'énergie, le plus petit son ou mouvement n'aient averti de sa présence. Ses prunelles azurées fixaient les eaux calmes du lac, et ce n'est qu'au bout de longues secondes qu'il tourna enfin son imposante tête vers celui qui se trouvait à ses côtés.

"Tu es Kalen... apprenti Saint venu en ces lieux en espérant y trouver l'armure qui te considérera comme l'élu de cette ère." Poursuivit-il d'une voix aussi mesurée que précédemment.

Visiblement, ces quelques mots sonnaient comme une affirmation plus que comme une question, à laquelle n'était attendue aucune réponse. Il ne supposait pas, il énumérait des faits.
De cet animal se dégageait quelque chose qui forçait le respect. Et bien que les lèvres de neige dont était pourvu son museau ne bougèrent pas d'un millimètre, sa voix pénétrait au coeur de l'esprit du futur chevalier avec la limpidité d'une eau de source.

"Je suis Kyô, l'un des douze animaux sacrés de la Déesse Athéna. J'ai été envoyé ici pour assister à ta renaissance. "

Cela signifiait-il qu'il ne l'aiderait d'aucune manière, si d'aventure Kalen venait à avoir besoin d'un conseil avisé ou d'un coup de pouce...? Difficile à dire. Pour qui connaissait le tigre de neige, chacun savait que l'animal était prompt à promulguer aide à chaque guerrier que comptait le Sanctuaire. Mais les évènements d'aujourd'hui étaient d'une toute autre nature. Kalen devait faire face à son ultime épreuve, celle qui ferait ou ne ferait pas de lui un chevalier d'Athéna.
Car, en ce jour et en cette heure, ce n'était pas le tigre de la Sagesse qu'il fallait convaincre, mais bien l'armure pour laquelle il était destiné.

Alors celle-là, il ne l’avait pas vu venir !!! Il en sursauta même de surprise. Mais c’était quoi cette bestiole ?!!! Un tigre téléporteur ??!!! Kalen resta bouche bée quelques secondes, regardant l’animal. C’était la première fois qu’il en voyait un de ses propres yeux. Bien sûr, il avait déjà pu voir des illustrations dans des ouvrages à la bibliothèque du Sanctuaire, mais jamais de sa vie il n’en avait croisé. Il fallait dire que ce n’était pas une espèce endémique aussi bien en Ecosse qu’en Grèce continentale…Une fourrure magnifique, des yeux bleus perçants, une puissance qui passait à quiconque l’envie de le défier pour en faire une descente de lit… C’était un animal superbe qui dégageait une force tranquille et une bienveillance rassurante à l’aube de l’épreuve qui attendait le jeune écossais.

Au fait, il avait …PARLE ?!!! Kalen dévisagea plus attentivement le félin. Vous savez, comme quand les gosses jouent à ce jeu où le premier qui cligne des yeux a perdu. Il n’empêche, un tigre téléporteur et télépathe. Sacrée Athéna !!! Il fallait bien avouer qu’elle ne manquait pas d’imagination et d’humour.

«Tu me connais donc. Je suis presque flatté. Je ne savais pas que ma réputation était telle au Sanctuaire»..

Kalen s’étira, comme pour se donner une contenance. Il n’avait pas l’habitude de se soucier de ce que les humains pouvaient penser de lui. Mais pour les animaux, c’était différent. Ils avaient longtemps été sa seule compagnie et l’une de ses principales sources d’émerveillement durant son enfance dans les Highlands. Etrangement, il se surprit à redouter que le tigre ait déjà un a priori négatif sur lui.

«L’un des douze animaux sacrés, hein ? Donc j’imagine que tu es copain comme cochon avec le bélier à la toison d’or et le bouquetin sacré?  ». tenta-t-il pour désacraliser l’instant et évacuer la pression.

Après tout, douze animaux, douze armures d’or… Ca paraissait logique. Sauf que… Le seul félin présent dans ce cercle fermé était un lion. Pas de tigre. Mais le calme et la tempérance dont faisait preuve l’animal permettait de limiter les spéculations.

«Serais-tu donc le gardien du temple de la Balance ? Ou de celui du Verseau?   ».

Kalen se souvint enfin qu’il lui avait posé une question. Enfin… Pas vraiment une question. Il l’avait renvoyé à sa propre interrogation. Que faire ? L’apprenti scruta les environs. S’il était une armure sacrée, où se cacherait-il ? Forcément dans un lieu inaccessible au commun des mortels. D’anciennes ruines romaines surplombaient l’étendue d’eau. C’était trop simple. Le marais environnant ? Rien n’indiquait une cachette possible. Et puis, selon le mythe, c’était bien le lac qui constituait la porte des Enfers. Il ne voyait donc qu’une seule possibilité.

