Meiou Hadès

Kariya Cardinelli

« Moi-même »

VOTRE HISTOIRE

Italie, années 1750

« Pas encore… Ce n’est pas encore ça. Dis, tu ne voudrais pas être un meilleur modèle ? »

C’est dans une pièce à la luminosité assez sombre que ces mots résonnèrent. Dans cette pièce, un jeune homme, seul, est assis avec un chevalet avec une toile posé dessus. Quelques coups de pinceaux ont été donnés, mais le tableau n’est clairement pas achevé.

« Peut-être qu’avec un peu de lumière cela rendra mieux »

Dit-il avant de se pencher pour prendre une bougie. Il alluma cette dernière et c’est une scène d’horreur qui se découvrit alors. Baignant dans son sang, une femme morte se trouvait là, plié comme une contorsionniste et servant de modèle à l’homme. Ce dernier, à la chevelure longue et noire de jais, esquissa un léger rictus lorsque la lumière fut, mais ce rictus s’éteignit bien vite lorsqu’il remarqua que cela n’était toujours pas ce qu’il cherchait. Poussant un soupir, le jeune homme semblait s’être lassé de sa mise en scène morbide. Il prit alors la toile et la jeta dans la mare de sang. Prenant ensuite la bougie entre ses doigts et regardant une dernière fois la scène, il jeta la bougie à son tour sur la toile qui prit feu. Ne tardant pas, l’homme se retourna et s’en alla, les mains dans les poches, laissant derrière lui la petite maison prenant feu.

Cet homme, c’est Kariya Cardinelli. Il est un peu plus grand que la moyenne des hommes, mais pas assez pour être raillé. D’une musculature fine, il n’était sûrement pas le genre à se battre pour un rien. Et pourtant, derrière ce visage quasi angélique, lui qui possède des yeux d’un bleu clair ressemblant au bleu du ciel contrastant avec ses cheveux longs et d’un noir profond, se cache un tueur en série extrêmement sadique et redoutable. Il n’en était ainsi pas à son coup d’essai. Cela fait maintenant plusieurs années qu’il tue pour son bon plaisir. Enfin, son bon plaisir, mais pas que. Voyez-vous, Kariya est un artiste avant tout. Orphelin dès son plus jeune âge, il a été recueilli par l’église de son village. Très vite initié aux ordres, il démontra une sensibilité certaine pour l’art et particulièrement l’art biblique : tableaux, vitraux et autres décorations qui viennent ornées les maisons du Christ.

Sa passion pour les mises en scène macabre vint ensuite. Alors qu’il était encore jeune, il ne tarda pas à torturer le moindre animal passant entre ces mains, et lorsqu’il eut fini, les tués. Il passa ensuite à l’humain, sans baissé d’intensité dans ses tortures. Une fois sortie des ordres, à l’âge adulte, il ne s’arrêta pas et combina ses deux passions. Il met ainsi en scène ses tueries et les peint non seulement pour trouver de l’inspiration mais aussi pour les vendre par la suite aux différentes églises, les faisant passer pour des œuvres illustrant des moments de la Bible, lui permettant de récolter assez d’argent pour vivre.

Portant une toge noire, correspondant à ses cheveux, avec des manches serrées, plus pratique, il n’a jusque-là jamais été pris pour ses crimes. Comment cela se fait-il me demanderez-vous ? Hé bien figurez-vous que même s’il n’en pas l’air, Kariya a tout d’un gentleman à l’italienne. Lorsqu’il ne tue pas, il est plus que charmant, serviable et d’une gentillesse à tout épreuve, n’hésitant pas à sourire même si cela seulement être de façade. Plus d’une fille sont tombés sous son charme, mais toutes ont finis soit repoussés, soit six pieds sous terre. Il a tout de la vie parfaite, vous pensez donc. Hé bien non.

Voyez-vous, Kariya fait aujourd’hui face à un problème majeur : il ne trouve plus d’inspiration pour peindre ses mises en scène macabre. Il a beau changé chaque paramètres, chaque petits détails, rien n’y fait, il n’y arrive pour l’instant plus. Pour trouver une solution, il va ainsi dans une petite boutique d’art. Cette dernière, réputée dans le village pour être la meilleure dans son domaine, possède tous pleins d’accessoire et de couleurs différentes destinés aux artistes. Espérant trouver au moins une idée, Kariya passa en revu tout ce que pouvait contenir la boutique. Mais rien ne lui venue à l’esprit, absolument rien.

« Essayez donc ceci »

Se retournant à ces mots, Kariya pu ainsi découvrir un homme encapuchonné. Le jugeant de bas en haut, l’homme lui tendait un flacon de peinture. Cette dernière était un rouge très vif et très pur. Prenant le flacon en main et le passant à la lumière, c’est d’un visage émerveillé par la couleur qu’il se retourna vers l’encapuchonné. Se calmant légèrement, il ne tarda pas à remercier l’homme.

« Mon ami, vous venez de réveiller la créativité d’un artiste, et pour cela, vous ne méritez que mes plus grands remerciements »

L’encapuchonné acquiesça seulement aux dires de Kariya et s’en alla ensuite aussi rapidement qu’il était apparu. L’Artiste était de toute façon trop préoccupé à réfléchir comment il allait pouvoir utiliser cette couleur pour se demander d’où venait et qui était cet homme. Il venait de retrouver de l’inspiration et il n’y avait rien d’autre qui comptait. Ne tardant pas plus longtemps dans la boutique, il se pressa de préparer son matériel. Il n’allait pas attendre plus longtemps pour tester cette nouvelle couleur qui lui donnait tant d’idée.

