Iskandar, Réincarnation d'Hephaistos

VOTRE HISTOIRE

Racontez-nous l'histoire de votre personnage.


Clang! Clang!

La chaleur était étouffante, l'air chaud comme les braises qui brûlaient furieusement à chacun de ses coups.

Clang! Clang!

Le forgeron travaillait avec ténacité et passion. Le métal se pliait sous ses gestes, aussi précis qu'implacable. L'expérience qu'il avait accumulé depuis son enfance se voyait dans son assurance et son efficacité. Au bout d'un moment, Iskandar avait réussi, après un dur labeur, à forger ce qu'il jugeait comme étant sa plus belle pièce! Habituellement, il ne réalisait que des outils, des armes éventuellement, mais rarement des bijoux. Et ici, après avoir serti le rubis avec soin, après avoir passé de longues heures à polir l'anneau, il tenait dans sa main de travailleur une bague. Certes, cela était encore loin des meilleurs forgerons et autres orfèvres renommés, mais il y avait mis tout son coeur. Et à raison, car ce bijou n'était autre que le témoin de son affection envers sa bien aimée. Un sourire radieux s'affichait alors sur son visage. L'ouvrier était loin d'être considéré comme un bel homme. Robuste, ça c'était certain, mais son allure générale allait de paire avec le métier qui était le sien: rude et loin d'être raffiné, il était un travailleur et ne s'en cachait pas. Toutefois, malgré son physique rugueux, il avait réussi à entamer une relation avec celle qui était la plus belle du village.  Tout heureux qu'il était, il avait alors forger ce bijou et comptait lui offrir sans tarder, espérant obtenir la main de sa douce.

Encore vêtu de son tablier, transpirant encore suite à cet ouvrage pour le moins passionné, il se hâta, le marteau à la ceinture, jusqu'à chez elle. Entrant sans préambule dans sa maison, le forgeron étant comme il vous l'avait été décrit dénué des bonnes manières, Iskandar découvrit alors un fait qui lui glaça le sang, comme le métal chauffé qu'il plongeait dans l'eau pour le refroidir. Sa bien aimée, la femme qu'il aimait de tout son coeur, était dans les bras d'un autre homme. Elle semblait lui parler, tentait de lui expliquer, mais le pauvre homme n'entendait rien, rien hormis le bruit du marteau qui frappait durement le métal. Sa main puissante se referma alors sur l'outil qu'il souleva et frappa une fois, une seule, le crâne de l'amant. Le fer du marteau s'était teinté du sang rouge de l'homme, et au fond de lui, Iskandar saignait tout autant. Littéralement étourdi par le choc et la douleur, il abandonna sans dire un mot la femme, préférant se retirer abattu à sa forge.

S'effondrant à genoux dans son atelier, Iskandar n'avait plus le goût de vivre. Avec ce qu'il venait de faire, il venait de se condamner, et surtout, ne se considérait plus apte à forger quoique ce soit. On allait venir le chercher sous peu pour le punir, mais cela lui importait peu, car il avait tout perdu. Dans sa main, il tenait toujours la bague qu'il avait forgé. Avec dépit, il la jeta alors dans le feu de sa forge. Détournant le regard, il ne voulait même pas la voir fondre. Il ne vit pas alors le rubis étinceler étrangement. La pierre précieuse se mettait en effet à brûler telle une braise ardente. Il tourna son regard vers le feu au moment où le bijou se mit à crépiter brusquement, mais il n'eût pas le loisir de voir autre chose qu'une explosion de lumière et de flammes! Des braises s'envolèrent autour de lui, tournoyant comme si elles étaient vivantes, emportant avec elle le feu de la forge. Il était habitué aux fortes chaleurs, mais celle ci n'avait rien de communes avec ce qu'il supportait quotidiennement. Ses sens étaient malmenés, et il sombrait dans l'inconscience tandis qu'il lui paraissait entendre au milieu des crépitements un bruit sourd et familier!

Clang! Clang!

Emporté dans ce déluge de feu, des visions lui apparurent alors.

Il se voyait chuter du haut d'une montage qui dépassait les nuages, tandis que les cris d'horreurs et de dégoûts de sa propre mère lui poignardait le coeur.

Clang! Clang! (une ombre se dessinait derrière les flammes, frappant le métal avec force)

Il se voyait recueilli par deux magnifiques femmes, qui s'occupèrent de lui. Il se révéla être un habile artisan du feu, don inné chez lui, et les remercia en leur forgeant des bijoux somptueux.

Clang! Clang!