«Il me faut me rendre à la porte des Enfers. Je sens que c’est là que se trouve l’armure. Et je ne vois qu’une seule solution pour y accéder vivant… ».

A ces mots, Kalen ôta sa tunique.

«Qu’en penses-tu ? Prêt à te mouiller le poil, tigrounet ? ».

"A vrai dire elle ne l'est pas."

Voilà qui avait le mérite d'être clair. Cependant, ces quelques mots ne furent prononcés avec aucune once de sarcasme ou de cynisme. Comme toujours, Kyô énumérait un fait, rien de plus. Cependant, conscient de la fragilité de l'être bipède, depuis le temps qu'il les côtoyait, l'animal crut bon d'ajouter une précision.

"Je connais tous ceux qui foulent le Sanctuaire, qu'ils soient apprentis, prêtres ou chevaliers."

La remarque suivante eut le don de beaucoup amuser le tigre au pelage diaphane. Quelle imagination... même si, dans un certain sens, il pouvait paraître logique de voir les choses ainsi.
Sur le moment, le sage félin se félicita de ne pas avoir emmené Toboe avec lui. Nul doute que l'humain se serait passé de faire de l'humour. Mais à son regard, son innocence et la candeur qui l'habitaient, étaient plutôt de bon augure. Trop de sévérité n'était pas forcément une bonne chose, et les rangs de la chevalerie avaient besoin de ce genre de personne.

"Pas exactement... Mais tu l'apprendras en temps et en heure. Pour ce qui est de la protection des Maisons du Zodiaque, ce sont les chevaliers d'or qui en ont la charge, non les animaux divins."

Kyô fixa Kalen alors que celui-ci lui expliquait où en était arrivé son raisonnement actuel, ainsi que lorsque tous ses vêtements chutèrent au sol. Ainsi il voulait se rendre en Enfers... Ahina désapprouverait cette idée. Mais il n'était pas là pour lui faire rebrousser chemin. Cependant...

"La fougue de la jeunesse et l'excitation de ta quête ne doivent pas te faire manquer de discernement, jeune Kalen. Penses-tu sincèrement... que l'entrée des Enfers n'est pas protégée de ce genre... d'invasion ?"

A peine eut-il prononcé ces mots, qu'une aura sombre se matérialisa en plein milieu du lac.
Dégageant une nappe obscure parsemée de reflets pourpres, l'odeur qui parvint alors jusqu'à leurs narines était tout bonnement écoeurante. Ricanant comme la majorité des spectres appréciaient le faire en présence d'un Saint, la silhouette qui se dessinait à la surface de l'eau calme ne prit pas la peine d'attendre que le jeune homme se rhabille pour lui foncer dessus avec un enthousiasme malsain.

Kyô, quant à lui, ne bougea pas d'un millimètre. Il était évident que ce spectre était de basse condition. La puissance de son protégé était nettement supérieure. Même sans armure... Kalen devait pouvoir le vaincre.
Au moins... cette intervention impromptue permettrait-elle au futur Saint d'avoir la confirmation qu'il était au bon endroit.

«Je sais bien que ce sont les chevaliers d’or qui gardent les douze maisons mon chaton. Je pensais juste que tu étais un esprit incarné chargé de veiller à l’harmonie d’un temple en cas d’absence ou de décès de son propriétaire »..

Kalen était quelque peu vexé que Kyô puisse le penser ignorant à ce point. Et puis quoi ? Ca faisait presque dix ans qu’il foulait la terre sacrée. Cette leçon faisait partie des premières que l’on enseignait aux jeunes. Juste après l’emplacement de la salle commune et des latrines. Le jeune homme se souvenait de ses premiers jours au Sanctuaire comme si c’était hier. Un autre monde s’ouvrait à lui et il lui semblait revivre loin du carcan étouffant de Culloden et de son intolérance.

Mais l’heure n’était pas à la nostalgie. Décidément le tigre le sous-estimait. Il allait devoir faire ses preuves.

«Tu penses vraiment que j’arrive ici la bouche en cœur comme le ravi de la crèche ? Tu me prends pour un lapereau de trois jours ? Bien évidemment qu’il y a un gardien…. Il y a toujours un gardien… Mais il fallait bien l’obliger à se montrer, non ? ». précisa-t-il d’un ton déterminé.

