Retour au Palais

" Qu’il en soit fait selon vos désirs…"

Furent les seules paroles que j’offris à la grande prêtresse. Qu’aurais-je pu ajouter d’autres de toute façon ? J’avais été retenue trop longtemps loin de tous et de toutes et Asgard ne m’avait pas attendue. Bien sûr, je n’en voulais à personne et encore moins au plus sage de tous nos dieux pour cela. La vie devait se poursuivre quelles que fussent les circonstances.

Souriante, je me redressais alors, reculant de quelques pas, m’apprêtant à prendre congé lorsque la voix de la guerrière de Zeta Prime me tira de mes réflexions. Surprenantes paroles que celles-là. A l’écouter, elle se sentait obligée de se justifier du port de son armure. De quoi me rendre plus que perplexe. Cette façon de parler sortait tellement de l’ordinaire que je demeurais, un instant, muette.

Puis, inspirant doucement, je repris la parole avec un calme que j’espérais rassurant.

" Alors laissez-moi vous rassurer, dame de Zeta Prime. Je ne nourris aucune pensée de ce genre à votre égard. Les God Robes sont les habits sacrés que nous confie le puissant Odin par l’intermédiaire de sa voix sacrée… "

A ces derniers mots, je tournais mon regard vers Séléné, puis reprenant.

" Ou d’autres entités ou divinités. Tout cela ne fait aucun doute pour moi…"

Devais-je lui apporter la pierre essentielle à la résolution de cette situation ? A sa façon, Séléné l’avait déjà fait en parlant d’ombre et de lumière mais cela avait sans le moindre doute était trop subtil ou trop bref pour captiver l’attention de la nouvelle Zeta Prime.

" Et pour en finir avec ce qui semble vous gêner : sachez simplement que cette armure était autrefois la mienne. "

Nulle animosité dans le ton de ma voix, juste le souhait de dissiper tout éventuel malaise entre nous, avant même qu’il ne puisse prendre de l’ampleur et déboucher sur des tensions malvenues. Ainsi espérai-je avoir éclairci les choses entre nous…

Quelques instants s’écoulèrent dans un silence doux avant que ma consœur de Zeta Prime ne reprenne la parole, cette fois pour prendre congé aussi bien de Séléné que de moi. Des mots emplis de bienveillance et d’une spontanéité assez surprenante pour ne pas dire jeunesse. Ainsi la regardai-je quitter les lieux sans ajouter le moindre mot. Elle était partie trop vite de toute façon.

Demeurée seule avec la grande prêtresse, je restais quelques instants absentes, la main sur le cœur. Une chaleur étrange semblait brûler discrètement en moi. Un avertissement soudain…

Serrant rapidement les poings, je repoussais cette sensation le plus profondément en moi. Il me fallait repousser cette crise naissante. Tremblant imperceptiblement, j’inspirais à fond plusieurs fois avant de me retourner de nouveau vers la représentante d’Odin.

" Visiblement, le temps est aussi venu pour moi de me retirer. Mes hommages, dame Séléné. A très bientôt, je demeure à votre entière disposition. "

Et luttant pour ne pas trop presser le pas, je quittais les lieux.