Il se voyait fabriquer un trône magnifique, qu'il envoya à sa chère Mère. Des mécanismes ingénieux truffaient le siège en question, qui emprisonnèrent pour sa plus grande joie celle qui l'avait abandonnée dès sa naissance.

Clang! Clang!

Il se voyait entendre encore les cris de sa Mère, tandis que plusieurs venaient à lui pour le forcer à la libérer. Il se voyait piéger et rejeter la plupart d'entre eux, tout comme il se voyait, enivré  avec un jeune homme fort sympathique remonter la montagne sur une mule et malgré tout la libérer.

Clang! Clang! (le bruit se faisait plus violent)

Il se voyait suggérer de prendre, en remerciement, une épouse. Si lui fut rejeté, son jeune ami obtenait une place parmi ces rois de la montagne.

Clang! Clang! (le feu se fit plus ardent encore)

Il se voyait marié à la plus belle des femmes du monde, une femme froide envers lui, une femme qu'il humilia en la capturant dans les bras de son amant et qu'il dévoila aux yeux de tous.

Clang! Clang! (l'ombre se rapprochait de lui en boitant)

Il se voyait seul, rejeté ou ignoré par ceux qu'il avait honoré de par ses créations, toute plus fantastiques les unes que les autres. Il se voyait agacé par toutes ces histoires de famille, d'une famille qui malgré ses efforts, continuaient à le laisser de côté pour s'entre déchirer.

Clang ! Clang! Clang!

Un être rougeoyant, aux yeux de braises, à la barbe flamboyante, se penchait vers lui. Iskandar ne réagissait plus, au contraire, il se laissait faire tandis qu'une immense main de roche volcanique se refermait sur lui.

"Pauvre Mortel! Ta douleur m'a éveillé! Permet moi de te faire l'honneur, à toi qui a perdu par la douleur la foi en l'art du Feu de faire de toi mon marteau! Et ensemble, nous forgerons de bien grandes choses!"

Le forgeron laissa s'échapper un sourire. Il avait peut être déjà trop sombrer dans l'inconscience pour comprendre les mots qui lui étaient adressés, mais si son esprit n'était déjà plus là, son âme, elle, en avait conscience. Ainsi, il pouvait partir en paix.

Lorsque les villageois vinrent chercher Iskandar, ils ne trouvèrent plus qu'une forge vide, froide comme la nuit.

Iskandar n'était plus. Désormais, le dieu forgeron était éveillé, et foulait pour la première fois depuis longtemps le monde. Et il avait emporté avec lui toute la passion qui animait Iskandar et qui animait jusque là la forge d'un petit village de Grèce.

MES INFOS +

Développez sa psychologie, parlez-nous de ses relations avec les autres, une rumeur qui court à son sujet...


Héphaïstos a été littéralement forgé par sa relation avec ses semblables. Rejeté dès sa naissance par sa propre mère, il en gardera une trace ineffable en une blessure qui le fera boiter pour l'éternité. Rien que cela fit naître chez lui un caractère plutôt rancunier et une aigreur que ses semblables ne feront rien d'autres qu'attiser de plus en plus avec le temps. Agacé par le comportement des dieux en général, il préférera largement s'intéresser aux humains et à leur esprit  créatif plutôt que de se mêler des affaires de l'Olympe. Héphaïstos était quelqu'un de plutôt généreux, et a même tenté de se réconcilier avec sa Famille, leur offrant des créations divines que seul lui était capable de réaliser. Mais avec le temps, il avait bien compris que malgré ses efforts, malgré ses cadeaux, malgré les services qu'il leur rendrait, il n'était rien de plus qu'un forgeron qui leur était utile quand cela les arrangeait, mais qu'en l'inverse, ils ne faisaient rien de plus que de le fuir.

Ainsi, il peut paraître  comme quelqu'un d'irascible, mais  pour qui sait lui parler, il s'avère être un bon vivant et surtout raisonnable, prêt à faire des compromis une fois qu'il est amadoué, comme le montre la relation qu'il entretien avec sa propre mère, Héra. Héphaïstos n'est pas qu'un simple dieu artisan, passionné par la création, il est un être chaleureux, telle une flamme prête à faire fondre le métal pour en faire naître, comme tout artiste, une oeuvre d'art renfermant une étincelle de son âme. Mais telle une flamme, il est un dieu dont le courroux peut être terriblement brûlant pour quiconque le provoquerait. Souvent sous estimé, il n'est pas à prendre à la légère car sa force et son feu ne sont pas forcément ses plus grandes armes. En effet, il est également ingénieux, comme l'a appris à ses dépens sa mère, ainsi que Arès qui s est avéré être incapable de le ramener de force en Olympe.