Il était donc au bon endroit. L’aura était sombre et froide comme le fond d’un caveau humide un soir de Noël. Une odeur de putréfaction et de souffre vint leur chatouiller les narines. Mais l’énergie qui se dégageait de l’apparition n’était pas celle, torturée, d’un fantôme. Elle était beaucoup plus agressive. Et surtout, elle semblait…vivante…Kalen entendit le rire cristallin et eut juste le temps d’esquiver l’attaque. Il se remit en garde et toisa son adversaire.

«Dis donc mon vieux, tu refoules sacrément. Ta mère ne t’a jamais appris à te laver ? Et puis vire moi ce rire de dégénéré. Si tu penses me foutre les jetons, tu peux aller te titiller le gros orifice. Je suis écossais, abruti. J’ai grandi parmi les revenants…   ».

A ces mots, Kalen ferma les yeux. Il voulait lui foutre la trouille avec son aura ? Il allait lui montrer ce que c’était réellement que la peur. Il se souvint des enseignements prodigués et de ce qui comptait pour lui. Une pensée agréable, Quelque chose qui le transcendait et qui comptait plus que ça propre vie. Une lueur pourpre et argentée se mit à l’entourer complètement. Ses traits se durcir. Son regard se fit plus déterminé. Il avait appris à maîtriser son cosmos en secret. Dans les montagnes. Au fond de son antre. Loin de l’entraînement officiel des apprentis du Sanctuaire. Il n’avait pas voulu montrer quoi que ce soit sur le Domaine Sacré.

Mais là, les choses étaient différentes. Il était temps.

«Je ne vais pas commettre l’erreur de te sous-estimer. Je vais te renvoyer directement voir ton commanditaire quel qu’il soit. Allez ducon… C’est l’heure de ton bain séculaire. Viens tenter ta chance. »

Kalen fit signe à son adversaire d’avancer, d’un geste provocateur.

D'un calme absolu, Kyô ne réagissait à aucun des mots irrespectueux qui lui étaient adressés par le jeune homme. Fort heureusement pour lui, le tigre au pelage de neige était sans conteste le plus doux et le plus sage de toutes les entités divines qui entouraient la Sagesse Grecque. Sans quoi le retour de bâton aurait été des plus... pénibles pour l'apprenti Saint.
Aussi paisible qu'on pouvait l'être, c'est d'une voix monocorde et profonde que l'animal lui répondit encore une fois.

"Tu devrais faire plus attention à ce qui t'est dit, jeune Kalen. Je t'ai indiqué ce que j'étais et qui j'étais dès le début de notre conversation. Un chevalier ne doit pas uniquement savoir agir, il doit aussi savoir réfléchir et écouter."

Nul doute que ces quelques mots n'allaient pas détendre l'égo du jeune garçon mais, après tout, s'il était aussi aimable que cela était possible, Kyô n'était pas là pour lui dire ce qu'il avait envie d'entendre ni pour défroisser sa fierté malmenée.
Il veillait à l'épreuve qui lui était soumise, et ferait en sorte qu'elle se déroule sans trop d'encombres. C'était principalement là l'essentiel.

Le sage animal ne répondit rien aux mots qui suivirent. Pourquoi l'aurait-il fait...? Il avait appris, il y a de cela bien longtemps, qu'il est inutile de parlementer avec un humain à l'égo un peu trop défini. Kalen estimait qu'il savait ce qu'il faisait et que son déshabillage était on ne peut plus réfléchi. Les paupières d'albâtre du sage se fermèrent quelques instants, alors qu'une expression ressemblant fortement à un sourire se dessina très brièvement sur ses traits félins.
Se déshabiller pour faire venir un spectre... Vraiment...? Peu importe, finalement... Tant qu'il parvenait à ne pas se faire tuer, là était l'important.

Le tigre assista à la joute verbale à sens unique, sans interrompre l'apprenti ni le gêner dans sa lancée. Le spectre ne semblait par ailleurs faire que peu de cas des paroles du jeune futur Saint, tant son attitude moqueuse et grotesque poursuivait inlassablement son cours. Et, étrangement, cette créature tout droit sortie de l'Enfer, ne semblait pas du tout s'intéresser au tigre. Comme si... le spectre ne le voyait pas.
Kyô fixa le jeune homme, semblait décanter la moindre once d'aura et le plus petit de ses mouvements. Comme s'il analysait absolument tout, de ses prunelles couleur de ciel.

