Où sont les bains chauds dans ce pays ?!

Il n'avait pas imaginé que le voyage serait aussi long. La diplomatie, c'était pas vraiment son truc. Lorsqu'il était Autel puis Gémeaux, il n'avait jamais été au sein d'une ambassade en direction d'un autre lieu que le Sanctuaire. Vu son instabilité mentale hérité de nombreuses années de torture mentale, c'était une mauvaise idée que de l'envoyer en pourparler dans un autre camp. Déjà parce qu'il n'était pas de ceux qui parlaient le plus, du fait de son absence de... voix ? ensuite, parce qu'il pouvait à tout moment se montrer violent et niquer des gueules. C'est aussi pour ça qu'il préférait rester auprès de Poséidon. Il avait un pouvoir assez bénéfique sur lui. En sa présence, sa folie était repoussée. Elle s'en irait jamais vraiment complètement, malheureusement. La médecine de cette époque n'était pas du tout assez évoluée en maladies mentales pour apporter des conseils médicaux satisfaisants. Les médecins auraient tendance à pratiquer des saigner pour "absorber" le mal, voir à le mettre à mort, histoire de tuer l'esprit qui résidait en lui. Mais, grâce à dieu, il avait appris, par la connaissance du cosmos, à s'exprimer. Si un jour il était démuni de son énergie cosmique, il était certain qu'il mourrait. Déjà parce qu'il ne pourrait pas faire battre son faux coeur (du moins, à rester artificiellement en vie), et parce qu'il deviendrait incapable de parler. Comme quoi, le cosmos... c'était bien pratique.


"Sauf votre respect, Seigneur Poséidon, je ne pense pas que son sang d'Atlante change quoi que ce soit dans sa vraie nature. Il est trop indécis pour que, nous, cheval... marinas puissions lui faire entièrement confiance. Qu'il change de faction... Même si cela m'est difficile à admettre... pourquoi pas. Mais menacer un peuple qui l'a vu grandir, qui l'a élevé, qui s'est occupé de lui, qui l'a protégé... ça, non, je ne peux pas le permettre."


Il s'arrêta un instant. Il ouvrit une très légère brèche dimensionnelle avec un léger balayage de la main et l'y plongea. Il en ressortit une bouteille d'alcool. Un alcool issu de la distillation du sucre de canne. Du rhum, en gros. Il avait cru voir que le Dieu des Mers en était amateur. Ca tombait bien, Hevruka aimait bien boire, mais cela réveillait en lui le monstre qui sommeillait. (ou qui somnolait, soyons plus sincère). Hevruka avait reçu quelques enseignements lorsqu'il vivait dans les Bermudes. Il avait appris la fabrication d'alcools en tout genre. En même temps, il n'avait pas grand chose à faire. Il se refusait à participer à l'esclavage qui y régnait. Pas qu'il était spécialement contre cette pratique, encore que... mais il n'avait pas les talents nécessaires pour oppresser une population. Il laissait ça à son autre lui. Il replongea sa main dans sa petite brèche et sortit deux petites coupes, puis elle se referma. Il déboucha la bouteille d'alcool et servit un verra au Dieu pendant qu'ils attendaient, puis s'en servit un.

"Être maître des dimensions peut s'avérer pratique..."

Il sourit un court instant.

"Pour en revenir à Gideon... Si vous lui accordez sa confiance, il aura ma confiance, quoique limitée. Nous sommes tous sujets à commettre des erreurs, j'en suis conscient. Au moindre faux pas... Vous m'excuserez mais sa mort sera inévitable. Et si Alessio, dans sa grande bonté, accepte de le ramener à la vie, il s'agira ni plus ni moins qu'un mauvais moment à passer pour la Sirène aquatique."

Alessio revenait souvent dans les pensées du Sans-Visage. En même temps, il était le seul "mal" dont il connaissait l'apparence et le nom. Et comme Hevruka était mort une fois... il savait comment fonctionnait le système judiciaire des Enfers... Il avala l'alcool d'une traite. Woush, ça pique.