Suivant son rituel habituel, les victimes étaient cette fois un couple qui avait eu le malheur de croiser Kariya alors qu’il cherchait des modèles. Ces derniers avaient finis empalés sur des chaises dans leur propre maison. Mettant en place son chevalet et sa toile, l’Artiste n’attendit plus longtemps pour commencer son œuvre. Et c’est à une vitesse incroyable qu’il peint un tableau qu’il trouva d’une splendeur exceptionnelle. Utilisé ce rouge profond qu’on lui avait donné avait tout changé. Et c’est une fois le tableau fini qu’il remarqua un détail : prenant le peu de peinture qu’il restait dans le flacon, il fut intrigué de la comparer à une autre couleur qu’il avait en face de lui. Se levant de son siège et se rapprochant de sa mise en scène morbide, il compara ainsi la couleur de la peinture et c’est du sang qui se trouvait sur les visages des victimes. Il n’y a pas de doute possible : ce sont les mêmes couleurs. Un sourire sadique, accompagné d’un regard plein de malice, orna le visage de Kariya alors qu’il prononça quelques mots pour lui-même.

« Je savais bien que cet homme avait une bonne odeur »

Dit-il avant de mettre une nouvelle fois le feu à la maison, mais sauvant cette fois la toile qu’il avait peinte.

Le lendemain, il ne prit pas plus de temps pour se rendre à l’église du coin pour vendre son tableau. Visiblement, il faisait une très grande impression. Toujours sortant son sourire de façade, et discutant de façon joviale avec le Père s’occupant de l’église, ce dernier semblait très intéressé par le tableau de Kariya et ne tarda pas à lui faire une offre pour l’acheter. Mais c’est alors que quelque chose d’inhabituel se produit. Alors qu’il prenait la toile entre ses mains, le Père s’écroula quelques secondes plus tard, sans autre forme de procès. N’étant pas choqué outre mesure de la scène, Kariya se penchant tout de même sur le Père et confirma ce dont il se doutait : le Père venait de mourir.

« Tu aurais au moins pu me payer avant de mourir, le vieux »

Ne cachant pas sa frustration plus pour le fait qu’il ne puisse pas être rémunéré et que sa toile avait été légèrement détérioré par sa chute par terre, l’Artiste tourna les talons en récupérant son tableau, sans montré plus de curiosité sur ce qui avait provoqué ce décès soudain. Néanmoins, sa curiosité fut piquée au vif lorsque la scène se produisit deux fois supplémentaires, dans deux églises différentes, et dans les mêmes conditions exactement. Les yeux écarquillés, il ne les croyait pas vraiment lorsqu’il lui montrait de telles situations similaires.

« Quel est ce pouvoir ? »

« C’est mon pouvoir »

Une réponse aussi soudaine que surprise pour Kariya qui fut pris au dépourvu. Se tournant rapidement vers là où semblait venir la voix, il vit l’homme encapuchonné qu’il avait rencontré pas plus tard qu’hier. Une fois la surprise passé, et ne remettant même pas en cause ce que venait de dire l’homme, Kariya esquissa seulement un sourire avant dans lui répondre

« Je savais bien que tu avais une bonne odeur. L’odeur de la Mort »

« Ainsi donc tu as pu sentir ça au moins. Impressionnant venant d’un homme qui ne montre aucune disposition au cosmos »

Soupirant, Kariya montra de façon très expressive qu’il ne sait de toute évidence pas de quoi parle l’encapuchonné. Ce dernier haussa les épaules, comme pour lui indiquer que ce n’était pas grave avant de reprendre.

« Je vois que tu as suivi mes conseils. »

« Effectivement, mais je ne m’attendais pas à ce que cela soit si… Mortel. C’est un pouvoir très intéressant. Pouvez-vous me l’apprendre ? »

Riant d’un rire franc et sans concession, l’encapuchonné prit le temps avant de rétorquer à Kariya.

« Je ne saurais t’apprendre ce pouvoir, car il n’est pas pour les mortels. En revanche, si tu prends cette main que je te tends, crois moi que je te montrerais de grandes choses. Et que tu auras tous les modèles dont tu rêves pour peindre des scènes aussi splendides que celle-là »

Dit-il en tendant sa main vers Kariya. Ce dernier avait été séduit par son discours : un nombre de modèle infini, toute la liberté qu’il veut pour réaliser son art ainsi qu’un pouvoir que les mortelles ne sauraient posséder. Lui qui voulait toujours s’élevé au-dessus de la mêlée, c’était là une occasion parfaite. Son libre arbitre ? Il s’en fichait si cela lui permettait d’atteindre un niveau supérieur. Tendant sa main vers celle de l’encapuchonné, il l’a prise et c’est une aura sombre qui engloba les deux hommes. Hadès venait de renaître.

MES INFOS +

De nature calme et posé, Kariya est un homme qui s'énerve très peu, rare sont ceux à l'avoir vu en colère. Il porte un amour inconditionnel à sa chère et tendre Perséphone, pour qui il ferait n'importe quoi. Cependant, il ne se laissera jamais marché sur les pieds.

Malicieux, il possède toujours un petit rictus sur son visage, un sourire très léger qui prend souvent les gens de haut. Mais dans sa condition de Dieu, rien de plus normal. Son autortié est d'ailleurs incontestable et il la fera respecter, que cela soit par les mots ou par la force. Comme dit plus haut, s'énervant très peu, ses colères seront plutôt froide et elles pourront être détecté si les gens en face de lui ont assez de subtilité pour lire son regard, ce qui est conseillé pour ne pas envenimer les choses.