[Résurrection Épiméthée] Point d'arrivée et point de départ

arrivée du tartare

Epiméthée se redressa prenant une grande bouffée d'air frais. Ses poumons se gonflèrent d'un bloc d'air pur et vivifiant. Son ichor se mit à courir dans ses veines inondant son corps de chaleur. Il était en vie ! Libérer du tartare ! Délivrer de la douleur. De nouveau vivant parmi les vivants.

D'une main droite quelque peu tremblante, le titan posa ses doigts sur son torse. Sous la peau, les muscles et les os, il pouvait sentir son cœur battre. Un nouveau cœur. Un cœur pour remplacer celui voler par le juge des enfers et celui arracher par Mnémosyne . Son poing se sera sur l'immense cicatrice brune qui maintenant barrait sa poitrine. Ces choses se régleront plus tard. Avant tout, il fallait comprendre la situation.

Épiméthée s'allongea de nouveau. Les bras en croix, il laissa ses sens se repaître du spectacle qui s'offrait à lui. L'herbe était douce. La bise caressait sa peau. Au-dessus de sa tête, la voûte limpide étalait un ciel bleu et sans nuage. Le même que celui entrevu par le titan dans le fin fond du tartare.

Des larmes coulèrent sur les joues du colosse. Autant cet azur avait pu être synonyme de joie. Autant maintenant, il le bouleversait. Car sa résurrection en ces lieux ne pouvait signifier qu'une chose : le royaume des titans était tombé. Le Cronos Labyrinthos était aux mains de leurs ennemis.

Un long instant s'écoula. Le temps de digérer la sinistre réalité. Puis le titan se rassit. Que devait il faire ? Son regard se posa sur sa soma. L'épée géante gisait à son coté. Ébréchée, fatiguée de ses combats. Devait il d'abord tenter de retrouver les siens, et notamment Océanos, leur forgerons , pour faire réparer l'armure et ensuite penser à une contre attaque ?

Le titan saisit l'épée et la posa sur ses genoux. Il l'observa avec attention, la caressant du bout des doigts avec amour. L'avertissement de Zeus lui revint alors en tête :

"Dieux, Titans, Mortels... je m'adresse à vous, moi, Zeus, Roi des Dieux et Maître du Ciel et de la Foudre! Je sais quelle menace vous a agressée. Je sais quelle épreuve vous avez traversé. Et je sais que cela ne fait que commencer! Je vous vois vous débattre pour la traquer, mais vous ne réalisez pas encore qui est votre ennemi! Sachez que votre ennemi s'est retiré dans une dimension qui vous est inaccessible, tous autant que vous êtes! Au lieu de perdre votre temps à rechercher un être qui est désormais hors de votre portée, vous devriez plutôt vous préparer à la guerre... Car il existe d'autres menaces, de part le monde, qui se préparent, et que vous semblez ignorer, trop occupé à traquer un ennemi que vous ne pouvez affronter! J'ai pris sur moi de vous parler. N'espérez pas plus de ma part, le sort du monde est entre vos mains désormais!"

Doucement, la divinité archaïque laissa son esprit vagabondé. Il est vrai qu'il pouvait percevoir une perturbation venant de l'Irlande. Une aura de mort semblait planer au dessus de l’île d'émeraude. Était-ce de cela que l'olympien avait parlé ? Épiméthée était incapable de le certifier. Et combien même ? Devait il s'abaisser à répondre à l'appel d'un ennemi qui avait persécuter les siens et son peuple jusqu'à l'extinction ?

En réponse, la voix du tartare lui répondit :

«  Et bien... Qu'allons-nous faire de toi? Je pourrais t'envoyer rejoindre ta femme et ta fille, mais le souhaites tu vraiment? Le mérites tu vraiment? à moins que tu n'ais encore à faire sur terre, à moins que tu n'ais une dette à rembourser, à moins que tu n'ais encore des comptes à régler... qu'il s'agisse des olympiens ou des tiens?! »
 
Oui qu'avait-il à rétorquer? Voulait il la vengeance ? Quel avenir envisageait il ? Pourquoi est il là ? Toujours des questions sans réponse. Il ignorait quel était maintenant sa place dans le monde, se qu'il voulait faire, ce qu'il devait. Qui devait il servir ? Quel était son devoir et envers qui ?

Lui revinrent alors en tête les mots de Benigno , l'incurable bavard qui lui servait d'hôte.

«  Bordel ! Ce n’est pas bientôt fini de t’apitoyer sur ton sort comme une bonne femme ? »

L'humain avait il survécu au traitement que infligé par leur geôlier. Le titan fit sa petite inspection. La bête somnolait. L'âme de l'italien était toujours là, elle aussi, dans son esprit, au repos. À son réveil, le frère de Prométhée se dit que ce serait bien qu'ils aient une petite conversation.

Épiméthée se leva, plantant son épée dans le sol et s'étira, puis de nouveau, il contempla le paysage qui s'étendait devant lui. Encore une fois, il restait émerveillé par la beauté du monde créé par Gaïa.   La paix s'installa dans son esprit pour un instant puis soudain, il eut une révélation.Comme si, une porte de son esprit, depuis trop longtemps fermée, c'était ouverte. Une sensation , un lointain souvenir, un amour inconditionnelle.

C'était si simple. C'était ce qu'il était et ce depuis toujours.  Il murmura :

« Ô grande déesse, me pardonnerait vous un jour de mon aveuglement ?  Je ne sais où vous êtes, mais votre serviteur va se remettre à sa tache depuis trop longtemps laissait en suspens. »


Le titan saisit sa lame et se mit en route.

Que faisait il là ? Ce qu'il avait toujours fait : protéger la vie et la paix de ce monde , comme il l'avait promis il y a tant de millénaire de cela.

direction l’Irlande