Le spectre ne se fit pas prier par la si délicate provocation de son homologue humain, et se rua sur Kalen en vociférant dans un langage bien étrange. La rapidité dont il faisait preuve était pour le moins étonnante. Il courait en touchant à peine l'eau qui s'étendait sous ses pieds, et franchit la distance qui le séparait de Kalen en une fraction de seconde.
Au final... ce ventripotent individu paraissait plus dangereux en mouvement que sous la forme ridicule qu'il affichait quand il était statique.

Arrivé face à lui, sa main s'éleva dans les airs alors qu'une sphère de matière noire y apparut instantanément. Si le jeune apprenti ne réagissait pas rapidement, il se prendrait cette sphère à pleine puissance en plein visage.

«J’ai parfaitement entendu que tu étais l’un des douze animaux sacrés et que tu étais là pour assister à ma renaissance. J’ignore juste si c’est une référence à une vie antérieure ou au fait que je vais mourir en combattant ce spectre. »

Décidemment, Kyô le prenait pour un imbécile. A moins que… Pourquoi Athéna l’avait envoyé lui et pas un autre ? Etais-ce un hasard ? Avait-elle tiré au sort ? Non, ce n’était pas son genre. Elle était la déesse de la guerre stratégique, de la réflexion. Elle n’avait pas la réputation de faire les choses sur un coup de sang. Elle n’était pas Arès. Donc, si elle avait envoyé le gros matou albinos, c’était dans un but déterminé. De quoi Kalen manquait-il le plus ? Quel vide Kyô était-il venu combler ? Toutes ces questions fusaient dans son esprit à la vitesse de l’éclair.

Malheureusement, le temps n’était pas à la dissertation. L’émanation des Enfers fonçait sur Kalen à une vitesse hallucinante en vomissant des mots incompréhensibles.

«Je ne comprends absolument rien à ce qu’il raconte. Une idée maître tigre ?  »

Mais bientôt la main du spectre s’éleva dans les airs au-dessus de la tête de l’apprenti chevalier, une sphère de matière noire en guise de cadeau de bienvenue. Kalen eut juste le temps d’esquiver avant que cette dernière ne s’abatte là où il se trouvait quelques secondes auparavant, laissant un cratère à cet emplacement précis.

«Raté gros tas. A mon tour…  »

Kalen s’élança vers le spectre. Il lui envoya une série de coups de poings et de pieds pour analyser ses réactions et trouver son point faible. Bien sûr, ce ne serait pas aussi simple. Mais c’était un début. Sans sous-estimer l’adversaire, il fallait aussi être capable de préserver ses forces si le combat venait à durer.  

Soudain, Kalen prit conscience  qu’à aucun moment, le spectre ne s’était préoccupé de Kyô. Etais-ce normal ? Le voyait-il ? Après tout, Kalen n’était même pas rentré dans l’eau et n’avait pas enflammé son cosmos avant d’être attaqué. Pourquoi donc l’avait-il choisi comme cible exclusive ? Et pourquoi un spectre gardait-il une armure d’Athéna ? A moins qu’il l’ait dérobé à son dernier propriétaire ou qu’il s’en serve comme appât pour se nourrir d’apprentis inexpérimentés…Le jeune écossais prit ses distances avec son adversaire après cette première passe d’arme. Il s’adressa au tigre télépathiquement pour ne pas éveiller les soupçons.

*Il y a un truc qui cloche. Je ne suis pas sûr que ce spectre soit le réel gardien de l’armure. On dirait qu’il a juste trouvé le bon plan pour se nourrir à moindre frais. Et puis…bon, je veux bien admettre que j’ai la langue trop bien pendue, mais pourquoi ne semble-t-il pas te voir, maître tigre. Aurais-tu une cape d’invisibilité spéciale spectres ? *

Kalen espérait que Kyô pourrait lui apporter ses lumières

Un soupir s'extirpa du puissant poitrail de l'animal. Il n'était pas nécessaire de poursuivre cette polémique outre mesure. Et jusqu'à ce que les choses évoluent plus favorablement, Kyô commençait sérieusement à se demander si ce jeune apprenti était capable de réussir son épreuve ou non.
Mais lorsqu'il constata qu'il s'interrogeait sur le langage employé par son ennemi et qu'il remarqua que celui-ci ne s'intéressait nullement au tigre, il estima que Kalen serait peut être en mesure de la remporter... finalement.

