Yade ! Quand est ce que tu sors avec Ryuken ?

J’avais suivi l’escorte des cadavres ambulants silencieusement. Pour une fois, je m’étais promené. Paradoxal lorsqu’on songe au fait que je n’avais guère envie de perdre mon temps ici. De toute façon, rien ne changeait vraiment : soit, je répondais correctement à l’énigme, soit, j’étais emprisonné dans un coin des enfers à attendre sagement que l’on vienne me chercher. Si on venait me chercher d’ailleurs car, soyons réaliste, les patrons prendraient un malin plaisir à me faire patienter dans le coin. De toute façon, ça ne changerait rien pour moi. Cela serait une épreuve comme une autre que je finirais par gagner. En attendant, j’attendais sagement Yade. Tout en me demandant quel était le guerrier le plus fort du camp. Je pourrais m’en prendre à Thanatos mais cela irait contre mon code de conduite. Pas tout de suite en tout cas car si je dois affronter un tel adversaire, autant que cela soit dans un combat loyal et honnête. La Voyageuse de l’Achéron saurait certainement me répondre.  Je connaissais bien le Sanctuaire mais pas les Enfers : il devait y avoir des adversaires formidables et puissants dans ce camp.  Je devais d’abord remettre certaines pendules à l’heure avant d’entreprendre quoique ce soit.  

Lorsque je vis arriver Yade, me moquant des autres, je passais devant sans gêne. Hé oui ! Priorité aux abonnés !  Je grimpais sur la barque et m’assis dans un coin, ne disant rien. Pour le moment. Car, plus le voyage se déroulerait, plus les paroles de la Passeuse ne m’intéresserait pas. De toute façon, il était avéré que je serais certainement son client le plus régulier. Qu’importe après tout car telle est la vie d’un guerrier : destiné à combattre, la mort est comme une deuxième vie et les enfers son lieu de résidence secondaire.

Dis-moi… Quel est le Guerrier le plus fort des Enfers ?

J’en ai vu des vertes et des pas mûres jusqu’ici.  C’est même à se demander si la Mort elle-même veut de moi ou pas. De toute façon, un bain avec des cadavres ne m’empêcherait pas de quitter cet endroit et d’accomplir ce qui doit être accompli en ce bas monde…

Je demeurais silencieux jusqu’à ce que nous arrivions sur la berge de l’autre côté. Après tout, elle n’avait guère besoin de me renseigner si elle ne le voulait pas. Je me débrouillerai par moi-même. Après tout, je ne comptais plus trop sur les autres et je préférais largement me débrouiller par moi-même. En attendant, pendant le voyage, j’avais un peu réfléchi à ce que je devrais faire une fois rentré dans le monde des vivants.  Je pensais pouvoir prétendre à plus au sein de ce domaine, j’estimais en avoir le droit car personne ne méritait de me commander. Du moins, à part Arès, Phobos et Deimos, il n’existait personne qui pouvait oser avoir une quelconque influence sur moi. On me reprocherait encore et encore de suivre la hiérarchie mais autant parler à un mur. Si encore, il y en avait un qui était plus fort que moi et qui était susceptible de pouvoir m’apprendre quelque chose, j’accepterai certainement de lui obéir. Hélas, ce n’était pas le cas. J’en devais une à Nagash  et je respecterai ma parole. Une fois ma dette envers lui conclue, je n’aurais plus rien à voir avec ce simulacre de guerrier.  Quant aux autres, soit, je ne les connaissais pas, soit je ne cherchais pas vraiment à faire connaissance avec eux. Quant à la cardinale de la Calamité, n’en parlons pas. Moins, je la vois, mieux je me porte même si me chamailler avec elle est un plaisir coupable et stupide qui me ravit.  Au moins, ça me détends un peu l’esprit, c’est toujours ça de gagner. Je ne cherchais pas le pouvoir mais simplement, dans l’objectif de trouver la puissance ultime, j’avais une limite à franchir. Auparavant, j’aurais eu tendance à penser que c’aurait été avec eux ou sans eux. Maintenant, j’en suis un peu moins sûr. Mais, ce qui est sûr, c’est que je ne me permettrais aucune entrave.

Les voir courber l’échine ainsi me faisait vomir. Je n’étais certainement pas un gentil toutou qui faisait des léchouilles à ses maîtres en tirant la langue pour leur faire plaisir. J’avais ma propre façon de servir le camp et je n’étais pas prêt de changer d’avis. Suivre mon propre destin tout en faisant attention aux souhaits des Rois n’était pas un acte impossible. Je ne m’attendais pas à ce qu’il mette dans l’eau dans leur moulin : après tout, ce ne sont que des dieux. Et moi, je suis un épris de liberté. Ils peuvent se servir de moi du moment que j’y trouve mes intérêts. D’ailleurs, plus je les observais, plus je me demandais si ce camp était vraiment celui des Berserkers des légendes. De temps en temps, ils me font penser à des poules mouillées qui parlent, se terrent ou qui se complaisent dans de la stratégie ou de la diplomatie imbéciles quand les Anciens Écrits parlent d’une terre de sang et de boyaux, creusés dans de nombreux sillons affreux, laissées derrière les Impitoyables Dieux de la Guerre et de leurs Guerriers Indomptables. Bah… Ça arrivera bien un jour ou l’autre…Du moins, faut-il l’espérer car sinon, je n’hésiterais pas à leur faire surgir d’anciens souvenirs au prix de leurs colères ou de leurs malédictions à répétitions !

Bon ! Encore mort ! Et encore cet endroit que je connaissais sur le bout des ongles… je soupirais : j’y étais presque, j’aurais pu sortir victorieux mais, encore une fois, j’avais été déclaré perdant. Je m’avançais calmement vers l’Achéron, prêt à embarquer pour jouer à Question pour un Champion ! Comme à mon habitude, je passais devant les autres l’air de rien, n’entendant aucune réclamation puisqu’ils étaient assez faibles pour ne pas protester. De toute façon, si tel devait être le cas, pour sûr que j’aurais été capable de les envoyer balader vu que je fais ce que je veux.

Je me souvenais encore des paroles de la Miss Barque : tais-toi, embarque, me cause pas et lâche moi la grappe. Tant mieux, je n’ai pas envie de parler. J’ai envie de me calmer et de passer mes nerfs sur autre chose. J’attendais que la Barque arrive sagement. C‘est vraiment rageant de se dire qu’on y était presque et qu’on a échoué. De toute façon, pour obtenir ce que je voulais, je devais être prêt à beaucoup de sacrifice et déceptions. Je m’en moquais : j’arriverais à mes objectifs et à mes envies par ma seule volonté. En attendant, j’aurais bin tapé une discussion avec le cadavre du coin mais il ne parle pas. Tant mieux, parfois le silence est d’or.