La mort était une expérience assez étrange. Déjà, ne pas pouvoir se défendre face à l'adversaire pouvait paraître... déstabilisant. Ensuite, être achevé comme un vulgaire mouton le jour de l'Aïd : ça ne laissait pas beaucoup de place à une bonne santé mentale. De plus, dans le monde dans lequel ils vivaient tous, ils étaient soumis à un Enfer dantesque. Devoir revenir à la vie ensuite, par on ne sait quel miracle... il était impossible de ne plus penser à son affreux bourreau : surtout s'il était responsable de la Mort et du Jugement. Un jour il se vengerait... Non pas en le tuant, car il se doutait bien qu'il réussirait à revivre, mais en lui montrant qu'il était devenu plus puissant que lui et essentiellement, en n'ayant plus peur de la mort. Pas qu'il en ait réellement peur, puisque à ce moment-là, il était conscient qu'elle n'était pas éternelle. Mais il imputait son maudit sort à Alessio et uniquement lui. Donc montrer qu'il ne craignait plus son funeste jugement, c'était une victoire en soi.


"Seigneur... C'est pour moi un honneur et un privilège d'être votre ombre. Je ne trahirai jamais votre confiance et ferai tout pour protéger notre famille, puissent les dieux m'être favorables."


Il était sincèrement touché par la déclaration de l'Ancien Saint du Verseau. Avoir la considération de la divinité qu'il servait était gratifiant. C'était beau, c'était magnifique. Il n'allait pas lâcher une larme. Ce n'était point dans son caractère, mais la situation pouvait s'y prêter tant il était honoré par les paroles du Seigneur des Mers. Hevruka a toujours été quelqu'un de foncièrement à cheval sur l'honneur, sur la droiture, sur la "bravitude". Il prenait à coeur d'être le plus irréprochable possible, et ce malgré sa double personnalité, car celle-ci, malgré ce qu'elle avait de maléfique, se voulait encore plus extrême concernant l'honneur... quitte à vouloir purger son camp de toute la mauvaise graine. Une chose qu'il avait commencé à faire avec Kiko du Cygne, Arion de Pégase, Krugis du Triangle et Kaour d’Héraclès et qu'il aurait bien voulu faire avec Alistair du Taureau, l'ancien porteur de l'armure de l'Autel, la même que la sienne avant qu'il ne devienne Gémeaux. Non pas qu'il ne le considérait pas comme un bon Chevalier d'or... il ne le considérait même pas comme un bon humain. Trop fragile, trop inutile à ses yeux. Comment pouvait-il servir les intérêts d'Athéna en étant si peu présent, en étant tout le temps fourré le cul assis dans son temple ? A ses yeux, seuls ses maîtres comptaient : Altia Verana de la Balance et Milan Sethni du Capricorne... et dans une moindre mesure Orion du Bélier. Les autres n'étaient que de la sale race. Ah si... la chevalière de la Lyre était sympa dans son genre... Son nom lui échappait. Ah, cette mémoire des personnes âgées.


"Alessio est un des Juges des Enfers. Il est celui qui est protégé par le Surplis du Griffon, animé par l'étoile Céleste de la noblesse. Il est celui qui m'a pris ceci." - il pointa l'endroit où devait être son coeur - "Et est celui qui m'a jugé dans le Royaume des Morts. "


T'façon il était moche. C'est tout. Il sentit quelques vibrations dans l'air. Quelqu'un allait dans leur direction. Par contre, Hevruka n'était plus trop à l'aise avec l'utilisation de son cosmos pour pouvoir ressentir correctement les énergies des autres. Il lui fallait encore un peu d'entraînement. Cette armure ne pouvait pas tout faire, loin de là. Il fit apparaître son casque et le posa sur sa tête, de manière à cacher totalement son visage. Même la lumière la plus brillante ne pourrait venir à bout de ces ténèbres.


"Il semblerait que votre souhait vient d'être exaucé. Ne sentez-vous pas des énergies s'approcher d'ici ? Je vous suis, Maître."

Promenons nous dans Asgard pendant qu'Odin n'y est pas. Si le vieux y était il nous mangerait, mais comme il n'y est pas, il nous mangera pas. Promenons-nous dans l'Volcan pendant qu'Asbjörn n'y est pas. Si le cheval y était, il nous embrasserait... mais comme il n'y est pas, il nous attouchera pas.