Par ailleurs, de minou, tigrou et autre chaton rabaissants pour un être divin, même d'apparence animale, il avait désormais l'honneur de se voir appelé Maître tigre. Non pas que ce titre lui procurait une quelconque satisfaction, le tigre de neige était très au-dessus de tout cela. Non... Mais cela ne pouvait signifier que deux choses. Soit Kalen avait compris qu'il était son maître, aussi invraisemblable cela pouvait-il paraître, soit il tentait de l'amadouer. Dans un cas comme dans l'autre, il démontrait qu'il était capable de changer d'attitude pour parvenir à ses fins, si la première méthode lui semblait défaillante.
Bonne capacité d'adaptation.

Aucune réponse ne fut apportée à sa question.
Kyô le laissa se démener avec la sphère d'obscurité qui promettait de lui griller la peau, mais eut le prompt réflexe qui lui permis de l'éviter sans trop de mal. Le tigre apprécia la fluidité de mouvement et de réaction, ses prunelles azurées ne perdant rien de ce qui se déroulait sous son regard affûté.
Ce n'est que lorsque le spectre recula de plusieurs pas, continuant de jauger le jeune apprenti tout en se gaussant d'une manière bien étrange, que la voix de Kyô pénétra de nouveau l'esprit de son protégé du jour.

"Je n'ai pas ce pouvoir, non. Mais tu as su discerner que quelque chose n'allait pas et tu n'es pas si loin de la vérité lorsque tu évoques sa nature à se nourrir à... moindres frais."

Lorsqu'il eut achevé ces quelques mots, son imposante tête se fixa sur le spectre, invitant Kalen à en faire de même par cette attitude. Regardes bien... semblait-il dire, sans que pour autant nul mot ne soit prononcé.
Et à bien y regarder... les volutes de fumée sombre qui entouraient le spectre depuis son arrivée ne s'étaient pas dissipées. Elles ne prenaient pas d'ampleur, mais ne s'évaporaient pas non plus. Si on y prenait vraiment garde, que l'on portait son attention sur ces ombres plus que sur leur propriétaire, on pouvait parfois entrapercevoir des visages.

"Ce que tu as entendu... ce sont les différents langages des mortels que cette créature a absorbés. Est-ce la raison pour laquelle tu ne comprends pas ce qu'il dit. Toutes ces âmes ne sont pas encore condamnées. Elles sont en souffrance, dans une terrible souffrance. Si tu tues ce spectre, tu condamnes les âmes qu'il a ingérées à une éternité de douleur."

En d'autres termes... si Kalen voulait sauver toutes ces âmes innocentes, il allait devoir trouver un moyen de les libérer avant de mettre fin aux jours de l'immonde créature qui leur avait fait subir pareille torture.
Alors... Kalen... que vas-tu faire.

Le combat marqua un temps mort. Kyô semblait inviter Kalen à davantage d’analyse et de réflexion. A ne pas foncer tête baissée. Et en observant les volutes, de fumée, il distingua effectivement des visages semblant grimacer de douleur. Des âmes emprisonnées !!! Ce spectre se nourrissait donc d’âmes humaines et plus particulièrement de leur souffrance. Le salopard !!! Il s’en était probablement pris à des innocents, quoi qu’il en soit à des gens plus faibles que lui et les retenaient prisonnières, peut-être pour nourrir son propre pouvoir.

Kalen allait lancer une attaque, en espérant que l’anéantissement du spectre libèrerait les malheureux mais les propos de Kyô l’arrêtèrent. Il ne s’intéressait qu’aux âmes mortelles. C’était sans doute pour cette raison qu’il ne s’intéressait pas du tout au tigre d’Athéna. Ce dernier devait être une âme immortelle donc impossible à ingérer pour lui. A cela devait se rajouter une propension à s’en prendre aux plus faibles et aux plus vulnérables. Le cosmos de Kalen s’intensifia. Mais comment pouvait-il libérer ces âmes sans tuer le spectre ? Et le rire de ce dernier qui ne cessait pas… Il y avait quelque chose là-dessous…Etais-ce son moyen de contenir les âmes dans leur prison ? Autant d’énigmes dont le jeune apprenti ne possédait absolument pas la réponse. Il allait devoir tenter quelque chose. Il harangua donc son adversaire.

« Espèce de couard sans honneur. Ramassis de déjection puante. Espèce de saprophyte. Ersatz de guerrier de seconde zone. Tu n’as pas honte de te servir de plus faibles comme d’un bouclier humain ? Relâche ces âmes immédiatement. Elles doivent poursuivre leurs routes. Depuis combien de temps les retiens-tu ? Des siècles ? Des millénaires ? Libères-les et prends-moi à leur place si tu l’oses. Mon cosmos te donnerait un pouvoir bien plus grand que celui que te procures celui des simples mortels. Je suis Kalen, apprenti d’Athéna.».

Il prenait un risque. Celui de faillir. Si son analyse était inexacte, cela lui coûterait certainement la vie. Il jeta un regard vers Kyô avec un léger sourire en coin. Si Athéna ne le trouvait pas digne d’elle, ce serait le dernier acte qu’il poserait sur cette Terre. Mais il sentait que c’était la chose à faire. L’action juste. Après tout, le tigre ne lui avait-il pas dit qu’il était là pour assister à sa renaissance ? Peut-être devait-il mourir pour vaincre ce spectre ? Il avait toujours pensé que c’était son audace et son goût pour les défis qui l’avaient mené à survivre à l’adversité à Culloden puis à l’entraînement du Sanctuaire. Parce qu’il voulait prouver qu’il valait mieux que les autres. Mais il se rendait compte que ce n’était probablement qu’un masque et qu’en réalité, au fond de lui, c’était son dégoût de l’injustice, son refus qu’on s’en prenne aux plus faibles et aux plus vulnérables, comme il avait pu lui-même le subir, qui le faisaient avancer.

Il croisa les bras devant lui, attendant de voir ce qu’allait faire son adversaire. Serait-il alléché par l’appât du gain ? Ou Kalen n’aurait-il d’autre choix que de sacrifier ces âmes pour éviter que ce spectre ne fasse d’autres victimes. Il s’adressa mentalement à Kyô.

*Merci pour ta présence maître Tigre. C’est le moment de voir si je suis réellement de taille. Si jamais mon heure est venue, dis à Athéna… Juste dis-lui que j’ai fait de mon mieux…*

Kyô ne quittait pas son protégé des yeux. C'est à peine s'il prêtait attention à leur ennemi, et pas uniquement parce qu'il ne s'en prenait qu'à l'humain qu'il accompagnait.
Il semblait décanter chacune de ses attitudes, chaque mouvement, chaque perplexité ou réflexion qui habitaient plus ou moins brièvement les traits de son visage.

Lorsque Kalen se répandit en injures toutes plus fleuries les unes que les autres, le sage tigre haussa ce qui faisait office de sourcils blancs, l'espace d'un court instant. Eh bien... en voilà un qui avait besoin de se défouler, visiblement.
Mais cela ne choquait pas outre mesure l'animal. D'une part il était habité à pire que ça, devons-nous rappeler qu'un certain Scareface et qu'une certaine Angèle affublent alliés comme ennemis de bien d'avantage, et d'autres parts cela lui permettait de lâcher un peu de leste, dans un sens. Chacun réagit à sa manière face à ce style de terribles réalités.
Car en tant que chevalier d'Athéna, du moins futur chevalier, il était de son devoir de ne pas tolérer ce genre de pratiques.

Kyô assista à la répartie de Kalen sans broncher. Il n'intervint pas d'avantage quand celui-ci proposa d'échanger son âme contre celles que le spectre retenait prisonnières. Une attitude très... Athénienne, à vrai dire. Se sacrifier pour autrui faisait partie des fondements de la chevalerie de la Sagesse. Même sans le savoir parfois, même sans que ce principe ne leur soit inculqué d'une quelconque manière, chaque Saint possédait ce terrifiant pouvoir en son coeur.

Cependant...

"Tu le lui diras toi-même."

Ce fut les seuls mots qu'il lui adressa, alors qu'il semblait évident que le tigre diaphane attendait bien de son apprenti qu'il ne se sacrifie pas pour libérer ces âmes.
Le spectre, quant à lui, fixait Kalen d'un air torve. La proposition était vraisemblablement fort séduisante, mais...

"Pourquoi se contenter d'une seule âme alors que je pourrais toutes les posséder..."

C'était la première fois que la voix du spectre se faisait entendre. Éraillée, stridente, presque criarde, elle n'avait rien à envier à son apparence repoussante. A croire que cet être là n'avait été gâté par la nature sur aucun point.

"Écoutes bien ce que je vais te dire Kalen. Ce sera le dernier enseignement que tu recevras avant de renaître."

La voix posée de Kyô, contrastant violemment avec celle de l'individu qui se tenait face à eux, se distingua une fois encore dans l'esprit du jeune homme.

"Rappelles-toi ce que l'on t'a enseigné pendant ces dix années d'entraînement. Tu possèdes quelque chose qui peut te permettre de libérer ces âmes, sans pour autant te mettre en danger. Un élément qui t'offre une opportunité que tu dois saisir. Tu dois te concentrer... et en appeler à la Mort elle-même pour que l'équilibre soit rétabli."

Car les chevaliers n'entraînent pas que leur corps et leur cosmos... Ils apprennent également à maîtriser les éléments que les Dieux ont conféré au monde. Et, justement, celui que le jeune homme avait appris à maîtriser pendant tant d'années, allait s'avérer très utile aujourd'hui.

Kyô hésita un instant, un court instant. Devait-il lui annoncer... au risque de le voir défaillir, voire perdre sa motivation... ou devait-il au contraire lui apprendre, afin de renforcer cette même motivation.
C'était un pari risqué, mais cela faisait aussi partie de son épreuve. Même si, à la base, les choses n'étaient pas censées se dérouler ainsi.

"Kalen, tu dois savoir que le Sanctuaire est en Guerre contre les Enfers. Pas comme il en a toujours été... non... je te parle d'aujourd'hui. A l'instant où nous parlons, tes frères d'armes se battent pour leurs idéaux, pour ceux d'Athéna... Alors tu dois te hâter, le temps presse."

Il n'osa pas lui apprendre la mort d'Ahina. Cela ne servirait à rien, si ce n'est le déstabiliser. Mais il devait prendre conscience de ce qu'il était en train de se jouer en Enfers en ce moment même.

La proposition avait lamentablement échoué. Il ne voulait pas se contenter d’une seule âme ? Comme le laissait présager son physique, ce spectre avait les yeux plus gros que le ventre. Même sa voix était insupportable. Kalen ne se pria d’ailleurs pas pour le faire remarquer.

« Oula… Mon pauvre vieux, ça ne doit pas être facile tous les jours pour aborder les femmes. Déjà que tu n’es pas gâté niveau physique mais tu ne peux même pas espérer leur faire la cour dans le noir. Pas étonnant que tu en veuilles à la Terre entière… »

Au-delà des bravades pour gagner du temps, Kalen réfléchissait. Comment pouvait-il faire lâcher prise à ce salopard sur les pauvres âmes qu’il avait emprisonné ? Aux vues de ses capacités, il n’était pas un adversaire bien terrifiant. Il aurait sans doute pu l’annihiler physiquement. Mais pas sans faire de dégâts collatéraux.  Et cette perspective était tout bonnement inacceptable.
Les mots de Kyô lui mirent la puce à l’oreille. Il devait utiliser l’une de ses techniques, s’appuyer sur son don. Celui de la Mort. Appeler la Faucheuse elle-même pour qu’elle vienne cueillir l’esprit de ce spectre arrogant.

Kalen esquissa un sourire. Cet individu était un miroir déformé et exagéré de ses propres défauts. Qui sait ce qu’il serait advenu de lui si Athéna ne l’avait pas trouvé ? Aurait-il utilisé son don pour se venger de son village ? Ou pour manipuler les autres ? Au moins avait-il désormais l’occasion de l’utiliser à bon escient.

Fixant Kyô, il lui fit un clin d’œil. Une façon de répondre « bien reçu. J’ai compris » au dernier conseil distillé par le tigre des neiges. Kalen prit alors une position bien spécifique. Ses deux mains se levèrent au-dessus de sa tête, comme s’il soulevait une Claymore. Son cosmos irradiat, illuminant de reflets pourpres les alentours. Soudain, il abaissa ses bras en un éclair en direction du spectre.

« Si tu as faim, avale donc ça !!!! »

Attaque cosmique:

Le jeune apprenti espérait que l'effet de cette attaque permettrait aux esprits de s'enfuir en occupant ce satané spectre.

L'annonce de la guerre qui faisait actuellement rage ne semblait pas avoir perturbé le jeune homme outre mesure. Cela était tant mieux, dans un sens, même si l'animal divin se serait attendu à un peu plus de réaction de sa part.
Mais quoi qu'il en soit, la priorité était la libération de ces âmes et la fin de son épreuve. Car, qu'il en ait pris conscience ou non... tout cela n'était rien d'autre que l'ultime épreuve qu'il se devait d'affronter pour montrer à son armure qu'il en était digne. Que toutes ces années d'apprentissage, de défis et d'entraînement, ne les avaient pas été en vain.

Lorsque la banshee se rua sur le spectre en poussant des hurlements si stridents qu'elle allait sans doute éveiller tous les villages aux alentours, celui-ci paru décontenancé. Mais cela ne dura que l'espace d'un court instant.
Car avant même que la créature de mort ne percute son ennemi pour tenter de lui arracher les âmes qu'il retenait prisonnières, le spectre s'évanouit dans la nature comme s'il n'avait jamais existé.
En place et lieux de son corps bouffi, ne subsistaient plus que les eaux plates du lac.

"Bien... ce n'était pas trop mal. Je te félicite."

L'animal prononça ces quelques mots en se tournant vers le jeune homme. Le toisant de toute sa hauteur, ses prunelles azurées le fixèrent quelques secondes avant de reprendre la parole. Sans doute le temps pour le jeune homme de comprendre qu'il n'y avait jamais eu d'ennemi ici.

"Athéna n'enverrait jamais l'un de ses chevaliers chercher son armure en territoire ennemi, Kalen. Mais l'idée aurait pu être bonne..."

Il était certain que la première chose qui venait à l'esprit, lorsqu'on envisageait l'armure d'argent en question, c'était les Enfers. Cependant... une armure sainte n'avait rien à faire en Enfers, quels que soient son nom ou ses attributs. Cela était d'une logique absolue.

A peine eut-il prononcé ces mots qu'une brillante sphère d'argent se matérialisa au-dessus du puissant crâne de l'animal.

"Tu t'es montré digne de porter l'une des armures d'argent qui protègent les humains, Kalen. Tu as su faire preuve de force, de rapidité, mais aussi d'intelligence et de discernement. Entretiens précieusement ces qualités, elles te seront très utiles dans l'avenir."

A ces mots, la sphère prit une ampleur plus importante, tout en se rapprochant lentement du jeune humain.
Kyô, quant à lui... avait disparu.

Le spectre avait disparu avec une rapidité surprenante. De plus, l’attaque ne l’avait pas touché. Kalen en était absolument persuadé. Il n’y avait donc pas trente-six mille solutions. Tout ce qu’il avait vu n’était qu’une illusion, un test visant à éprouver sa détermination et sa capacité à faire face à l’ennemi. Ses doutes furent confirmés par les paroles de Kyô. Il était venu ici trouver l’armure mais au final, il aurait pu vivre la même expérience au sein même du Sanctuaire ou à l’autre bout du monde. Il se remémora une règle apprise lors de son initiation : l’armure choisit le chevalier et pas l’inverse. Kalen sourit de sa propre naïveté. Décidément, il avait encore beaucoup de choses à apprendre et Athéna la rusée n’avait sans doute pas fini de le surprendre. Il se tourna vers le tigre des neiges en levant les yeux au ciel.

« Bah, au moins, j’aurais vu du pays et profité un peu du paysage, n’est-ce pas maître tigre ?»

Mais l’avatar de la Sagesse avait disparu. Il s’était volatilisé. Encore une téléportation. Ou une projection astrale ? Sacré matou !!! A sa place se trouvait une sphère argentée qui lévitait au-dessus du sol et semblait attendre, dans une forme de stase, la suite des événements.

Kalen ferma les yeux. Il sentait les vibrations de l’armure. Il connaissait désormais son nom. Et il se rendit compte à quel point leur rencontre était écrite. Lui qui entendait les murmures des morts depuis qu’il s’était éveillé au cosmos. Il était le Gardien des Enfers. Celui qui empêchait les morts d’en sortir et qui devait protéger les vivants contre la menace venues du monde sous-terrain.

Il était Kalen, chevalier d’argent de Cerbère. Il resta ainsi quelques secondes, savourant cette résonnance, cette harmonie. La présence de la sphère l’emplissait de paix. Alors, il rouvrit les yeux et sans un mot, il lui demanda de le rejoindre.

La sphère s’effaça alors lentement, laissant apparaître l’armure d’argent. Une aura pourpre argentée semblable au cosmos du jeune homme se mit à émaner du totem qui volait toujours un mètre au-dessus du sol. Puis, soudain, ce dernier explosa en morceaux et dans un tourbillon d’énergie, l’armure vint se fixer instinctivement sur chaque partie du corps de son propriétaire légitime en commençant par les jambière, progressivement jusqu’au heaume. Un sentiment mêlé de plénitude et de détermination envahit Kalen. Ses poings auraient pu déchirer le ciel et ses pieds ouvrir la terre.

Alors que la lueur argentée avait totalement disparu, une gigantesque boite argentée gravée à l’effigie du chien à trois têtes se posa dans le sable. Sans nul doute la clothbox de l’armure. Cette dernière s’ouvrit lentement, laissant apparaître un masque. Ce choix-là revenait au chevalier. Kalen avait déjà pris sa décision. Sans hésitation, il se saisit du masque et le porta à son visage. Le temps était venu de rentrer au Sanctuaire et d’aller prêter serment à Athéna.